- Première Guerre de Véies (-482 -474)
-
La Première Guerre de Véies mit en présence, au début du Ve siècle av. J.‑C., la ville étrusque de Véies et la République romaine.
Sommaire
Origines du conflit
Véies était une ville étrusque riche et cultivée. La république romaine en cours d'expansion se trouva vite en concurrence avec elle. Les escarmouches entre les deux entités distantes de 20 km environ étaient fréquentes aussi bien pour le contrôle des terres que pour le commerce du sel.
Vers -482, la République romaine était dominée par la gens Fabia qui possédaient des terres près de Véies. Afin d'accroître leur territoire les Fabii dont l'armée était équipée de façon rudimentaire, lancèrent leur hostilités contre Véies. Après des faits mineurs (vol de bétail, de récoltes, destructions de campements), la gens Fabia construisit une fortification près de Crémère. De fait ils maîtrisaient le fleuve et les voies de passage au détriment de Véies.
La guerre
Véies, sentant sa domination mise à mal, amplifia sa pression sur les Fabii et ce fut la guerre ouverte.
L'offensive des Étrusques (-482 à -480)
La République romaine et Véies sont en guerre depuis plusieurs années sans qu'une seule paix ne soit signée, et les Romains doivent aussi faire face à des incursions régulières des Volsques et des Èques[1].
En 480 av. J.-C., un des trois consulaires de la gens des Fabii, Quintus Fabius Vibulanus, meurt au combat contre Véies[2], bataille finalement remportée par les Romains menés par ces deux frères Kaeso Fabius Vibulanus et Marcus Fabius Vibulanus. Ce dernier, consul cette année-là, refuse le triomphe qui lui est décerné car son collègue, Cnaeus Manlius Cincinnatus, tout comme son frère, est lui aussi tombé au combat[3].
Le serment des Fabii (-479)
Les Fabiens, menés par le consul de l'année, Kaeso Fabius Vibulanus, décident donc de combattre seul avec leurs clients les Véiens pour soulager la République de ce front, pour épagner des hommes et de l'argent à l'État, et en font le serment[4], ce qui les rend très populaire, alors que leur nom était jusque là haï du peuple[5].
Ils quittent Rome cette même année 479 av. J.-C. et, arrivés dans la vallée de la rivière Crémère, à une dizaine de kilomètres en amont de Rome, ils fortifient la place[5].
Premières escarmouches (-478)
En 478 av. J.-C., les Véiens, aidés d'autres Étrusques, attaquent le fort de Crémère des Fabiens, mais le consul Lucius Aemilius Mamercinus amène les légions romaines, et par une soudaine charge de cavalerie qui surprend l'ennemi, met en déroute les Véiens qui se replient dans leur camp et demandent la paix, ce qui leur est accordé[5].
Les 306 Fabiens se permettent de menacer l'ennemi sur son territoire et remportent plusieurs victoires et escarmouches sur une des plus puissantes villes d'Étrurie. Ces victoires répétées humilient les Véiens et encouragent les Fabiens, qui vont de plus en plus loin, et prennent du bétail[6].
La bataille du Crémère (-477)
Article détaillé : Bataille du Crémère.Les Étrusques leur préparent une embuscade, et les Fabiens, sûrs d'eux après ces multiples succès, sont attaqués hors de leur camp de tout côté par l'ennemi. D'abord submergés et encerclés, ils se rassemblent et réussissent à s'ouvrir un passage dans les rangs ennemis. Ils atteignent une petite colline d'où ils arrivent à repousser l'ennemi jusqu'à ce qu'un corps véien les attaquent par l'arrière, et les 306 Fabiens sont de ce fait tous tués[6].
Toute la gens Fabia est massacrée ce jour-là, excepté Quintus Fabius Vibulanus, qui sera trois fois consul et décemvir, trop jeune au moment des faits[7].
La fin de la guerre (-477 à -476)
Ce désastre se déroule au début du mandat des consuls Caius Horatius Pulvillus et Titus Menenius Agrippae Lanatus, en 477 av. J.-C. Ce dernier est envoyé sur-le-champ contre les Véiens mais est aussi vaincu, et les armées étrusques viennent assiéger Rome. Le consul Caius Horatius Pulvillus est rappelé d'une campagne contre les Volsques et après deux batailles aux portes de Rome, repousse l'ennemi qui se fortifie en haut du Janicule et ravage le territoire romain[8].
L'année suivante, sous le consulat de Aulus Verginius Tricostus Rutilus et Spurius Servilius Priscus Structus, ils sont pris à leur tour dans une embuscade, à l'instar des 306 Fabiens, et essuient de très grandes pertes, et après une tentative désastreuse d'assaut de nuit du camp du consul Servilius, ils se replient sur le Janicule. Le consul Servilius tente de les poursuivre mais échoue, et son collègue Verginius vient à son secours et les armées de Véies sont écrasées, ce qui met fin à cette longue guerre[8].
Conséquences
Les Fabii perdirent leurs possessions, leur fortin détruit, Véies prenait possession de la totalité de la rive droite du Tibre et prenait le contrôle de toutes les routes de communication dont la via Salaria (route du sel), mais les Romains gardaient la rive gauche du fleuve. Les Véiens exploitèrent leur victoire par l’occupation du Janicule. Une armée romaine les en expulsera.
Signature d'une trêve
Véies semblait prendre le dessus sur la jeune république romaine quand en 474 av. J.-C., Syracuse défit les Étrusques à la bataille navale de Cumes. De fait, Véies s'empressa de signer une trêve de 40 ans avec les Romains. La guerre de fait prit fin.
Chronologie
- -482 : Début de la guerre contre Rome. Alliance de Rome et de Caere contre Véies.
- -482 à -480 : Offensive des Étrusques.
- -479 : Le serment des Fabii.
- -478 : Premières escarmouches.
- -477 : Bataille du Crémère
- -477 à -476 : La fin de la guerre
- -474 : Trêve de quarante ans conclue avec Rome.
Bibliographie
- George Dennis, Cities and Cemeteries of Etruria, ed. John Murray (Londres), 1848, notamment les chapitres I et II [1].
- Salvatore Settis, La Terre des Étrusques ed. Scala (Milan ?), 1985
- The New Student's Reference Work, 1914, notamment p. 630 (article « Étrurie »)
Notes et références
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 44-45
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 46
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 47
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 48
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 49
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 50
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 50 & Livre III, 1
- Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 51
Sources
- Tite-Live, Depuis la fondation de la ville, The Rise of Rome, Oxford University Press, 1998 (ISBN 0-19-282296-9)
- Michael Grant, Histoire romaine, Faber & Faber, 1993 (ISBN 0-571-11461-X)
Catégories :- Guerre de la Rome antique
- Histoire étrusque
- Histoire du Latium
- Province de Viterbe
- Ve siècle av. J.-C.
Wikimedia Foundation. 2010.