- Alain Christnacht
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Alain Christnacht est un haut fonctionnaire français né le 30 décembre 1946 à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine).
Formation
Alain Christnacht sort diplômé en 1967 de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris (dit « Sciences Po »), puis obtient une maîtrise de sciences économiques de la faculté de droit et de sciences économiques d'Assas. Il entre ensuite à l'École nationale d'administration (ENA), membre de la promotion « François Rabelais » (1971-1973). Il a également suivi la formation de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).
Ascension dans l'administration préfectorale et dans l'administration centrale
Il commence sa carrière comme directeur de cabinet : d'août 1973 à mai 1976 auprès de René Jannin, successivement préfet des Côtes-du-Nord (jusqu'en juillet 1974) puis de l'Isère (à partir de juillet 1974), puis, de mai 1976 à août 1978, aux côtés de celui des Hauts-de-Seine, Claude Charbonniaud. Après deux ans passé comme administrateur civil à la direction générale du Trésor du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, il connaît sa première expérience en Nouvelle-Calédonie en tant que secrétaire général de ce Territoire d'outre-mer (TOM) de juillet 1980 à septembre 1982, où il seconde à nouveau Claude Charbonniaud, alors Haut-commissaire (jusqu'en décembre 1981), puis son remplaçant Christian Nucci.
De retour à Paris, il est chargé de la sous-direction des Affaires politiques du ministère de l'Outre-Mer de décembre 1982 à août 1983, il est par la suite chef du service des Finances de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services de renseignements français, au ministère de la Défense de septembre 1983 à décembre 1986. Il retrouve ensuite l'administration préfectorale, et est ainsi secrétaire général pour les affaires régionales de la préfecture de la région Midi-Pyrénées à Toulouse de 1986 à 1988, aux côtés du commissaire de la République (titre des préfets de 1982 à 1988) Christian Dablanc.
Un des artisans des accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa
De juin 1988 à janvier 1991, Alain Christnacht est le directeur de cabinet de Louis Le Pensec, ministre des Départements et Territoires d'Outre-mer dans le second gouvernement de Michel Rocard. À ce titre, il joue un rôle actif dans la préparation de l'accord d'Oudinot signé au ministère par partisans et opposants à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie le 20 août 1988 pour préciser les aspects institutionnels du nouveau statut prévu par celui de Matignon passé le 26 juin précédent entre le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) du député Jacques Lafleur et le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) de Jean-Marie Tjibaou. L'un des partenaires historiques de ces accords, Jacques Lafleur, le décrit comme l'un des principaux artisans, avec un autre haut-fonctionnaire, Pierre Steinmetz, de l'engagement du dialogue et de sa « poignée de main » avec Tjibaou, acte qui mit fin à quatre années d'affrontements violents et déboucha sur les compromis de Matignon-Oudinot[1]. Chargé de veiller tout particulièrement à l'application de ces accords, il est ensuite Haut-commissaire de la République (« Haussaire ») en Nouvelle-Calédonie, délégué du gouvernement pour ce territoire et Wallis-et-Futuna, avec rang de préfet, du 15 janvier 1991 au 29 juillet 1994.
Après avoir été préfet des Côtes-d'Armor du 12 août 1994 au 9 juin 1997, il est à cette date nommé par Lionel Jospin, nouveau Premier ministre, dans son cabinet en tant que conseiller pour les les affaires intérieures et l'outre-mer[2]. À ce poste, il coordonne les nouvelles négociations menées entre le RPCR du député et président de la Province Sud Jacques Lafleur et le FLNKS du grand-chef de Saint-Louis Rock Wamytan, aboutissant à la signature le 5 mai 1998 de l'accord de Nouméa qui repousse la consultation d'autodétermination à 16 ou 20 ans (trois votes possibles entre 2014 et 2018) et donne entretemps à la Nouvelle-Calédonie un nouveau statut transitoire de très large autonomie et de souveraineté partagée dans certains domaines, prévoyant à terme le transfert de toutes compétences en dehors de celles dites régaliennes ainsi que la constitution d'une citoyenneté néo-calédonienne basée sur les principe de « double légitimité » et de « destin commun » à partager entre les communautés.
Il a également été chargé de préparer une solution consensuelle pour une autre collectivité de la République, la Corse, qui connaît alors son lot de troubles (assassinat du préfet Claude Érignac le 6 février 1998, affaire de l'incendie des paillotes à Ajaccio le 19 avril 1999 et l'arrestation du nouveau préfet Bernard Bonnet). Alain Christnacht a ainsi engagé le « processus de Matignon » qui va s'interrompre avec le changement de majorité en 2002 et la victoire du « non » au référendum local de 2003. Il a décrit les coulisses de ces deux négociations, pour la Nouvelle-Calédonie et pour la Corse, dans les livres L’Œil de Matignon : les affaires corses de Lionel Jospin, paru aux éditions du Seuil en 2003[3], et La Nouvelle-Calédonie (en expliquant l'aspect original du processus de l'accord de Nouméa en le replaçant dans le contexte historique, économique et culturel particulier de cet archipel du Pacifique), édité par La Documentation française en 2004[4].
Conseiller d'État et collaborateur de Bertrand Delanoë
Après le retour de la droite au pouvoir et le retrait de Lionel Jospin de la politique en 2002, Alain Christnacht est nommé conseiller d'État par décret du 27 avril 2002[5]. À ce titre, il a été assesseur à la 8e sous-section du contentieux, juge des référés et rapporteur à la section des finances. Il devient dans le même temps conseiller (à temps partiel) chargé des relations avec les Églises du maire de Paris Bertrand Delanoë[6] - fonctions qu'il abandonne en 2011[7]. Il est membre depuis sa création en 2008 du laboratoire d'idées de gauche progressiste Terra Nova, co-présidé par Michel Rocard, Bertrand Delanoë et Daniel Cohn-Bendit.
Directeur général de la Fédération française de football
A l'été 2011, peu après l'arrivée à la tête de la Fédération française de football de Noël Le Graët, Alain Christnacht est recruté en tant que Directeur général de la Fédération pour « ses compétences en droit et en fiscalité ». Il prend ses fonctions le 1er septembre 2011[7].
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur (29 mars 1993)[8]
Références
- Propos recueillis par P. FRÉDIÈRE, « Lafleur rejoint Gorbatchev », Les Nouvelles Calédoniennes, 19/11/2010
- Arrêté du 9 juin 1997 relatif à la composition du cabinet du Premier ministre, JORF n°133 du 10 juin 1997, weka.fr
- Alain Christnacht, L'œil de Matignon : les affaires corses de Lionel Jospin, éd. Seuil, 2003, jacbayle.perso.neuf.fr
- Alain Christnacht, La Nouvelle-Calédonie, éd. La Documentation française, coll. « Études de la DF - Économie », 2004, site de la Documentation française
- Décret du 27 avril 2002 portant nomination d'un conseiller d'Etat en service ordinaire (tour extérieur), site admi.net
- Présentation du cabinet du maire, site de la ville de Paris
- Foot Hebdo n°73
- Décret du 29 mars 1993 portant promotion et nomination
Sources
Liens internes
- Nouvelle-Calédonie
- Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie
- Accords de Matignon
- Accord de Nouméa
- Lionel Jospin
- Michel Rocard
- Louis Le Pensec
- France d'outre-mer
- Corse
Liens externes
- Le guide du pouvoir, éd. J.-F. DOUMIC, 1990, p. 146
- Biographie d'Alain Christnacht, site de Terra Nova
Précédé par Alain Christnacht Suivi par Bernard Grasset Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie 15 janvier 1991 - 29 juillet 1994 Didier Cultiaux Catégories :- Haut fonctionnaire français
- Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie
- Préfet des Côtes-d'Armor
- Conseiller d'État français
- Élève de l'École nationale d'administration (France)
- Officier de la Légion d'honneur
- Naissance à Bois-Colombes
- Naissance en 1946
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