Surcouf

Surcouf

Robert Surcouf

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Robert Surcouf
Robert Surcouf
Naissance 12 décembre 1773
Saint-Malo
Décès 8 juillet 1827 53 ans)
Saint-Servan
Origine Français
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Royaume de France
Drapeau français République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Arme Corsaire
Grade Capitaine
Service 1787 - 1801
Commandement la Créole,
la Clarisse,
la Confiance,
le Revenant

Robert Charles Surcouf (12 décembre 1773[1] à Saint-Malo[2] - † Saint-Servan 8 juillet 1827) est un corsaire français. Marin intrépide, il harcela les marines marchandes et militaires britanniques, non seulement dans les mers de l'Europe, mais aussi dans celles de l'Inde. Il acquit de ce fait une réputation, et fit fortune en faisant la course.

Sommaire

Jeunesse

Fils de Charles-Ange Surcouf, sieur de Boisgris, et de Rose-Julienne Truchot de la Chesnais[3]. Il est notamment cousin de Duguay-Trouin par sa mère [4]. Ses parents, commerçants, le destinaient à la prêtrise, mais il s'engage dès treize ans[5] comme volontaire sur l'Aurore en partance vers les Indes. À vingt ans, il est déjà capitaine de La Créole qui fait le trafic d'esclaves. Surcouf embarque sur l'Aurore en 1789, il n'a pas encore 16 ans. C'est en 1787, à 13 ans et demi, qu'il a accompli son premier voyage sur le Héron. Aucun document ne permet de confirmer qu'il a commandé la Créole mais, comme il s'agissait d'un voyage illégal, c'est possible.

Surcouf est né à Saint-Malo, rue du Pélicot pour certains, ou rue de la Bertaudière pour d'autres. Ce serait en 1787 qu'il embarque comme apprenti navigant (futur officier) sur le Héron qui part au cabotage.

En 1794, il est enseigne de vaisseau, faisant fonction de second sur la frégate la Cybelle dans l'océan Indien. Il connaît son baptême du feu lors du 1er combat de la Rivière Noire à l'île de France: la Cybelle, la frégate Prudente et la corvette Jean Bart, parviennent à chasser deux petits vaisseaux britanniques de 50 et 44 canons qui assuraient le blocus de l'île. Ce sera le seul combat de Surcouf dans la marine de l'État. Il va rapidement devenir corsaire et n'aura jamais dépassé le grade d'enseigne dans la marine officielle.

Un corsaire au service de la France

Nommé capitaine à l'âge de vingt ans, il commanda successivement les corsaires la Clarisse, la Confiance et le Revenant.

Quelques jeunes gens de l'île de France armèrent un petit corsaire pour Surcouf, qui fit voile pour les côtes de l'Inde, avec un équipage de Lascars (marins indiens). À l'embouchure du Bengale, où il se dirigea d'abord, il rencontra un petit convoi escorté par un bateau-pilote, armé en guerre ; il aborda le bateau-pilote et le prit ; il s'empara ensuite des bâtiments marchands britanniques, se débarrassa de ses prises, de son propre navire, et passa sur le schooner avec dix-neuf hommes seulement.

La Confiance (18 canons et 190 hommes) prend le Kent (40 canons et 437 hommes). Par Ambroise-Louis Garneray, alors sous les ordres de Surcouf.

Mais Robert Surcouf, le plus célèbre des armateurs malouins, entre dans la légende à vingt-trois ans, en 1796 quand, avec un équipage de 190 hommes, il prend à l'abordage un grand vaisseau britannique, trois fois plus important et plus armé que le sien.

Ce premier succès enhardit Surcouf, qui va tenir la mer, courant après tous les bâtiments qu'il apercevra, en corsaire non autorisé, car il est parti de l'île de France sans ces lettres-patentes, qu'on appelle lettres de marque, qui donnaient au vol sur mer sa légalité.

Peu après, avec son bateau, n'ayant que deux canons, Robert Surcouf met le cap sur un gros trois-mâts : c'était un vaisseau de la compagnie des Indes, monté par 150 Européens et armé de 26 canons de 12 ; il se nommait le Triton. Il dut son succès à un stratagème faisant cacher tout son équipage pour se faire passer pour un des pilotes du Gange. Surcouf se fit maître du vaisseau, n'ayant eu que deux blessés et un mort parmi les siens. Il fait signer un cartel d'échange à ses prisonniers, les envoie à Madras sur son petit schooner qu'il dépouille de toutes ses armes et mène son importante capture à l'île de France.

Il remet à la mer le plus tôt qu'il peut, pour profiter de la chance qui paraît lui sourire, et cette fois c'est avec un corsaire un peu plus grand.

Chassé par trois vaisseaux de la Compagnie, il parvient au moyen d'une manœuvre habile à les isoler ; puis, les attaquant séparément, il en enlève deux, et contraint le troisième à prendre la fuite.

Après plusieurs courses aventureuses, Robert Surcouf fut sur le point d'être dépouillé du fruit de ses dangers parce qu'il avait écumé la mer sans lettres de marque. Il avait armé en course sans autorisation à sa première croisière ; aussi quand il avait atterri avec le Triton, on avait confisqué sa prise.

Cependant les autorités de l'ile de France consultèrent le Directoire qui, voulant récompenser la bravoure du jeune corsaire, proposa au Corps législatif de lui décerner, à titre de don national, la valeur de ses prises qu'on avait vendues au profit de la colonie ; il reçut 700.000 francs.

Surcouf, héros des mers

D'argent au chevron de sable chargé de trois coquilles d'or, au chef de sable chargé d'un lion passant d'or

En 1801, il revint alors en à Saint-Malo, et M. B… le trouvant assez riche, il épousa celle pour l'amour de laquelle il avait pris une carrière aussi aventureuse. Il pouvait vivre heureux à Saint-Malo ; mais un marin ne renonce pas si aisément à la mer. Surcouf, armateur et capitaine, fit de nouvelles campagnes, heureuses comme les précédentes. Surcouf, riche et considéré, ne resta pas longtemps oisif. Il avait goûté de la mer, comme disent les marins, et la terre semblait fade et monotone. Ses tempêtes, ses courses, ses combats, lui manquaient ; il partit de nouveau.

Par la suite, d'autres corsaires prendront la mer sous son service.

Robert Surcouf est célèbre pour ses activités de corsaire (dont le fait d'armes que constitua la prise du Kent, le (7[6] ou le 31 août[7] ou encore le 7 octobre[8] selon les sources) 1800 dans le Golfe du Bengale) et pour sa conception de la guerre sur mer contre la Grande-Bretagne plus orientée vers la guerre d'usure que l'affrontement d'escadres. Après la paix avec la Grande-Bretagne et alors qu'il participait a un dîner en présence de ses anciens ennemis britanniques, l'un d'eux lui dit : « Enfin, Monsieur, avouez que vous, Français, vous battiez pour l'argent tandis que nous, Anglais, nous battions pour l'honneur… » Surcouf lui répondit d'un ton calme : « Certes, Monsieur, mais chacun se bat pour acquérir ce qu'il n'a pas. » Surcouf, n'était pas seulement valeureux marin, il avait aussi le sens de la repartie. Pour lui, il est plus efficace de saper l'économie de l'adversaire que de détruire ses navires armés. Il finança lui-même l'armement de nombreux navires de guerre légers : l'Auguste, la Dorade, la Biscayenne, l'Edouard, l'Espadon, le Ville-de-Caen, l'Adolphe et le Renard

Napoléon se déplacera en personne en 1803 pour le convaincre d'accepter une commission de capitaine (de vaisseau) et le commandement d'une escadre, que Surcouf refusera; on doit reconnaître qu'il n'avait pas tellement le sens de la discipline. Plaidant pour l'attaque des lignes de communication, peut-être a-t-il a contrario su convaincre son interlocuteur, puisque deux ans plus tard Napoléon instaurera un blocus économique contre la Grande-Bretagne; mais, après Trafalgar, il n'avait guère d'autre choix. Cependant, l'histoire de la guerre sur mer montre que la course et le blocus ne l'ont jamais emporté contre les escadres dominantes.

L'Empire abattu, Surcouf accomplit un autre exploit. Saint-Malo étant occupé par les Prussiens, il se prit de querelle avec eux et défia en duel tous les officiers du régiment concerné. Les Prussiens, se considérant comme experts au sabre, relevèrent l'offre très imprudemment: Surcouf tua ou blessa les 15 premiers à la suite mais laissa aller le dernier (qui était le plus jeune et devait probablement être quelque peu démoralisé par le spectacle auquel il avait assisté) pour qu'il puisse témoigner que tout s'était passé dans les règles. Après avoir disparu quelque temps, Surcouf revint tranquillement chez lui passer entre les siens le reste de son âge.

Le nom de l'intrépide corsaire était devenu la terreur du commerce britannique dans les parages de l'Inde, et le gouvernement britannique avait cru devoir renforcer de plusieurs frégates sa station dans ces mers. En 1813, Surcouf fut chargé de conduire en France le Charles, vieille frégate, qu'il avait achetée au gouvernement et armée en flûte. Elle portait un très riche chargement. Il échappa par son sang-froid et l'habileté de ses manœuvres aux croisières britanniques et manqua de se perdre en entrant à Saint-Malo ; mais son frère sauva le navire.

Le frère du capitaine Surcouf, Nicolas Surcouf, intrépide marin comme lui, fut son second pendant près de 15 ans, et contribua à ses succès.

Surcouf consacra la dernière partie de sa vie à des spéculations commerciales, notamment la traite négrière, qui furent pour lui une nouvelle source de richesses. On croit que sa fortune s'élevait à la fin de sa vie à plus de 3 millions de francs.

Surcouf mourut d'un cancer le 8 juillet 1827 dans une maison de campagne qu'il possédait près de Saint-Servan, et fut inhumé à Saint-Malo.

Statue de Surcouf à Saint-Malo par Alfred Caravaniez (fin XIXe siècle).

Surcouf est considéré comme l'un des meilleurs marins que la France ait jamais eus. Redoutable, intenable sur tous les bords, c'est grâce à lui que de nombreux vaisseaux britanniques furent détournés en faveur de la Monarchie, de la République, du Directoire, du Consulat et de l'Empire. Il réussit en seulement cinq années à attaquer une cinquantaine de navires britanniques et portugais alors alliés.

Il est également considéré comme l'inventeur d'une ruse de nuit (que l'on peut retrouver dans les aventures de Barbe-Rouge en bande dessinée ou dans le film Master and Commander) qui consiste à faire un petit radeau où l'on accroche des lanternes de manière à faire croire à ses poursuivants que le navire se situe à un autre endroit.

Notes et références

  1. Charles Cunat 1994, p. 6
  2. Théophile Briant 2002, p. 17
  3. Robert SURCOUF. Consulté le 21 avril 2009
  4. Voir les quartiers de Robert Surcouf.
  5. Théophile Briant 2002, p. quatrième de couverture
  6. Ambroise Louis Garneray, Voyages, aventures et combats: souvenirs de ma vie maritime, 1851, p. 147 
  7. Martine David, Anne-Marie Delrieu, Nicoulaud, Aux sources des chansons populaires, 1984, p. 196 
  8. Jeanne Kaeppelin, Surcouf dans l'océan Indien, extrait du journal de bord de La Confiance de Robert Surcouf, 2007, p. 34 

Annexes

Articles connexes

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Liens externes

Bibliographie

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Voir sur Wikisource : Robert Surcouf.

  • Théophile Briant, Surcouf: le corsaire invincible, Fernand Lanore, 2002 
  • Jean-Michel Charlier, Victor Hubinon, Surcouf, terreur des mers, Dupuis, 1991 
  • Charles Cunat, Histoire de Robert Surcouf, Capitaine de corsaire, La Découvrance, 1994  - reprint de l'édition de 1855
  • Louis Garneray, Corsaire de la République, Phébus, octobre 2001 . Rédigé par un membre d'équipage de Surcouf.
  • Jean de La Varende, Surcouf, corsaire, Marcus, coll. « Cœurs de France », Paris, 1946 
  • « Robert Surcouf », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)
  • Alain Roman, Robert Surcouf et ses frères, Christel, Saint Malo, mai 2007 . Fait suite à La Saga des Surcouf, du même auteur, (ISBN 2-84421-046-5)
  • Robert Surcouf, Robert Surcouf, Cairn, 2003  - reprint de l'édition de 1889 (l'auteur est un descendant homonyme du frère de Robert Surcouf, Nicolas).
  • Michel Hérubel, Surcouf : Titan des mers, Perrin, 2005 .

Filmographie

  • Surcouf, le tigre des septs mers, de Sergio Bergonzelli et Roy Rowland, 1966
  • Tonnerre sur l'Océan Indien, de Sergio Bergonzelli et Roy Rowland, 1966
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