- Environnement Nocturne
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Environnement nocturne
L'expression Environnement nocturne est une commodité utilisée depuis les années 1990 pour décrire la partie de l'Environnement (au sens interactions espèces-milieux) qui dépend fonctionnellement de la nuit (c’est-à-dire de l'absence de lumière solaire ou artificielle)...
- ...soit s'agissant de systèmes écologiques incluant des espèces exclusivement nocturnes, c’est-à-dire pour lesquelles la présence de lumière artificielle, voire la simple lumière de la pleine lune peut inhiber ou bloquer toute activité.
- ...soit s'agissant de systèmes écologiques affectés par la lumière artificielle (qui perturbe par l'éblouissement, des relations d'attirance ou de répulsion, et/ou par la production de mélatonine chez de nombreuses espèces animales, et par là affecte les dates et phénomènes de reproduction, mues, migration, alimentation, hibernation, estivation, etc.
L'environnement nocturne est la partie de l'environnement la moins étudiée, car plus discrète à nos yeux et demandant des moyens particuliers, en plus de travailler la nuit. C'est une dimension importante de la naturalité et de ce que les nord-américains nomment la Wilderness, qu'on commence à prendre en comte dans le domaine de la protection de la nature, et notamment via la trame verte et bleue (la loi Grenelle comprenant des éléments visant à lutter contre la pollution lumineuse, qui est le principal facteur de dégradation de l'environnement nocturne).
Sommaire
Définition relative
Certaines espèces peuvent avoir une activité nocturne à l'état de larves et diurne à l'état adulte ou inversement. D'autres sont diurne, mais dépendent totalement (pour leur nourriture, leur pollinisation, etc.) d’espèces nocturnes, ou inversement. Beaucoup d'espèces sont plutôt nocturnes, mais avec une activité plus marquée aux alentours coucher et au lever du soleil. Il existe même des plantes des milieux arides (cactées) qui produisent de l'oxygène la nuit après avoir accumulé l'énergie solaire le jour, pour moins évaporer d'eau.
Quand on se rapproche du cercle polaire, la nuit n'est pas toujours noire : en hiver c'est la nuit polaire qui dure presque 6 mois dans le grand nord, et en été il fait clair à minuit. Les espèces locales sont adaptées à ce rythme.
De même que la durée du jour influe sur de nombreux processus du vivant chez les espèces dites « diurnes », les espèces dites « nocturnes » sont sensibles aux rythmes saisonniers, et à la durée de la nuit, mais aussi aux cycles lunaires et à la luminosité de la lune (qui peut par exemple inhiber ou au contraire exciter l'activité de certains animaux, y compris aquatiques ; En particulier, le rythme nychtéméral influe sur les migrations quotidiennes (déplacement horizontaux et/ou verticaux) et l'activité de nombreuses espèces planctoniques dont daphnie et autres invertébrés aquatiques et organismes zooplanctoniques) et même des poissons[1]).
Certaines espèces (photophobes) fuient la lumière du soleil, mais ont néanmoins une vie active aux horaires considérés comme diurnes (mais dans les cavernes, dans le Sol (pédologie), dans le bois mort ou sous les écorces, ou encore dans les grands fonds marins où la lumière solaire ne pénètre pas).
Le champ de l’Environnement nocturne
Cette notion intéresse tant l'écologue, que le géographe, l'urbaniste, l'éclairagiste, l'aménageur ou le sociologue, quand ils veulent s'inscrire dans le champ du développement soutenable, car l'environnement nocturne est de plus en plus limité par l'éclairage artificiel, lequel a des composantes socio-psychologique ou économiques complexes et importantes. L'Environnement nocturne reste un domaine peu exploré par la science. Une de ses composantes est la santé humaine dans ses relations avec le cycle nycthéméral (jour-nuit).
De nombreuses espèces animales sont exclusivement nocturnes pour tout ou partie de leur cycle de développement. Pour ces espèces ont dit parfois que le noir (la nocturnité ; darkness pour les anglosaxons) a presque valeur d’Habitat, tant leur survie en dépend. De la même manière que certaines espèces sont xérophiles (elles ont besoin d'un habitat sec), d'autres sont nocturnes.
La notion de « nuit environnementale » apparaît[2] aussi chez ceux qui travaillent sur les impacts des nuisances et pollutions générées par les grands aéroports qui fonctionnent de nuit (Orly, Roissy en France, mais une centaine de région seraient concernées en Europe).
Exemples
- Certaines espèces réputées plutôt diurnes peuvent, à certaines époques ou saisons, avoir une intense activité nocturne. Par exemple en Amérique du Nord une grande partie des protéines consommées par les ours viennent des saumons capturés lorsqu'ils remontent les cours d'eau. Contre toute attente, on a récemment montré que le nombre de saumons capturés par les ours la nuit est un peu plus élevé que ceux capturés le jour[3].
- Les chauve-souris ont toutes une activité essentiellement nocturne. La plupart des espèces sont ou semblent négativement affectées par l'éclairage artificiel [4].
- De nombreux amphibiens des zones tropicales ont une intense activité nocturne, mais même ceux qui ont une activité diurne peuvent se montrer perturbés et menacés par certaines formes d'éclairage artificiel (c'est un des aspects de la pollution lumineuse).
- Dans le monde, les papillons nocturnes sont bien plus nombreux que les papillons diurnes ; mais ils sont bien moins connus.
- les champignons ont un rythme circadien, qui contrôle par exemple l'émission des spores (la disparition de la lumière ou d'une certaine longueur d'onde suffit à libérer les spores). Le mécanisme biomoléculaire en est encore mal compris, mais il est étudié, à partir du champignon pathogène pour l'agriculture Neurospora crassa ou Magnaporthe grisea (pathogène du riz), avec l'idée de découvrir un nouveau moyen de contrôler certains pathogènes en modifiant leur horloge interne. En éclairant le champignon à un moment critique, on pourrait bloquer sa bonne reproduction, comme on a constaté qu'en labourant un champ dans le noir 80 % des graines d'adventice ne germaient pas si elles n'étaient pas éclairées dans les 4 h après leur exposition à l'air.
- Les jeune tortues marines émergent de leurs oeufs puis de leurs nids peuvent être détournées de la mer par une source lumineuse proche [5].
Les systèmes écologiques qui se sont adaptés depuis « la nuit des temps évolutifs » à l'Environnement nocturne, souterrain ou des grandes profondeurs marines sont caractérisés par la présence d'espèces animales qui ont développé des organes des sens nouveaux (ex : écholocation des chauve-souris, cétacés) ou qui ont surdéveloppés certains organes (yeux plus grands, rétine surdéveloppée, organes de l'ouïe et de l'odorat plus développés, capacité à percevoir les infra-rouges, ou les vibrations du sol...). Ces espèces peuvent être affectées par la pollution lumineuse, mais aussi par certains sont qui peuvent interférer avec l'écholocation, la communication interindividuelle ou la détection auditive des proies, certaines odeurs ou leurres hormonaux...
Voir aussi
Liens externes
Notes et références
- ↑ Source Jean-marc Elouard et Chritian Lévêque, Rythme nycthéméral de dérive des insectes et des poissons dans les rivières de côte d'Ivoire, Laboratoire d’Hydrobiologie, O.R.S.T.O.M., Bouaké (Côte d'Ivoire)
- ↑ Ex, dans le titre (« Organisation opérationnelle des aéroports & nuit environnementale ») d'un atelier organisé par le Conseil général du Val d'Oise lors d'une table ronde au Comité des régions à Bruxelles le 11 mai 2007.
- ↑ Dan Klinka, Diurnal and nocturnal foraging behaviour of coastal bears, MSc Student, Departement de Biologie de l'université de Victoria, Canada (consulté 2009 01 18)
- ↑ Stone et al. ; Street Lighting Disturbs Commuting Bats, Current Biology (2009), doi:10.1016/ j.cub.2009.05.058
- ↑ Recommandations d'un rapport fait par Jennifer Mareschal pour le Parc naturel de Martinique a propos des Tortues, et Rapport technique ONCFS. DROM - CT 972. Caractérisation des pollutions lumineuses sur les sites de nidification des tortues marines de la Martinique. Propositions de mesures de gestion
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