- Suicide mode d'emploi
-
Suicide, mode d'emploi
Suicide, mode d'emploi : histoire, technique, actualité usuellement abrégé Suicide, mode d'emploi est un livre de Claude Guillon et Yves le Bonniec, édité en 1982 aux éditions Alain Moreau.
Selon ses défenseurs, le livre lève le tabou sur le sujet du « droit à la mort » et son interdiction en France relève du délit d'opinion. Selon ses opposants, il peut constituer une incitation au suicide.
Ce livre relatait l'histoire, les différentes techniques et l'actualité du suicide. Au dixième chapitre de celui-ci, figuraient des « recettes médicamenteuses » et des noms de médicaments mortels, informations qui pousseront les adversaires à le combattre.
Sommaire
Une histoire particulière
Ce livre peut être considéré comme atypique dans l'édition française. Vendu à plus de 100 000 exemplaires, traduit en six langues différentes, Suicide, mode d'emploi, neuf ans après sa parution, est interdit à la vente (en France du moins, il ne semble pas que ça soit le cas de tous les pays francophones[réf. nécessaire]).
Les adversaires du livre batailleront treize années durant, engageant dix procédures judiciaires. En 1983, le Sénat adopte une proposition de loi réprimant la « provocation au suicide », laquelle est adoptée par l'Assemblée nationale en 1987.[1] Cette loi prohibe non seulement la provocation au suicide, mais aussi la propagande ou la publicité pour tout produit, objet ou méthode présentée comme permettant de se donner la mort. Le livre est mentionné explicitement dans les débats à l'Assemblée comme exemple de ce que la loi vise à interdire.[2]
Aujourd’hui presque introuvable (il se négocie à partir de 250 euros d'occasion),[réf. nécessaire] Claude Guillon a fait paraître, en 2004, un ouvrage dans lequel il revient sur cette période et sur cette aventure. Ce livre s'appelle Droit à la mort : suicide, mode d'emploi, aux éditions Hors Commerce.
Sur la base de la loi réprimant la provocation au suicide, la Cour d'appel de Paris condamne en 2001 Jean-Marie Colombani, directeur de la publication du journal Le Monde au motif qu'un entrefilet de la revue Colors, supplément du journal le 6 décembre 1997, décrivait comment se procurer le livre Final Exit, décrivant des moyens de se suicider.[3][4]
Procès en correctionnelle
Yves Le Bonniec avait donné par écrit des conseils à Michel Bonnal sur la façon de se suicider. À la suite de cela, Bonnal s'était effectivement suicidé le 4 mars 1983 à Paris. Le courrier de Bonnal et Le Bonniec établissait clairement que ce dernier connaissait le péril encouru par son correspondant et qu'il n'avait pas cherché à le détourner de son idée de suicide.[5]
L'association de défense contre l'incitation au suicide (ADIS) se constitue partie civile, mais sa plainte est jugée irrecevable. Les parents du défunt furent aussi déboutés, faute d'un lien prouvé entre la mort de Bonnal et la lettre de Le Bonniec. Les magistrats retinrent que Michel Bonnal aurait pu se tuer quand même d'une autre façon[5] et ne retinrent pas une responsabilité directe dans le suicide.
Yves Le Bonniec comparut tout de même devant le tribunal de la 16e chambre correctionnelle, présidé par Mme Marie-Claude Duvernier. Il fut finalement condamné à 10 000 FF d'amende[5] et déclaré coupable du délit d'« abstention délictueuse de porter secours à personne en péril », décision confirmée par la cour d'appel de Paris et par la chambre criminelle de la Cour de cassation le 26 avril 1988.
Yves Le Bonniec fut condamné une nouvelle fois par la suite pour la même qualification juridique d'« abstention délictueuse de porter secours à personne en péril » pour avoir répondu à un lecteur qui s'est suicidé alors que sa lettre ne comportait aucun conseil sur une manière de se suicider [6].
Sommaire de l'ouvrage
Le sommaire de l'ouvrage (4e édition, 1984) est le suivant :
- I - Un fléau social
- II - Bavardage officiel et dissuasion privée
- III - Le massacre d'état
- IV - Le droit du suicide
- V - La répression du suicide secondé
- VI - La médecine à l'estomac
- VII - Une revendication révolutionnaire
- VIII - Les militants de la « mort douce »
- IX - Le suicide institué
- X - Éléments pour un guide du suicide
- Addendum au chapitre X
- Postface à la troisième édition
- Annexes
Les 9 premiers chapitres fournissent des considérations historiques, sociales, philosophiques et économiques sur le suicide ; le chapitre X (et son addendum) aborde concrètement l'aspect pratique. Quelques « éléments pour un guide du suicide » se retrouvent également en dehors du chapitre consacré ; ainsi en trouve-t-on en fin du chapitre IX.
Voir aussi
Bibliographie
- Claude Guillon et Yves le Bonniec, Suicide, mode d'emploi : histoire, technique, actualité, éd. Alain Moreau, Paris, 1982 (réimpr. 1987), 276 p. (ISBN 2852090007)
- Claude Guillon, Droit à la mort : "Suicide, mode d'emploi", ses lecteurs et ses juges, éd. Hors Commerce, Paris, 14 octobre 2004, 361 p. (ISBN 2915286345)
- Marcela Iacub, « Tous morts de lire », Libération, 27 septembre 2005
- Claude Guillon, droit de réponse au texte de Marcela Iacub, Libération, 1er novembre 2005
- Code pénal français : articles 223-14 et 223-15 sur Légifrance
Articles connexes
Lien externe
- « Suicide, mode d’emploi », le retour !, sur le site de Claude Guillon, à propos de la sortie de Droit à la mort, 2 septembre 2004
Notes et références
- ↑ Loi n°87-1133 du 31 décembre 1987 tendant à réprimer la provocation au suicide
- ↑ Compte-rendu intégral des débats de l'Assemblée nationale, 14 décembre 1987, première séance
- ↑ Cour de Cassation, Arrêt rejetant le pourvoi 01-81418
- ↑ Libération, 24 janvier 2001, «Le Monde» condamné pour «propagande»
- ↑ a , b et c Julien Guelfi, Non à l'euthanasie, L'Harmattan, Paris, 1987 (réimpr. 2007), 175 p. (ISBN 978-2-296-03025-1)
- ↑ http://culture-et-debats.over-blog.com/article-952869-6.html
- Portail du droit français
Catégories : Suicide | Essai de langue française | Droit en France | Livre censuré
Wikimedia Foundation. 2010.