Transylvanie austro-hongroise

Transylvanie austro-hongroise

La Transylvanie (en roumain Ardeal, en hongrois Erdély et en allemand Siebenbürgen) austro-hongroise est l’ancienne région située au cœur de la Transylvanie actuelle, sous domination des Habsbourg de 1690 à 1918 et de la Hongrie de 1003 à 1918 (fin de la Première Guerre mondiale).

La domination directe Habsbourg (1690-1867)

Le gouverneur de la Transylvanie vers 1750.

À partir de 1688-1690, la région passe sous le contrôle des Habsbourg qui viennent de reconquérir le bassin danubien après 150 ans d’occupation ottomane. L’empereur Habsbourg s’engage à reconnaître l’autonomie transylvaine (Diploma Leopoldinum) mais il met en place un gouverneur, entouré d’un Conseil (Gubernium), chargé de le représenter personnellement dans ce qui devient, peu à peu, une simple province de son Empire. La religion catholique reprend une place importante et une partie des orthodoxes acceptent de reconnaître l’autorité du pape (Église uniate de Transylvanie).

C’est à cette époque que commencent à se développer les consciences nationales modernes, notamment parmi les élites uniates de langue roumaine qui souffrent de n’avoir aucune participation au pouvoir (cf. argumentaire de l’évêque uniate roumain Micu-Klein au milieu du XVIIIe siècle). À la fin du XVIIIe siècle, les penseurs roumains de l’Sicules, de langue hongroise, s’identifient, eux aussi, de plus en plus, à la cause « nationale ».

Le révolutionnaire roumain Avram Iancu en 1849.

À partir de cette époque, la Transylvanie va peu à peu sombrer dans les luttes nationales et les revendications identitaires dont elle n’est toujours pas complètement sortie au début du XXIe siècle. En 1848, le nationalisme romantique du « Printemps des Peuples » qui lutte pour la liberté et la démocratie contre les tyrans souverains, révèle vite ses limites et ses naïvetés en Europe centrale et particulièrement en Transylvanie. La révolution triomphe à Budapest et s’empresse de proclamer le rattachement de la Transylvanie à la « mère-patrie » hongroise et la suppression de la diète locale archaïque.

Les mouvements nationaux roumain transylvain et saxons ne l’entendent pas de cette oreille. Les Saxons regardent, de plus en plus, vers l’Allemagne qui cherche à Francfort, les voies de son unification. Quant aux Roumains, ils construisent une identité forte, fière du passé romain de la province (grande assemblée de Blaj du 15 mai 1848) : malgré des tentatives de conciliation, ils s’opposent (« Légions d’Avram Iancu ») aux troupes hongroises et constituent d’objectifs alliés de la sanglante reconquête Habsbourg de 1849 (cf. martyre des treize généraux à Arad le 6 octobre 1849). Pour les nationalistes hongrois, ils ont trahi la cause révolutionnaire.

Suit une courte période de transition dite du néo-absolutisme autrichien : la Transylvanie disparaît, dissoute dans un système centraliste, répressif, bureaucrate qui n’en poursuit, pas moins, les réformes de modernisation de 1848-1849 (fin du servage, modernisation des codes juridiques). Subissant plusieurs graves défaites en Italie puis à Sadowa, l’empereur Habsbourg, François-Joseph, doit relâcher la pression dans les années 1860. Une diète transylvaine se réunit à Sibiu (Hermannstadt / Szeben) où, pour la première fois, les Roumains sont représentés et vote l’utilisation à égalité des trois langues, roumaine, hongroise et allemande dans l’administration (1863-1864). Néanmoins, après Sadowa, l’empereur choisit de ne faire reposer l’équilibre de l’Empire que sur un pacte avec les seuls Hongrois, c’est le compromis austro-hongrois de 1867 (Ausgleich) qui fonde l’Autriche-Hongrie.

En Autriche-Hongrie, dans l’État hongrois (1867-1918)

Après 1867, les Hongrois ont carte blanche pour réorganiser la partie de l’Empire qui leur est dévolue (Transleithanie) : ils reconstituent les frontières de la « Hongrie médiévale ». La Transylvanie disparaît définitivement des cartes administratives, le territoire hongrois est découpé en « comitats » (megyek) uniformes (1876). La diète de Szeben (Sibiu / Hermannstadt), renvoyée par l’empereur dès 1865, est remplacée par une diète à Kolozsvár (Cluj) qui s’auto-dissout (1868). Le Parlement est désormais à Budapest. Après une première période plutôt conciliatrice (loi Eötvös (hu) sur les nationalités de 1868), le gouvernement hongrois mène en Transylvanie une politique de magyarisation de plus en plus poussée et agressive (elle culmine en 1907 avec la loi scolaire Apponyi) dans une province constituée, à l’époque, d’environ 55 % de Roumains, 10 % de Saxons et 35 % de Hongrois. Cette politique, loin d’aboutir, renforce les manifestations identitaires tant roumaines que saxonnes. Les associations nationales de tout type (sport, arts, culture, banque) se multiplient comme, partout, en Europe centrale.

Nationalistes roumains de Transylvanie en 1894, à l’occasion d’un procès intenté contre eux pour « trahison » par l’État hongrois (procès du Memorandum).

Côté roumain, après une période dite passiviste de boycott (1867-1902), une élite politique déterminée se forme au début du XXe siècle (Iuliu Maniu, Vaida-Voevod (ro)) qui oblige le gouvernement hongrois (István Tisza) à négocier à deux reprises en 1910 et en 1913-1914. En outre, l’unification de la Valachie et de la Moldavie en un seul État de Roumanie (autonome en 1859, indépendant en 1878), est un message fort pour les Roumains de Transylvanie même si l’on ne peut parler de véritable irrédentisme. Quant aux Saxons qui ont perdu leurs privilèges en 1876, ils choisissent majoritairement la voie du compromis avec Budapest (1890) mais, forts de leur avance économique et sociale, ils développent des stratégies de résistance à la magyarisation et, déçus par Vienne, regardent, de plus en plus, vers Berlin où ils envoient leurs jeunes faire leurs études universitaires.

Pendant la Grande Guerre, la Transylvanie va devenir l’objet des tractations et des convoitises entre puissances. Le pays concerné en premier chef est le royaume de Roumanie. Dans les mouvements nationalistes roumains de ce pays, depuis les années 1880-1890, la revendication du rattachement de la Transylvanie, volontiers qualifiée de « troisième province roumaine » (avec la Valachie et la Moldavie), est devenue une habitude. Le jeune royaume roumain, allié à la Triplice et gouverné par un roi Hohenzollern, ne peut guère laisser libre cours à de telles ambitions. La donne change à partir de 1913 (deuxième guerre balkanique). Au début de la Première Guerre mondiale, la Roumanie reste prudemment neutre, négociant avec les deux camps. Son opinion la pousse, néanmoins, à une alliance avec la France et la Russie contre l’Autriche-Hongrie, pour libérer les « frères transylvains opprimés ». Le 27 août 1916, les troupes roumaines entrent, par surprise, en Transylvanie et déclarent la guerre à l’Autriche-Hongrie. Après quelques semaines de combat et quelques victoires (prise de Brașov/Brassó/Kronstadt), elles sont repoussées au-delà des cols des Carpates, la Roumanie est envahie par les Austro-hongrois et les Allemands et est finalement contrainte d’admettre sa défaite en mai 1918 (traité de Bucarest). En Transylvanie, l’ambiance devient franchement délétère : nouvelles associations ultra-nationalistes hongroises, chasse aux Roumains « traîtres », politique de colonisation rurale anti-roumaine, etc. Certains dirigeants et militants roumains transylvains passent clandestinement dans la petite partie de la Roumanie restée non occupée par les Puissances centrales et forment une « Légion de volontaires transylvains » incorporée dans l’armée roumaine (juin 1917).

À l’automne 1918, quand l’Autriche-Hongrie s’effondre, les Roumains de Transylvanie proclament, logiquement, l’Union de la Transylvanie à la Roumanie (assemblée d’Alba Iulia, 1er décembre 1918, actuellement fête nationale de la Roumanie). Les nationalités (saxonne et hongroise) ne sont pas présentes mais les Transylvains roumains leur donnent des garanties pour le respect de leurs droits.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Transylvanie austro-hongroise de Wikipédia en français (auteurs)

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