- Étienne Louis Hector Dejoly
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Étienne de Joly
Étienne Louis Hector de Joly, né à Montpellier le 22 avril 1756, il est décédé le 3 avril 1837 à Paris.
Pendant la Révolution française, Étienne de Joly devient Étienne Dejoly.
Avocat aux conseils du roi, secrétaire de la commune de Paris en 1790. Ministre de l'Intérieur, puis ministre de la justice de Louis XVI, le 3 juillet 1792, dans le cabinet composé principalement par des membres du Club des Feuillants.
Sa famille et sa jeunesse
Son père est notaire à Loret, village près de Montpellier. Il part très jeune à Paris, où il épouse la fille[1] d'un riche procureur au Châtelet. Il achète une charge d'avocat[2]. En octobre 1780, Joly est nommé premier assesseur au tribunal. Avant la Révolution française[3], Étienne Hector de Joly est avocat aux conseils du roi. Il est partisan des idées nouvelles.
Greffier en chef et député
Cet administrateur né est secrétaire de l'Assemblée générale des représentants de la Commune de Paris, le lieutenant du maire Étienne de Joly affirme que pendant les trois ans qu'il fut en fonction à l'hôtel de ville, il ne s'éleva aucune plainte contre lui[4]. Il a toutefois de gros problèmes avec la Société des amis de la Constitution qui le dénonce pour fait de son administration. Joly les accuse de ne pas être de véritables défenseurs de la constitution et la cause de nombreux orages à Marseille, à Arles, à Avignon... Jérôme Pétion de Villeneuve, le maire de Paris, soutient son greffier en chef.
Étienne de Joly est élu député par le District des Enfans-Rouges, Quartier des Enfants-Rouges, le 25 juillet 1789[5], après avoir été élu vice-président de ce district et s'être occupé de former la Garde nationale (1789) de son quartier. Dès le 31 juillet déjà, le district des Enfants-Rouges menace de lourdes représailles ses deux députés, s'ils manquent à leurs engagements en quoi que ce soit. Le district des Enfants-Rouges commet des députés pour prendre à l'hôtel de ville les mesures nécessaires à l'organisation de la garde municipale.
Étienne de Joly préside la chambre d'administration du Suprême Conseil de France. C'est l'orateur habituel des fêtes de l'Ordre[6]. Ses amis lui conseillent de devenir ministre.
Le dernier ministre de la Justice de Louis XVI
Après le 13 juin 1792 et la chute du Gouvernement girondin, un cabinet formé principalement de membres du Club des Feuillants le remplace. Du 17 juillet 1792 au 21 juillet 1792, Étienne de Joly est ministre de l'Intérieur, mais Clément Felix Champion de Villeneuve lui succède et Étienne de Joly devient le dernier ministre de la Justice de Louis XVI. Il est nommé le 4 juillet 1792. Il succède à Antoine Duranthon (1736 - 1793), lui-même précédé par Jean-Marie Roland de La Platière (1734 - 1793), le mari de Madame Roland (1754 -1793).
Etienne Hector de Joly, comme ministre de la justice écrit au président de l'Assemblée nationale : ... j'ai dénoncé ces attaques devant la cour criminelle ; mais la loi est impuissante... Il fait appel au sens de l'honneur et à la probité du Président et demande l'aide la plus prompte du corps législatif, car le gouvernement ne contrôle plus la situation politique et sociale du pays à la veille du 10 août 1792. C'est l'Assemblée qui bénéficie des pouvoirs les plus essentiels. M. de Joly, va donc à l'Assemblée. Il y peint les périls de la situation, l'urgence des mesures, et déclare que le roi désire qu'une députation de la représentation nationale vienne à ses côtés pour défendre la constitution et par sa présence protéger sa famille. Mais l'Assemblée ne lui répond pas et passe dédaigneusement à l'ordre du jour[7]. M. de Joly sort découragé. Il apprend la formation de la nouvelle municipalité et que l'on distribue des cartouches aux Marseillais. Il essaie de défendre devant l'Assemblée Jérôme Pétion de Villeneuve et Pierre Louis Manuel.
Le 10 août 1792
Le 10 août 1792, est au Palais des Tuileries. M. de Joly croie Galiot Mandat de Grancey nécessaire au château. Mais celui-ci pense finalement devoir se rendre à l'hôtel de ville.
Étienne de Joly doit aller au cabinet du roi et il assiste là à une réunion avec six ministres, Étienne de Joly, le roi et la reine[8]. Pétion rend compte au roi de la situation dans Paris.
Un membre de la nouvelle municipalité entre dans la chambre du conseil. Étienne de Joly lui demande :
- Eh bien ! Que veulent-ils ?
Le municipal lui répond :
- La déchéance.
M. Dejoly répond un peu trop brusquement à cela :
- Eh bien! que l'Assemblée la prononce donc.
Roederer conseille au roi de se réfugier à l'Assemblée nationale. Étienne de Joly pense que le mal est à son comble, que le château est investi, qu'il peut être forcé, et est lui-aussi partisan d'aller se réfugier à l'Assemblée [9].
Toute la famille Royale s'y rend, accompagnée de plusieurs personnages de la cour. M. de Joly fait partie de ce triste cortège. Il exige que les ministres accompagnent le roi à l'Assemblée[10].
Dans la loge du logographe
Étienne de Joly passe le reste de la journée dans la loge du logographe avec Louis XVI et surtout le futur Louis XVII[11]. Son denier secrétaire écrira : Le ministre de la justice comprenant la pensée de la Reine, quitte sa place, monte à la loge, la prie de se confier à lui, et lui offre de faire servir dans la pièce voisine des aliments dont il répond… Or, pour dissiper toute inquiétude, le ministre goûtait de tout lui-même le premier, lorsque le jeune Dauphin, semblant deviner son motif, de la main gauche, saisit le bras droit de M. de Joly au moment où celui-ci le portait à sa bouche, en lui disant : « Assez, ministre, assez! ».
Ses arrestations
Étienne de Joly fait un rapport sur cette terrible journée. Il conserve les sceaux jusqu'à la chute de la monarchie et doit les apposer sur le décret promulguant la suspension du monarque[12]. Georges Jacques Danton le remplace comme ministre de la justice. Il est traduit au Tribunal révolutionnaire le 10 décembre 1792, sur la motion de Pierre Philippeaux, mais a le bonheur d'être oublié et n'est point mis en jugement.
Étienne de Joly reste quelques mois à Paris et travaille consciencieusement pour les Girondins[13]
Suite aux décrets d'arrestations des Girondins, il part au début du printemps 1793 pour Bagnères de Bigorre, où il est arrêté peu de temps après[14]. Étienne de Joly échappe de peu à l’échafaud[15]. Au mois de juillet 1793, Les administrateurs de l'assemblée départementale refusent la translation, à la prison de Mont-de-Marsan, de l'ex-ministre Dejoly, avocat de Montpellier, retiré à Bagnères de Bigorre et de son secrétaire, Darrieux de Tarbes. Ces deux hommes, mis en accusation par les proconsuls Izabeau et Garrau, doivent comparaître devant la Convention nationale. Il est donc envoyé à Paris, où il survit un an dans une prison révolutionnaire, jusqu'à sa libération après le 9 Thermidor.
Après la Révolution française
Étienne de Joly est avocat. Napoléon le nomme avocat au Conseil d'État, fonction qu'il occupe de 1806 à 1815), rue de Gaillon, n° 13[16].
Étienne de Joly est maire de Créteil, en 1815, mais au printemps de cette même année, il quitte ce poste à la nouvelle du retour de l'Empereur Napoléon.
Comme beaucoup d'anciens serviteurs de l'ancien roi, Étienne de Joly ne jouit guère des faveurs du nouveau monarque. Il n'est plus qu'un simple avocat à Paris. Mais ce dernier ministre de la justice de Louis XVI, qui a su échapper au tribunal révolutionnaire, en étonne plus d’un du fait de sa lucidité et de son incroyable mémoire. Même après avoir arrêté de plaider, M. de Joly était encore une des lumières du barreau de Paris, consulté de tous les plus habiles légistes, écrira après sa mort son secrétaire.
Étienne de Joly est à nouveau maire de Créteil de 1819 à 1831. Jeanne-Marie Couturier, sa deuxième épouse, avait acheté une propriété dans cette bourgade qui comptait à cette époque là 1 500 habitants. Jeanne-Marie Couturier était actrice à l'Opéra Comique.
Son témoignage en faveur de Charles-Guillaume Naundorff
Étienne de Joly témoigne comme son amie Agathe de Rambaud en faveur de Charles-Guillaume Naundorff. Alain Decaux écrit dans Louis XVII retrouvé : M. de Joly, Mme de Rambaud… On a ici en effet deux personnes fort intelligentes peu préparées au métier de dupes. Leur reconnaissance ne viendra pas d’une idée préconçue, et même leur premier mouvement sera pour tous les deux défavorable à Naundorff… Il ajoute : Le témoignage de Madame de Rambaud l’est (considérable) plus encore. Elle aussi n’a rien d’une illuminée, au contraire. L’abbé Berthon constate même avec regret qu’elle a peu de religion. On ne prétend pas dire par là que son témoignage a plus de valeur, mais le séparer de ceux de tant de naundorffistes qui, trop souvent ont donné la preuve de leur déséquilibre d’esprit[17].
M. de Joly se refuse tout d’abord à croire à la survivance du Dauphin pour des raisons politiques :
- Mais, quand bien même elle existerait, elle diviserait le parti légitimiste[18]. Mais finalement, Étienne de Joly préfère déclarer la vérité à plusieurs personnes[19] :
- Rien au monde ne peut détruire dans mon esprit, son identité avec le fils de Louis XVI : car tout ce qu’il m’a dit était à ma connaissance et ne pouvait être connu que du Dauphin et de moi [20].
L'orient éternel
Étienne de Joly est décédé le 3 avril 1837 à Paris. Il ne termine sa vie dans l'obscurité, comme l'écrira La grande encyclopédie du XIXe siècle. Il s'est remariée une troisième fois[21]. Il possède un appartement à Paris et a un secrétaire, qui est un écrivain raté, mais très dévoué. Il reçoit surtout de nombreux amis, d'anciens magistrats, pas toujours parisiens, des avocats, des membres de sa loge, et d'anciens familiers de la Cour, nostalgiques du temps d'avant la Révolution française. [réf. nécessaire] !!
Descendance
Étienne de Joly a une fille, Stéphanie de Joly, qui se marie en 1838 avec Jules Cambacérès (°Nîmes, 24 Pluviôse An VI ou 12/2/1798 - Paris 9/7/1863), X 1817, élève des P&C le 20/11/1819, aspirant le 1/1/1823, ingénieur ordinaire de 2ème classe le 28/4/1824, de 1ère classe le 1/11/1833, ingénieur en chef de 2ème classe le 20/1/1841, de 1ère classe le 8/5/1847, officier de la L.H avant 1852, chevalier des Palmes Académiques. Préfet des Basses-Pyrénées en 1848, Préfet du Haut-Rhin en 1857. Secrétaire général du ministère de la police générale du 10/2/1852 au 21/6/1853, date de suppression du poste. Préfet du Haut-Rhin du 4/11/1853 au 10/3/1858.
Notes et références de l'article
- ↑ Marie Éléonore Michaut, °Paris 24.03.1764 + Boismorand 14.08.1842, fille de Philippe Germain M. et de Geneviève Reine Lafitte. Après leur divorce, Marie Éléonore Michaut épousa Clément Felix Champion de Villeneuve.
- ↑ Biographie nouvelle des contemporains,ou Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes ... Par Étienne de Jouy, Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, p. 283
- ↑ Mémoires du marquis de Ferrières ...avec une notice sur sa vie, Charles Élie Ferrières, p. 135
- ↑ Annales historiques de la Révolution française, Société des études robespierristes, p. 291
- ↑ Mémoires et documents Par France Commission d'histoire économique et sociale de la Révolution française, France Commission recherche et de publication des documents relatifs à la vie économique de la Révolution, France Ministére de l'éducation nationale, p. 305
- ↑ La franc-maçonnerie des Bonaparte, François Collaveri, p. 114
- ↑ Histoire des Girondins, Alphonse de Lamartine, p. 95
- ↑ Histoire Des Girondins Et Des Massacres de Septembre D'après Les Documents Officiels Et Inédits, Adolphe Granier de Cassagnac, p. 492
- ↑ Mémoires du marquis de Ferrières ...avec une notice sur sa vie, Charles Élie Ferrières, p. 183
- ↑ Histoire parlementaire de la révolution française ou, Journal des assemblées nationales, depuis ..., Prosper Charles Roux, Philippe Joseph Benjamin Buchez, p. 462
- ↑ Intrigues dévoilées; on Louis xvii, dernier roi légitime de France... , Modeste Gruau de la Barre, p. 548
- ↑ Histoire de la terreur, 1792-1794, Louis Mortimer-Ternaux, p. 54
- ↑ Annales historiques de la Révolution française, Société des études robespierristes, 1970, p. 204
- ↑ La franc-maçonnerie des Bonaparte, François Collaveri, p. 114
- ↑ La franc-maçonnerie des Bonaparte, François Collaveri, p. 33
- ↑ L'ALMANACH IMPÉRIAL POUR L'ANNÉE 1810, CHAPITRE IV: Sénat, Conseil d’État, Corps Législatif, Haute-Cour Impériale, Cour de Cassation, Cour des Comptes, SECTION II CONSEIL D'ETAT
- ↑ Alain Decaux Louis XVII retrouvé, pp. 305 et 306
- ↑ Et c’est effectivement ce qui va se passer, d’où peut-être le fait que Louis-Philippe Ier ne fait pas emprisonner Naundorff tout de suite. Le prétendant est soutenu en partie par les gens de gauche : les républicains de Strasbourg, des journaux anglais, Jules Favre, futur ministre républicain et franc-maçon...
- ↑ Voir à ce sujet : Guy de Rambaud, Pour l’amour du Dauphin pp. 246 à 250
- ↑ Certes, M. de Joly est âgé et aveugle, mais le prétendant lui raconte des souvenirs des Tuileries le concernant et les détails d’un repas dans la loge du logographe qu’eux seuls connaissent
- ↑ le 30juin 1829 à Sannois, avec Marie Colombe Viet, dont il aura au moins une fille, née en 1833
Bibliographie
- Georges Bordonove, Louis XVII et l'énigme du Temple, 1995
- Alain Decaux, Louis XVII retrouvé, Perrin, 1947
- Gruau, dit de la Barre, Louis XVII, Intrigues dévoilées (Consultable en ligne)
- Dejoly (avocat), A l'Assemblée Nationale. Lettre de M. Dejoly, homme de loi et conseil des sieurs Mignot et Bassaget, Entrepreneurs du fort de Querqueville, à Cherbourg, ... en réponse à une Lettre du Ministre de la Guerre contenant des inculpations contre ses Entrepreneurs. (26 octobre 1791.), (Paris) : Imp. de l'Ami de la Constitution, (1791)
- Joly (Etienne-Louis-Hector de), Plan de la municipalité proposé aux membres composant le comité chargé par l'Assemblée des représentans de la commune, de travailler au plan d'organisation du corps municipal de la ville de Paris. - Copie de la réponse du ministre de la justice à l'adresse au roi par le conseil de la commune sur les évènements du 20 juin dernier, A Paris, Chez Momoro, s.d. 26 pp. (Consultable en ligne)
- Dejoly, ministre de la justice, Compte rendu à l'Assemblée nationale, le 9 juillet 1792, sur l'état actuel des tribunaux et l'administration générale de la justice dans le royaume, Publication : Paris : Impr. royale, 1792.
- Joly, Étienne-Louis-Hector de (1756-1837), Copie de la réponse du ministre de la justice à l'adresse au roi par le conseil de la commune sur les événements du 20 juin dernier, Metz impr. Vve Antoine et fils, 1792.
- Joly, Étienne-Louis-Hector de, Lettre du ministre de la Justice, au commissaire du roi près le tribunal criminel du département de Paris (Consultable en ligne)
- Dejoly, Etienne-Louis-Hector : Mémoires inédits de E.-L.-H. Dejoly sur la journée du 10 août 1792, Édition critique avec une introduction et des notes par Jacques Godechot, Paris, Presses universitaires de France ; (Nancy, impr. de G. Thomas), 1947.
- Dejolli (avocat). Rédacteur principal de : A Sa Majesté l'Empereur, ... en son Conseil d'État. Mémoire pour les maisons de commerce Astor, Lawrence et Jean Murray et fils de New-Yorck, propriétaires de partie du changement du navire américain "le Wermont", poursuite et diligence des sœurs Philippe et Antoine Filicchi, négocians de Livourne, leurs Consignataires, intimées, contre le corsaire "le Napoléon", appelant de décision du Conseil impérial des prises, du 2 septembre 1807...
- Dejoly (avocat), est un des Rédacteurs de Factum. Douhault, Adélaïde-Marie de Champignelles (Marquise de). 1817, : A Monsieur le Chancelier Président et à Messieurs les Pairs de France...
- Guy de Rambaud, Pour l’amour du Dauphin, Anovi, 2005, ISBN : 2-91418-02-5
Voir aussi
Liens et documents externes
Précédé par Étienne de Joly Suivi par Antoine-Marie-René de Terrier de Monciel Ministre français de l'Intérieur (1792) Clément Felix Champion de Villeneuve Antoine Duranton Ministre français de la Justice
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