Livie

Livie
Livie
Livie : Paris, Musée du Louvre.
Livie : Paris, Musée du Louvre.

Naissance 58 av. J.-C.
Décès 29 ap. J.-C.
Ascendants Marcus Livius Drusus Claudianus
Conjoint Tiberius Claudius Nero
Auguste
Enfant Tibère
Nero Claudius Drusus


Livie, née Livia Drusilla en 58 av. J.-C., décédée Iulia Augusta en 29 ap. J.-C. (Diva Iulia Augusta, divinisée par lempereur Claude en 42 ap. J.-C.)

Fille de Marcus Livius Drusus Claudianus et troisième épouse de lempereur romain Auguste. Mère de Tibère, futur empereur, et de Drusus, tous deux nés dun premier mariage avec Tiberius Claudius Nero. Son mariage avec César Octavien (le futur Auguste) consacre lalliance des Iulii (ou Julii) et des Claudii : les cinq premiers empereurs romains sont pour cette raison appelés les Julio-Claudiens.

Sommaire

Biographie

Origines

Livia Drusilla est née le 30 janvier 58 av. J.-C. Elle est la fille de Marcus Livius Drusus Claudianus et dAlfidia : la gens Claudia appartient à la plus haute aristocratie romaine.

Elle épouse Tiberius Claudius Nero (lui aussi de la gens Claudia) en 43 av. J.-C., et met au monde son premier fils, Tibère, le 16 novembre 42 av. J.-C. Partisans de Jules César, puis de Marc Antoine, les époux fuient après la victoire de César Octavien à Pérouse (en 40 av. J.-C.), dabord en Sicile auprès de Sextus Pompée, puis en Grèce, avant de retourner à Rome à loccasion de la paix de Brindes, signée entre César Octavien et Marc Antoine en 39 av. J.-C.

Mariage avec César Octavien

De retour à Rome avec son époux, Livie fait la connaissance du triumvir César Octavien, fils adoptif de Jules César, le 23 septembre 39 av. J.-C. Marié à Scribonia depuis une année, César Octavien emmène Livie dans sa maison alors que cette dernière est enceinte du second et dernier fils de son premier mariage. Quant à Scribonia, lépouse de César Octavien, elle est aussi enceinte, et ce nest quaprès la venue au monde de Iulia (ou Julie) que César Octavien se sépare delle. Quant à la grossesse de Livie, les pontifes nestiment pas quelle constitue un obstacle au mariage, et ce dernier est officialisé le 17 janvier 38 av. J.-C. Drusus, le second fils de Livie et Ti. Claudius Nero, naît le 11 avril de la même année : à Rome, la rumeur circule alors que les gens favorisés de la Fortune peuvent avoir un enfant en trois mois

Ce mariage hâtif a fait couler beaucoup dencre : est-il le fruit dun «coup de foudre» ou répond-il à un besoin politique ? Il est utile de rappeler à ce propos que Livie est rattachée à la haute noblesse républicaine, et peut ainsi garantir à César Octavien une alliance politique plus intéressante à cette époque que celle que lui offrait sa précédente épouse Scribonia (parente de Sextus Pompée).

Livie et Auguste

Véritable appui politique et confidente dAuguste, Livie est systématiquement consultée avant que son mari ne réunisse le consilium principis (le cercle de ses proches conseillers: Auguste prépare même leurs conversations par écrit. Les époux entretiennent du reste une correspondance au sujet de certaines décisions, que les auteurs antiques ont encore pu consulter et citent partiellement.

Livie tient en outre une place importante dans la propagande impériale : sa maison sert dexemple pour les ménages romains. Elle représente le retour au mos majorum (les coutumes des ancêtres), prôné par Auguste, comme modèle de la matrone romaine, chaste et vertueuse, confinée dans la sphère domestique, filant la laine et confectionnant les habits portés par sa maisonnée. Son statut dépouse impériale lui permet également de promouvoir activement cette politique par des actions en faveur des familles et des femmes romaines : cest ainsi quelle dote des filles de familles aristocratiques dans le besoin, organise un banquet pour les épouses des sénateurs à loccasion du triomphe de Tibère et dédicace le aedes Concordia, symboles respectivement féminin et matrimonial.

Des honneurs sans précédent lui sont conférés du vivant dAuguste : en 35 av. J.-C., conjointement avec Octavie (la sœur de César Octavien, alors épouse de Marc Antoine), elle est libérée de la tutelle de son époux, se voit conférer linviolabilité (la sacrosanctitas des tribuns de la plèbe) et élever des statues dans des lieux publics. En 9 av. J.-C., à la mort de Drusus, le droit à des statues lui est à nouveau accordé, ainsi que le ius trium liberorum (privilège accordé par Auguste aux femmes ayant mis au monde trois enfants ou plus, leur permettant notamment de disposer de leurs biens).

La succession d'Auguste

Auguste souhaitait que son héritier descendît de la gens Iulia : ses deux petits-fils (Gaius et Lucius Caesar) ont tous deux été emportés par une mort prématurée. Cest ainsi que le fils aîné de Livie, Tibère, adopté en 4 ap. J.-C., est désigné comme successeur dAuguste, sur recommandation active de sa mère. A la mort dAuguste, le 19 août 14 ap. J.-C. à Nola, Livie prend en main la question de la succession : elle verrouille laccès à la maison de lempereur et contrôle les informations qui en sortent. Tibère, rappelé dIllyricum, est proclamé empereur ; Agrippa Postumus, le petit-fils exilé dAuguste, est tuésur ordre de Tibère ou de Livie.

Les sources antiques se font lécho de rumeurs accusant Livie davoir empoisonné les différents successeurs potentiels qui faisaient obstacle à la nomination de son fils Tibère[1], ainsi quAuguste lui-même alors quil semblait préférer une réconciliation avec son petit-fils Agrippa Postumus[2]. Ces accusations pourraient bien être le fruit de la défiance des anciens à légard des femmes de pouvoir[travail inédit?] et dun rapprochement abusif avec les agissements, également en partie présumés, dAgrippine la Jeune.

Augusta et Tibère

Le 3 ou le 4 septembre 14 ap. J.-C., le testament dAuguste attribue à Livie le titre dAugusta ainsi quun tiers de la fortune de lempereur. En ladoptant comme sa fille, Auguste intègre également son épouse à la gens Iulia : Livie sappelle désormais Iulia Augusta. Le sénat ayant proclamé lapothéose dAuguste (son intégration parmi les dieux), Augusta se voit confier la responsabilité du culte de son divin époux. Cette charge officielle lui donne droit à un licteur dans lexercice de ses fonctions. Dautres honneurs (dont le titre de mater patriae, mère de la patrie), proposés par le sénat, lui sont refusés par Tibère, qui tient à limiter les honneurs décernés à une femme, fut-elle sa mère.

En retrait du vivant dAuguste, Augusta sort de lombre sous le règne de Tibère : elle reçoit des délégations, favorise des carrières, dispense ses amies de comparaître en justice et participe activement au pouvoir (len-tête des lettres officielles porte les noms de Tibère et dAugusta et on écrivait aux deux indifféremment), sans pour autant fréquenter le sénat, les camps militaires ou les assemblées. Les auteurs antiques avancent que la retraite de Tibère à Capri dès 26 est due à sa mésentente croissante avec Livie, qui exige une part du pouvoir quelle lui a donné.

Dautres honneurs sont décernés à Augusta durant cette période : dès 21, elle apparaît dans les vœux des frères Arvales. En 22, alors quelle est gravement malade, le sénat vote des actions de grâce et des jeux pour son rétablissement. En 23, elle bénéficie dhonneurs jusqualors réservés aux Vestales : elle prend place parmi ces dernières au théâtre et peut se servir du carpentum (un char couvert à deux roues). En labsence de Tibère, elle dédicace une statue à Auguste près du théâtre de Marcellus : au grand dam de son fils, linscription dédicatoire présente le nom dAugusta avant celui de lempereur régnant.

Livie disparaît en 29 à l'âge de 86 ans. Sa dépouille est déposée dans le mausolée dAuguste, à Rome, en labsence de Tibère : cest Caligula qui prononce son éloge funèbre. Le sénat, entre autres honneurs, propose de la diviniser et de lui élever un arc honorifique : Tibère, en plus de détourner ses volontés testamentaires, lui refuse lapothéose et empêche la construction de larcdeux honneurs sans précédent pour une femme. Cest lempereur Claude qui la divinise, le 17 janvier 42 ap. J.-C., mettant sur un pied dégalité les deux fondateurs du principat, Divus Augustus et Diva Augusta (Suétone, Vie des douze Césars, Claude, XI).

Postérité

Livie est la première, et ainsi le modèle de lépouse impériale. Les honneurs qui lui ont été accordés seront par la suite dispensés aux femmes de la maison impériale. Quant au titre dAugusta, il sera dabord accordé à Agrippine la Jeune à loccasion de ladoption de Néron par Claude en 50, puis deviendra le titre de lépouse de lempereur sous le règne de Domitien, dès 81. Livie est aussi lancêtre commun par les liens du sang de lensemble des empereurs Julio-Claudiens qui ont succédé à son époux : mère de Tibère, bisaïeule de Caligula, aïeule de Claude et trisaïeule de Néron.

Les émissions monétaires et les nombreuses statues retrouvées à travers lEmpire prouvent limmense popularité de Livie. Quant aux sources littéraires, elles en offrent un portrait contrasté. Tout en lui reconnaissant des qualités, Tacite, Suétone et Dion Cassius la présentent comme une marâtre empoisonneuse et une épouse manipulatrice, « grauis in rem publicam mater, grauis domui Caesarum nouerca » (fatale, comme mère, à la république, plus fatale, comme marâtre, à la maison des Césars[3]), alors que Velleius Paterculus, courtisan de Tibère, en fait un touchant éloge funèbre : « eminentissima et per omnia deis quam hominibus similior foemina, cuius potentiam nemo sensit nisi aut leuatione periculi aut accessione dignitatis » (une femme si remarquable et en tout plus semblable aux dieux quaux hommes, dont personne néprouva le pouvoir sinon par la suppression dun danger ou laccroissement de la dignité[4]). Il faut attendre la fin du XXe siècle et lavènement des Gender Studies pour que des chercheurs sintéressent à rendre une image objective de Livie.[non neutre]

Voir aussi

Nymphée souterrain de la villa Livia

Notes et références

  1. D'après Dion Cassius, Histoire Romaine, livre 55, chap. 33, 4 et Tacite, Annales, livre 1, chap. 3 et 6.
  2. D'après Tacite (Annales, livre 1, chap. 5) et Dion Cassius, op. cit. livre 55, chap. 22,2 et livre 56, chap. 30, Livie aurait empoisonné les fruits du figuier d'Auguste avec de latropine (alcaloïde extrait de la belladone). Ces faits sont également rapportés par John Timbrell, The poison paradox, Oxford, Oxford University Press, 2005 (ISBN 0-19280-495-2) [présentation en ligne], « Poisons : old art, new science », p. 3 
  3. Tacite, Annales, 1, 10 : traduction J. L. Burnouf, 1859
  4. Velleius Paterculus, Histoire romaine, 2, 130

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources antiques

  • (la) Velleius Paterculus (19 av. J.-C. à 31 ap. J.-C.), Histoire romaine, livre 2.
  • (la) Tacite (55 à 116 ap. J.-C.), Annales.
  • (la) Suétone (70 à 140 ap. J.-C.), Vies des douze Césars, Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Galba.
  • Dion Cassius (150 à 235 ap. J.-C.), Histoire romaine, livres 48 à 60.

Études

  • (en) Anthony A. Barrett, Livia, First Lady of imperial Rome, New Haven, London : Yale University Press, 2002, 425 p.
  • (de) Claudia-Martina Perkounig, Livia-DrusillaIulia Augusta, Das politische Porträt der ersten Kaiserin Roms, Wien : Böhlau Verlag, 1995, 240 p.
  • (en) John P.V.D. Balsdon, Roman Women, Their History and Habits, London & Sydney : The Bodley Head, 1974 (1962), p. 63 à 96.
  • (en) Richard A. Bauman, Women and Politics in ancient Rome, London : Routledge, 1992, p. 99 à 156.
  • (de) Hildegard Temporini-Graefin Vitzhum, Die iulische Familie : Frauen neben Augustus und Tiberius, in Hildegard Temporini-Graefin Vitzhum (ed.), Die Kaiserinnen Roms : von Livia bis Theodora, München : Beck, 2002, p. 30-102.
  • (en) Susan Wood, Imperial Women : a Study in public Image, Leiden : Brill, 1999, p. 75 à 141.
  • (fr) Regula Frei-Stolba, «Recherches sur la position juridique et sociale de Livie, lépouse dAuguste», in R. Frei Stolba et A. Bielman (éd.), Femmes et vie publique dans lAntiquité gréco-romaine, Études de Lettres, 1998, 1, p. 65 à 89.
  • (en) Nicolas Purcell, Livia and the Womanhood of Rome, in Proceedings of the Cambridge Philological Society, 1986, 32, p. 78-105.


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Livie de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • livie — (en lat. Livia Drusilla) (v. 55 av. J. C. 29 apr. J. C.) impératrice romaine. Elle épousa en 38 av. J. C. Auguste, qui adopta son fils Tibère. livie [livi] n. f. ÉTYM. 1839; lat. livia. ❖ ♦ Zool. Insecte hémiptère (Psyllidés), fréquent sur les… …   Encyclopédie Universelle

  • Livie — Provenance. Vient de Livius, Nom d une illustre famille romaine. Se fête le 13 novembre. Histoire. Née en Italie, en 1864, Livia quitte difficilement sa famille alors qu elle est encore adolescente, pour rentrer dans les ordres. Après son… …   Dictionnaire des prénoms français, arabes et bretons

  • LIVIE — Liviae …   Abbreviations in Latin Inscriptions

  • Portique de livie — Portique de Livie …   Wikipédia en Français

  • Portique de Livie — Situation du portique de Livie Lieu de construction Subure Date de construction 15 / 7 Ordonné par Auguste …   Wikipédia en Français

  • Temple d'Auguste et de Livie — Présentation Date de construction 20 10 av. J. C. Protection …   Wikipédia en Français

  • alleviate — /əˈlivieɪt / (say uh leeveeayt) verb (t) (alleviated, alleviating) to make easier to be endured; lessen; mitigate: to alleviate sorrow; to alleviate pain; to alleviate punishment. {Late Latin alleviātus, past participle} –alleviator, noun …  

  • Tibere — Tibère Tibère Empereur romain …   Wikipédia en Français

  • Tiberius — Tibère Tibère Empereur romain …   Wikipédia en Français

  • Tiberius Claudius Nero — Tibère Tibère Empereur romain …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1065160 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”