- Viktor Tsoi
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Viktor Tsoï Nom Viktor Robertovitch Tsoï Naissance 21 juin 1962 Pays d’origine URSS Décès 15 août 1990
Toukoumsa - LettonieActivité principale chanteur, guitariste, compositeur Genre musical rock russe Années d'activité 1980 - 1990 Entourage Kino Viktor Tsoi, (Tsoï en français, Виктор Цой en russe) né le 21 juin 1962, à Léningrad est un célèbre chanteur de rock soviétique qui fut actif dans les années 1980, et leader du groupe Kino. Son père, Robert Maximovitch Tsoï, est un ingénieur d'origine coréenne, et sa mère, Valentina Vassilievna, était enseignante. Le nom coréen Tsoï est très fréquent, souvent retranscrit "Choi" ou Choe et sa transcription chinoise est "Cui". Il épousa Marianna en 1985 et eut un fils, Alexandre (Sacha).
Bien qu'il ne soit pas un vrai pionnier du rock (car ce genre de musique existait bien avant lui en Russie) il a donné une couleur particulière à ce genre, un côté crépusculaire. Sa musique est inspirée fortement par des groupes anglais de la première moitié des années 1980, comme "The Cure" ou bien "The Stranglers". Ce genre de musique n'était pas très connu et assez peu apprécié en Russie avant qu'il ne l'introduise. Sa personnalité et son goût musical continuent d'influencer tous les pays de l'ex Union des républiques socialistes soviétiques. Peu de musiciens dans l'histoire de la musique russe ont été plus populaires ou ont eu plus d'impact dans leur genre que Viktor Tsoi et son groupe Kino.
Bien qu'il soit d'un naturel plutôt indolent il a contribué à un nombre étonnant de travaux musicaux et artistiques avec divers groupes, dont dix albums qu'il a entièrement écrit. iIl se tue en voiture après s'être endormi au volant le 15 août 1990, sur la route de Toukoumsa, en Lettonie, alors en URSS.Sommaire
Jeunesse
Viktor Tsoi est né à Léningrad en 1962 d'une mère russe et d'un père coréen. Il écrivit ses premières chansons à l'âge de 17 ans. Ses premiers écrits évoquaient des thèmes comme la vie dans les rues de Léningrad, l'amour, les amis. De nombreux héros de ses chansons étaient de jeunes hommes aux opportunités limitées essayant de survivre dans un monde difficile. Pendant ce temps, le rock était un mouvement underground limité presque exclusivement à Léningrad; les stars de la pop de Moscou dominaient les charts et étaient presque les seuls dont on entendait parler dans les medias. Pour ce qui est du rock comme pour tout le reste, la compétition était vive entre les deux capitales, l'ancienne étant plus contestataire que la nouvelle, plus européenne et moins américaine aussi. Mais le genre Léningradien pouvait aussi être représenté par des Moscovites et inversement. Le gouvernement soviétique donnait d'importants avantages aux artistes qu'il appréciait, comme des logements de fonction, des studios d'enregistrement, et tout ce dont ils pouvaient avoir besoin pour réussir. Malheureusement, la musique rock était franchement détestée au plus haut niveau de l'Etat. De ce fait, les seuls groupes de rock qui recevaient des aides financières était triés en fonction de critères de fidélité à la doctrine. Les autres n'étaient même pas évoqués dans les médias (il faut le rappeler, dirigés par l'État) ou quand ils l'étaient, c'était afin de leur coller le stéréotype de musique écoutée par des toxicomanes et des jeunes bagarreurs. En 1974, Viktor Tsoi fut admis à l'Académie Artistique Serov, mais fut renvoyé alors qu'il n'avait que 18 ans. La raison officielle de son renvoi était ses "notes trop faibles", mais en vérité il a été renvoyé pour absentéisme. Il manquait les cours parce qu'il était déjà très impliqué sur la scène rock de l'époque. A cette époque, Tsoi commençait à donner des petits concerts où il chantait les chansons qu'il composait, notamment lors de fêtes privées. C'est à l'une de ces représentations qu'il fut repéré par Boris Grebenchtchikov, membre du groupe "Aquarium", établi et reconnu à l'époque. Grebenchtchikov prit Tsoi sous son aile et l'aida à fonder son propre groupe. La carrière de chanteur de rock de Viktor Tsoi venait de commencer.
Les débuts de Kino
Le Leningrad's Rock Club était l'un des rares lieux publics où des groupes de rock étaient autorisés à se produire. C'est là qu'en 1982, à leur premier concert annuel, que Viktor Tsoi fit ses débuts sur scène. Il jouait en tant qu'artiste solo aidé par deux membres d'Aquarium. Les paroles innovantes de Tsoi et sa musique impressionnèrent vite les foules.
Avant de viser gros, Tsoi disait que le problème avec la musique était que personne ne voulait tenter sa chance. Il voulait expérimenter ses paroles et sa musique dans l'intention de créer quelque chose de frais, un style original que jamais personne n'avait entendu auparavant. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que Tsoi réussit à atteindre cet objectif. Peu de temps après le concert, il recruta d'autres musiciens, et forma "Kino", qui signifie en russe "cinéma". Ils enregistrèrent une cassette de démonstration dans l'appartement de Tsoi. Cette cassette passa rapidement un peu partout dans Léningrad, puis dans tout le pays, colportée par des amateurs de rock. Kino connaissait déjà un certain succès dans le milieu rock non-néophyte.
Premier album
En 1982, Kino sortit leur premier album intitulé "45". Cet album montra pour la première fois la volonté de Tsoi d'approcher des thèmes politiques dans sa musique, quelque chose que, contrairement aux idées reçues, très peu d'artistes faisaient (en raison de la mainmise de l'Etat évoquée peu plus haut). Dans sa chanson Train électrique de banlieue (Электричка/Elektritchka), il évoque l'histoire d'un homme coincé dans un train qui l'emmenait là où il ne voulait pas aller; ce qui était clairement une métaphore de la vie en Union des républiques socialistes soviétiques, ce qui valut rapidement au groupe l'interdiction de jouer cette chanson lors de concerts. Le message politique de la chanson la rendit populaire auprès des jeunes des mouvements opposés à l'ordre établi qui regardaient maintenant Viktor Tsoi et "Kino" comme leurs idoles.
1982 était aussi une année importante pour Tsoi car c'est l'année où il rencontra Marina, qu'il épousera en 1985. Elle était source de réconfort pour Tsoi, marginalisé par son refus de faire son service militaire, et donna naissance à leur fils unique Alexandre (Sacha), le 26 août 1985.
"Kino" exposa plus d'idées politiques lors de leur deuxième concert au Leningrad Rock Club. Le groupe remporta la première place de la compétition grâce à une chanson de Tsoi contre la guerre, Je déclare ma maison... (zone dénucléarisée) (Я объявляю свой дом ... (Безъядерная зона)/Ya ob'yavlyayu svoy dom ... (Bezyadernaya zona))). La popularité de la chanson fut alimentée par la guerre en Afghanistan qui réclamait les vies de milliers de jeunes citoyens soviétiques.
Perestroïka et glasnost
"Kino" ne connaissait cependant toujours pas un succès énorme à cause du peu d'enthousiasme du gouvernement à leur encontre. L'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev change la donne parce que les intellectuels qui appréciaient KINO se sentent d'un coup autorisés à en parler. Gorbatchev prit la tête de l'État en 1985. Son choix de faire toute la publicité Glasnost sur les problèmes sociaux et économiques existant en URSS et de refonder l'Etat Perestroïka, permirent pour la première fois des discussions ouvertes, y compris dans les médias. Les gens commençaient à réaliser que l'expérimentation communiste ne marchait pas et que les choses devaient changer. La Glasnost relâcha la pression pesant sur les médias et autorisa les groupes de rock à faire l'objet de publications dans les journaux, ainsi qu'à apparaître à la télévision. En 1986, Tsoi utilisa l'atmosphère ouverte et les ressentiments du public pour sortir une chanson intitulée Changements ! (Перемен!/Peremen!). La chanson appelait la nouvelle génération à demander des changements, et permit de propager le nom et la renommée de "Kino" dans l'ensemble de l'URSS. Cependant, dans une interview diffusée sur une chaîne de télévision soviétique peu de temps après sa mort, Tsoi prétend que ses chansons ont souvent été mal interprétées par le public et qu'il essayait au contraire d'éviter toute intention politique dans ses textes. En particulier, Peremen!, qui fut utilisée très largement dans les mouvements issus de la Perestroïka, alors que, selon Tsoi, la chanson n'a rien à voir avec la politique de Gorbatchev. En un sens, Tsoi voulait surtout des changements plus profonds que purement politiques.
Ascension à la célébrité
L'année 1987 fut déterminante pour Kino. La sortie de leur 7ème album, Groupe sanguin (Группа крови/Grouppa Krovi) lança ce que l'on appela plus tard la "Kinomania". Le climat politique ouvert de la Glasnot permit à Tsoi d'enregistrer Grouppa Krovi, son album le plus engagé. Il fut aussi autorisé à enregistrer un genre de son que personne avant lui n'était parvenu à produire en Union Soviétique. La plupart des chansons de l'album étaient destinées aux jeunes de l'URSS, leur disant explicitement de prendre le contrôle et de réaliser les changements attendus dans toute la nation, certaines chansons traitant exclusivement des problèmes sociaux de l'époque. Le son et les paroles de l'album firent de Tsoi un héros chez la jeunesse russe et de Kino le groupe de rock le plus populaire de Russie. Cet album ne fut pas édité officiellement car Tsoi ne voulait pas le négocier avec la firme d'Etat. Dans les années qui suivirent, Tsoi apparut dans de nombreux films à succès, et voyagea même aux États-Unis pour faire la promotion de ses films dans quelques festivals de cinéma. Deux autres albums sortirent ensuite, dont les thèmes étaient une fois de plus politiques, entretenant le succès du groupe. Même si Tsoi était une très grande star, il continuait de mener une vie relativement normale. Par exemple, il conserva son ancien emploi de chauffagiste dans un immeuble, ce qui surprit beaucoup de personnes. Tsoi disait qu'il aimait son travail et aussi qu'il avait besoin d'argent pour assurer la pérennité du groupe, car ce dernier ne recevait toujours pas d'aide du gouvernement, et que leurs albums étaient copiés et étaient diffusés presque exclusivement de cette manière dans le pays. Cela rendit Tsoi encore plus populaire, car cela révélait une situation personnelle comparable à celle du citoyen moyen. L'heure de gloire de Kino sonna en 1990, lors d'un concert au stade Loujniki de Moscou. 62 000 fans célébrèrent le triomphe du groupe de rock russe le plus populaire de l'Histoire de la Russie.
Apparitions au cinéma
En 1987, le film "ASSA" ("АССА") est sorti, avec participation de plusieurs musiciens rock soviétiques de l'époque. Le groupe KINO avec Viktor Tsoi a joué son propre rôle : Sa présentation de la chanson "Changements"("Перемен!") à la fin du film reste un des symboles cinématographiques de la perestroïka.
En 1988, Viktor Tsoi joua dans un film réalisé par Rachid Nougmanov, écrit par Alexandre Baranov et Bakhyt Kilibaïev, dont le titre était "Igla" (en russe ИГЛА, "aiguille"). Dans le film, Tsoi joue le premier rôle. L'intrigue tourne autour du personnage de Moro, qui retourne à Alma Ata afin de récupérer l'argent qu'on lui doit. Attendant un délai inattendu, il rend visite à son ancienne petite amie, Dina, et découvre qu'elle est devenue dépendante à la morphine. Il décide de l'aider à arrêter et combat la mafia locale, à la tête du trafic de drogue de la ville, responsable de son addiction. Mais Moro découvre un adversaire mortel, "le docteur", le parrain de la mafia, qui exploite Dina.
La bande originale du film, incluant plusieurs titres de Kino, contribua pour beaucoup à l'ambiance générale de ce film qui servit par la suite de référence au cinéma post-moderne et surréaliste. Le film sortit officiellement en février 1989 en Union Soviétique.
Mort et conséquences
Il se trouvait en Lettonie, le 14 août 1990, et venait de terminer l'enregistrement des paroles du prochain album de Kino. Il était censé rentrer à Léningrad afin que son groupe puisse enregistrer la partie musicale de l'album. Tôt dans la matinée du 15 août, Viktor Tsoi fut tué après avoir perdu le contrôle de sa voiture et s'encastra dans un bus, à la sortie de Riga. La voiture fut complètement détruite, au point que l'un de ses pneus ne fut jamais retrouvé. Cet accident se produisit alors qu'il revenait d'une partie de pêche. Tsoi avait voulu prendre avec lui son fils Sacha qui heureusement à la dernière minute ne partit pas.
A son enterrement au cimetière Bogoslovskoïe, le cercueil resta fermé.
Le 17 août, le Komsomolskaïa Pravda, l'un des principaux journaux soviétiques, écrivait à propos de Tsoi et du sens de la jeunesse de la nation :
Tsoi est plus porteur de sens auprès des jeunes que tout politicien, célébrité ou écrivain. C'est parce que Tsoi n'a jamais menti et n'a jamais retourné sa veste. Il était et resta lui-même. Vous ne pouvez pas ne pas le croire... Tsoi est le seul rockeur qui ne présente aucune différence entre son image et sa vie réelle, il vivait de la façon dont il chantait... Tsoi est le dernier héros du rock.
Une légende a été forgée immédiatement après la mort du chanteur et jamais démentie jusqu'à l'été 2010, date à laquelle le guitariste Iouri Kasparian fait l'aveu d'une invention par l'ancien producteur du groupe, décédé en 2006. Cette légende disait que la seule chose qui survécut à l'accident fut la bande qui contenait les seuls enregistrements de Tsoï en vue du prochain album que la bande fut retrouvée miraculeusement intacte. En fait, Tsoï ne disposait ce matin que d'une cassette sur laquelle la vraie bande avait été copiée et il projetait des modifications. L'enregistrement était donc presque prêt. Il fallut reposer la voix sur certaine chansons à partir d'une prise faite trois jours avant l'accident.
Moins d'un mois plus tard, les musiciens de Kino purent mixer le dernier album du groupe en France, dans le studio qui avait remixé 20 mois avant l'album "Le dernier des héros". Le nouveau disque n'a pas de nom mais fut baptisé Black Album/Album noir (Чёрный альбом/Tchorniy al'bom), en signe de deuil pour la star disparue. L'album, présenté à Moscou en janvier 1991, a été vite le plus vendu de l'histoire du rock en Russie, consolidant la place de Kino au top de l'histoire du rock russe, ainsi que la place de Viktor Tsoi, héros et légende du rock russe. Après la mort de Tsoi, plus de soixante-cinq adolescents se suicidèrent dans tout le pays, croyant que leur vie avait perdu son sens avec la disparition de leur héros culturel.
L'impact de Kino sur la musique soviétique et plus globalement sur la société fut énorme. Ils introduisent un son et des paroles qu'aucun Soviétique n'avait atteint auparavant. Kino ouvrit les portes aux groupes russes modernes. Son influence se mesure aujourd'hui dans bien des endroits de Russie, des graffitis sur les murs de Saint- Pétersbourg, jusqu'à un mur entier dédié à Viktor Tsoi sur la célèbre rue Arbat, à Moscou, où des fans se réunissent toujours en mémoire de leur héros. En 2000, de nombreux groupes de rock à succès s'y rendirent et rendirent hommage à ce qui aurait été le 38ème anniversaire de Tsoi en interprétant ses chansons. Même s'il est disparu, Tsoi continue de vivre dans l'esprit de beaucoup de jeunes Russes.
Liens externes
- Viktor Tsoy sur IMDB
- (en) le site d'un fan avec paroles et traductions en anglais
- (ru) un autre site de fan
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