Évangile du verseau

Évangile du verseau

L'Évangile du Verseau

L'Évangile du Verseau (l'Évangile de l'Ère du Verseau de Jésus, le Christ de l'Ère des Poissons) est un livre, écrit à la fin du XIXe siècle et publié pour la première fois en 1908 en anglais par Levi H. Dowling, sous le titre original « The Aquarian Age Gospel of Jesus, the Christ of the Piscean Age. Transcribed from the Book of God's Remembrance Known as the Akashic records. ».

Ce titre original en anglais a souvent été abrégé, dans des éditions ultérieures, en « The Aquarian Gospel of Jesus the Christ ».

Sommaire

Présentation et contextes

Ecrit à la manière des évangiles, composé de 22 livres (numérotés avec les 22 lettres hébraïques) et de 182 chapitres, l'évangile du Verseau raconte l'histoire non connue et non officielle de Jésus-Christ. Il y est notamment question de voyages et d'initiations aux Indes (livre 6), au Tibet (livre 7), en Grèce (livre 10), en Egypte (livre 11), etc., durant la période que ne mentionne pas la Bible, comprise entre son enfance et son ministère. A la suite de ces voyages initiatiques, Jésus reçoit la bénédiction du "conseil des 7 sages du monde" qui sont au sommet de la hiérarchie de la sagesse sur Terre et qui orientent et façonnent les religions à chaque nouvelle ère (chapitre 56). Constatant un faible niveau de conscience spirituel de l'humanité, Jésus, se sentant impuissant, ne se définira alors devant les maîtres que comme bâtisseur de modèle d'Eglise qui n'aurait d'existence véritable que plus tard (chapitre 60, verset 3) avec la venue de l'ère du Verseau[1] (introductions de Eva S. Dowling et notes des éditeurs au chapitre 45, verset 4 sur "la minuit des âges" ou précession des équinoxes concernant les changements d'ère astrologique (zodiaque)).

C'est une œuvre millénariste moderne importante mais discrète, se présentant comme véritable, inspirant périodiquement et richement le New Age depuis un siècle, citée par des auteurs et des enseignants ésotériques pratiquant le channeling et les théories de l'ère du Verseau comme Miceal Ledwith ou des précurseurs comme Paul Le Cour. Elle va dans le sens d'une remise en question radicale et d'un discrédit violent et parfois très approximativement référencé, porté sur les religions monothéistes traditionnelles, considérées comme menteuses et auxquelles une nouvelle révélation sur l'identité de Jésus, d'un "Dieu-Père" et d'un "Dieu-Mère" peuvent se substituer (un peu à la façon du Da Vinci Code).

L'évangile du Verseau rejoint les principes de la Société de Théosophie qui énonce l'idée d'une ère spirituelle nouvelle (Verseau) souvent entendue comme accompagnant un nouvel ordre mondial et portant un nouveau Christ révélé qui en permet la médiation spirituelle (cependant considéré comme l'Antéchrist par la critique conspirationiste se référant à Apocalypse ou à la figure du Dajjal connue de l'Islam). Il dégage consécutivement les principes d'un fort sentiment antireligieux envers les grands courants monothéistes et même un antisémitisme propre à la session New Age et à ses nouvelles formes de supersessionisme et de dispensationalisme (se confondant dans ses grandes étapes eschatologiques avec l'évangélisme et le sionisme chrétien[2]). Jésus évoque notamment dans cet évangile l'exclusivité et "l'étroitesse de la pensée juive" qui l'empêche de reconnaitre sa fraternité avec le monde (Chapitre 17, versets 7). Il décide donc de quitter "le mur que les juifs ont construit autour d'eux-mêmes" pour aller "prendre contact avec sa parenté dans les autres pays de la terre de [son] Père (Dieu)" (Chapitre 17, versets 8) et commence ainsi son œuvre de prise de connaissance et d'unification spirituelle envisagée par la théosophie.

La virulence de la critique de la religion traditionnelle issue de l'évangile du Verseau va tout autant dans le sens de documents conspirationistes comme "Zeitgeist, the Movie" (auteur inconnu) qui s'adressent aux adeptes de la théorie du complot (souvent jeunes et qui n'ont parfois aucune autre référence religieuse ni historique). Elle les invite à rejoindre par eux-mêmes et de fait le Nouvel Age dans sa lutte exacerbée contre les instances religieuses et conspiratrices entremêlées (Franc-maçonnerie, banquiers internationaux, jésuites...). Mais ces documents adoptent paradoxalement une symbolique maçonnique (ou paramaçonnique) propre à la Société Théosophique et aux initiations et correspondances théologiques relatées dans l'Evangile du Verseau, réaffirmées sur un mode naïf par Zeitgeist (ignorant manifestement qu'un catéchumène peut apprendre au cours de sa catéchèse que le christianisme surmonte l'ensemble des cultes plus anciens qu'il assimile ou révoque en tant que hérétique, que ce soit le culte marial remplaçant le culte de Diane comme d'Isis et dont les vestiges sont les vierges noires, ou encore la naissance symbolique de Jésus au cœur de l'hiver dont la date du 25 décembre est incontournable et traditionnelle).

Le livre introduit aussi l'idée d'une puissante et complexe hiérarchie de la sagesse (et des "maitres de sagesse") avec un retour symbolique en Egypte, dispenseur des grades ultimes, et auprès du système des anciens dieux. Le Christ du New Age, en rupture profonde et fondamentale avec celui des évangiles canoniques (sur la réincarnation, l'initiation maçonnique, l'intérêt des oracles, la dévalorisation de l'Homme pour sanctionner l'inexistence de l'Eglise Universelle, le côtoiement de déités...), intégrant et s'inspirant de toute religion et doctrine, trouve son évangile idéal, exhaustif et mystérieux dans l'évangile du Verseau.

Le récit nouveau de la vie de Jésus-Christ

L'auteur, Levi H. Dowling, aurait lu le "livre de vie" et l'œuvre qu'il allait en faire (l'évangile du Verseau) aurait été prophétisée il y a 2000 ans à l'époque de Jésus par Elihu, afin que soit rétablie la vérité aux temps venus (chapitre 7, versets 11 et 12). Dowling aurait eu la faculté de lire l'Histoire dans les "annales akashiques" (issu du sanskrit "akasha") qui est la "substance première" où s'inscrit la mémoire de toute chose. C'est ainsi qu'il aurait fait part de la vie de Jésus-Christ et d'un ordre d'initiés et d'initiation à la sagesse qu'il révèle au lecteur.

Plusieurs leçons et mystères qui auraient été instruits à Jésus durant son enfance, ainsi qu'à sa mère (Marie) et sa tante (Élisabeth, mère de Jean le Baptiste) à Tsoan (Zoan) en Egypte lors de la fuite, y sont rapportés (chapitres 7 à 12 : leçons d'Elihu et Salomé : l'unité de la vie, le Diable, l'amour sauveur des hommes, philosophie des sautes d'humeur, le dieu Tao, les préceptes de Bouddha, les mystères d'Egypte, la prière...). Elihu aurait été un maitre enseignant des doctrines tel que la préparation de "l'Homme parfait", dans le "bois sacré" près de Tsoan, mais il n'est cependant pas un personnage connu des théologiens ni des historiens et ne doit pas être confondu avec Elihou le contemporain du patriarche Job.

Les autres initiations au cours de ses voyages à l'âge adulte et jusqu'à sa trentième année (chapitres 21 à 55) sont plus complexes et Jésus doit les franchir activement tout autant que spirituellement. Il révèlera alors la fin de plusieurs religions et philosophies en brisant chaque mystère ou paradoxe :

  • Il contredit la doctrine bouddhiste de l'évolution (et énonce la même conception de la réincarnation que celle de la théosophie, sans régression possible vers les stades ni espèces dites inférieurs, chapitre 32)
  • Il est reconnu en Grèce par l'oracle de Delphes comme étant le nouvel "oracle vivant de Dieu, le logos descendu sur Terre" (chapitre 45, verset 5). Jésus explique à Apollonius le phénomène de cet oracle ancien de Delphes auquel il va se substituer. Il honore "la sagesse incomparable des maîtres de l'intelligence grecque" par qui l'oracle s'est formé durant une ère et il félicite le monde grecque d'être "le champion de la liberté et du droit" (chapitre 46, verset 9). Cependant il intervertit et revisite l'une des célèbres prophéties oraculaire apocryphes pré-chrétiennes : la Sibylle de Tibur prédisant la venu d'un grand Messie maltraité, combattant l'Antéchrist et convertissant les juifs, avec la Sibylle dite la Pythie de Delphes, elle aussi dévouée à Apollon mais dont on ne connait pas de prophétie sur les chrétiens. La prophétie chrétienne de l'oracle de la Sibylle tiburtine, bien que souvent remise en doute dans son authenticité, est rapportée dans le Mirabilis Liber, Livre Merveilleux, recueil de référence des prophéties chrétiennes populaires, compilé et édité pour la première fois en 1522.
  • Il passe et reçoit les 7 grades de confraternité en Egypte (jusqu'à celui suprême de Christ) et reçoit son nom du hiérophante (rite maçonnique égyptien) duquel il est l'élève.

Le conseil des sept sages reconnait alors en Jésus : "le chef de tous les sages du monde" (chapitre 59, verset 5). Mais l'humanité n'est pas considérée comme "assez avancée dans la pensée sacrée pour comprendre l'Eglise Universelle" (60:3) et Jésus annonce qu'il ne sera que "bâtisseur de modèle", de "maquette" à défaut de ne pouvoir créer pour l'instant une Eglise véritable "pour cet âge" (60:3).

Il retournera alors en Galilée et débutera son ministère (chapitres 65 à 180) à la suite de celui de "Jean le précurseur" (chapitres 61 à 64).

Les chapitres 181 et 182 sont consacrés à l'édification de l'Eglise par les apôtres qui n'ont pas connu de peur avant la pentecôte, mais de la joie puisque Jésus s'était "pleinement matérialisé" à beaucoup de "christiens" lors de sa résurrection (chapitres 172 à 180).

Beaucoup de passages de cet évangile ne correspondent pas au récit canonique et en montrent des différences plus ou moins subtiles, parfois grossières, que ce soit dans l'identité des personnages ou la narration symbolique. Ainsi, le porteur d'eau ou d'amphore (annoté comme "symbole du Verseau", chapitre 160, verset 4) que doivent trouver et suivre les apôtres afin de rencontrer son maître pour préparer la Pâque de Jésus (Luc 22:10-11 ; Marc 13:13-14) ; qui sera par ailleurs son dernier repas où se produira la Cène ; n'est plus un serviteur mais le maître de maison lui-même et qui n'est finalement autre que Nicodème (présenté avec l'éloquente formule comme "un chef des juifs qui est cependant un homme de Dieu" au même verset). Le porteur d'eau, qui est d'ordinaire un serviteur prend ici à contre-sens le statut de maître. C'est en effet tout le sens de la symbolique New Age : l'ère du Verseau fait de chaque homme un maître et l'évangile du Verseau en poursuit tout du long la théologie.

Éditions diverses

  • The Aquarian Age Gospel of Jesus, the Christ of the Piscean Age. Transcribed from the Book of God's Remembrance Known as the Akashic records, éditeur non connu, Los Angeles, 1908, pagination non connue.
  • The Aquarian Gospel of Jesus the Christ. The philosophic and practical basis of the religion of the aquarian age of the world and of the church universal. Transcribed from the book of God’s remembrances, known as the Akashic records, by Levi. With introduction by Eva S. Dowling., éditions N. Fowler & Co., Londres, 1911, 260 p.
  • L'Évangile du Verseau, avec l'admirable histoire de l'adolescence de Jésus et de ses rapports personnels avec les détenteurs de la sagesse indo-égyptienne : transcrit du Livre de la Souvenance de Dieu par Louis Colombelle. Traduit et adapté de la version anglaise des “Akashic Records” selon L. Dowling, Éditions Leymarie, Paris, 1939, 262 pages.
  • L'Évangile du Verseau, avec l'admirable histoire de l'adolescence de Jésus et de ses rapports personnels avec les détenteurs de la sagesse indo-égyptienne : transcrit du Livre de la Souvenance de Dieu par Louis Colombelle. Traduit et adapté de la version anglaise des “Akashic Records” selon L. Dowling. – Quatrième édition, Éditions Leymarie, Paris, 1951, 262 pages.
  • L'Évangile du Verseau (traduit de l'anglais par Jacques Weiss[3]), éditions Leymarie, Paris, 1984, XV-303 p., (ISBN 2-86579-003-7).
  • L'Évangile du Verseau (traduit de l'anglais par Jacques Weiss, avec une introduction de Eva S. Dowling), éditions Leymarie, Paris, 1991, 303 p., [ISBN erroné selon le catalogue BN-Opale Plus de la Bibliothèque nationale de France].

Notes et références

  1. http://imaginouest.metawiki.com/newage Anthropologie de l’imaginaire social, le cas du Nouvel Age (New Age) - Metawiki.
  2. LE MONDE 19.10.04 13h47 - Le "sionisme chrétien" inspire certains bataillons électoraux de M. Bush
  3. Jacques Weiss est le nom réel du traducteur qui, dans l'édition originale en français, avait recouru au nom de plume Louis Colombelle, selon les quatre fiches consacrées par le catalogue BN-Opale Plus de la Bibliothèque nationale de France aux diverses éditions de l'œuvre en français.

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