- Tristan et Iseut (Wagner)
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Tristan und Isolde
Tristan et Isolde
Tristan und Isolde Tristan et Isolde [[Image: |250px|center|]] Genre opéra Nb. d'actes 3 actes Musique Richard Wagner Livret Richard Wagner Langue
originaleallemand Durée
approximativeenviron 3 heures 40 Dates de
composition1857-1859 Création 10 juin 1865
Théâtre royal de la Cour de MunichCréation
française1899
Paris, Nouveau ThéâtrePersonnages - Tristan, chevalier de Cornouailles, neveu du roi Marc (ténor)
- Isolde, princesse irlandaise (soprano)
- Marc, roi de Cornouailles (basse)
- Kurwenal, écuyer de Tristan (baryton)
- Brangäne, suivante d'Isolde (mezzo-soprano)
- Melot, un courtisan (ténor)
Tristan und Isolde (en français Tristan et Isolde) est une "action en trois actes" (Handlung in drei Aufzügen) de Richard Wagner composé entre 1857 et 1859, créé le 10 juin 1865 au Théâtre royal de la Cour de Bavière à Munich sous la direction de Hans von Bülow. Livret du compositeur, d'après une légende médiévale bretonne. L'œuvre est souvent considérée comme l'un des sommets du théâtre lyrique occidental.
En partie inspiré par l'amour pour la poétesse Mathilde Wesendonck, Tristan et Isolde est la première œuvre créée sous le patronage du roi Louis II de Bavière. En se tournant vers l'ouest et ses mers déchirées, Richard Wagner offre un drame qui, fondé sur une idée unique, se contorsionne sur lui-même en une passion d'une telle intensité qu'elle ne peut qu'aboutir à une fin tragique qui, plus qu'un renoncement, est une délivrance.
Tristan et Isolde est un des meilleurs exemples du projet wagnerien de transformer l'opéra en drame musical. L'audace harmonique de la musique y commence à faire éclater le cadre de la tonalité. Le prélude du premier acte est devenu une pièce orchestrale à part entière, aussi célèbre que prestigieux et le chant d'amour d'Isolde, à la fin de l'œuvre, compte parmi les musiques les plus bouleversantes qui aient jamais été composées.
- « Mais aujourd'hui encore, je cherche en vain une œuvre qui ait la même dangereuse fascination, la même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde » (Friedrich Nietzsche, Ecce Homo)
- « Le poème de Tristan et Isolde dépasse les autres poèmes de l’amour comme l’œuvre de Richard Wagner dépasse celle des autres auteurs de son siècle : de la hauteur d’une montagne » (Romain Rolland)
L'œuvre dure près de quatre heures et quinze minutes.
Sommaire
Les personnages
- Tristan, neveu du roi Marke (ténor)
- Isolde, princesse d'Irlande (soprano)
- Marke, roi de Cornouaille (basse)
- Kurwenal, écuyer de Tristan (baryton)
- Brangäne, suivante d'Isolde (mezzo-soprano)
- Melot, ami de Tristan (ténor)
- Un jeune marin (ténor)
- Un berger (ténor)
- Un pilote (baryton)
- Un timonier (basse)
- Les marins, les écuyers et les chevaliers de Cornouailles (chœurs : ténors et basses)
Résumé de l'action
L'argument est inspiré de la légende celtique de Tristan et Iseut. Mais Tristan et Isolde a aussi été perçu souvent comme le symbole de l'amour impossible entre Wagner et Mathilde Wesendonck.
Depuis longtemps, la Cornouaille tentait de s'affranchir de la suzeraineté du Roi d'Irlande qui, afin de mater la révolte, avait dépêché sur place une expédition militaire qu'il confia à Morold, fiancé de sa fille Isolde. Armé de l'épée qu'Isolde, instruite de l'art de la magie, avait enduite de poison, Morold franchit la mer, mais au cours d'un furieux combat fut tué par Tristan, le neveu du Roi de Cornouailles. Pourtant, avant de mourir, Morold, dont la tête tranchée et l'épée ébréchée avaient été envoyées au pays d'Érin au titre de seul tribut consenti, était parvenu à blesser son adversaire, qui sut dès lors que seule Isolde disposait de l'antidote contre le poison qui le rongeait. Ainsi, arrivant comme un naufragé sur les rivages d'Irlande sous le nom de Tantris, Tristan fut recueilli par Isolde qui, n'étant pas dupe du mensonge et ayant découvert dans la plaie du guerrier un morceau de la lame de Morold, prit la résolution de se venger de l'homme qui lui avait ravi son amour. Tandis qu'il dormait, Isolde brandit l'épée, s'apprêtant à terrasser Tristan qui soudainement s'éveilla : le jeune homme regarda non le glaive qui le menaçait, mais uniquement les yeux d'Isolde qui, bouleversée, lâcha l'arme et soigna son ennemi afin que, guéri, elle n'eût plus jamais à croiser ce regard qui lui avait inspiré la pitié et l'avait détournée de son but. Quelques années plus tard, la paix fut scellée par le mariage du vieux Roi Marke de Cornouailles avec Isolde, événement qui, lorsque Tristan lui-même fut envoyé en ambassade pour venir chercher la jeune promise, s'accompagna d'un serment d'oubli concernant les événements passés. Pourtant, la fille d'Irlande, ne voulant imaginer qu'elle pût apporter en dot son pays à ceux qui en étaient autrefois les vassaux, n'était nullement disposée à se joindre à ce grand pardon et à se résoudre à ce mariage arrangé.
Acte I
L'acte se déroule à bord d'un bateau voguant vers la Cornouaille. Tristan, accompagné de son fidèle écuyer Kurwenal, a été chargé par son oncle le roi Marke de faire venir d'Irlande sa future épouse, la princesse Isolde. Comme le voyage touche à sa fin, celle-ci sort du mutisme dans lequel elle s'est cloîtrée (scène 1) pour confier à sa suivante Brangäne un terrible secret (scène 3). Tristan, le valeureux héros admiré de tous, n'est autre que l'assassin de son fiancé Morold, tué pour affranchir le roi de Cornouailles du tribut qu'il payait au roi d'Irlande. Blessé, il avait été recueilli et soigné par Isolde qui ne l'avait pas reconnu, jusqu'au jour où, remarquant une cassure sur son épée, celle-ci découvrit sa véritable identité. Sur le point de se venger, elle fut arrêtée in extremis par un regard d'amour.
Partagée entre la haine, l'amour et la honte d'être ainsi livrée au vassal de son père par l'assassin de son fiancé, Isolde choisit de s'unir à Tristan dans la mort (scène 4). Elle fait préparer par sa suivante un breuvage empoisonné, que Tristan accepte en connaissance de cause (scène 5). Brangäne, qui ne peut se résoudre à exécuter l'ordre de sa maîtresse, remplace le philtre de mort par un philtre d'amour. Après l'avoir bu, Tristan et Isolde tombent en extase l'un devant l'autre (il est pourtant clair que le philtre n'est que le révélateur de sentiments préexistants), tandis que le bateau accoste et que le roi Marke s'avance pour accueillir sa fiancée (scène 5).
Acte II
Pendant que le roi est parti chasser, Tristan et Isolde se retrouvent en secret malgré les avertissements avisés de Brangäne. Suit alors un immense duo d'amour d'un romantisme exacerbé. De suprêmement érotique, il devient peu à peu mystique : Tristan et Isolde chantent leur désir de consacrer leur amour par une mort qui serait le triomphe définitif de la Nuit sincère et douce sur le Jour vain, perfide et mensonger. Voici un extrait célèbre du livret :
So stürben wir, Ainsi nous mourrions um ungetrennt, pour n'être plus séparés, ewig einig éternellement unis, ohne End', sans fin, ohn' Erwachen, sans réveils, ohn' Erbangen, sans crainte, namenlos oubliant nos noms, in Lieb' umfangen, embrassés dans l'amour, ganz uns selbst gegeben, donnés entièrement l'un à l'autre der Liebe nur zu leben ! pour ne plus vivre que l'amour ! Le duo amoureux de Tristan et Isolde est le plus long (trois quarts d'heure) et sans doute le plus beau de l'histoire de la musique par son lyrisme stupéfiant et sa musique si expressive. Le duo est soudainement interrompu par l'arrivée de Marke et de ses hommes. Le roi, dans un long et touchant monologue, exprime alors toute l'affliction qu'il ressent en se voyant trahi par celui qu'il aimait plus que tout au monde, à qui il avait légué pouvoir et biens. Tristan, déconnecté du monde social, invite Isolde à le suivre dans son pays, la mort, avant de se jeter sur Melot qui l'a trahi. Comme il ne se défend pas, Melot le blesse grièvement.
Acte III
En Bretagne, Tristan agonise près de son château de Kareol. Seuls Kurwenal et un berger veillent sur lui, attendant avec impatience l'arrivée d'Isolde, la seule à pouvoir le guérir. Tristan, qui sent que sa bien-aimée est encore en vie, désire la revoir pour mourir enfin. Après une fausse alerte, le navire d'Isolde est en vue. Dans un état d'excitation extrême, Tristan arrache alors ses bandages, s'élance à la rencontre d'Isolde et meurt dans ses bras.
Soudain, on voit un autre bateau accoster. C'est celui du roi Marke qui, mis au courant du secret du philtre par Brangäne, est venu unir Isolde à celui qu'elle aime. Kurwenal, croyant à une vengeance, repousse vigoureusement les nouveaux arrivants, tue Melot et meurt lui-même à quelques pas de son maître. Isolde, en extase devant le cadavre de Tristan, meurt transfigurée. Marke, consterné, bénit les cadavres, tandis que le rideau tombe lentement.Les leitmotive
Généralités
Les leitmotive de Tristan et Isolde sont très nombreux, mais ils procèdent presque tous des premières notes de l'opéra qui représentent l'aveu et le désir. Lorsqu'on les regarde dans leur ensemble, on ne peut manquer d'être stupéfié par leur unité.
Tout au long de l'opéra, Wagner, comme à son habitude, les transforme, les réorchestre, les oppose, les combine, exprimant ainsi avec une justesse rarissime les sentiments les plus subtils. En entendant (même inconsciemment) ces transformations thématiques, le spectateur saisit instinctivement l'évolution des personnages et de leurs émotions.
Exemples de leitmotive
Voici, à titre d'illustration, quelques-uns des très nombreux motifs de l'opéra :
- Ceux qu'on peut entendre dans le prélude, d'importances inégales :
- Quelques autres motifs parmi les plus importants :
Composition de l'orchestre
- Violons I
- Violons II
- Altos
- Violoncelles
- Contrebasses
- Harpe
- 3 flûtes traversières
- 1 flûte piccolo
- 2 hautbois
- 1 cor anglais (en fa)
- 2 clarinettes (en la)
- 1 clarinette basse (en la et en si♭)
- 3 bassons
- 4 cors (en fa,en mi, en mi♭ et en ut)
- 3 trompettes (en fa, en mi, en ré et en ut)
- 3 trombones
- 1 tuba basse
- Timbales
- Triangle
- Cymbales
Sur scène:
- 3 trompettes (en ut)
- 3 trombones
- 6 cors (en fa)
- 1 cor anglais (en fa)
Discographie sélective
- Fritz Reiner, 1936
Lauritz Melchior et Kirsten Flagstad, Tristan et Isolde, Herbert Janssen, Emanuel List,
- Enregistré sur le vif au Covent Garden, Londres, en juin 1936.
- Thomas Beecham, 1937
Lauritz Melchior et Kirsten Flagstad, Tristan et Isolde, Sven Nilson, le roi Marke ; Herbert Janssen, Kurwenal ; Booth Hitchin, Melot ; Margarete Klose, Brangäne ; Parry Jones, un matelot ; Octave Dua, un pâtre ; Leslie Horsman, le pilote. London Philharmonic Orchestra
- En raison d'une méprise qu'il a reconnue, EMI ne possède pas d'enregistrement intégral dirigé par Thomas Beecham. L'enregistrement CD de 1991 mélange en réalité deux sources :
- Mai 1936, Fritz Reiner (voir référence précédente) : le prélude et la majeure partie du premier acte ; les deux derniers tiers du troisième acte. Les interprètes doivent être corrigés comme suit : Sabine Kalter, Brangäne ; Emanuel List, le roi Marke.
- Juin 1937, Thomas Beecham : le deuxième acte, le premier tiers du troisième acte.
- Wilhelm Furtwängler, 1952
Ludwig Suthaus et Kirsten Flagstad, Tristan et Isolde, Blanche Thebom, Brangäne ; Josef Greindl, le roi Marke ; Dietrich Fischer-Dieskau, Kurwenal ; Rudolf Schock, le matelot et le berger ; Edgar Evans, Melot ; Rhoderick Davies, le pilote. Philharmonia Orchestra, Londres ; chœurs de l'opéra royal de Covent Garden.
- Furtwängler devait diriger et enregistrer une version témoignage de l'époque du grand chant wagnérien, avec Kirsten Flagstad et Lauritz Melchior, alors considérés comme les plus grands interprètes des rôles titres. La guerre, malheureusement, vint contrecarrer ses projets. L'enregistrement n'eut lieu qu'en 1952, à Londres, avec le Philharmonia Orchestra et une Flagstad en fin de carrière (doublée par Elisabeth Schwarzkopf dans le contre-ut final). Melchior étant mort, c'est Ludwig Suthaus qui le remplaça.
- Herbert von Karajan, 1952
« Mais aujourd'hui encore, je cherche en vain une œuvre qui ait la même dangereuse fascination, la même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde »
- Enregistré lors des représentations du festival, l'année qui suivit la réouverture du festival après son interruption pour dénazification.
- Georg Solti, 1961
Fritz Uhl et Birgit Nilsson, Tristan et Isolde, Regina Resnik, Brangäne, Orchestre philharmonique de Vienne.
- Karl Böhm, 1966
Wolfgang Windgassen et Birgit Nilsson, Tristan et Isolde, Christa Ludwig, Brangäne ; Eberhard Waechter, Kurwenal ; Martti Talvela, le Roi Marke ; Claude Heater, Melot ; Erwin Wohlfahrt, un pâtre ; Gerd Nienstedt, un pilote ; Peter Schreier, un matelot. Chœurs et orchestre du festival de Bayreuth ; chef des chœurs Wilhelm Pitz
- Cette version est restée une référence de l'interprétation de cet opéra. Elle rompt radicalement avec les interprétations antérieures et témoigne de la nouvelle lecture de l'œuvre par Wieland Wagner (petit-fils du compositeur, alors responsable du festival et initiateur de la période appelée « nouveau Bayreuth »). Elle est caractérisée par l'impétuosité de la direction d'orchestre.
- Herbert von Karajan, 1972
Jon Vickers et Helga Dernesch, Tristan et Isolde, Christa Ludwig, Brangäne, Orchestre philharmonique de Berlin.
- Cet enregistrement en studio offre un Tristan puissant et halluciné, notamment au 3e acte, une belle Isolde, une parfaite Brangäne, mais surtout un orchestre qui donne une vision hédoniste de la partition.
- Carlos Kleiber, 1982
René Kollo et Margaret Price, Tristan et Isolde, Kurt Moll, le roi Marke, Staatskapelle de Dresde.
- Tristan et Isolde à la beauté pure, sans doute décalé, voire mozartien avec l'Isolde de Margaret Price, mais avec un Tristan épuisé, et un très beau Roi Marke .
- Antonio Pappano, 2005
Placido Domingo et Nina Stemme, Tristan et Isolde, René Pape, le roi Marke, Olaf Bar, Kurwenal, Ian Bostridge, un berger, Rolando Villazon, un jeune marin.
- Domingo à 64 ans pour la première fois en Tristan et Nina Stemme hissent tous deux cet enregistrement au plus haut niveau.
- Daniel Barenboim, 2007
Ian Storey et Waltraud Meier, Tristan et Isolde, Matti Salminen, le Roi Marke ; Gerd Grochowski, Kurwenal ; Will Hartman, Melot ; Michelle DeYoung, Brangäne.
- Enregistré en représentation à la Scala de Milan, avec l'Orchestre et Choeur de la Scala, 7 décembre 2007, mise en scène de Patrice Chéreau, direction Daniel Barenboim. Mise en scène et distribution exceptionnelles. DVD Virgin Classics, couronné par un Diapason d'Or, un Choc du Monde de la Musique, événement FFFF Télérama et R10 de Répertoire Classica.
Voir aussi
Littérature
- Tristan est une courte nouvelle assez ironique de Thomas Mann qui reprend à la fois le thème de l'amour impossible et dont l'intrigue se noue (ou se dénoue) autour de la réduction pour piano de l'opéra de Wagner.
Liens externes
Partition :
Livret :
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