- Tigres de libération de l'Îlam tamoul
-
Pour les articles homonymes, voir Tigre noir.
Tigres de libération de l'Îlam Tamoul
Tigres tamoulsIdéologie Nationalisme Objectifs indépendance de l'Îlam tamoul Statut Inactif Fondation Pays d'origine Sri Lanka Actions Mode opératoire guérilla, attentat à la bombe, attentat-suicide Zone d'opération Sri Lanka Période d'activité 1983-2009 Organisation Chefs principaux Velupillai Prabhakaran, Selvarasa Pathmanathan Sanctuaire nord du Sri Lanka Groupe relié Armée populaire de libération du Sri Lanka Répression Considéré comme terroriste par États-Unis d'Amérique, Union européenne, Royaume-Uni, Inde Guerre civile du Sri Lanka modifier Le mouvement des Tigres de libération de l'Îlam Tamoul (tamoul : தமிழீழ விடுதலைப் புலிகள், anglais : Liberation Tigers of Tamil Eelam, abrégé par LTTE), souvent appelé simplement Tigres tamouls, est une organisation indépendantiste tamoule du Sri Lanka fondée en 1976 et dont le but affiché est de défendre les Tamouls du Sri Lanka. Son idéologue en chef a été Anton Balasingham de 1979 jusqu'au décès de ce dernier, le 14 décembre 2006. Le mouvement demande l’autodétermination et la création d'un État, l'Îlam tamoul, dans le nord-est de l'île. Une large majorité des Tamouls considèrent cette organisation comme des libérateurs.[réf. nécessaire]
L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis d'Amérique[3], de l'Union européenne[4], du Royaume-Uni[5], de l'Inde[6].
Le 17 mai 2009, après avoir été encerclés par l'armée sri-lankaise dans le nord-est du pays, les séparatistes tamouls annoncent qu'ils reconnaissent que la guerre civile du Sri Lanka est arrivée à son terme et disent avoir décidé de cesser le combat après vingt sept ans d'un conflit qui a fait entre 70 000 et 100 000 morts.
Sommaire
Histoire
Après plusieurs tentatives pour faire reconnaitre les droits de la minorité tamoule par le gouvernement cinghalais, ils prirent les armes en 1983, au début de la militarisation du conflit [7]. Dès le début des années 1980, ses militants gardent sur eux des capsules de cyanure afin de se suicider en cas de capture [8], ce qui aurait facilité le passage, en 1987, à l'attentat-suicide, systématisé par l'organisation qui est la seule à entraîner de façon durable et permanente des militants exclusivement à cette fin [8]. Malgré les différences d'estimation au sujet du nombre d'attaques suicides (entre 168 et 239 commises entre 1987 et 2006 [7]), les spécialistes s'accordent à dire que le LTTE est le groupe ayant utilisé le plus fréquemment cette arme dans le monde [7]. Une unité spéciale, les « Tigres Noirs », qui recrute les meilleurs soldat-e-s du groupe (1/3 des attentats-suicides organisés par le LTTE seraient effectués par des femmes) [7], est chargée des attentats-suicides. Les membres de cette unité ne sont pas volontaires: ils sont sélectionnés: seul l'intégration au LTTE peut être dite volontaire, pas le passage à cette unité d'élite [7].
Après plusieurs années de guerre civile et d'embargo économique dans la partie nord de l'île (région de Jaffna), le pays est entré entre 2002 et 2005 dans une période dite de « post-conflit ». Le LTTE a modéré ses exigences et recherche une autonomie économique et politique dans le cadre de l'État sri lankais, déclarant que l'approche militaire n'est pas une bonne méthode pour atteindre ses buts. Seuls deux attentats-suicides ont été effectués durant cette période (en 2004 et en avril 2006 à Colombo) [7], la pression internationale ayant peut-être l'une des causes de cette modération relative de l'organisation [7]. La trêve a cependant été rompue en décembre 2005; fin 2007, on dénombrait plus de 5 000 morts dus au conflit [9].
Le LTTE s'oppose à d'autres mouvements tamouls, comme le PLOTE (Organisation populaire de libération de l'Eelam Tamoul), TELO (Organisation de libération de l'Îlam tamoul), EPLRF (Front de libération révolutionnaire populaire de l’Îlam), EPDP, et à d'anciens chefs du LTTE comme le colonel Karuna, commandant du LTTE de l'Est qui fonde en 2004 son propre groupe [7]. En 1985, le LTTE a éliminé des membres du TELO, puis, en 1986-1987, des membres de l'EPLRF[10].
Cette guérilla est l'une des très rares à avoir une marine de guerre, cette branche est nommée « Tigres des mers »[11] (Sea Tigers), et où les batailles navales ont lieu assez régulièrement pour le contrôle des voies d'approvisionnement de l'île.
De septembre 2006 à octobre 2007, la marine du Sri Lanka coule en haute mer les 8 navires-dépôts constituant la base arrière logistique du mouvement. Cette destruction a marqué le véritable tournant d’une guerre qui déchirait le pays depuis plus de trente ans. Dépendant de la mer en raison de l’insularité du pays, les Tigres tamoul perdent les capacités d’approvisionnement. Cela se traduit par l’affaiblissement rapide de sa flotte armée, privée de la logistique indispensable et incapable de poursuivre une course à la supériorité technologique ; puis la prise de contrôle progressive de la mer par la marine sri lankaise ; et enfin la défaite inéluctable des forces terrestres du LTTE en raison de la pénurie en vivres, armes et munitions[12].
Le LTTE est également la première organisation indépendantiste à avoir développé des submersibles, bien que leur utilisation au combat ne semble pas avoir été constatée[13].
Combats de 2009
En 2009, les forces du LTTE ont été acculées par l'armée gouvernementale et ont perdu toutes les villes qu'elles contrôlaient. Entre 15 000 et 20 000 civils étaient encerclés dans la zone de combat selon les autorités locales, jusqu'à 50 000 selon l'ONU[14] ; après avoir perdu leur accès à la mer le 16 mai[15] (accès vital pour l'approvisionnement), ils annoncent qu'ils cessent le combat et déposent les armes le 17 mai 2009. Le 18 mai 2009, Velupillai Prabhakaran, dirigeant historique de l'organisation, est donné comme mort, probablement tué dans une embuscade de l'armée sri-lankaise, alors qu'il tentait de s'enfuir de la zone de combats[16]. Sont également retrouvés les cadavres de plusieurs hauts responsables de la rébellion.
L'après-guerre
Selvarasa Pathmanathan, plus connu sous ses initiales K.P., responsable de l'approvisionnement en armements du mouvement tamoul[17], a pris la succession de Velupillai Prabhakaran le 22 juillet 2009. Vivant hors du Sri Lanka et recherché par Interpol pour trafic d'armes, il a été arrêté le 5 août 2009 en Malaisie avant d'être transféré à Colombo le 7 août[18]. L'Armée populaire de libération du Sri Lanka, composée de 300 membres issus des Tigres de libération de l'Îlam tamoul, chercherait à reprendre le combat.
Recrutement d'enfants-soldats
LTTE compte dans ses effectifs un nombre considérable d'enfants soldats, les milices paramilitaires en ayant également recruté [19].
L'utilisation dans le LTTE des enfants en tant que troupes de première ligne a été démontrée quand 25 enfants soldats de première ligne âgés entre 13 et 17 ans se sont rendus en masse aux forces sri-lankaises[20].
Sous la pression internationale, les LTTE renoncèrent publiquement au recrutement d'enfants soldats en juillet 2003 mais l'Unicef[21] et Human Rights Watch[22] les accusèrent d'avoir renié leur promesse et d'enrôler des enfants rendus orphelins par le tsunami de 2004. Des civils se sont également plaint que les Tigres tamouls enlevaient des enfants pour en faire des soldats[23]. Lors des deux premières années du cessez-le feu (2002-2004), le LTTE aurait ainsi recruté trois fois plus d'enfants-soldats qu'il n'en avait libérés [7].
L'Unicef déclarait d'ailleurs que le LTTE avait recruté 315 enfants soldats entre avril et décembre 2006. Selon l'Unicef, le nombre d'enfants soldats recrutés par le LTTE depuis 2001 s'élevait à 5 794[24],[25]; ils en auraient recruté 6 900 de 2002 à 2009 [19].
Liste d'attentats des Tigres tamouls
De 1987 à 2006, on évalue le nombre d'attentats-suicides des Tigres Tamouls à un chiffre allant de 168 à 239 [7].
- 5 juillet 1987. Attentat au camion piégé dans un camp militaire, dans la péninsule de Jaffna. Revendiqué par les Tigres Tamouls, c'est leur premier attentat-suicide, effectué par Vallipuram Vasanthan, de la brigade des Tigres noirs. 18 morts[26]. Le 5 juillet est désormais un jour de commémoration pour le LTTE ("Black Tiger Day"[27]). De 1980 à 2001, les Tigres Tamouls ont été responsables de 75 des 186 attentats-suicides dans le monde[26].
- Du 12 juillet 1990 au 8 novembre 1994. 14 attentats-suicides perpétrés par le LTTE[26], dont celui du 21 mai 1991, commis par la tamoule Dhanui dans les environs de Chennai (Inde) et qui coûte la vie à Rajiv Gandhi et 12 autres personnes[28].
- Du 18 avril 1995 au 23 octobre 2000; 54 attentats-suicides[26], dont celui qui vise la banque centrale, le 31 janvier 1996, et fait plus de 50 morts et près de 1 400 blessés[29],[30].
- Du 24 juillet 2001 au 15 novembre 2001, 6 attentats-suicides[26], dont l'attaque du 24 juillet 2001, par quatorze kamikazes tamouls, de la base aérienne militaire de Colombo[28].
- 26 mars 2006, la LTTE entame sa premiére attaque aérienne en attaquant par 2 de leur avions la parite militaire de l'aéroport Bandarnayaka de Colombo.
- 16 octobre 2006: Attentat-suicide du LTTE, qui tue au moins 102 soldats[31] (cf. 2006 Digampathana bombing).
- 20 février 2009 : L'armée sri-lankaise tire sur deux avions pilotés par des kamikazes du LTTE et remplis d'explosifs, une attaque-suicide qui visait une base militaire aérienne et le QG des forces aériennes sri-lankaises. 4 personnes, dont les deux pilotes-kamikazes, meurent[33].
Galerie
-
Défilé d'une unité féminine des Tigres Tamouls en 2002. Ces femmes sont équipés de RPG-7.
Notes et références
- Battle Progress Map, Sri Lanka Ministry of Defense, 5 February 2009. Consulté le 2009-02-09
- OP FOR. Consulté le 2009-02-09
- http://www.state.gov/s/ct/rls/other/des/123085.htm
- http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:023:0025:0029:FR:PDF [PDF]
- http://security.homeoffice.gov.uk/legislation/current-legislation/terrorism-act-2000/proscribed-groups
- http://www.mha.gov.in/uniquepage.asp?Id_Pk=292
- Les kamikazes sri lankais », Cultures et Conflits, 63, automne 2006 Eleanor Pavey, «
- Rational Fanatics », Foreign Policy, n°120, septembre-octobre 2000 (8 pages) Ehud Sprinzak, «
- (en) Rebel leader 'injured in strike', BBC News, 20 décembre 2007.
- Aux origines des attentats-suicides, Le Monde diplomatique, juin 2006. Pierre Conesa,
- L'isolement des Tigres tamouls Citée par exemple dans Le Monde, 17 avril 2009.
- Hugues Eudeline, Un mouvement terroriste vaincu par la mer : LTTE (1973-mai 2009), Revue Défense Nationale, novembre 2009
- (en)First Terrorists' Submarine, Defense Professionals, 2 février 2009
- Sri Lanka: l'armée dit avoir sauvé tous les civils de la zone de guerre AFP, 16 mai 2009.
- L’armée sri lankaise piège les Tigres tamouls dans les terres Euronews, 16 mai 2009,
- Le chef des Tigres tamouls tué par l'armée 18 mai 2009. TSR Infos,
- (fr) Alain Rodier, Quatre succès majeurs dans la lutte contre le terrorisme, 19 août 2009
- Sri Lanka: Colombo confirme l'arrestation du nouveau chef des Tigres tamouls, Agence France Presse, 7 août 2009. Consulté le 7 août 2009
- Les guérilleros et le cornet de glace, Le Monde, 29 janvier 2010 Frédéric Bobin,
- Département d'État américain
- Unicef
- Sri Lanka : des enfants victimes du tsunami recrutés par les Tigres tamouls, HRW
- Desperate Tamil rebels snatch village children to serve as footsoldiers, The Observer, 1er janvier 2006
- Outrage over child soldiers in Sri Lanka
- Sri Lanka-La situation des enfants dans le monde. Unicef France
- Robert A. Pape, The Strategic Logic of Suicide Terrorism, originellement publié dans American Political Science Review 97 (3), août 2003, p.323-361
- In pictures: Black Tiger Day, BBC, 7 juillet 2003.
- Aux origines des attentats-suicides, Le Monde diplomatique, juin 2006. Pierre Conesa,
- 1996: Fifty dead in Sri Lanka suicide bombing, bbc.co.uk
- Timeline of the Tamil conflict, BBC NEWS
- Au moins 102 soldats tués dans le pire attentat suicide du pays, La Libre Belgique (avec l'AFP), 16 octobre 2006.
- Le Monde du 25-04-2008, [lire en ligne] « Sri Lanka : un attentat dans un bus fait au moins 25 morts près de Colombo » , dans
- Associated Press, 22 février 2009. Lire en-ligne Krishan Francis, « Sri Lanka kamikaze attack targeted air force »,
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Politique de l'Inde
- Guerre civile du Sri Lanka
- Faction armée indépendantiste
- Parti politique ethnique
- Îlam tamoul
- Organisation considérée comme terroriste par l'Union européenne
- Organisation considérée comme terroriste par les États-Unis
- Organisation considérée comme terroriste par le Home Office
- Organisation considérée comme terroriste par le Ministère de l'intérieur indien
- Faction armée communiste
Wikimedia Foundation. 2010.