- Baron Jacques de Reinach
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Jacques de Reinach
Le baron Jacob Adolphe Reinach[1], dit Jacques de Reinach, est un banquier français d'origine allemande né à Francfort le 17 avril 1840 et mort à Paris le 19 novembre 1892 qui s'est illustré dans les grandes affaires financières de son époque.
Sommaire
Le banquier
Fils du baron Adolphe de Reinach (1814-1879), consul de Belgique à Francfort anobli en Italie en 1866 puis confirmé par Guillaume Ier d'Allemagne, et de Clémentine Oppenheim (1822-1899), il s’établit à Paris à la fin des années 1850, et fonde en 1863 la banque Kohn-Reinach avec son beau-frère, le financier international Édouard Kohn. Il se marie le 6 mai 1863 avec sa cousine germaine Fanny Emden. Naitront Henriette-Clémentine (qui épousera Joseph Reinach), Lucien et Juliette-Maximilienne. Garde national pendant le siège de Paris en 1870, il est naturalisé français en 1871.
Ses affaires prospèrent avec la construction des chemins de fer de Provence et des investissements dans la compagnie Canadien Pacifique au Canada. Son hôtel particulier du Parc Monceau devient le rendez-vous du tout-Paris politique, financier et artistique[2]. Il rachète aussi le château de Nivillers, un village de Picardie, dont il deviendra maire en 1884.
Le scandale de Panama
Il se lie en 1878 avec Cornelius Herz, lui aussi d’origine allemande qui, après avoir fait fortune aux États-Unis, entretient à Paris des relations avec plusieurs hommes politiques et journalistes, finançant notamment le journal La Justice de Georges Clemenceau. Reinach s'associe avec Herz et devient en 1886 responsable de la publicité de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama, créée en 1879 par Ferdinand de Lesseps. Il lance une campagne pour encourager les petits épargnants à investir dans la société en s'appuyant sur ses contacts dans la presse et dans la politique. Puis il entreprend d'influencer les députés pour obtenir leur appui lors du vote d’une loi autorisant la compagnie du canal de Panama, alors au bord de la faillite, à émettre un emprunt à lots remboursables (une loterie récompensant certains épargnants). Il s'appuie pour cela sur son homme de confiance, Emile Arton, qui n'hésite pas à distribuer des pots-de-vins à des parlementaires. L'opération porte ses fruits : la loi est finalement votée en 1888.
Inculpé de corruption le 4 novembre 1892, le baron de Reinach obtient de rester en liberté contre la promesse de livrer ses livres de comptes, et séjourne sur la Côte d’Azur. Les journaux nationalistes et antisémites de l'époque, comme La Libre Parole d'Édouard Drumont et La Cocarde de Maurice Barrès, mènent alors une violente campagne de presse contre lui. Pour Barrès, « Le fameux, influent et actif banquier juif, baron Jacques de Reinach, est un produit de la République parlementaire »[3].
Cité à comparaître devant le tribunal correctionnel le 21 novembre, il revient à Paris le 19, mais il est retrouvé mort dans son hôtel particulier du 20 rue Murillo le matin du 20 novembre 1892 tandis que son gendre Joseph brûle ses documents. Après autopsie, l’enquête officielle conclut à une congestion cérébrale mais des articles parlent de suicide ou d'empoisonnement[4]. Sa disparition donne le véritable coup d’envoi du scandale de Panama.
La commission d'enquête établit que sur les 9,8 millions de francs que Reinach avait reçu pour soudoyer la presse et les députés, il n'en avait dépensé que 3 pour frais de publicité[5]. Un courrier adressé par Jacques de Reinach à Ferdinand de Lesseps laisse entendre que le banquier était victime d'un chantage de la part de son associé Cornélius Herz.
Postérité
- Dans son roman Paris publié en 1898, Émile Zola s'est inspiré de Jacques de Reinach pour son personnage du baron Duvillard[6].
Notes et références
- ↑ Ne pas confondre avec la lignée alsacienne des barons de Reinach.
- ↑ Article du New York Times, 4 décembre 1892
- ↑ Maurice Barrès, Les déracinés, Fasquelle, 1897, p. 274
- ↑ Article du New York Times, 28 décembre 1892
- ↑ Edgar Zévort, Histoire de la Troisième République, éd. Félix Alcan, 1901.
- ↑ Jean-Yves Mollier, « Littérature et presse du trottoir à la Belle Époque », in Études françaises, vol. 36, n° 3, 2000, p.84 (version en ligne)
Voir aussi
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