- Écologie urbaine
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L’écologie urbaine étudie l'ensemble des problématiques environnementales concernant le milieu urbain ou périurbain.
Elle vise à articuler ces enjeux en les insérant dans les politiques territoriales pour limiter ou réparer les impacts environnementaux et améliorer le cadre de vie et la qualité de vie des habitants.Cette notion a parfois un sens plus restrictif, désignant spécifiquement l'écologie des organismes vivant dans une zone urbaine, principalement représentés par les espaces verts, publics et privés et les animaux sauvages - mais cet usage tend à se raréfier.
Sommaire
Sujets d'intérêt
Communément, l'écologie urbaine traite des thématiques suivantes :
- air, pollution de l'air
- eau
- sol
- Intégration de la Biodiversité dans le bâti ou la planification urbaine
- Jardins
- Espaces verts
- mur végétalisé, toiture végétalisée
- ressources renouvelables
- friches
- mobilité durable
- Consommation d'énergie
- paysage urbains, micropaysages et biodiversité
- déchets
- bruit et nuisances sonores
- nuisances lumineuses
- pollution lumineuse
- Piège écologique
- émissions de gaz à effet de serre
- puits de carbone urbain[1]
- Gestion foncière (ville renouvelée)
- Résilience écologique,
- bulle de chaleur urbaine, microclimats
- Adaptation au changement climatique
- Documents d'urbanisme (ex : cadastre vert, trame verte)
- empreinte écologique
Après une période surtout consacré aux inventaires d'espèces et expérimentations de gestion différentiée, les acteurs tendent à chercher à comprendre les liens entre Biodiversité urbaine (ordinaire ou non) et fonctionnement écologique et services écosystémiques. Philippe Clergeau ; Biodiversité urbaine : De l’inventaire naturaliste au fonctionnement écologique, plate-forme multimedia de dialogue ‘La Nature en questions : Regards et débats sur la biodiversité‘avec les scientifiques créé avec la Société Française d’Ecologie (SFE) Philippe Clergeau
Histoire
Même si les jardins de Babylone sont parfois invoqués, c'est l'École de Chicago qui est réputée être à l'origine du premier courant d'écologie urbaine, et même indirectement à l'origine de l'expression francophone « écologie urbaine »[2], avec une approche peu liée à l'écologie scientifique[3], l'écologie urbaine y trouvant néanmoins une première expression avec les études sociologiques de l'École de Chicago, au début du XXe siècle. Cette école marque aussi le début de l'application des sciences sociales à la ville, et plus généralement au phénomène urbain. L'écologie urbaine postule une interdépendance entre le citadin et son environnement urbain, que la notion d'empreinte écologique élargira à la planète dans les années 1990-2000. La ville d'abord décrite sous forme d'aires plus ou moins naturelles (schémas concentriques de Burgess) par l'école de Chicago est vue comme un lieu source et puits, de flux et d'énergies, avec des impacts directs et indirects complexes vis-à-vis de la biodiversité et de la biosphère ou du climat. Il y règne des relations particulières entre citadins, et la communauté urbaine est à la fois un modèle spatial et un ordre moral (Robert Park). Quelques modèles utopiques fouriéristes ou la cité-jardin telle qu'imaginée par Ebenezer Howard, ou à la française seront quelques uns des modèles socio-urbanistiques qui seront plus ou moins dissous dans la généralisation de la périurbanisation et de rurbanisation qui rendent plus floues les limites de l'écologie urbaine qui pourtant reste un cadre, par exemple pour la restauration, la protection ou la gestion d'une certaine biodiversité en ville, cette biodiversité étant elle-même vue comme bioindicateur ou indicateur de développement soutenable dans le cadre par exemple des agendas 21 (puis du Grenelle de l'Environnement en France).
À la fin du XXème siècle, alors que l'humanité devenait de plus en plus urbaine, et alors que la naturalité des campagnes régressait, les sentiments à l'égard de la nature changent, se traduisant notamment par une volonté de plus de nature en ville. L'aménagement urbain évolue et selon Paul Rookwood[4] des politiques urbaines pragmatique appuyés sur des analyses scientifiques approfondies peuvent contribuer à la conservation de la biodiversité, quand elles permettent un processus de planification urbaine plus écologique et efficace, proactif plutôt que réactif, à la fois visionnaire et pragmatique, adapté au contexte local (Cf. ressources disponibles), prescriptif et pas seulement pédagogique ou informatif, identifiant et hiérarchisant dans l'espace des modalités et des lieux de protection et restauration, répondant aux procédures d'études d'impact et de mesures compensatoires (à moyen et à long terme), en surmontant la tendance inhérente des projets à fragmenter les habitats naturels, en portant l'accent sur une planification impactant moins les habitats et les systèmes et en fournissant des basse rationnelles pour mieux coordoner les exigences spécifiques des projets d'atténuation, avec des mécanismes financiers efficaces pour compenser les pertes importantes d'opportunité économique, en construisant des politiques de consensus et le soutien public via un processus ouvert et responsable, régulièrement évalué et le cas échéant corrigé et non simplement consultatif[4].
De nouveaux concepts tels que l' urbotanique[5], l'agriculture urbaine intégrée apparaissent.
L'écologie urbaine et le concept de ville soutenable
L'écologie urbaine est un concept qui rapproche les enjeux écologiques à la vie en ville. Il défend une approche transverse sur tous les thèmes ayant trait à la promotion d'un mode de vie soutenable en zone urbaine : transport, urbanisme, habitat, lutte contre la pollution, démocratie et économie locale...
Le concept des villes durables est mieux connu. Au niveau mondial et européen, des réseaux de villes durables (sustainable cities) se sont constitués, notamment autour de l'ICLEI (Conseil international pour les initiatives environnementales locales ou International Council for Local Environmental Initiatives, fondé en 1990), qui réunit en 2006 près de 500 gouvernements, villes ou collectivités régionales engagées dans la voie du développement soutenable.Tendances
Après le Sommet de la terre de Rio (Juin 1992), sont apparues des concepts tels que celui de Ville renouvelée sur elle-même, et d'une construction cherchant à rembourser sa "dette écologique", et réduire son empreinte écologique, par exemple via une quinzième cible HQE. Ces démarches se développent, ainsi que les Agenda 21 qui commencent à se traduire dans les documents et règlements d'occupation du sol. Paris a par exemple introduit dans son Plan local d'urbanisme (PLU) la notion de « Coefficient de biotope » qui dépasse le nombre de mètres carrés d'espaces verts par habitant, l'indicateur le plus utilisé, en introduisant aussi des critères de qualité écologique des espaces.
Les aménageurs n'ayant pas toujours dans le passé respecté leurs obligations en matière d'espaces libres (50 % du projet) où souvent la végétation était pauvre et sur une couche de terre insuffisante, le nouveau PLU interdit les espaces libres sur dalle, au profit d'aménagement « en pleine terre » de 20 % du terrain situé (soit 40 % des espaces libres), en créant des surfaces végétalisées supplémentaires selon le déficit mesuré par la ville dans la zone.(sur 20 à 30 % des espaces libres). Si ces aménagements ne sont pas possibles, l'aménageur doit créer des toitures, terrasses et/ou des murs végétalisés.La commission européenne soutient un « réseau européen des cités vertes » (European Green Cities Network ou EGCN) créé en 1996 en lien avec le projet « EU Thermie project European Green Cities », d'abord conçu comme un forum pour disséminer les bonnes pratiques de construction durable et exemples d'initiatives d'urbanisme durable[6] puis fédérant et encourageant des démarches citoyennes et de collectivités voulant construire en économisant l'énergie, et voulant redonner de la place à la nature en ville pour la rendre plus vivable et durable, en contribuant au lien social, à la santé et à la protection de l'environnement. et en considérant que ces bienfaits sont aussi source de richesse patrimoniale (économique, sociale et environnementales) ; c'est le thème des 4e assises européennes du paysage en 2009[7].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- « La Nature dans la ville ; Biodiversité et urbanisme », Avis & Rapport du Conseil économique et social français, Rédaction Bernard Reygrobellet ; Éditions des Journaux officiels. (Télécharger ce rapport 182 pages)
- Adams L.W., Urban wildlife habitat, a landscape perspective. University of Minesota Press, Minneapolis, 1994
- Clergeau Philippe (écologue, Inra Rennes) « Une écologie du paysage urbain », Éditeur : Apogée, septembre 2007, 136 pages, ISBN 2-84398-288-X et ISBN 978-2-84398-288-0
- Goode D. A. , article intitulé « Urban Nature Conservation in Britain », The Journal of Applied Ecology, Vol. 26, No. 3 (décembre 1989), pp. 859-873, doi:10.2307/2403697 (Lien)
- Yves Grafmeyer et Isaac Joseph, L'École de Chicago : naissance de l'écologie urbaine, Armand Colin, Paris, 1979
- Ekhart Hahn, Okologische Stadtplanung, Haag & Herchen, Frankfurt, 1987
- Ekhart Hahn, Ecological Urban Restructuring, Theoretical foundation and concept for action, Wissenschaftszentrum - Paper FS II 91-402, Berlin, 1991 (Lien)
- David Rudlin et Nicholas Falk, Building the 21st Century Home - The Sustainable Urban Neighbourhood, Architectural Press, Oxford, 1999
- Douglas Farr, Sustainable Urbanism - urban design with nature, Wiley, Hoboken, 2008, 304 pages, ISBN 978-0-471-77751-9
- CERTU, Aménager avec le végétal pour des espaces verts durables (PDF - 326.4 ko); éditions du CERTU ; Co-production ministère du développement durable, CNVVF, FNCAUE, CERTU en collaboration avec l’AFDJEV, l’UNCPIE, Plantes et cité, la RN2D, la SNHF
- Gilbert O.L., The ecology of urban habitats. Chapman & Hall, London, 1980.
- Lizet B., Wolf A.E., Celecia J., coord., Sauvage dans la ville, hommage à P. Jovet. Revue d’ethnobiologie JATBA, MNHN éd., Paris, 1997.
- Chaïb, Jérôme ; Thorez, Jean-Paul ; (Préface de Nicolas Hulot) ; Écocitoyen au quotidien : La maison, le jardin, le quartier ; Ed Sang de la terre, Collection Ecologie urbaine, (Extrait/Google book)
Notes
- http://www.cremtl.qc.ca/fichiers-cre/files/pdf891.pdf Rôles des arbres et des plantes grimpantes en milieu urbain : revue de littérature et tentative d’extrapolation au contexte montréalais; Rapport d’étape destiné au Conseil régional de l'environnement de Montréal, Janvier 2007, par Yann Vergriete et Michel Labrecque, ;
- Imaginaire disciplinaire et écologie urbaine. In: Quaderni. N. 43, Hiver 2000-2001. Écologie urbaine. pp. 117-133. doi:10.3406/quad.2000.1476 Consulté 2011-11-06 voir page 122, in Soubeyran Olivier.
- Cette expression est le titre d'un ouvrage de Grafmeyer et Joseph, paru en 1979.
- Résumé, en anglais) Paul Rookwood , Landscape planning for biodiversity ; Landscape and Urban Planning Volume 31, Issues 1-3, February 1995, Pages 379-385 Ecological Patterns and Processes in European Agricultural Landscapes ; doi:10.1016/0169-2046(94)01064-F (
- Tela Botanica, [Carnets d’une urbotaniste], De la botanique inattendue ! Étude sur la mutation de la nature en milieu urbain, brève du jeudi 8 septembre 2011
- Site « réseau européen des cités vertes »
- Site Internet des assises 2009) 26-28 octobre, Strasbourg (
Liens externes
- (fr) Centre d'écologie urbaine (Montréal)
- (fr) et (en) et (nl) Centre d'écologie urbaine (Bruxelles)
- (fr) et (en) Urbiz: Recensement des bonnes pratiques en écologie urbaine et centre de ressources documentaires
- (fr) ecologie-urbaine.org Site citoyen, pour un mode de vie soutenable en zone urbaine
- (fr) L'histoire des villes durables européennes
- (fr) Exemple d'application à Paris ; le "coefficient biotope"
- (en) page d'accueil de l'ICLEI
- (fr) association Bâtir-Sain liens écologie urbaine
- (fr) L’écologie urbaine en immobilier d'entreprise (GEMOFIS SAS)
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