- Augustin Chaho
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Joseph Augustin Chaho ou Agosti Xaho, né le 10 octobre 1810 à Tardets et mort le 22 octobre 1858 à Bayonne, est un écrivain, périodiste, indianiste, philologue et homme politique basque français de langue basque et française.
Il est considéré comme un précurseur du nationalisme basque, un pionnier du laïcisme et du républicanisme au Pays basque et auteur d'un énorme travail, presque en solitaire, en faveur de la langue et de la culture basques[1].
Sommaire
Biographie
Joseph Auguste Chaho nait le 10 octobre 1811 à Tardets en Soule. Il est le fils de d'André Chaho, huissier et de Rose Lagarde.
Étudiant en droit à Paris dès 1830, il fréquente les cercles romantiques et le salon littéraire de Charles Nodier[2] et se consacre désormais à l'écriture.
Il écrit Voyage en Navarre durant l'insurrection basque (Paris, 1836) à propos de son expérience de la première guerre carliste, qu'il interprète comme une guerre ethnique des Basques contre l'Espagne. Il écrit également La Légende d'Aitor et Azti-Begia, rédige des dictionnaires et grammaires de basque et est l'auteur d'une Histoire primitive des Euskariens-Basques (1847) et de La Philosophie des Religions comparées (1848).
Après avoir vécu à Toulouse dès 1838, il s'installe en 1844 à Bayonne, où il devient conseiller municipal, puis est élu conseiller général des Basses-Pyrénées à Tardets. Il s'impose à la tête de la Révolution de 1848 à Bayonne. Après la prise du pouvoir des bonapartistes il s'exile momentanément à Vitoria, dans le Pays basque espagnol, avant de revenir à Bayonne.
Nationaliste basque
S'étant éveillé au sentiment national au moment du Printemps des Peuples, en 1830, en prenant conscience de son identité à Paris, où il venait de débarquer pour y étudier pendant trois ans le droit et la littérature, Augustin Chaho ne développe pas une vision abertzale repliée sur de petites frontières. Sa vision de la nation basque se projette dans une vision internationaliste et comme un précurseur de la construction européenne, sur une base démocratique.
Lorsqu'il développe pour la première fois ses théories, Augustin Chaho n'est qu'un jeune journaliste de 25 ans qui publie un premier reportage sur les guerres carlistes. Les historiens s'intéressent depuis peu à Augustin Chaho, qui dès 1836, à travers ses "Paroles d’un bizkaïen aux libéraux de la reine Christine" puis "Voyage en Navarre pendant l'insurrection des basques (1830-1835)" énonce soixante ans avant Sabino Arana, des thèses en faveur de l'indépendance du Pays basque, de sa réunification avec le Pays basque nord, sous une forme républicaine. Il sera le fondateur d'un journal à Bayonne, l’Ariel[2], un journal politique, sous-titré “le républicain de Vasconie" dans lequel il publie des articles en français, mais aussi en euskara, en gascon bayonnais et en béarnais.
Chaho est d'ailleurs l'inventeur de la formule zazpiak bat (les sept font un, autrement dit les quatre provinces basques du sud et les trois du nord forment un Pays basque uni).
Plus tard Chaho créera le tout premier journal exclusivement rédigé en basque Uskal-herriko Gaseta.
Dès 1836, Chaho préconise à plusieurs reprises l’enseignement exclusif du basque dans les écoles, la création d’une académie de la langue basque et l’établissement d’une orthographe unifiée, de bibliothèques, d’une littérature et de livres dans les tous les domaines scientifiques et techniques en basque.
En réalité, la vision d'Augustin Chaho dérange les biographes (hagiographes) de Sabino Arana Goiri, qui lui-même occultait cet héritage. D'abord parce que Chaho est un Basque du nord, un Souletin né en 1811, ayant vécu la majeure partie de sa vie à Bayonne, né 54 ans avant Sabino Arana, qui ne peut ignorer ses prises de positions, d'autant que le Souletin sera élu conseiller municipal après avoir proclamé la République à Bayonne, à la tête d'une manifestation d'insurgés au moment de la Révolution de 1848, puis sera élu conseiller général de son canton natal de Tardets.
Au moment de la proclamation de la République, il pense alors que ce modèle va se répandre comme une traînée de poudre à travers l'Europe. Il est candidat socialiste démocrate à l'Assemblée constituante de 1848 (les premières élections libres de l'histoire en France) où il fait campagne sur le thème du suffrage universel sans restriction, l’enseignement laïque, gratuit et obligatoire pour tous, la liberté de conscience, de réunion, d’association, de manifestation, la liberté totale de la presse. Bien qu'anticlérical, il se déclare pour la liberté de prédication et de culte de toutes les religions (catholicisme, protestantisme, judaïsme, etc.) Pendant la campagne électorale (à peine âgé de 38 ans), il est grièvement blessé par un accident qui le laissera durablement hémiplégique.
Ses prises de position contre la dérive bonapartiste du pouvoir du président Louis-Napoléon, le condamnent au bannissement et à l'exil, puis au silence, tant il sera la cible d'un harcèlement policier permanent de la police impériale.
À la différence des frères Arana Goiri, Chaho est un homme de gauche, républicain, partisan de la laïcité, qui adhèrera aux idées socialistes dès leur apparition et sera le premier à parler de la construction du Pays Basque dans le cadre de l'Europe, à la même époque que l'idée des États-Unis d'Europe chère à Victor Hugo.
En dépit de la fougue d'Augustin Chaho, et de sa modernité sur bien des points, son combat reste isolé et s'éteint avec lui. Personne ne poursuit son œuvre. Ce sont bien les frères Arana Goiri et notamment Sabino, qui passe une partie de son enfance entre Hendaye et Bayonne, qui lancent le mouvement de libération nationale basque à la fin du XIXe siècle.
Il fut le premier Basque inhumé au pays en dehors de tout rite religieux[1].
Œuvres littéraires
- Essais
- Azti-begia, Agosti Chaho Bassaburutarrak Ziberou herri maitiari Parisetik igorririk beste hanitchen aitzindari arguibidian goiz izarra, 1834 ;
- Paroles d'un voyant, 1834, Éditeur: Jean Curutchet, Bayonne, 1989, ISBN 2904348352)
- La Philosophie des Révélations, 1835 ;
- L'espagnolette de S. Louis, Agonie du Parti Révolutionnaire en France et Lettre à Jacques Laffitte, 1840 ;
- Histoire primitive des Euskariens-Basques: langue, poésie, mœurs et caractère de ce peuple; introduction à son histoire ancienne et moderne, J. Augustin Chaho, Charles Louis Belsunce (vicomte de),
Jaymebon, 1840-1847 ;
- Philosophie des religions comparées, 1846.
- Voyage en Navarre pendant l'insurrection des Basques (1830 - 1835), écrit en 1836 ;
- Histoire des Basques depuis leur établissement dans les Pyrénées-Occidentales jusqu'à nos jours, 1847, œuvre plus d'imagination que de type ethnographique ou anthropologique[2] ;
- Lelo ou la Navarre il y a 500 ans, 1848 ;
- Safer ou des houris espagnoles, 1854 ;
- Biarritz entre les Pyrénées et l'Océan. Itinéraire pittoresque, 1855, monographie précurseur des guides touristiques ;
- Paroles d'un bizkaien aux libéraux de la reine Christine ;
- La Légende d'Aitor et Azti-Begia ;
- Linguistique
- Études grammaticales sur la langue euskarienne, en 1836, collaboration avec Antoine d'Abbadie d'Arrast, que les deux auteurs dédient « aux Basques des 7 provinces », en basque : Zazpi Uskal Herrietako Uskalduner ;
- Dictionnaire basque, français, espagnol et latin, d’après les meilleurs auteurs classiques et les dictionnaires des Académies française et espagnole, 1856.
- Azti-begia eta beste izkribu zenbait, 1992, Elkar;
- Agosti Chahoren kantutegia, 2006, Susa
Et divers travaux plus anecdotiques, comme la description d'analogies entre le sanscrit et le basque[2].
Références
- (es) (fr) Augustin Chaho. Precursor incomprendido. Un précurseur incompris (1811-1858) par Xabier Zabaltza.
- Gérard Moutche, Que disent les maisons basques ?, Paris, Atlantica 2010, 2010 (ISBN 978-2-7588-0177-1), pages 74 et 75.
Liens externes
- (es) Enciclopedia Auñamendi sur Joseph Augustin Chaho;
- (eu) Literaturaren zubitegia sur Agosti Xaho.
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