- Économie de Cuba sous Batista
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La République de Cuba, sous le régime autoritaire du général Fulgencio Batista, est dominée économiquement par les États-Unis et souffre du poids écrasant du secteur sucrier. Pour autant, la population cubaine connaît des conditions de vie plus satisfaisantes que nombre de pays du tiers-monde.
Population et niveau de vie
Au début des années 1950, la République de Cuba compte 5,8 millions d'habitants. La ville principale, et capitale, est La Havane (783 000 h en 1953) au centre d'une agglomération de 1,19 million d'habitants.
L'agriculture, les forêts, la pêche
L'agriculture exportatrice
L'économie cubaine est dominée par un dense réseau de plantations où domine avant tout le secteur sucrier. Si l'île compte 5 600 km de voies de chemin de fer, les voies réservées aux plantations représentent 4 627 km.
Le puissant secteur agroalimentaire sucrier
L'agriculture cubaine est la plus riche des Antilles. C'est une agriculture de plantations, produisant avant tout du sucre de canne pour l'exportation ou pour la production d'alcool. En 1952, la production de sucre atteint 5,16 millions de tonnes.
Les grands districts producteurs se situent dans l'Est de l'île : districts de Camagüey, Santa Clara et Matanzas.
Tabac et cigares
Le tabac est l'autre production exportatrice. En 1952, 51000 hectares de terres arables lui sont consacrés. La production atteint cette année-là 38 600 tonnes.
Le tabac est cultivé dans l'Ouest de l'île, en particulier dans le districts de Vuelta Abajo (50% de la production).
La ville de La Havane est le centre mondial de fabrication de cigares appelés justement Havanes.
Les autres productions agricoles majeures
- Après une longue diminution de la production, la production de café progresse à nouveau. En 1952, 80000 hectares (essentiellement dans l'Est de l'île) sont consacrés à la culture des caféiers, soit une production de 27 000 tonnes.
- Les production fruitières sont de plus en plus dynamiques, caractérisées par la variété et la qualité : bananes, ananas, agrumes et en particulier pomelos cultivés dans l'île des Pins exportés vers les États-Unis.
Le bois
Les forêts cubaines, longtemps défrichées, couvrent encore 26,2% du territoire, soit plus de 3 millions d'hectares, essentiellement dans les montagnes de l'Est de l'île et dans le district de Camagüey. Leur exploitation est très rentable car elle est riche en essences précieuses: cèdre, acajou, majagua (en).
L'agriculture vivrière
Une céréaliculture déficitaire
Les cultures céréalières, faute de terres suffisantes et d'un rendement élevé, sont structurellement déficitaires:
- Le maïs est la culture vivrière traditionnelle de l'Amérique latine; 150000 hectares lui sont consacrés, pour une récolte de 1,5 million de tonnes en 1952.
- Le riz, cultivé dans les terres basses, sur 63000 hectares, connaît des rendements plus élevés avec 1,26 million de tonnes.
- Le blé est également cultivé, mais sur des surfaces plus réduites.
- La patate douce, localement, est un complément alimentaire apprécié en complément ou en remplacement des céréales.
L'élevage extensif
L'élevage était très important à l'époque de la colonisation espagnole, et même s'il a reculé face à l'extension des plantations, sa valeur économique, mais aussi culturelle, reste considérable. Les chiffres pour 1952 :
- Le cheptel bovin, avec 4,033 millions de têtes, correspond à un type d'élevage extensif hérité de la période coloniale. Les troupeaux sont élevés en semi-liberté sur de vastes espaces.
- Les élevages porcins sont le 2e en quantité, avec 1,286 million de porcs, contre 194000 ovins seulement.
- Les chevaux (412000), les mulets (31000) et les ânes (3000) sont avant tout des animaux élevés pour le travail, dans un monde rural encore peu mécanisé.
- Secteur agricole particulier, l'apiculture est fameuse pour la qualité du miel produit, dont d'importantes proportions sont exportées.
Un modeste secteur de la pêche
La pêche n'est pas un secteur traditionnellement très dynamique dans la culture cubaine. Les bateaux restent petits et le tonnage des prises est faible. Les deux exceptions sont, d'une part, les langoustes, d'excellente qualité; et d'autre part les éponges.
Les mines et les hydrocarbures
Les minerais
- L'île de Cuba compte des réserves en minerais de fer, qui sont exploitées depuis longtemps.
- Les minerais les plus rentables au niveau de l'extraction minière sont cependant la chromite et le manganèse, exploités sur le site d'El Cristo, près de Santiago.
- Des mines de cuivre moins importantes sont exploitées à Matahambre et à Pinar del Rio.
Le pétrole
Les gisements de pétrole sont modestes, cependant ils sont exploités en petites quantités à Matambo, district de Matanzas, et à Jarahueca.
Un secteur industriel naissant
L'industrie est généralement d'importance locale, et en cours de modernisation. Par contre, elle frappe par la variété de ses productions.
- Les industries agroalimentaires transforment le sucre des cannes en sucre raffiné exportable, ou bien celui-ci est distillé en alcool. Cuba compte également plusieurs brasseries de bière.
- L'agglomération de La Havane est le centre mondial de la fabrication de cigares à forte valeur ajoutée, les Havanes; lui sont associées des manufactures de tabac plus traditionnelles.
- La cimenterie, surtout l'usine de Mariel dans le district de Pinar del Rio, réponde aux besoins du marché de la construction: en 1952, 418 000 tonnes de ciment ont été fabriquées.
- L'industrie textile dispose de 40600 fuseaux à coton. Les 2 centres principaux sont Matanzas et Ariguanabo. L'usine de Matanzas fabrique également de la rayonne.
- Les petites usines et ateliers des centres urbains fabriquent du savon, des bougies, des chaussures et des allumettes.
Le secteur des services
Le problème du tourisme à Cuba
Le port de La Havane
Un commerce extérieur excédentaire
- Les exportations sont dominées, de très loin, par la filière du sucre (85 à 90% des exportations en valeur, selon les années). Cuba exporte du tabac, des cigares et cigarettes, et d'autres productions agricoles, en particulier les pomelos.
- Les importations montrent que Cuba ne dispose pas encore d'un secteur manufacturier capable de répondre aux besoins locaux: produits alimentaires, machineries et armement, tissus, produits chimiques, papiers et dérivés, etc. Par exemple, l'île exporte du sucre brut et importe du sucre raffiné.
Le poids du capital américain
Avant 1959, la grande finance américaine, Morgan de 1914 à 1929-33, Rockefeller de 1933 à 1958 (les deux groupes Rockefeller, celui de William Rockefeller structuré autour de la National City Bank et celui de John Rockefeller autour de la Standard Oil et de la Chase Manhattan Bank), contrôle à Cuba tout ce qui crée du profit.
Tout était exploité au possible : la production sucrière (Cuba, premier exportateur de sucre brut au monde, en était réduit vers 1930 à importer du sucre raffiné des États-Unis), les mines (nickel), l’énergie, les chemins de fer, les transports urbains, le téléphone, le tabac, les fruits tropicaux, la consommation (Coca Cola, Propter & Gamble étaient là, de même que Goodyear), ainsi que le secteur bancaire (jusqu’à la Banque centrale), la terre... Cuba était très dépendant des États-Unis.
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