Société occidentale

Société occidentale

Occident

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L'Occident, ou monde occidental, est une zone géographique qui désignait initialement l'Europe de l'Ouest. L'extension de l'espace considéré a varié au cours de l'Histoire. À une période donnée, elle peut également varier en fonction du locuteur et du contexte.

Au tournant du XXIe siècle, on admet généralement que l'Occident regroupe essentiellement l'Europe et l'Amérique du Nord[1],[2]. On y adjoint aussi généralement l'Australie et la Nouvelle-Zélande, voire l'Afrique du Sud.

L'emploi du mot et du concept d'Occident repose le plus souvent sur l'idée sous-jacente d'une civilisation commune à cette zone (voir l'article Civilisation occidentale), et sur une opposition sémantique entre l'Occident et, soit le reste du monde, soit une ou plusieurs autres zones géographiques (notamment les oppositions Occident / Orient et Occident / Bloc communiste).

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Voir « occident » sur le Wiktionnaire.

Sommaire

Occident médiéval

XVIIIe et XIXe siècles

Au XVIIIe siècle l'adjectif occidental est déjà utilisé, on le retrouve sur les cartes des puissances maritimes européennes (au moins des 1720) en référence au "nouveau monde"[3] aussi appelé "système Américain"[4] en opposition au "Système européen" ou "hémisphère oriental"[5].

D'autre part il semble souvent se retrouver dans le concept d'hémisphère occidental. Une étude de Jean-Marie RUIZ (Université de Savoie)[6], fait remonter l'usage de ce concept à la période de l'affirmation de l'indépendance des États-Unis[7]. Ce concept se retrouve au source des doctrines indépendantistes , isolationnistes et interventionnistes des pères fondateurs des États-Unies, Jefferson, Monroe... Un article de Claudio Finzi (éditeur controversé pour ses rapports au milieu de la nouvelle droite française) vas lui aussi dans ce sens.[8]

XXe siècle

La Guerre froide voit l'émergence de l'idée d' « Occident » désignant l'Europe de l'Ouest et ses alliés anglo-saxons, dans le cadre d'un condominium euro-américain issu des accords de Yalta, par opposition au « Bloc de l'Est », regroupant l'Union soviétique et les pays de sa zone d'influence, et à la Chine communiste de Mao Tsé Toung [9]. Les pays qui n'appartiennent pas clairement à l'un de ces blocs sont les pays non alignés.

XXIe siècle

La recherche d'une définition exacte du mot continue de souligner son imprécision. Par exemple, dans quelle catégorie doit être classé le Japon ? D'un point de vue géopolitique, économique et militaire, le Japon est souvent assimilé à l'Occident ; or il est évident qu'il s'agit d'un parfait contresens, le Japon étant sans la moindre ambigüité un pays intégralement asiatique. Néanmoins, c'est aussi un pays d'Extrême-Orient qui s'est développé sur le modèle occidental et en a adopté les valeurs et la vision du monde. L'affiliation du Japon à l'Occident n'est donc que la prise en compte de ce fait. A contrario les pays d'Europe centrale et de l'Est, qui sont désormais considérés comme des pays occidentaux au sens propre étaient, il n'y a encore qu'une vingtaine d'années, dans la phraséologie de l'époque, les « pays de l'Est ». Or, quel État est plus européen que la République tchèque, par exemple ?

Autre acception courante du terme Occident: elle recouvre, plus prosaïquement, les pays développés, ou même, pour être plus précis, les pays de l'OCDE. De ce point de vue, l'Occident inclut les pays riches au poids économique déterminant. Le mot Occident est, ainsi utilisé, moins équivoque encore du fait que, à peu de chose près, sa sphère d'influence culturelle et les pays au poids économique le plus fort se recoupent presque exactement. Le mot Occident a donc, là encore, un sens relativement précis dans un contexte géopolitique, économique ou militaire, qui ne pose pas de problème majeur.

Le mot Occident tend donc désormais moins à désigner une aire géographique qu'une sphère culturelle, voire un système de croyances, issu de l'Europe des Lumières, du moyen âge européen ou de l'Empire Romain, où sont collectivement admises certaines valeurs, lesquelles sont adoptées, copiées, ou encore relativisées, critiquées, voire combattues par ceux qui se situent eux-mêmes en dehors de l'Occident. L'on peut donc dire que l'Occident est à la fois défini par ceux qui s'en réclament et par ceux qui le rejettent, fussent-ils eux-mêmes des occidentaux en opposition avec leur propre civilisation. Ainsi défini, le terme « Occident » fait l'objet d'un relatif consensus.

Un sens civilisationnel réel

Carte des religions dans le monde

Il existe ainsi des concepts très importants qui sont purement occidentaux, dont l'origine occidentale ne fait pas débat. Par exemple, un apport essentiel de l'Occident est l'autonomie du Droit. L'autonomie du droit est un héritage de Rome, puis du droit canon (droit de l'Église catholique) du Moyen Âge. Cette idée, fondamentale dans les systèmes juridiques modernes, n'a pas toujours été de soi, n'avait cours dans aucune société traditionnelle, et a mis plusieurs siècles à s'imposer : le droit, dans les civilisations antérieure à Rome ou non héritières de Rome, était dépendant de la morale et de la religion.

On a là une ligne de fracture, bien connue des sociologues et des historiens, entre l'Occident et le monde musulman, qui déjà délimitait ces deux aires civilisationnelles au Xe siècle. L'islam, en effet, est le mode le plus abouti de dépendance du droit à l'égard de la morale et de la parole divine : pour un juriste musulman, le droit vient de Dieu et ne saurait être autonome, même si la jurisprudence des juriste musulmans peut être extrêmement complexe, il s'agit toujours d'interpréter la parole de Dieu.

La religion

Et justement se pose l'épineuse question des aires d'influence religieuses, qui participe, elle aussi, à la définition de la civilisation occidentale. L'Occident chrétien : selon le contexte d'emploi de cette expression, on y inclut ou non l'Europe de l'Est majoritairement orthodoxe. Sur cette carte de l'Europe, les zones géographiques rattachées historiquement à chaque confession chrétienne ont été représentées. En bleu et violet, les confessions catholique et protestante. En rouge, la confession orthodoxe.

De ce point de vue l'Occident est majoritairement chrétien si l'on se borne à définir le christianisme par sa zone d'influence traditionnelle, médiévale d'abord (Europe de l'Ouest et de l'Est) coloniale ensuite (Amériques et Afrique).

Mais la situation tend à se compliquer dans le monde moderne, précisément parce que l'un des traits caractéristiques de la civilisation occidentale moderne est, surtout en Europe, l'athéisme, ou plus justement une forme croissante d'indifférentisme religieux. De ce point de vue, la confrontation actuelle, larvée, entre l'Occident et le monde musulman est moins un choc entre christianisme et islam, qu'un frottement entre une civilisation occidentale où la religion tend, comme l'a fait remarquer Marcel Gauchet (Le Monde, 13 mars 2006), à n'être plus envisagée que sur le mode de la croyance privée, voire de la dérision, et des sociétés traditionnelles, pauvres de surcroît, où le religieux reste structurant à tous les niveaux de l'organisation sociale. N'oublions pas que les valeurs et les modes de vie véhiculés par l'Occident ne sont pas uniquement subversifs pour les sociétés de tradition musulmane, mais également pour l'Inde ou la Chine traditionnelles, qui, bien que semblant suivre à moyen terme l'exemple du Japon, voient leur structures familiales et sociales contraintes à des changements accélérés.

Il existe une forme occidentale de fondamentalisme religieux, chrétien celui-ci, particulièrement virulent aux États-Unis, le dessein intelligent. Néanmoins celui-ci, s'il n'est pas moins obscurantiste à certains égards (lecture littérale de la Genèse, extrême conservatisme des mœurs), voire dangereux ou belliqueux, sa nature relève de la problématique des sectes, phénomène originellement américain. Il joue cependant un rôle dans la politique étrangère des États-Unis.

Une notion vieillie

La civilisation des "Blancs"

Il reste enfin une façon d'envisager le mot Occident qui prête particulièrement à controverse. L'Occident peut-il être considéré comme l'aire civilisationnelle des "blancs" ? Catégorie qui soulève des questions toutes aussi délicates, voire plus délicates encore, que le terme d'Occident.

Certes le terme "blanc" n'a, tant d'un point de vue anthropologique que biologique, plus aucune pertinence : les Turcs, les Arabes ou les Persans peuvent être aussi considérés comme "blancs" ; il y a en outre de nombreux habitants "non-blancs", en Europe ou aux États-Unis, du aux déplacements humains ou encore des indigènes, dont certains seraient fort étonnés de n'être pas considérés eux aussi comme occidentaux.

Mais il conserve un sens historique et sociologique: l'expression "homme blanc" appartient au langage de l'époque coloniale. Le colonialisme européen du XIXe siècle, était aussi le produit, outre d'une idéologie, certainement d'une vision du monde issue d'une connaissance sommaire des phénomènes ethniques et culturels. La classification des peuples en "races", basée sur des critères morphologiques (couleur de l'épiderme, etc.) semblait légitime au Siècle des Lumières, ou l'idée d'égalité (au sens moderne) émergeait. Le XIXe siècle ne s'en défera que lentement: l'Europe règne à cette époque sur le monde presque sans partage, et l'idée dominante est qu'il existe, sinon des "races" inférieures (l'idée ne faisait, déjà, plus l'unanimité) mais des nations (au sens traditionnel du mot) "en retard", qu'il convenait de "civiliser".

Les peuples régis par le système colonial eux aussi acceptaient, de fait, les catégories de l'époque, et ainsi parlaient "d'homme blancs" pour désigner les européens. Cette terminologie n'était pas qu'idéologique, c'était aussi celle de l'air du temps.

Plus problématique est la survivance du concept dans le monde contemporain. Ainsi demeure la tentation de représentations racistes, fussent-elles inconscientes, dans la politique internationale. Si l'Europe se refuse à présent à considérer la race comme une catégorie juridique, l'idée survit incontestablement dans les représentations collectives, en et hors de l'occident. Les peuples "non blancs", ou plus précisément se percevant tels, n'ont pas eux-mêmes toujours abandonné totalement ces notions. La perception claire de l'étranger, de "l'autre", reste structurante dans certaines sociétés traditionnelles. L'idée, désormais scientifiquement établie, que les "races" n'existent pas, mettra certainement du temps à s'universaliser. Ainsi, qu'il soit admiré ou vilipendé, réel ou imaginaire, l'Occident "blanc" reste une catégorie acceptable pour une partie de l'humanité.

Occidentisme

Pour distinguer la notion concrète d'Occident en tant que pays et peuples de celle du domaine abstrait et idéologique (démocratie, capitalisme...), Alexandre Zinoviev préconise le terme d'Occidentisme.

Notes

  1. Dictionnaire Hachette, édition 2006, entrée occident: «... 3 (avec une majuscule) Ensemble des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord »
  2. Dictionnaire Petit Robert, édition 1993, entrée occident: «... 3 POLIT L'Europe de l'Ouest, les États-Unis et, plus généralement, les membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (O.T.A.N.). La défense de l'Occident (autrefois opposé à Est, pays de l'Est) »
  3. http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/detail/RUMSEY~8~1~31163~1150192:Hemisphere-Occidental--Dresse-en-17
  4. Revue Française d'études américaines N 101 SEPTEMBRE 2001; article intitulé: États-Unis, Amérique du Nord,hémisphère occidental: le territoire du système américain selon John Quincy Adams et Henry Clay: http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=RFEA_101_0005
  5. http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/detail/RUMSEY~8~1~24624~410001:Hemisphere-Occidental-ou-du-Nouveau
  6. Revue Française d'études américaines N 101 SEPTEMBRE 2001; article intitulé: États-Unis, Amérique du Nord,hémisphère occidental: le territoire du système américain selon John Quincy Adams et Henry Clay: http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=RFEA_101_0005
  7. http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=RFEA_101_0005
  8. "Europe" et "Occident": deux concepts antagonistesSynergies européennes, Vouloir, Mai, 1994: http://foster.20megsfree.com/237.htm
  9. On trouve l'écho de cette partition du monde dans les trois blocs antagonistes imaginés en 1948 par George Orwell dans 1984.

Voir aussi

Bibliographie

  • Philippe Zard, La fiction de l'Occident, Paris, PUF, 1999.
  • Boia, Lucian : L’Occident. Une interprétation historique., ed. Les belles lettres, 2007.
  • Nemo, Philippe : Qu'est-ce que l'Occident ?, PUF, 2004, 155p., ISBN 2-13054-628-5
  • Les sens de l’Occident, Arras, Artois Presses Université, 2006.

Liens internes

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