Édouard Grenier

Édouard Grenier
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Grenier.
signature Édouard Grenier

Édouard Grenier, né le 20 juin 1819 à Baume-les-Dames (Doubs) où il est mort le 4 décembre 1901, est un homme de lettres, poète, diplomate français et un fidèle ami de Lamartine.

Sommaire

Biographie

Vie du diplomate

Entré dans la carrière diplomatique après avoir été surnuméraire au ministère des Finances, il est chargé de mission à Berlin, puis secrétaire d'ambassade à Berne sous la Deuxième République. Il démissionne de ce poste lors du coup d'État du 2 décembre 1851. En 1854, il se rend en Moldavie pour devenir le secrétaire personnel de l'hospodar Grigore Alexandru Ghica[1]. Muni d'une lettre d'introduction de Mérimée, il rencontre le poète Vasile Alecsandri avec lequel il entretient par la suite une longue correspondance.

Après son retour en France, il publie son premier poème, La Mort du juif-errant, en 1857, et ne se consacre plus dès lors qu'à la poésie, et s'installe dans le faubourg Saint-Germain.

Œuvre du poète et écrivain

Auteur de nombreux longs poèmes qui lui attirent l'estime du monde des arts et des lettres et dont plusieurs sont couronnés par l'Académie française, il contribue au Parnasse contemporain et collabore à La Revue des Deux Mondes et à La Revue blanche.

En 1876, il brigue le fauteuil laissé vacant par Henri Patin à l'Académie française, mais se fait devancer par l'historien Gaston Boissier, ne recueillant que sept votes[2]. A la mort du Président Lincoln, il consacre un poème dont le New York Times se fait l'écho.

Longtemps, ses poèmes ont figuré dans les anthologies de l'époque, mais sont aujourd'hui oubliés, à l'exception des poèmes Fata Libelli et Prélude à l'Elkovan. Édouard Grenier reste connu pour sa traduction du Roman de Renart de Goethe. Ses Souvenirs littéraires, dans lesquels il évoque ses rencontres dans les salons avec, entre autres, Lamartine, Heine, Charles Nodier, Musset, George Sand, Mérimée et Sainte-Beuve, restent un témoignage vivant de son temps.

Il connut la fille d'André Chazal et de Flora Tristan : Aline Chazal qui sera la mère de Paul Gauguin. À Paris, le 4 novembre 1880, il lui dédie un poème pour sa fête, le texte est publié dans Poésies complètes en 1891.

Jugements

M. Édouard Grenier a fait des vers toute sa vie et il a publié les premiers à trente-sept ans. Et, sauf un petit nombre de pièces qu'il a réunies sous ce titre : Amicis, il n'a composé que de grands poèmes, épiques, philosophiques, mystiques, symboliques, tragiques. Il a écrit la Mort du Juif errant, qui fait songer à Edgar Quinet et à Lamartine ; l'Elkovan, une histoire d'amour qui fait surtout penser à Musset ; le Premier jour de l'Éden, qui rappelle Milton et Alfred de Vigny ; Prométhée délivré, qui évoque les noms d'Eschyle et de Shelley ; Une vision qui évoque celui de Dante ; et Marcel, poème en dix chants, et Jacqueline, tragédie historique en cinq ou six mille vers. Il a porté dans sa tête et dans son cœur les plus belles pensées, les plus vastes imaginations, les conceptions les plus grandioses. Chacune de ses œuvres est un de ces rêves où l'on s'enferme et où l'on vit des mois et des ans, comme dans une tour enchantée. Toute la grande poésie romantique se réfléchit dans ses vers, non effacée, mais adoucie, comme dans une eau limpide et un peu dormante[3].

Tel, à son ordinaire, M. Édouard Grenier, un peu Régence, un peu Chénier, un peu Bernardin, mélange agréable de toutes les élégances un peu apprêtées, et de toutes les tendresses un peu affinées en gentillesse mondaine du siècle le plus aimable et le plus aimant, à sa manière, qui se soit vu[4].

Edouard Grenier, le délicat poète, le républicain convaincu, le plus fidèle ami de Lamartine, était aussi un fidèle de Mme d'Agoult. On l'appelait la « chronique vivante » ; il savait tout et toutes choses ; il avait tout vu et tout lu, et il contait adorablement, donnant à ses auditeurs le sens exact des petits faits et des grands événements, à ce point qu'Edmond Texier disait : « Tout jugement et tout fait qui n'ont pas passé par la bouche d'Edouard Grenier n'ont pas conquis leur notoriété parisienne et n'ont pas leur proportionnalité. »

Le premier jour de l'Éden

Regarde ! dans les cieux que sa lumière inonde
Le soleil rayonnant sur notre jeune monde
Pénètre au loin les airs de son regard de feu,
Comme un vivant reflet de la splendeur de Dieu.
Tout s'anime ; chaque être a frémi d'allégresse
Et boit, en respirant, la vie avec ivresse.
Sur nos fronts, au-dessus de l'air calme et profond,
Comme un fleuve muet, immobile et sans fond,
Le ciel de tous côtés enveloppant la terre
Partout pour horizon lui donne le mystère.
Sur sa courbe infinie et d'un bleu transparent
L'arbre détache en vert son feuillage odorant,
Et plongeant dans le sol ses pieds couverts de mousse
Fait flotter sur la terre une ombre fraîche et douce.
La brise en murmurant passe et courbe les fleurs.
Tout est plein de rayons, de parfums, de couleurs,
Et le fleuve sacré dont les eaux fugitives
Viennent en frissonnant baiser l'herbe des rives
Roule, et dans son flot clair, frais et silencieux
Reflète le soleil, les grands bois et les cieux[5].

Publications

Poésies 
  • La Mort du juif-errant, poème (1857)
  • Petits poèmes (1859), couronné par l'Académie française.
  • Prométhée délivré (1859)
  • Poèmes dramatiques : Stéphen. In excelsis. Le premier jour de l'Éden. Prométhée délivré (1861)
  • Amicis (1868)
  • Séméïa (1870)
  • Helvétia; hymne à la Suisse (1877)
  • Poèmes épars (1889) : Le Voyage. La Bigolante Texte sur Wikisource. À une morte. À une vivante. Sonnets.
  • Poésies complètes (2 volumes, 1882-1891)
  • Œuvres : (1) Petits poèmes. Poèmes dramatiques (2) Amicis. La Mort du président Lincoln. Séméia. Marcel (3) Francine. Poèmes épars. Rayons d'hiver. Fleurs de givre (3 volumes, 1895-1902)
  • Vers Inédits : communication faite à la société académique de l'Oise, 1903
Théâtre 
  • Annibal à Capoue, drame en 3 actes et en vers (1862)
  • Jacqueline Bonhomme (1789-1800), tragédie moderne (1878)
  • Francine (1884)
  • Rayons d'hiver (1886)
  • Théâtre inédit : La Fiancée de l'ange, Métella. Cédric XXIII. Prologue de Julien l'Apostat (1889)
  • Aphonide et Pyrgos, tragédie en 3 actes et en vers (1896)
Romans
  • Marcel (1875)
Pensées
  • Penseroso, réflexions et maximes (1886)
Souvenirs 
  • En Moldavie, 1855-1856 (1894)
  • Souvenirs littéraires (1894) Texte en ligne
  • Chants d'un patriote (1900)
Traduction
Correspondance
  • Vasile Alecsandri, La France jugée à l'étranger (1855-1885). Lettres inédites du poète roumain Basile Alecsandri à Édouard Grenier, publiées avec une introduction et des notes par Georges Gazier, H. Champion, Paris, 1911

Critique

  • Le poète Edouard Grenier, Charles Baille, 1903
  • Edouard Grenier et ses correspondants, Gérard Gazier, 1910.

Articles connexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

  1. Édouard Grenier, Souvenirs littéraires, Alphonse Lemerre, Paris, 1894, p. 134. Voir aussi : Nicolae Iorga, Histoire des relations entre la France et les Roumains : La Révolution de 1848 et les émigrés, Payot, Paris, 1918 : Texte sur Wikource.
  2. Édouard Grenier, Op. cit., p. 187-228. Voir aussi : Jean Claude Dubos, Victor Hugo et les Franc-Comtois, Cabedita, Yens-sur-Morges (Suisse), 2002, p. 143-145.
  3. Jules Lemaître, Les Contemporains. Études et portraits littéraires, Première série, H. Lecène et H. Oudin, 1886, p. 91-92, 103.
  4. Émile Faguet, La Revue bleue, 19 mai 1894.
  5. Édouard Grenier, Le premier jour de l'Éden (extrait). Texte paru dans Le Magasin du libraire, Charpentier, Paris, vol. VIII, 1859, p. 239.

Liens externes



Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Édouard Grenier de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать курсовую

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Edouard Grenier — Édouard Grenier Pour les articles homonymes, voir Grenier. Édouard Grenier, né le 20 juin 1819 à Baume les Dames (Doubs) où il est mort le 4 décembre 1901, est un homme de lettres et poète français. Sommaire 1 Biographie …   Wikipédia en Français

  • Édouard Grenier — (* 20. Juni 1819 in Baume les Dames, Dépt. Doubs; † 5. Dezember 1901 ebenda) war ein französischer Diplomat und Schriftsteller. Sein Bruder war der Maler Claude Jules Grenier. Inhaltsverzeichnis 1 Leben 2 Werke (Auswahl) …   Deutsch Wikipedia

  • Grenier — ist der Familienname folgender Personen: Adrian Grenier (* 1976), US amerikanischer Schauspieler und Musiker Albert Grenier (1878–1961), französischer Historiker, Religionswissenschaftler und Klassischer Archäologe Claude Jules Grenier… …   Deutsch Wikipedia

  • Edouard — Édouard ist ein französischer männlicher Vorname. Im deutschen Sprachraum erscheint er als Eduard. Bekannte Namensträger sind: Jean Édouard Adam Jacques Édouard Alexis Édouard André Édouard François André Édouard d’Anglemont Jules Léopold Édouard …   Deutsch Wikipedia

  • Édouard — oder Edouard ist ein männlicher Vorname. Inhaltsverzeichnis 1 Herkunft und Bedeutung 2 Bekannte Namensträger 2.1 Vorname 2.2 Zwischenname …   Deutsch Wikipedia

  • Grenier (homonymie) — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Sur les autres projets Wikimedia : « Grenier (homonymie) », sur le Wiktionnaire (dictionnaire universel) Le grenier (du latin graniarium)… …   Wikipédia en Français

  • Edouard-Raymond Fabre — Édouard Raymond Fabre Pour les articles homonymes, voir Fabre. Édouard Raymond Fabre Édouard Raymond Fabre (né le 15 septembre …   Wikipédia en Français

  • Édouard-raymond fabre — Pour les articles homonymes, voir Fabre. Édouard Raymond Fabre Édouard Raymond Fabre (né le 15 septembre …   Wikipédia en Français

  • Édouard Adolphe Casimir Joseph Mortier — Édouard Mortier, 1st Duc de Trévise 15th Prime Minister of France In office 18 November 1834 – 12 March 1835 Preceded by …   Wikipedia

  • Grenier — (spr. grönjē), 1) Edouard, franz. Dichter, geb. 1819 in Baumes les Dames (Doubs), gest. daselbst 1901, war längere Zeit Gesandtschaftssekretär und widmete sich dann dichterischen Arbeiten. Von seinen Schriften, die günstige Beurteilung fanden,… …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”