- Ban de Sapt
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Ban-de-Sapt
Ban-de-Sapt Administration Pays France Région Lorraine Département Vosges Arrondissement Saint-Dié-des-Vosges Canton Senones Code Insee abr. 88033 Code postal 88210 Maire
Mandat en coursSerge Alem
2008 - 2014Intercommunalité Communauté de communes de la Vallée du Hure Démographie Population 340 hab. (2006) Densité 15 hab./km² Gentilé Saptésien(ne)s Géographie Coordonnées Altitudes mini. 421 m — maxi. 888 m Superficie 22,66 km² Ban-de-Sapt est une commune française, située dans le département des Vosges et la région Lorraine. Ses habitants sont appelés les Saptésiens et les Saptésiennes.
Sommaire
Une commune dispersée en hameaux
La commune, située dans le massif des Vosges, réunit quelques hameaux disséminés sur les rebords d'un plateau et dans l'échancrure mollement vallonnée, drainée par les minuscules contributeurs du ruisseau de la Hure[1]. Elle en comptait une dizaine autrefois. Inspiré par une fausse interprétation du vieux nom, Ad septem abietes, le chef du premier bureau de la préfecture à Épinal, Charles Charton, responsable de la statistique des Vosges entre 1830 et 1850, a tacitement considéré que chacun des sept hameaux principaux d'autrefois était représenté par un sapin : il supposait que ce lieu commun aux habitants était un lieu-dit autrefois connu, la justice qu'il situe sur un tertre à proximité de la via salaria ou voie des Saulniers[2]. À son époque, un bon observateur compte au moins neuf gros hameaux.
À Launois se trouvent aujourd'hui la mairie, l'école et l'église, c'est à dire le centre de la vie communale. Les autres hameaux La Fontenelle, Le Rouaux, Laître, Nayemont, Gemainfaing, Bourras et Le Fraiteux restent à l'écart du centre.
Dans la région, un ban désigne une communauté, autrefois rassemblée sous une même autorité politico-religieuse; Sapt se réfère à l'appellation initiale " Ad septem abietes", littéralement aux sept sapins. Outre la dénomination d'une communauté qu'il nous faudra définir, le lieu précis est le lieu d'assemblée d'un ban, issu du découpage carolingien du ban mérovingien de Gondelbert, et il est fort vraisemblable que ce toponyme précis soit à Laître[3].
Le plateau était autrefois traversé par la voie des Saulniers, antique voie romaine qui reliait autrefois Saint-Blaise à Saâles. La vieille route des Saulniers est abandonnée depuis 1800.
Senones est à 8 km, Saint-Dié-des-Vosges est à 11 km par le col des Raids à 525 m d'altitude débouchant sur la vallée de Robache[4]. On peut rejoindre Saales à 10 km par le col du Las à 701 m d'altitude.
Histoire d'un ban doyenné
Le ban Ad septem abietem est un des nombreux bans provenant de l'éclatement politique de la partie méridionale du ban de Gondelbert[5]. L'ancienne église de Laître bâtie selon les archives religieuses en 738 atteste l'apparition de ce ban. Le hameau de Laître est le premier chef-lieu du ban. Les vestiges de l'édifice, soient le choeur et une voûte y étaient encore préservés et visibles en 1839.
Vers l'an mil, l'abbaye de Moyenmoutier administre pour les ducs de Lorraine la via salaria qui mène de Saint-Blaise à Saales. L'abbaye associée de Ebersmunster, à l'autre extrémité, devrait administrer la partie alsacienne de la voie de Saales à Scherwiller, mais les guerriers de l'Ortenberg contrôlent et sécurisent la voie depuis de nombreuses décennies.
Le doyenné ou décanat est une ancienne organisation qui gère un ban. Une assemblée élit une dizaine de représentants, des dizeniers choisis et élus par les hommes libres. Parmi ceux-ci, un doyen chef de communauté rend compte aux seigneurs. Ce mode de fonctionnement préserve l'héritage de multiples censes ou d'un ban autrefois autonomes. Ici, le ban n'existe plus depuis l'an mil car le pouvoir temporel et spirituel est au main de l'abbaye de Moyenmoutier et de son voué, le duc de Lorraine. C'est pourquoi le doyenné n'est qu'une simple entité champêtre du ban de Moyenmoutier, dépendant pour la justice et le pouvoir militaire de la prévôté de Saint-Dié et du bailliage de Nancy en 1593.
En 1710, le baillage est à Saint-Dié. L'administration française confirme cette mutation en fixant, sous la coutume de Lorraine, bailliage et maîtrise à Saint-Dié.
La paroisse découpée au treizième siècle a toujours été administrée par un moine de l'abbaye de Moyenmoutier. Le moine bénédictin titulaire nommé à la cure du Ban de Sapt par l'abbé a pu rétribuer, par voie contractuelle avec ses bénéfices, un prêtre, simple remplaçant. Le pauvre desservant révocable à merci effectue à sa place les tâche pastorales et les collectes de dîmes et taxes. Cette pratique sous-traitante s'efface depuis la réforme bénédictine de saint Vanne et saint Hydulphe et n'existe plus à la fin du siècle des Lumières, le moine prêtre est également le premier desservant.
Histoire d'une commune
En 1790, la commune fondée par l'achat symbolique d'un coffre à archives fait partie du canton de Saales et du district de Saint-Dié. Le conventionnel Couthon, en charge de l'annexion de la principauté de Salm à la France, rattache la commune au canton de Senones nouvellement formé ainsi que l'ensemble de la vallée du Hure, Saint-Jean-d'Ormont, Denipaire, Hurbache et Moyenmoutier[6].
A partir de 1800, le vieux tracé n'est plus emprunté, mais les routes venant de Moyenmoutier ou de Senones convergent toujours vers le ban de Sapt et Saâles. La réalisation finale de la route de Saint-Dié à Strasbourg, par Provenchères, le col de Saales et Schirmeck au cours des années 1840 amène un lent déclin de ce réseau routier, lieu de rencontre traditionnel des Lorrains et Alsaciens, et entraîne à long terme un exode des services et petites industries désormais pléthoriques, surtout après les périodes de prospérité de l'Empire libérale.
Ban de Sapt en 1839
D'après la statistique des Vosges, ce village autrefois appelé Ban-des-sept-Sapins au nord de la montagne d'Ormont, couverte de vastes et belles forêts, est composé de sept sections : Nayeumont, le Fraiteux, Gemainfaing, la Fontenelle, Laitre, le Rouaux et Launois, point central de la commune où se trouve l'église, une maison d'école et un presbytère. Fayemont, Bourras, Les Fols sont présentés comme hameaux. Les fermes citées sont Servaumont, les Prés-Brouïes, Burmanpaire (sic), la Comme, A la Goutte, Frabois, Viacosté (sic), l'Equelle.
La commune rassemble 1505 âmes, 317 maisons et 360 ménages. Les contributions s'élèvent à 13741,66 F, soit :
- 10244,55 F pour la foncière.
- 1885,01 F la personnel et mobilière.
- 1362,94 F les portes et fenêtres.
- 249,13 F les patentes.
Il y a une école spéciale de garçons de 70 élèves, et deux écoles privées qui éduquent 25 à 30 élèves chacune, avec un enseignement mixte. Un bureau de bienfaisance enregistre les demandes des indigents et nécessiteux
Les production végétales mentionnent du froment, du seigle, de l'avoine, du sarrazin, des pommes de terre, du chanvre, du foin et beaucoup de trèfle. L'industrie comporte six moulins à farine, trois huileries, cinq fours à chaux. Sont également recensés cinq maréchaux ferrants, trois charpentiers, trois maçons, un menuisier, un vitrier, trente tisserands, six aubergistes, vingt-deux cabaretiers, un brasseur, quatre tailleurs d'habit, trois charrons, deux couturières, deux blanchisseuses, deux brodeuses, deux cordonniers, cinq sabotiers.
À la Fontenelle, un puits très ancien d'une profondeur de 19,5 mètres est signalé : il n'aurait jamais manqué d'eau, même pendant les plus longues sécheresses.
Ban de Sapt en 1845
D'après la statistique des Vosges, Ban-de-Sapt, c'est-à-dire la mairie à Launois, est à 55 km d'Epinal, 13 km de Saint-Dié et 6 km de Senones par laquelle transitent les lettres postales.
La population compte 1519 habitants. 279 maisons donnent le gîte à 378 ménages. L'habitat est dispersé en :
- hameaux : Bourras, Fayemont, Les Fols, La Fontenelle, Le Fraîteux, Geminfaing, Laître, Launois, Le Rouaux.
- fermes : A la Goutte, La Comme, L'Equelle, Hermanpaire, Pré-Brayeu, les Prés-Brouïes, La Sause, Servaumont, Vercoste.
- moulins [7] : Chata, Frabois, La Vaux.
Parmi les hommes nantis, 154 électeurs censitaires ont seul le droit de voter et d'élire les seize conseillers communaux, parmi lesquels sont choisis un maire et un adjoint. Il existe toujours un bureau de bienfaisance.
L'école publique de garçons héberge en mauvaise saison 135 élèves. Deux écoles privées, essentiellement écoles catholiques de filles, accueillent aussi 77 élèves.
Avec une surface territoriale de 2226 ha, Ban-de-Sapt est une grande commune. Le terroir paysan recensé, outre 29 ha de jardins, vergers, chenevières souvent à proximité des maisons ou dans leur enclos, se répartit entre 1281 ha de champs, 425 ha de prés et 378 ha de bois. Les labours permettent les cultures de seigle avec un peu de blé, d'avoine, de sarrasin et de pommes de terre. Le foin de bonne qualité est renommé, mais il est peu abondant. Quatre moulins à farine, des huileries associés au commerce de bétail complète l'activité agricole.
Une scierie à planches et trois carrières respectivement de pierres à chaux, de pierres de taille et de moellons sont en activité en saison[8].
Démographie historique
Évolution démographique
(Source : Statistiques du département des Vosges)1801 1830 1839 1845 1848 1859 1863 1867 1880 1887 1283 1388 1505 1519 1524 1466 1397 1401 1441 1349 La Grande Guerre de 1914 à 1919, puis la reconstruction
La colline de la Fontenelle fut un point stratégique lors de la Première Guerre mondiale. Le 14 septembre 1914, la 1e Armée française, sous les ordres du général Dubail, lance une offensive pour reprendre la colline qui deviendra le centre du dispositif français. Les Allemands multiplieront les tentatives pour reprendre cette hauteur stratégique mais n’y parviendront jamais. Il s’ensuit une guerre de mines et de sapes, de coups de mains nocturnes et diurnes. Ces multiples actions firent de nombreuses victimes, souvent dans des corps à corps effroyables. Le 24 juillet 1915, Launois est libéré et le front stabilisé, mais les Allemands ne renonceront jamais.
Démographie
Évolution démographique (Source : INSEE[9]) 1890 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 1310[10] 244 294 259 301 319 370 340 Nombre retenu à partir de 1962 : Population sans doubles comptes Administration
Liste des maires successifs Période Identité Parti Qualité Depuis 199X Serge Alem Noël Colin Les données antérieures ne sont pas encore connues. Patrimoine
- Nécropole nationale de La Fontenelle.
- Les Jardins de Callunes.
- Harmonium Cavaillé-Coll dans l'église Saint-Grégoire, exécuté vers 1855, classé au titre d'objet le 20 décembre 1989[11].
Notes et références
- ↑ Le féminin est nécessaire, mais trompeur. Le Hure provient du rain de Lassaux, sur la commune voisine de Saint-Jean-d'Ormont. Les Anciens appelaient le ru du Las ce ruisseau de la Hure des anciennes ou nouvelles cartes françaises, truffées d'erreurs toponymiques.
- ↑ Il mentionne qu'un monticule de trois à quatre mètres de hauteur y était encore observable. Selon Ch. Charton, les sept gros hameaux fondateurs seraient Fayemont, Le Fraiteux, Geminfaing, La Fontenelle, Laître, Le Rouaux, Launois.
- ↑ L'étymologie le mentionne, l'aître désigne en ancien français le cimetière. Voilà le lieu commun aux habitants et plus surprenant pour un esprit moderne, le lieu d'assemblée et de rencontre des vivants pour les affaires et la politique.
- ↑ On peut comparer avec les distances indiquées en 1845, sur chaque parcours, les rectifications et les ouvrages d'art ont permis de réduire les distances d'environ 2 km.
- ↑ Il est avec les bans de Provenchères, de Spitzemberg, de La Grande-Fosse, de Saales... issus des découpages ultérieurs qui ont divisé la partie proche de la voie des Saulniers. La vaste part excentrée au nord est le ban de Senones, donné en commende en 775 à l'évêque de Metz.
- ↑ c'est une partie de l'ancien ban de Moyenmoutier
- ↑ Les moulins à farine présentent des risques d'explosions. Mues par roues hydrauliques, ces installations souvent à l'écart des habitations se rapprochent des ruisseaux à moins de disposer d'un long canal d'amenée ou bief.
- ↑ Ces installations sont mentionnées aussi dans la statistiques de 1839
- ↑ Ban-de-Sapt sur le site de l'Insee
- ↑ Source : La Grande Encyclopédie, Volume 5
- ↑ www.inventaire.culture.gouv.fr
Bibliographie
- Rémi Blachon, « Un partisan méconnu : Jean-Nicolas Bertrand, de Ban de Sapt », L'Essor, no 128
Liens externes
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