Château de Tarascon

Château de Tarascon
Château royal de Provence
Image illustrative de l'article Château de Tarascon
Période ou style Médiéval (XVe siècle)
Type Forteresse (type : Bastille Saint-Antoine à Paris)
Début construction 1400
Fin construction 1435
Propriétaire initial Ducs d'Anjou, comtes de Provence
Destination initiale Forteresse et palais résidentiel
Propriétaire actuel Ville de Tarascon (bien communal)
Destination actuelle service public culturel ouvert à la visite (70 000 visiteurs)
Protection  Classé MH (1840)[1]
Site web [www.tarascon.fr ]
Coordonnées 43° 48′ 24″ N 4° 39′ 18″ E / 43.806556, 4.65502843° 48′ 24″ Nord
       4° 39′ 18″ Est
/ 43.806556, 4.655028
  
Pays Drapeau de France France
Région Blason région fr Provence-Alpes-Côte d'Azur.svg Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département
Blason département fr Bouches-du-Rhône.svg
Bouches-du-Rhône
Commune Blason de la ville de Tarascon (13).svg Tarascon

Le château de Tarascon, aussi appelé château du roi René (René Ier de Naples) ou plus récemment château Royal de Provence (appellation administrative officielle), est situé dans la ville de Tarascon en bordure du Rhône dans le département des Bouches-du-Rhône en France. Par sa situation en bordure du Rhône, son allure massive et son état exceptionnel de conservation, cet édifice est un des plus beaux châteaux médiévaux de France. Face à Beaucaire, ville royale, il gardait la frontière occidentale de la Provence.

Sommaire

Un premier château

A cet emplacement s'élevait un premier château qui fut occupé au milieu du XIIIe siècle par Charles d’Anjou, comte de Provence et frère de Saint-Louis, roi de France. Ce château est agrandi par son fils Charles II dit « le boiteux ». En 1367 le duc Louis d'Anjou, gouverneur du Languedoc et frère du roi de France Charles V, veut profiter de l’éloignement du pape Urbain V qui s'était rendu à Rome et de l'absence de la reine Jeanne, comtesse de Provence, pour substituer son pouvoir à celui de la reine. Cette entreprise était une nouvelle manifestation de l'ambition française sur la Provence. Le duc d'Anjou trouve un capitaine en la personne de Bertrand du Guesclin qui vient d'être libéré en décembre 1367 après sa capture à la bataille de Nájera. Du Guesclin se met en marche le 26 février 1368 avec 2 000 hommes et met le siège devant Tarascon le 4 mars 1368. La ville est bloquée de toute part. Les trébuchets font plusieurs victimes dont le clavaire Martin Champsaur[2].La ville de Tarascon capitule le 20 ou 22 mars 1368, mais sera reprise en septembre 1368.

Le château actuel

À son retour d'Italie Louis II d'Anjou, comte de Provence, fait entreprendre le 27 novembre 1400 la reconstruction du château à l'emplacement qu'il occupait. Les travaux avancent rapidement mais sont interrompus quelques années plus tard et sont repris de 1428 à 1435 par son fils Louis III d'Anjou[3].

L'architecte était Jean Robert auquel furent adjoints les sculpteurs Simon de Beaujeu et Jacques Morel. Les matériaux furent empruntés à des carrières de Tarascon et Beaucaire ainsi que dans une moindre mesure à celles de Fontvieille. Le roi René n'y apporta que de petites modifications de 1447 à 1449 sous la conduite de Jean de Serocourt et Regnault de Serocourt, capitaine et lieutenant de Tarascon, afin de le rendre plus habitable et fit placer son buste et celui de la reine Jeanne de Laval dans une niche de la cour d'honneur. À la fin de son règne le roi René fit de 1476 à 1479 entreprendre encore quelques travaux tel que le remplacement du pont-levis par un pont fixe[4].

Après 1481 le château ne sert qu'occasionnellement aux agents du roi. Du XVIIIe siècle à 1926 le château sert de prison. Les déprédations causées par cette utilisation sont réparées par les architectes Henri Antoine Révoil et Jean Camille Formigé ; c'est au cours de ces restaurations que le crénelage est rétabli.

Plan du château
Légende : 1- Cour d'entrée 2- Pont 3- Cour d'Honneur 4- Escalier d'honneur 5- Donjon 6- Tour de l'Horloge 7- Tour des Chapelles 8- Grande chapelle 10- Tour du sud-ouest 11- Panneterie 12- Salle des festins 13- Tour de l'Artillerie 14- Accueil 15- Garde-manger 16- Echansonnerie 17- Panneterie 18- Saucerie 19- Fruiterie 20- Basse-cour 21- Tour Marie 22- Tour 23- Tour d'escalier du chemin de ronde.

Le château est bâti sur un îlot rocheux en bordure du Rhône qui le longe d'un côté tandis qu'un fossé taillé dans le roc pouvant recevoir les eaux du Rhône le sépare de la ville. Il se compose de deux parties bien distinctes : au nord la basse-cour réservée aux communs et aux hommes d'armes, et au sud le logis proprement dit. On pénètre dans le château par une porte ouverte entre la première tour carrée de la basse-cour et la tour ronde dite de l’Horloge ; on accède ainsi à une cour fermée située entre la basse-cour et le château seigneurial, ce qui constitue une véritable souricière en cas d’attaque.

La basse-cour

Cette partie est formée d'un massif polygonal irrégulier entièrement entouré d'une muraille moins haute que celle du château. Trois tours barlongues le flanquent vers la ville tandis qu'une tour plus petite est placée du côté du Rhône.

Les communs ont été aménagés pour abriter l'apothicairerie de l'hôpital Saint-Nicolas ; plus de deux cents pots en faïence de Saint-Jean-du-Désert et de Montpellier y sont exposés dans une boiserie du XVIIIe siècle.

Le logis seigneurial

C’est le château proprement dit constitué d'une muraille de 3 à 4 m d’épaisseur et de 45 m de haut avec deux tours rondes (tour de l’Horloge et tour des Chapelles) à l'est et deux tours carrées à l'ouest côté Rhône. Les architectes avaient adopté, pour la façade la plus exposée, des tours rondes plus résistantes et faciles à défendre que les tours carrées. Cette survivance de l'emploi des tours carrées à une époque où dans le reste de la France on y avait renoncé, marque un certain archaïsme. Une des caractéristiques de ce château est d'avoir des courtines de même hauteur que les tours qu'elles relient : c'était une tendance déjà ancienne qu'on trouve par exemple à la Bastille de Paris[5].

Au centre du château proprement dit se trouve la cour d'honneur sur laquelle donnent les bâtiments d'habitation qui comportent trois étages dont les deux premiers sont plafonnés à la française, le dernier étant voûté. Ils sont desservis par des escaliers à vis dont le principal se trouve incorporé dans une tourelle en saillie bien visible sur la façade orientale de la cour intérieure. Cette dernière est relativement petite par rapport à la hauteur des bâtiments qui l'entourent. Sur le côté oriental de cette cour se trouve l'escalier polygonal et sur la façade sud la niche abritant les bustes du roi René et de la reine. Ces bustes mutilés à la Révolution sont probablement l'œuvre de Francesco Laurana[6].

La tour des chapelles doit son nom à deux chapelles superposées se trouvant l'une au rez-de-chaussée et destinée aux employés, l'autre au deuxième étage réservée au seigneur. La chapelle basse de forme rectangulaire se termine par une abside semi circulaire logée dans la tour. Les deux travées ont des voûtes d’ogive. La voûte du chœur comporte huit branches qui rayonnent à partir d'une clef sculptée représentant le couronnement de la vierge. La chapelle haute a les mêmes dimensions ; elle est cependant moins haute et son abside ne comporte que six branches d'ogives. Ces chapelles n'ouvrent vers l'extérieur que par des meurtrières afin de ne pas affaiblir la défense[7].

L'aile méridionale n'a pas de fenêtre côté sud, car elle est la plus exposée en cas d'attaque ; les seules fenêtres donnent sur la cour d’honneur. Elle est desservie par un escalier à vis situé dans la tour du Rhône (angle sud-ouest) qui présente un pan coupé. L'aile ouest en bordure du Rhône ne nécessitait pas les mêmes précautions pour la défense, d'où la présence de grandes fenêtres donnant sur le Rhône. Cette aile ne comprend à chaque étage qu'une seule grande salle destinée aux réceptions, cérémonies et banquets.

Comme dans toutes constructions à des fins militaires, la décoration est réduite à peu de choses. Cependant les voûtes d’ogives reposent sur des consoles fort bien sculptées : chimères, aigles, chauves-souris…

Bibliographie

Vue depuis la rive nord
  • Françoise Robin, La cour d'Anjou-Provence, la vie artistique sous le règne de René, Paris, ed. Picard, 1985, (ISBN 2-7084-0127-0)
  • Michel Hebert, Tarascon au XIVe siècle, histoire d'une communauté provençale, Aix-en-Provence, Edisud, 1979, (ISBN 2-85744-033-2)
  • Édouard Baratier, Georges Duby, Ernest Hildesheimer, Atlas historique, Provence, Comtat, Orange, Nice, Monaco, éd. Armand Colin, Paris, 1969,
  • L.H. Labande, Le château et l'église Sainte-Marthe de Tarascon, in Congrès archéologique de France, 1909, p. 262-281
  • Sylvia Pressouyre, Le château de Tarascon in Congrès archéologique de France, 1963, p. 221-245.
  • Sylvia Preyssouyre, Le château de Tarascon, Caisse nationale des monuments historiques, 1982.

Références

  1. Notice no PA00081473, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  2. Paul Masson (sous la direction de), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome II, p. 405
  3. Michel Hebert, Tarascon au XIVe siècle, histoire d’une communauté provençale, Aix-en-Provence, Edisud, 1979, p. 39(ISBN 2-85744-033-2)
  4. Sous la direction d’Édouard Baratier, Georges Duby, et Ernest Hildesheimer, Atlas historique. Provence, Comtat Venaissin, principauté d’Orange, comté de Nice, principauté de Monaco, Librairie Armand Colin, Paris, 1969, p. 102
  5. Paul Masson (directeur), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome IV, p.255
  6. Françoise Robin, La cour d'Anjou-Provence, la vie artistique sous le règne de René, Paris, ed. Picard, 1985, p. 257, (ISBN 2-7084-0127-0)
  7. Françoise Robin, op. cit., p. 126

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes



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