- État teutonique
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État monastique des chevaliers teutoniques
L'État monastique des chevaliers teutoniques fut fondé, en 1224, par les chevaliers de l'Ordre teutonique. Il se transforma, en 1525, pour donner la province de Prusse-Orientale, formant partie de l'État prussien.
Sommaire
Histoire
La montée en puissance
Histoire de la Prusse - Prusse teutonique
- Prusse royale
- Duché de Prusse
- Prusse brandebourgeoise
- Royaume de Prusse
- État libre de Prusse
ModifierAprès des tentatives en 997 et 1147 pour soumettre les Baltes occidentaux, le Duché de Mazovie intensifia ses attaques, à partir de 1209, pour soumettre ces peuples païens. En représailles, ceux-ci firent des incursions en Mazovie. Ne parvenant pas à les vaincre, le duc Conrad Ier de Mazovie invita, d'abord, le chevaliers de l’Ordre teutonique à s’installer en Pologne, à la frontière avec les borusses, puis, les encouragea, en 1231, à pénétrer sur les territoires de ceux-ci. Au milieu du XIIIe siècle, les borusses tentèrent une ultime révolte qui ne fit que précipiter leur déclin. Les Prussiens du Sud-Ouest furent vaincus et conquis en une dizaine d'années ; ceux du sud-est et du nord-est furent conquis dans la seconde moitié du XIIIe siècle.
L'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, plus intéressé par l'action politique que religieuse de l'ordre (composé surtout de chevaliers allemands), octroya au Grand Maître de l'Ordre tous les privilèges d'un prince d’Empire, dont le droit de souveraineté sur les territoires nouvellement conquis. Par cette bulle signée à Catane, en 1224, la Prusse, la Livonie et plusieurs provinces voisines furent déclarée Reichsfreie. Ce décret soumis les provinces susmentionnées directement à l'autorité de l'empereur du Saint Empire et à l'Église catholique. En outre, par la Bulle d'or impériale de Rimini (mars 1226) et la Bulle d'or papale de Rieti (1234), la Prusse devint la possession officielle de l'Ordre teutonique. La Bulle d'or de Rieti autorisait, également, les membres de l'ordre de Dobrin – qui avait échoué dans sa mission de christianiser les prussiens et dont les effectifs étaient restés modestes – à rejoindre l'Ordre teutonique. Ce dernier fusionna en 1237, avec les chevaliers Porte-Glaive (ou Ordre de Livonie), ce qui lui permit de s'étendre au nord et de se renforcer.
Malgré leur défaite à la bataille du lac Peïpous (1242), face à la principauté de Novgorod, les chevaliers teutoniques étendent rapidement leur domination, régnant sur la Prusse, la Courlande en Lettonie et la Livonie, sans compter un grand nombre d’établissements de toutes sortes essentiellement localisés en Allemagne (Empire romain germanique). En l'an 1300, tous les peuples baltes, sauf les Lituaniens, étaient sous l'autorité de l'Ordre teutonique. La Prusse devint une terre de colonisation allemande : des terres agricoles furent données généreusement aux colons venus des régions de langue allemande.
Valdemar III roi du Danemark, vendit à l'État monastique, en 1345, la province d'Estonie et les villes de Nerva et Wassamberg. En 1398, l'État teutonique affronte le Grand-duché de Lituanie sur lequel il conquiert la Samogitie ; ceci lui permet de joindre ses territoires du nord et du sud et de contrôler toute la façade orientale de la mer Baltique. Vers la fin du XIVe siècle, l'Ordre teutonique est à l'apogée de sa puissance.
À l'apogée de la puissance de l'Ordre, le grand maître qui résidait alors à Mariendal, dans le Bade-Wurtemberg, avait sous ses ordres un grand-commandeur ou grand-maréchal qui résidait à Königsberg, et un grand-hospitalier résidant à Elbing. Le drapier et trésorier vivaient à la cour du grand maître. Plusieurs autres commandeurs vivaient à Thorn, Culm, Königsberg etc. Selon certaines sources, l'ordre aurait compté jusque 28 commanderies, 46 châteaux, 81 hospitaliers, 35 maîtres de couvents, 40 maîtres d’hôtels, 37 pourvoyeurs, 95 maîtres de moulins, 700 frères chevaliers, 162 frères de cœur ou prêtres et 6 200 serviteurs. La capitale du nouvel État est fixée à Marienburg à compter de 1309.
Le déclin de l'État teutonique
Le déclin de l'État monastique commence lors de la guerre du royaume de Pologne-Lituanie contre l'Ordre Teutonique. La défaite lors de la bataille de Grunwald (1410) contraint l'Ordre teutonique à signer la première paix de Toruń (1411) à l'occasion de laquelle il doit faire d'importantes concessions territoriales à l'Union de Pologne-Lituanie et s'engage à payer une énorme rançon.
Au milieu du XVe siècle, la population prussienne se révolte contre les chevaliers de l'Ordre teutonique et demandent l'aide du Royaume de Pologne. Celui-ci déclenche la guerre de Treize Ans (1454 à 1466) contre l'État monastique des chevaliers teutoniques. La défaite de l'Ordre lors de la bataille de Puck, en 1462, contraint celui-ci de signer le second traité de Toruń (1466). Ce dernier prévoit que, l'État monastique cède la Prusse-Occidentale, avec l'archevêché de Varmie, au Royaume de Pologne, au sein duquel elle devient la province autonome de Prusse royale ; la Prusse-Orientale demeure sous le contrôle de l'Ordre teutonique mais, l'État monastique devient vassal du roi de Pologne. Par la même occasion, le Grand-Maître de l'Ordre devint sénateur du Royaume de Pologne.
La fin de l'État teutonique
Dans l'espoir d'interrompre ce déclin, Albert de Brandebourg-Ansbach – de la famille souabe des Hohenzollern – fut élu trente-septième grand maître de l'Ordre en 1511. Les tensions étant récurrentes avec le Royaume de Pologne, depuis près d'un siècle, Albert prit l'initiative de déclencher un nouveau conflit (1519-1521) qui se révéla désastreux pour l'État teutonique. Après un trêve de quatre ans, il apparaissait évident que le conflit allait reprendre sous peu. Albert négocia, alors, avec Sigismond Ier de Pologne – qui était, par ailleurs, son oncle – un accord qui l'autorisait à se convertir à la religion luthérienne et à séculariser l'État monastique des chevaliers teutoniques. En contre-partie, les territoires restés entre les mains de l'Ordre, au lendemain du traité de Thorn de 1466, furent transformés en duché héréditaire de Prusse, vassal du Royaume de Pologne. Le traité de Cracovie fut signé le 5 avril 1525. La capitale du Duché de Prusse fut installée à Königsberg. Par ce traité fut réalisée la plus importante sécularisation d'un État.
Cet accord provoqua la scission avec l'Ordre de Livonie – ordre autonome au sein de l'Ordre teutonique – qui se considéra comme le continuateur de l'Ordre teutonique. Celui-ci forma l'État indépendant de la Confédération de Livonie, ce qui causa la perte des territoires du nord (actuelles Estonie et Lettonie). En outre, Albert de Brandebourg fut cité à comparaître devant la Cour de justice impériale mais il ne s'y présenta pas. Il fut donc mis au ban du Saint-Empire romain germanique. Mais les princes allemands – éprouvés par les tumultes de la Réforme, la révolte des paysans (Bauernkrieg) et les guerres contre l’Empire ottoman – n’appliquèrent pas la proscription et la colère contre lui s’apaisa avec le temps.
Culture et civilisation
Sous la gouvernance de l'Ordre teutonique, des forêts furent défrichées pour y construire des villages ou dégager des terres arables. En outre, les nombreux marais de la région furent asséchés pour être également transformés en terres agricoles.
L'état monastique des chevaliers teutoniques se révéla, dès ses débuts, comme un grand bâtisseur tant pour sécuriser ses possessions que pour contribuer à la diffusion du christianisme. Des villes nouvelles, telles que Thorn (1231), Königsberg (1255) ou Marienburg (1280), furent bâties.
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