- Écriture gothique
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L’écriture gothique est une graphie de l’alphabet latin apparue à la fin du Moyen Âge.
Il ne faut pas confondre cette manière d’écrire l’alphabet latin avec l’alphabet gotique.
Une forme de cette graphie est parfois appelée « lettre noire » (black letter ou blackletter en anglais). Les Allemands, quant à eux, parlent d’écriture « cassée » (gebrochene Schrift), car les arrondis sont brisés.
Caractères gothiques et caractères romains ont longtemps été en concurrence, notamment en Allemagne. L’utilisation de l’écriture gothique est reléguée aujourd’hui à l’ornement (enseignes). Dans les enseignes comme dans les titres, on n’utilise jamais uniquement les lettres capitales, contrairement à ce qui est le cas avec d’autres écritures.
Sommaire
Histoire
- XIe siècle : apparition de la minuscule gothique (gothique primitive) dans le nord de la France (scriptoriums de l’abbaye de Corbie et de l’abbaye de Saint-Riquier), en Flandre et en Angleterre.
- XIIe siècle : extension en Allemagne.
- milieu du XIIe siècle : apparition de la gothique textura.
- XIIIe siècle :
- la gothique textura devient l’écriture de l’Europe occidentale
- parallèlement se développe la rotunda dans le sud de l’Europe et la bastarda dans le nord de la France et aux Pays-Bas.
- XVe siècle : la textura est le premier type de caractères utilisé dans l’imprimerie (édition de la Bible).
- milieu XVe siècle : l’écriture humanistique se développe en Italie. Ces caractères supplantent rapidement en Europe (excepté en Allemagne) les caractères gothiques pour l’imprimerie.
- fin XVe siècle : création et diffusion de la gothique Schwabacher (Allemagne).
- début XVIe siècle : naissance de la gothique fraktur (Allemagne).
- XVIe siècle au milieu du XXe siècle : utilisation répandue de la Fraktur pour l’imprimerie (Allemagne).
- XIXe siècle : fixation de la gothique manuscrite Kurrentschrift (Allemagne).
- vers 1918 : remplacement de la Kurrentschrift par la Sütterlin (créée par Ludwig Sütterlin).
Abandon brutal de l'écriture gothique
En 1941, Adolf Hitler décrète l’abandon du gothique au profit de l’écriture latine, baptisée Normalschrift. Le 3 janvier, Martin Bormann fait paraître la circulaire suivante :
Direction du personnel
Circulaire
Diffusion restreinte)
À l’attention de tous, voici ce que je fais savoir par ordre du Führer :
Il est faux de regarder ce qu’on appelle écriture gothique comme une écriture allemande ou de la qualifier de telle. En réalité, ce qu’on appelle écriture gothique se compose des caractères d’imprimerie juifs de Schwabach. Exactement comme ils ont mis la main par la suite sur les journaux, les Juifs résidant en Allemagne ont mis la main sur les entreprises d’imprimerie dès l’apparition de cette technique et c’est ainsi que se sont introduits massivement en Allemagne les caractères d’imprimerie juifs de Schwabach.
Dès aujourd’hui, le Führer a décidé dans un entretien avec monsieur le Reichsleiter Amann et monsieur Adolphe Müller, propriétaire d’imprimerie, que ce sont les caractères latins qui doivent à l’avenir être qualifiés d’écriture normale. Tout ce qui sera imprimé devra se conformer peu à peu à cette écriture normale. Dès que cette mesure aura pu être appliquée aux livres scolaires, seule l’écriture normale sera enseignée dans les écoles de village et les écoles primaires.
Désormais on cessera d’utiliser les caractères d’imprimerie juifs de Schwabach dans les administrations. Les actes de nomination des fonctionnaires, les panneaux routiers, etc. ne seront plus écrits à l’avenir qu’en écriture normale.
Par ordre du Führer, monsieur le Reichsleiter Amann ordonne qu’en premier lieu les journaux et les périodiques qui sont déjà diffusés à l’étranger, ou dont on souhaite qu’ils le soient, passent à l’écriture normale.
Signé M. BormannTypologie
L’écriture gothique est une déformation de la minuscule caroline. Le tracé des lettres, d’arrondi devient anguleux. Les raisons historiques de ces déformations restent inconnues.
- Primitive
- Textura, appelée littera textura ou littera formata – lettre de forme – ou black letter. C’est l’écriture du Moyen Âge par excellence :
- Rotunda, partiellement aux formes arrondies.
- Bastarda, moins anguleuse et moins austère que la textura.
- Schwabacher, variante de la Bastarda. Elle est plus lisible que la Textura.
- Fraktur, issue de la Schwabacher. Elle est à l’origine de caractères d’imprimerie longtemps utilisés dans les pays de langue germanique :
- Kurrentschrift : écriture cursive dérivée du Gothique. Penchée, anguleuse, serrée.
- Sütterlin : écriture cursive dérivée de la Kurrentschrift. Plus droite et aérée.
Adaptations typographiques
La gothique est une minuscule manuscrite qui utilise de nombreuses abréviations et ligatures. Les majuscules sont peu individualisées, à l’exception des initiales qui sont dessinées, ornementées et coloriées selon une typologie variable, onciales, capitales lombardes, etc. Les premiers caractères typographiques créés reprennent les écritures gothiques en usage. Les polices vont évoluer selon leur logique propre avec le temps. On va créer des capitales et des caractères particuliers pour disposer de polices complètes, qui auront peu à voir avec les écritures manuscrites d’origine. C’est particulièrement vrai pour les créations des XIXe et XXe siècles qui cherchent délibérément un retour plus ou moins « historiciste » aux formes médiévales. En Allemagne, la tradition de la gothique s’est maintenue à peu près constamment et les créations modernes introduisent des innovations formelles.
Galerie
Voir également
Liens externes
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