Symphonie n° 1 de Mahler

Symphonie n° 1 de Mahler

Symphonie n° 1 de Mahler

La Symphonie n° 1 en ré majeur, dite « Titan », est la première symphonie de Gustav Mahler, composée en 1888 et remaniée jusqu'en 1903.

La symphonie comporte quatre mouvements :

  1. Langsam. Schleppend. Wie ein Naturlaut — Im Anfang sehr gemächlich
  2. Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell — Trio. Recht gemächlich
  3. Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen
  4. Stürmisch bewegt

Sommaire

Fiche technique

  • Titre: Symphonie n° 1 en ré majeur
    • Surnom: Titan, donné par le compositeur (Mahler a affirmé que ce titre n'était pas en lien avec le célèbre roman de Jean Paul)
  • Composition: De janvier à mars 1888, remaniements jusqu'en 1903
  • Durée: 50 minutes environ
  • Création: Budapest, 20 novembre 1889, dirigée par le compositeur
  • Publication: première en 1897, seconde avec les corrections définitives en 1906

Orchestration

L'orchestration définitive date de 1897. Elle comprend tous les bois par groupe de quatre mais de nombreux cuivres (7 cors, 5 trompettes, 4 trombones, 1 tuba). À cela s'ajoute plusieurs percussions dont deux timbales.

Histoire

Composition

À l'époque de la composition de la Première Symphonie, Mahler était un chef d'orchestre très apprécié. Il composa rapidement cette symphonie lors des quelques jours de fermeture de l'Opéra de Leipzig, à la suite de la mort de l'Empereur Guillaume Ier.

Du poème initial, le compositeur, face à l’incompréhension générale, proposa d’abord un programme complet, supprima ensuite le deuxième mouvement, connu sous le nom de « Blumine » (fleurettes), et ajouta en tête de l’œuvre le titre désormais célèbre « Titan », évoquant un roman de l’auteur romantique allemand si cher à Robert Schumann, Jean-Paul Richter. Ce sont enfin d’importantes modifications de l’orchestration qui clôturèrent les révisions de l’œuvre. Elle se présente désormais sous la forme d’une grande symphonie d’une cinquantaine de minutes, divisée en quatre mouvements.

Création et réception

Après la création de l'œuvre, le 20 novembre 1889, Mahler fut accusé de défier toutes les lois de la musique. Son "poème symphonique" est vulgaire et insensé. Il redirigera la symphonie, maintenant intitulée "Titan, Poème musical en forme de symphonie" en 1893 à Hambourg. La critique n'est pas meilleure qu'en 1889. Après un autre échec à Weimar, Mahler supprime l'andante et renomme l'œuvre en "Première Symphonie". Il la rejouera à intervalles irréguliers jusqu'à sa mort.

Analyse

Langsam. Schleppend. Wie ein Naturlaut.

Le premier mouvement, sous-titré « Comme un bruit de la nature » (Wie ein Naturlaut), débute par une longue note tenue des cordes au-dessus de laquelle semble s’ébaucher un motif fondateur. Réminiscence de la neuvième symphonie de Beethoven ou de la plupart des œuvres de Bruckner, cette intemporalité originelle est contredite par un motif de fanfare au caractère manifestement ironique. Dérivé du motif initial, on croit entendre un hibou, sorte d'illusion sonore. Cette introduction conduit à l’exposition du vrai premier thème, citation textuelle du deuxième lied pour basse et orchestre du cycle « les chants du compagnon errant » (Lieder eines fahrenden Gesellen), datant des années 1883-1884. Cette mélodie intitulée « Ce matin je suis allé à travers champs » restitue immédiatement le temps suspendu de l’introduction et détend l’atmosphère. La musique se déroule alors librement dans une orchestration riche et aérée. Pourtant, on décèle à l’audition de nombreux retours intempestifs de l’ironique fanfare, jetant une ombre mystérieuse sur cet éveil de la nature.

Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell.

Le deuxième mouvement (Énergique et animé, mais pas trop rapide), est un scherzo dont la thématique puise largement dans la littérature populaire autrichienne. Dans le rythme d’un ländler, on ressent clairement l’influence de Schubert dans les parties extrêmes et celle de Bruckner dans l’ostinato du trio central.

Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen.

Le mouvement le plus mystérieux de cette symphonie, une lente marche funèbre en ré mineur, est bâtie sur la version allemande de la chanson « Frère Jacques » (Bruder Martin). Sur un mouvement de balancier lourd et sombre des basses, la chanson, altérée par le mode mineur, se déploie lentement en une sorte de cortège funèbre. La mélodie s’amplifie, se répandant à tout l’orchestre. Soudain, un thème presque vulgaire, issu des danses de bistro, est joué « avec parodie » par un petit orchestre, aux sonorités étranges: c'est la musique d'un mariage juif. Cette alternance d’éléments graves et futiles scandalisa les premiers auditeurs peu habitués à cet amalgame de genres. Mahler indiqua que l’inspiration saisissante de ce morceau lui venait de la réminiscence d’une image du dessinateur autrichien Moritz von Schwind, familière à tous les enfants allemands et autrichiens, « L’enterrement du Chasseur » (Wie die Tiere den Jäger begraben), dans laquelle un cortège d’animaux aux attitudes faussement sombres portent à sa dernière demeure le chasseur, leur ennemi. Toute l’ironie de la scène se retrouve dans la marche funèbre provoquant de la sorte un effet effroyable. Soudain, surgit un thème sublime provenant une nouvelle fois des chants du compagnon errant (4e Lied, « die zwei blauen Augen »). Ce bref épisode ramène alors la terrible marche funèbre et, dans sa suite, les danses vulgaires avant qu’une dernière fois les rythmes de la marche s’éloignant dans le lointain ne referment le mouvement. Mahler aimait qualifier le mouvement de « marche funèbre à la manière de Callot », hommage au célèbre graveur populaire du XVIIe siècle qui exploitait un style particulièrement ironique.

Stürmisch bewegt.

Le grand final qui clôt cette symphonie symbolise le passage des ténèbres à la lumière. Sa structure est celle de la sonate. Il est le plus ouvertement dramatique et s’ouvre de manière tumultueuse sur de lourdes sonorités. S’ébauche ensuite un thème aux allures conquérantes et victorieuses. Pourtant, il lui faudra lutter avec une formidable énergie et être abattu à trois reprises avant d’aboutir à la lumière d’un ré majeur final. Les luttes, interrompues par une mélodie typiquement mahlérienne et des réminiscences du motif fondateur, s’achèvent par un brutal accord lumineux. « Comme s’il était tombé du ciel, comme s’il venait d’un autre monde. » (Mahler). On reconnaît alors plusieurs éléments déjà entendus dans le premier mouvement, montrant ainsi l’homogénéité de l’œuvre entière. Après un dernier sommet négatif jetant le trouble sur l’optimisme de rigueur dans cette nature ensoleillée, la symphonie se referme de manière triomphale.

Voir aussi

Articles connexes

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