Véiens

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Véies

Localisation de Véies. Noter la proximité de Rome

Véies (prononcer [vé-i]), en latin Veii (la prononciation et la graphie Véiès sont donc fautives), était une puissante cité étrusque située à la frontière sud de l'Étrurie, dans la « campagne falisque », à 16 km au nord de Rome sur le territoire de la commune de Formello. C'est l'une des douze cités étrusques réunies dans une dodécapole.

Elle était considérée comme la plus riche des villes de la Ligue étrusque. Son histoire est marquée par les guerres incessantes avec Rome pendant plus de quatre siècles. Elle tombe finalement aux mains du général romain Camille en -396. Elle continue d'être occupée après sa capture par les Romains ; l'impératrice Livie y a une villa[1].

Véies est célèbre pour ses statues, notamment une de l'empereur Tibère (désormais au Vatican) et l’Apollon de Véies qui est conservé au musée national étrusque de la villa Giulia.

Sommaire

Ères étrusque et romaine

Chronologie

  • IXe siècle av. J.-C. : Âge du fer, premières traces de la ville de Véies. Apparition de la civilisation étrusque.
  • VIIIe siècle av. J.-C. : Les tombes à puits évoluent vers de véritables tombes à fosses dans lesquelles on inhume le défunt entre des dalles de pierres formant un sarcophage rudimentaire. Des urnes-cabanes en bronze laminé s’ajoutent aux urnes d’argiles. Les objets en bronze se diversifient et la céramique d’impasto, le plus souvent faite au tour, adopte les formes grecques. La décoration des armes et des boucles de ceinture s’enrichit de motifs géométriques plus raffiné, dominés par les courbes (style orientalisant). À Véies, les maisons de pierre commencent à remplacer les huttes de bois et de terre.
  • VIIe siècle av. J.-C. : Guerre de Rome, dirigée par Tullus Hostilius, contre Véies.
  • -578--534 : Guerre de Rome, dirigée par Servius Tullius, contre Véies.
  • -525 : Le roi romain Tarquin le Superbe fait construire sur le Capitole un temple de Jupiter décoré de terre cuite fabriquées par des artistes de Véies.
  • -482 : Début de la guerre contre Rome. Alliance de Rome et de Caere contre Véies.
  • -477 : La famille romaine des Fabii qui tentait d’élargir sa puissance au nord est décimée près de Véies, sur les bords de la Crémère. Ces trois cent six Fabii sont en réalité une des dix-sept tribus rustiques de Rome (unités territoriales), portant un nom gentilice. Les Véiens exploitent leur victoire par l’occupation du Janicule. Une armée romaine les en expulsera.
  • -474 : Trêve de quarante ans conclue avec Rome.
  • -438 : Fidènes, ancienne ville étrusque devenue colonie romaine, se soulève contre Rome et chasse les colons. Véies intervient en sa faveur.
  • -428 : Guerre entre Rome et Véies dont le roi Lars Tolumnus est tué.
  • -425 : Rome reconquiert Fidènes, tête de pont de Véies sur le Tibre. Trêve de vingt ans entre Rome et Véies.
  • -406 : Début du siège de la ville étrusque de Véies par le dictateur romain Camille, qui désire s’emparer de ses salines. La ville est abandonnée à son sort par la ligue étrusque dont l’aristocratie même se montre favorable aux Romains.
  • -396 : Prise de Véies par les Romains.
  • -390 : Premier affrontement entre Celtes et Romains.
    • Les Gaulois Sénons se présentent devant la ville étrusque de Clusium (Chiusi), qui est dans la sphère d’influence romaine. Rome envoie une ambassade, chargée d’offrir sa médiation. Mais les ambassadeurs violent la neutralité en intervenant les armes à la main contre les Gaulois, qui demandent réparation à Rome. Devant son refus, les Gaulois marchent sur la ville. L’armée romaine se porte à leur rencontre et prend position, en avant de Véies, près du ruisseau de l’Allia. Il n’y a pas de combat. Effrayées par les cris des Gaulois et déconcertées par leur impétuosité, les troupes romaines se débandent et cherchent précipitamment un abri à Rome ou dans les villes voisines.
  • -388 : Prise et sac de Rome par le Gaulois Brennus.
    • Marcus Manlius Capitolinus, alerté par les oies, sauve la citadelle du Capitole où se sont réfugié les débris de l’armée, les magistrats et une partie de la population. Pressé par la famine, les Romains capitulent. Le tribun Sulpicius offre mille livres d’or à Brennus en échange de son retrait. Les poids apportés par les Gaulois sont pipés, et comme le tribun les refuse, Brennus, rejetant toutes discussions, ajoute son épée sur la balance (Vae victis !). Au cours de la retraite, quelques-unes unes des bandes gauloises, attaquées par les garnisons de Caere et de Véies (Camille), subissent de lourdes pertes.

La ville étrusque

Monuments

Dessin de la grotte Campana en l'état où elle fut découverte (illustration tiré du livre de George Dennis, chapitre II : Véies - le cimetière)

À l'extérieur des murs de la ville, sur un replat dominant un petit cours d'eau, le Piordo, subsistent les vestiges du sanctuaire de Portonaccio lié à la présence d'une source. Le temple dont il ne reste que peu de chose a été bâti vers le milieu du VIe siècle av. J.-C. et a livré au cours des fouilles la célèbre statue en terre cuite d'Apollon exposée au musée de la villa Giulia, à Rome.

Des tumuli et des tombes ont été retrouvés creusés dans la roche ; notamment la grotte Campana (voir ci-dessous), découverte en 1843, chambre funéraire avec les premières fresques étrusques découvertes.


La tombe des canards (tomba delle anatre), découverte en 1958 est remarquable par son ancienneté, vers -680/-670. Elle doit son nom à la fresque située sur la paroi du fond de la chambre funéraire.

Le 31 mai 2006 a été découverte non loin du site de Véies, à Grotta Gramiccia, la plus ancienne tombe étrusque peinte connue à ce jour. Les experts la datent du VIIe siècle av. J.-C., vers -690/-680. Un petit corridor mène à une pièce basse de forme carrée qui présente sur ses murs deux niveaux de fresques murales caractérisées par des oiseaux aquatiques ou migrateurs au registre supérieur et des félins ou des lions, la gueule grande ouverte et à l'attitude menaçante, au registre inférieur, d'où le surnom donné à la tombe de tombe des lions rugissants. La tombe est certainement celle d'un prince ou d'un personnage d'un rang social élevé qui avait été incinéré et dont les cendres avaient été disposées là. Malgré la visite des pilleurs de tombes, elle a fourni un mobiler encore intéressant dont des céramiques, des fibules, des bijoux, une épée et, situé dans le couloir d'accès de la tombe, les vestiges d'un char de guerre à deux roues présentant des motifs décoratifs.

Il y a également de long tunnels qui mènent jusqu'à un tertre de la ville, ce qui corrobore le récit de la bataille de Véies de Tite-Live.

Art

Article détaillé : Art étrusque.

La chute

Giuseppe Cesari, La Victoire de Tullus Hostilius sur les forces de Veies et de Fidènes, 1596-1597, peinture sur bois (70x99 cm)

Véies est prise en -396 à l'issue d'un siège de dix ans par l'armée romaine commandée par Camille.

Cette bataille nous est racontée par Tite-Live dans son Histoire romaine (livre V).

Conséquences à Rome

La guerre de Rome contre Véies provoque plusieurs contestations graves :

  • C'est la première fois que les Romains ne rentrent pas dans leurs foyers à l'automne (normalement la saison de la guerre prend fin en octobre) : pour compenser le sacrifice demandé aux soldats qu'on maintient sous les enseignes pendant la mauvaise saison, le gouvernement romain crée la solde. La solde est payée grâce à un impôt que versent les civils romains qui ne participent pas au siège, ce qui les mécontente. Les soldats sont mécontents aussi de toutes façons: ils ne peuvent rentrer dans leurs foyers pour participer aux élections qui doivent avoir lieu à Rome même (pas de vote par correspondance).
  • Deuxième sujet de discorde : le butin fait sur la ville est considérable ; son partage suscite, avant la victoire même, des querelles très vives: on autorise les civils à se joindre aux soldats à la fin du siège: ils ont versé l'argent de la solde et ils exigent leur part de butin, c'est une décision étrange qui ne plaît pas à tout le monde.
  • Troisième sujet de querelle : les patriciens veulent que le butin soit vendu et que l'argent soit versé dans le trésor public ; les plébéiens veulent que chacun soit propriétaire de ce qu'il a conquis par l'épée, selon l'usage ancien. C'est à cette formule rétrograde qu'on se résigne.
  • Quatrième sujet de mécontentement: les patriciens craignent que l'énormité du butin (Véies est une ville étrusque très riche) n'aboutisse à bouleverser la hiérarchie sociale. Ils se rappellent, un peu tard, que le général romain, Camille, a promis d'offrir au dieu Apollon la dîme du butin. Mais le butin a déjà été distribué. On demande donc aux bénéficiaires du butin d'en restituer le dixième pour l'offrande à Apollon : les citoyens sommés de reverser cette part s'exécutent de très mauvais gré et trichent tant qu'ils peuvent...

La ville romaine

Véies et la campagne falisque après l'Antiquité

Le site même de Véies est abandonné après l'Antiquité et demeure dans l'oubli jusqu'à sa redécouverte au XVIIe siècle par l'antiquaire Raphaël Fabretti. Les restes de la ville se trouvent aujourd'hui près du petit village de l'Isola Farnese.

Le site de Véies aujourd'hui

Ente parco di veio cartello.JPG

En 1997, la région du Latium a créé le Parc Naturel Régional de Véies[2] (15000 ha de territoire protégé), délimité à l'est et à l'ouest par les anciennes voies consulaires et caractérisé par des plateaux (altipiano) en tuf, par des canaux d'irrigation(canaux della Crescenza, della Valchetta, della Torraccia, qui se jettent dans le Tibre), et par des pentes recouvertes de bois touffus conservés encore aujourd'hui à l'état naturel, des éléments qui sont tous caractéristiques de la structure géomorphologique de l'Étrurie méridionale.

Notes et références

  1. Selon Suétone.
  2. Site officiel : http://www.parcodiveio.it/

Voir aussi

Bibliographie

  • George Dennis, Cities and Cemeteries of Etruria, ed. John Murray (Londres), 1848, notamment les chapitres I et II [1].
  • Salvadore Settis, La Terre des Étrusques ed. Scala (Milan ?), 1985
  • The New Student's Reference Work, 1914, notamment p.630 (article "Étrurie")
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