Traités antiques sur l'agriculture

Traités antiques sur l'agriculture

Dans le monde gréco-romain, les traités sur lagriculture et lélévage sont souvent désignés par les vocables de géorgiques ou géoponiques[1] ; quant à leurs auteurs par les termes de scriptores rei rusticae ou geoponici.

Sommaire

Chronologie

Le premier ouvrage sintéressant à ce sujet est attribué à Hésiode au VIIe siècle avJ.‑C., néanmoins dans Les Travaux et les Jours, calendrier agricole, pas dinfluence de lhomme, le rôle du cultivateur est de faire son travail de façon à plaire aux dieux.

Environ trois siècles plus tard, Xénophon écrira son Économique que lon peut considérer comme le plus ancien traité dagronomie qui nous soit parvenu. En effet chez Xénophon, lagriculture nest pas du seul domaine des dieux. Les hommes peuvent de par leurs propres actions influer sur la productivité de leurs terres. Adopter de bonnes pratiques ne sert pas juste au plaisir des dieux mais à améliorer directement lefficacité de leur travail.

A lépoque hellénistique, la littérature sintéressant de près ou de loin à lagriculture fut florissante mais lessentiel des ouvrages ne nous sont pas parvenues. Varron nous livrera une cinquantaine de noms, dont ceux dAristote, de Théophraste ou dArchytas mais le plus grand nombre sont inconnues de nos jours. Selon Varron ces ouvrages traitent les choses plus dun point de vue plus philosophique et scientifique que technique et toujours selon lui se sont donc éloignée du véritable sujet. Deux ouvrages ressortent du lot : un traité diffusé sous le nom de Démocrite mais dont lauteur est en fait Bolos de Mendès ; mais surtout le traité en langue punique de Magon le Carthaginois. De ces deux traités ne sont connues que quelques fragments ou citations.

Le traité de Magon était particulièrement considéré et fut lune des sources les plus importantes et les plus cités par les auteurs postérieurs[2]. Le travail de Magon était si célèbre et estimé quil eut linsigne honneur et ce à la demande expresse du sénat romain, dêtre sauvé lors de la destruction de Carthage en -146. Ramené à Rome, ses vingt-huit livres furent traduits du punique[3] en latin sous la direction de Décimus Silanus. Le texte de Magon passa probablement dans le « monde grec » à la même époque. En effet, Cassius Dionysus rédigea un traité de vingt livres en langue grecque dont huit livres étaient issu de Magon. Cest dans ce même IIe siècle avJ.‑C. que débute la tradition originale latine avec Caton l'Ancien avec son De Agri Cultura[4]. Caton et les auteurs latins successifs seront quasi-exclusivement des propriétaires terriens au contraire des auteurs grecs[5]. Ils chercheront à écrire plutôt des « manuels pratiques » à lusage de leurs semblables dans un latin sans fioritures et sans « digressions théoriques ».

Le Ier siècle avJ.‑C. verra le sujet se développer dans le monde romain. Les Sasernae sont notamment connus pour avoir donnée une estimation de la force de travail nécessaire à un travail donnée. Gnaeus Tremellius Scrofa mettra en avant la nécessité dune gestion rigoureuse, de même que limportance dorganiser les plantations de manière à assurer le meilleur rendement et non pas uniquement le plaisir des yeux. Mais surtout Varron, contemporain de Scrofa, intégrera dans son Rerum Rusticarum toutes ces traditions et finira de systématiser et de définir ce quembrasse lagriculture (dans lantiquité: cultures arables, élevage, arboriculture, maraîchage, produits de luxe, gestion des esclaves et du domaine foncier. Virgile composera aussi les Géorgiques qui traite dagriculture ; mais il sagit plutôt dun long poème sur lagriculture que dun traité sur lagriculture. Dans le même temps dans le monde grec Diophane de Nicée tirera un traité (perdu) de six livres des vingt de celui de Cassius Dionysus.

Durant le siècle d'Auguste, Julius Hyginus écrit sur le maraichage et l'apiculture, Sabinus Tiron sur l'horticulture, puis au début de l'empire Julius Graecinus et Julius Atticus écrivent sur la culture des vignes, et Aulus Cornelius Celsus sur l'affermage (De Medicina). Le travail le plus aboutit est celui de Columelle avec ses De Arboribus et De Agricultura qui ont été traduit en grec. Il est paradoxal de noter que les travaux de Columelle ont beaucoup moins influencé l'Italie que les provinces de Gaule ou d'Hispanie l'instruction agricole était la principale instruction que recevaient les notables locaux. L'œuvre de Columelle a produit une sorte de manuel scolaire populaire. Au IIIe siècle, Quintus Gargilius Martialis de Maurétanie a compilé un ouvrage dans lequel la botanique médicale et l'art vétérinaire étaient inclus. Une très grande partie de cette œuvre est conservée. L'Opus Agriculturae de Palladius au IVe siècle, en quatorze livres, en grande partie dérivé du Columelle, est réarrangé d'une manière calendaire de façon à faciliter le travail des fermiers. Le quatorzième livre traitant de la sylviculture est écrit sous forme de poème. La totalité de l'œuvre de Palladius est connue.

Contenu

Notes

  1. lusage récent réserve plutôt cette dernière dénomination à la compilation byzantine du Xe s., cf. Geoponica
  2. on ne connaît pas la date exacte de rédaction du traité de Magon, mais elle se situe probablement au IIIe siècle avJ.‑C.
  3. il est fort probable que le travail de Magon ne soit que le faîte et le réceptacle dune tradition « agronomique » carthaginoise importante, nous nen connaissons malheureusement rien
  4. qui est aussi la plus ancienne œuvre latine complète en prose que nous connaissions
  5. pour ce que nous en savons et à lexception notable de Xénophon.

Sources

  • René Martin, Recherches sur les agronomes latins et leurs conceptions économiques et sociales, Paris, 1971, 418 p.
  • (en) Agricultural Writers, Agricultural Implements dans The Oxford Classical Dictionary ed.: S.Hornblower, A. Spawforth
  • (en) Κηποπιΐα: Garden Making and Garden Culture in the Geoponika, Robert Rodgers, dans Byzantine Garden Culture ed.: A. Littlewood et al., pub.:Dumberton Oaks en ligne
  • (en) « Traités antiques sur l'agriculture », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de lédition] [lire en ligne]

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