- Étienne-Louis Lefébure de Fourcy
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Louis Lefébure de Fourcy est un mathématicien français, né à Port-au-Prince (Saint-Domingue) le 25 août 1787, mort à Paris 12 mars 1869[1].
Sommaire
Patronyme
Le père de Louis Lefébure de Fourcy, né Étienne-Louis Lefebvre, se fait appeler Lefébure du Coudray, et se marie sous le nom de Lefébure de Fourcy.
L'acte de baptême de son fils Louis porte donc bien la mention de Lefébure de Fourcy[2]. Toutefois, au cours de la période révolutionnaire, Louis se fait appeler du nom de son père : Étienne-Louis Lefebvre, selon l'air du temps[3]. Il ne reprend son nom d'origine qu'en 1815-1816, ce qui d'une part a été le prétexte d'une révolte des élèves de l'École polytechnique, et d'autre part a créé la confusion chez les historiens dont certains lui attribuent à tort le prénom de son père, Étienne-Louis.
Biographie
Louis Lefébure de Fourcy, né à Saint-Domingue, passe son enfance à Nantes puis est envoyé à Paris à l'Institut national des colonies[4],[5]. Il entre à l'âge de seize ans à l'École polytechnique (1803) et en sort en 1805 dans l'Artillerie.
Officier d'artillerie puis du génie, il quitte la carrière militaire pour les mathématiques et soutient devant la faculté des sciences de Paris en 1818, âgé de 31 ans, ses thèses de mécanique[6] et d'astronomie[7] pour le doctorat ès sciences mathématiques. Se livrant tout d'abord à l'enseignement privé, il devient professeur de mathématiques à la création du collège royal Saint-Louis en 1820. A l'École polytechnique, où il est nommé répétiteur-adjoint d'analyse dès mai 1807 et répétiteur en 1813, il devient également en 1815 répétiteur du cours de géométrie descriptive de Charles François Antoine Leroy, examinateur temporaire pour l'admission dans les services publics puis en 1826 examinateur d'admission, en remplacement de Louis Poinsot[8].
En 1817, il est professeur suppléant, chargé des répétitions de mathématiques spéciales, au Lycée royal Louis-le-Grand à Paris. À ce titre, il a pour élève le jeune Victor Hugo[9].
En 1839, il est nommé suppléant de Sylvestre-François Lacroix à la chaire de calcul différentiel et intégral de la faculté des sciences de Paris, et au décès de ce dernier, il lui succède en 1843. Il conserve cette chaire durant 26 ans, jusqu'à sa mort.
Anecdotes
Louis Lefébure de Fourcy a un caractère très affirmé et est souvent fort désagréable avec les élèves qu'il interroge.
Ainsi, en 1816, juste après la Restauration, il abandonne le nom de Étienne-Louis Lefebvre pour revenir à son nom de baptême de Louis Lefébure de Fourcy. Les élèves de première année de l'École polytechnique, qui devaient passer des examens oraux, en prennent prétexte pour refuser de se laisser interroger par lui. Comme il refuse de céder, les élèves quittent l'École pour manifester dans la rue. Le roi Louis XVIII, croyant que la révolte est dirigée contre lui, prononce par ordonnance du 14 avril 1816 le licenciement collectif de l'ensemble des élèves, la réduction provisoire de moitié des traitements des personnels enseignants, et la fermeture de l'École. Il fallut toute l'influence du comte Laplace et de Héron de Villefosse pour obtenir la réouverture de l'École le 5 septembre 1816.
Toujours en 1816, Louis Lefébure interroge l'élève Auguste Comte, élève de 2ème année de l'École polytechnique. Ce dernier, irrité par les méthodes de l'examinateur, finit par mettre les pieds sur la table : « Monsieur, j'ai cru bien faire en prenant votre exemple »[10]
Louis ayant décidé de préparer ses fils pour Polytechnique, son fils Michel-Eugène raconte : « Deux fois par semaine, mon père nous réunissait, un de mes amis et moi, devant son vieux tableau noir. Je redoutais comme le feu ces séances, parfois orageuses pour moi jusqu'aux larmes. Si la crainte est le commencement de la sagesse, c'est peut-être à elle que je dus mon entrée à l'École polytechnique dès le premier examen. »
Lorsque Henri Victor Regnault se présente à l'oral d'admission de Polytechnique, il est interrogé par Louis. Après une première série de questions, « La réponse ne laissant rien à désirer, un duel à outrance s'ouvrit entre l'examinateur, bien portant et maître de sa pensée, et le candidat, luttant contre l'épuisement, mais ne laissant paraître aucune défaillance intellectuelle. Aux questions succédaient les questions ; M. Lefébure semblait s'oublier ; il grossissait sa voix à mesure que celle de Regnault allait faiblissant, et l'auditoire, ému, se passionnait pour ce jeune homme près de tomber évanoui. »[11]
Lefébure de Fourcy interroge un jour un jeune homme, dans un examen de baccalauréat, sur la physique ; il lui fait une question fort simple, mais le jeune homme se trouble et ne sait rien répondre. Lefébure, impatienté, dit à un huissier qui se trouvait là :
- Apportez une botte de foin à monsieur, pour son déjeuner.
Le jeune homme, qui n'était plus aussi troublé qu'en commençant, et outré avec raison de l'affront public que venait de lui faire Lefébure, reprend aussitôt :
- Apportez-en deux, nous déjeunerons ensemble [12]!Notes et références
- sa biographie dans le Bulletin de l'Union des Professeurs de Spéciales, no 229, janvier 2010 Roland Brasseur a publié
- 12 novembre 1788, et est conservé aux Archives nationales, où il a été retrouvé par Roland Brasseur. L'acte de baptême a été établi à Port-au-Prince, le
- Ce changement de nom apparaît clairement sur le Registre matricule des élèves admis à l'École polytechnique en 1803 : voir le site web de la famille polytechnicienne.
- Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours
- collège de la Marche et du collège de Navarre, auquel le gouvernement confiait les fils de Noirs ayant rendu des services à la France et les enfants de colons réfugiés (Toussaint Louverture et l'indépendance d'Haïti de Jacques Cauna). Établissement privé fondé en 1997 par Jean-Baptiste Coisnon, ancien principal du
- Équations générales du mouvement des fluides, et applications de ces équations à la théorie du son.
- De l'attraction des sphéroïdes et de la figure des planètes.
- Ambroise Fourcy, Histoire de l'École polytechnique, Paris, Librairie du Bicentenaire de la Révolution française, 1987
- Jean-Marc Hovasse, Victor Hugo : Avant l'exil, 1802-1851, t. 1, Paris, Fayard, 2001 (ISBN 2213610940), p. 155
- Roland Brasseur, Quelques scientifiques ayant enseigné en classe préparatoire aux grandes écoles, Bulletin de l'Union des Professeurs de Spéciales, no 229, janvier 2010, p.14
- Jean-Baptiste Dumas. Regnault entra finalement classé 54e à Polytechnique, et sortit classé 2e. Éloge de Victor Regnault par
- Le Gaulois, 17 octobre 1891, p. 1
Précédé par Étienne-Louis Lefébure de Fourcy Suivi par Sylvestre-François Lacroix Chaire de calcul différentiel et intégral de la Faculté des sciences de Paris Joseph-Alfred Serret Catégories :- Mathématicien français
- Élève de l'École polytechnique (France)
- Naissance à Port-au-Prince
- Naissance en 1787
- Décès en 1869
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