Skinheads Against Racial Prejudice

Skinheads Against Racial Prejudice

Le mouvement S.H.A.R.P. (Skinheads Against Racial Prejudice ou Skinheads contre les préjugés raciaux) désigne un mouvement de skinheads dits traditionnels qui se positionnent contre le racisme (contrairement aux skinheads néonazis).

Sommaire

Naissance

Le mouvement SHARP s'inscrit dans l'histoire des skinheads. À la fin des années 1980, il s'agit d'une réaction de skinheads qui prennent position contre le racisme, alors que le revival skinhead, est fortement marqué par la présence de l'extrême-droite et des néonazis sous l'influence de différents groupes de musique Oi! tel Skrewdriver.

En réaction à cette politisation du mouvement qu'ils jugent contraire à ses traditions, des skinheads britanniques antiracistes se regroupent à partir de 1979-80 dans Skinheads Against the Nazis (SAN, impulsé et contrôlé par l'Antinazi League organisation très liée au Socialist Worker Party, un parti trotskiste). Parallèlement de plus en plus de skins antiracistes soutiennent la campagne Rock Against Racism. Le second revival Ska Européen mené par des groupes tels les Potato 5, Maroon Town ,The Deltones fédère un nombre conséquent de skins qui refusent la mainmise de groupes néonazis et souhaite revenir à un "âge d'or" métissé de la scène .Cette tendance fait des émules en Amérique du Nord où la mode skinhead prend une grande ampleur au début des années 1980. En 1985, des skinheads de Cincinnati fondent Baldies Against Racism ("les chauves contre le racisme". Baldies - les chauves- est un surnom des skinheads). En 1987, à New York, est créé le mouvement SHARP. La figure emblématique du mouvement SHARP est Roddy Moreno, leader du groupe gallois The Oppressed et importateur en 1988 du SHARP au Royaume-Uni. Après un voyage à New York, Roddy Moreno avait rencontré les membres fondateurs Marcus et Jason et ramené le concept à Cardiff sa ville natale. Il est à l'origine de la création du logo international qui reprend le casque hoplite, clin d'œil au label Trojan records.

Ce mouvement, né aux États-Unis en 1987 est, comme le mouvement skinhead originel (né à la fin des années 1960) dénué d'affiliation politique précise. Les premiers skinheads SHARP américains sont fondamentalement antifascistes et antiracistes, avec une forme de patriotisme sans ambiguïté : la fierté nationale n'est pas une fierté raciale. La bannière étoilée est d'ailleurs présente sur le premier logo SHARP : une botte (de skinhead) écrase une croix gammée sur fond de drapeau américain. Le SHARP reprend à son compte l'imagerie patriotique et antinazie de la Seconde Guerre mondiale. Aux États-Unis les habitants pavoisent fréquemment et presque tout le monde est élevé dans des valeurs patriotiques. Ce rapport initial au fait politique va être interprété différemment dans les pays où SHARP va s'implanter, en raison de de l'histoire de chacun d'entre eux. En Allemagne, la montée en masse des mouvements d’extrême droite consécutifs à la chute du mur de Berlin va provoquer un rapprochement stratégique entre skins antifascistes et la mouvance autonome qui se développe autour de l'Anti Fascistiche Aktion. Les skins pratiquent l'autogestion en participant à la vie des squats, à Hambourg en particulier en recourant au besoin à l'affrontement dans la rue. De plus la campagne bénéficie du soutien de nombreux groupes musicaux ska (No Sports, Busters, Skaos, Bleichreiz) et de labels indépendants (Pork Pie, Grover records). Il en est de même en grande bretagne où , outre l'influence du revival néo-sixties, le Sharp sera associé au collectif politico-culturel Cable Street Beat. De nombreux groupes musicaux tels les Bad Manners, The Blaggers, Selecter seront un soutien constant à cette émanation de l'A.F.A.

Antifasciste, antiraciste et sans affiliation

Une des particularités du SHARP est son engagement sans affiliation politique précise: antiraciste, antifasciste. Si l'appartenance à la classe ouvrière traditionnelle des skinheads les rapproche d'une vision socialiste de la société, les SHARP ne sont pas forcément liés aux organisations communistes, le militantisme dans des organisations politiques, des syndicats ou des collectifs est assez courant même s'il est considéré comme étant de l'ordre de l'acte individuel.

Le SHARP est moins une organisation qu'un appel au ralliement de tous les skinheads qui refusent le racisme, le fascisme et la politique outrancière au sein de leur mouvement. Cette mouvance existe sous la forme de réseau informel sans porte parole, ni structures pérennes ce qui explique sa relative discrétion en France

(contrairement à l'État Espagnol ou L'Allemagne où des coordinations locales, travaillant directement avec les groupes antifascistes radicaux existent).

Le seul fait d'être skinhead est pour eux un acte antiraciste de par les origines multi-ethniques de ce mouvement né du métissage et de la fusion culturelle des Mods et des fils d'immigrés jamaïcains. Parmi les groupes français ouvertement affiliés ou pouvant être assimilés à cette mouvance on peut citer: les Parisiens de 8.6 Crew, Gonna Get Yours ou encore Hardxtimes, les Rochelais Janitors, les Bordelais de Banned from The pub et Sands of the Street(Le Porge).


En France, l'acronyme S.H.A.R.P se décline sous plusieurs formes, les tracts et lettres d'infos de la section Parisienne du début des années 90 parlent de Skin Heads Anti Racistes et Populaires, la section Occitane (Bordeaux/Toulouse) qui lui est contemporaine utilise quant à elle le sigle Sharp pour Skin Heads Anti Racistes et Prolétariens » .

En 2011 une section du Sharp Paris demeure active en organisant des soirées, elle publie un communiqué début 2011 pour rappeler les valeurs auxquelles elle adhère :

Communiqué du SHARP Paris 2011

Histoire des SHARP en France

À Beauvais Sylvain T., skinhead depuis 1982 et éditeur du fanzine Hardtimes, est un des premiers Français à développer le SHARP en 1989, aidé de Vincent V. l'ancien président du fan club des Béruriers noirs, lui-même éditeur du fanzine skinhead Un monstre est en moi. Sylvain assumera pleinement ses "couleurs" au milieux de skinheads sympathisants de l’extrême droite dans de nombreux concerts notamment lors du "Burdigala ska festival" de Bordeaux en 1991. En lien direct avec le S.H.A.R.P Beauvais,une des seules cellule française 100% skinhead anti-raciste en cette fin d'année 80, on trouve une bande parisienne, composée de Trojan skin (skinhead reggae) et de skinheads traditionnels qui traînent, entre autres, dans le quartier de Jussieu, 5e arrondissement de Paris.

Un des plus anciens skinheads de cette bande Manu R., tentera sans recueillir le moindre écho et ce quasiment dans la même période que le SHARP Beauvais, l'ARASH (Anti Raciste Action SkinHead). Par ailleurs le groupe Ska Parisien "Les Frelons" sera le premier groupe à diffuser les tracts du Sharp lors de ses concerts, ils sont en effet en relation constante avec un mouvement qui gagne en importance en Grande Bretagne. Plus étonnant le groupe Machtoc appose le logo du Sharp sur son disque sorti sur le label anglais Unicorn. Cette prise de position fera à l'époque sourire de part et d'autre, en effet le disque précédent du groupe étant distribué sur le label Rebelles Européens du militant néonazi, Gaël Boddilis. Parmi les activistes aillant pris fait et cause pour le Sharp on peut citer Philippe W. Ce dernier, arrivé de Rouen à Beauvais début 1992, est alors connu pour son passé nationaliste radical au milieu des années 1980. Par le biais de son Fanzine Zéra, il évolue progressivement en developpant des contacts avec Marcus Pochelo, fondateur du SHARP à New York en 1987, Bruce Kreitman, skinhead juif comme lui de Brooklyn, et Jason O'toole, chanteur du groupe New York hardcore Life's blood, tous deux membres actifs du noyau dur du SHARP N.Y.C. Philippe W. expliquera ses prises de positions dans la presse Beauvaisienne en relation avec le festival punk/oi! qu'il organise.

Si les actions et publications de ces premiers Sharp Français n'écornent pas encore la prédominance médiatique des skinheads néonazis, elle permet de faire connaitre l'existence d'une mouvance skinhead antiraciste auprès de la scène alternative qui à l'époque jouit d'une importance très forte au sein de la jeunesse française.

Avec l'arrêt du SHARP Beauvais par Sylvain T., la plupart des membres du SHARP France originel rejoigne l'ARASH, qui, lui aussi, disparaîtra avec la résurgence d'un SHARP-Paris-Banlieue au milieu des années 1990. Là encore on retrouve des membres actifs de la scène skinhead entre autres Laurent et Arielle éditeur du fanzine skinhead Big 5, ainsi que la plupart des skinheads beauvaisiens et parisiens cités plus haut et une nouvelle génération tout aussi radicalement antifasciste.

Autres bandes

[réf. nécessaire]Les Ruddy Fox de Paris Châtelet-les Halles, étaient une des seules et rares bandes de chasseurs de nazis, dont certains membres reprenaient le look skinhead dans leur rang. Leur nombre n'excédait pas 10 à 20 membres. Bien souvent pour les bandes de chasseurs dites « chasseurs de skins » (Redskins, Red Warriors, Ducky Boys, etc.), s´identifiaient partiellement au look skinhead, sans appartenir et soutenir la culture skinhead référente à proprement parler. Ces groupes évoluaient dans un creuset culturel beaucoup plus large, les Ducky Boys par exemple se veulent issus autant de la culture rockabilly que du hip hop naissant, les Red Warriors quant à eux si ils comptent d'anciens skins des halles sont imprégnés d'une culture proches de la Mouvance Autonome. L'exception donc pour les Ruddy Fox qui, au début des années 1990, côtoyait l'ARASH, les trojan skin et les SHARP parisiens, correspondaient avec des skinheads SHARP du New-Jersey et se montraient à presque tous les concerts punk, ska et N.Y.H.C de la capitale. Ils furent ainsi les premiers à Paris à assimiler la culture skinhead.


Les Red and Anarchist Skinheads (RASH), souvent appelés skinheads rouges et noirs ou redskins, sont extrêmement politisés, ils ont en commun l'antiracisme et la haine de l’extrême droite avec le SHARP. Ces deux mouvances sont en France généralement confondus sauf à Paris durant une brève pèriode. Le mouvement RASH, ancré à l'extrême-gauche libertaire pour l'essentiel est pour beaucoup de skinheads non affiliés à un courant idéologique bien davantage une organisation militante qui flirte avec le mouvement skinhead sans vraiment lui appartenir. le RASH est devenu au début des années 2000 l'acteur majeur de la scène parisienne, le mouvement skinhead s'étant démocratisé avec des reportages comme Skinhead Attitude ou le film This is England.

SHARP Roubaix

Une des sections les plus importantes de France aujourd'hui, la section roubaisienne comporte une vingtaine de membres. Ceux-ci se répèrent à leur tenue particulière à la croisée des cultures hip-hop et skinhead : Jeans, veste Lacoste, Bomber kaki.

Parmentiers Skins

Bande parisienne,évoluant dans le quartier de la station de métro Parmentier, d’où leur nom. Ils supportent les groupes Maraboots, Hardxtimes ainsi que StreetKids.


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Skinheads Against Racial Prejudice de Wikipédia en français (auteurs)

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