- Siméon le Stylite
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Saint Siméon le Stylite, dit Siméon l'Ancien (arabe : مار سمعان العمودي (mār semʕān l-ʕamūdī)) (392 - 459) est un saint chrétien.
Son nom vient du mot grec stylos signifiant colonne.
Il vécut toute sa vie de façon austère, en Syrie, effectuant de longues et récurrentes périodes sans contact avec le monde. On retient de lui qu'il se retira au sommet d'une colonne, d'où son surnom. Chaque jour, des pèlerins venaient lui apporter des victuailles qu'ils hissaient à Siméon par le biais d'une corde soulevant un panier. L'espace dont il disposait au sommet de sa colonne était tout juste suffisant pour se tenir debout ou assis, jamais allongé. On raconte que le roi Nu'man prince de arabes voulu empêcher les visites de milliers de pèlerins mais en fut rapidement dissuadé par une vision[2],[3]. Siméon le Stylite mourut en position de prière, les mains jointes et les yeux fermés, de sorte que ses fidèles mirent deux jours à se rendre compte de sa mort. Il reste des vestiges de cet édifice au Djébal Sim'an (montagne de Simon) non loin d'Alep en Syrie. Son principal biographe est son contemporain Théodoret de Cyr[4].
Il est fêté le 26 janvier en Occident[5] et le 1er septembre en Orient[6].
Sommaire
Début de sa vie
Siméon, qui est né à Sisan (probablement en l'actuelle Turquie, la ville de Samandağ) au nord de Syrie, était le fils d'un pasteur[7].
Avec la division de l'Empire romain en 395, la Syrie a été incorporée dans ce qui allait devenir l'Empire byzantin et le christianisme s'y est rapidement développé.
Apparemment sous l'influence de sa mère, Martha (qui est aussi une sainte), il a développé un zèle pour le christianisme à l'âge de 13 ans, suite à une conférence des Béatitudes. Il fut lui-même soumis à des austérités corporelles sans cesse croissantes dès son plus jeune âge, en particulier le jeûne, et il entra au monastère avant l'âge de 16 ans.
« Son père était berger, et lui-même passa les premières années de sa vie à garder les troupeaux. Il avait treize ans, quand un jour, à l'église, il entendit lire ces paroles : "Bienheureux ceux qui pleurent !... Bienheureux ceux qui ont le cœur pur !" Éclairé par la grâce, embrasé du désir de la perfection, il se met en prière, s'endort et fait un songe : "Il me semblait, dit-il, que je creusais les fondements d'un édifice ; quand je crus la fosse assez profonde, je m'arrêtai : "Creuse encore !" me dit une voix. Par quatre fois je repris mon travail et je m'arrêtai, et par quatre fois j'entendis la même parole : "Creuse encore !" Enfin la voix me dit : "C'est assez ! Maintenant tu peux élever un édifice aussi haut qu'il te plaira." Ce songe signifiait sans doute l'humilité, base de toutes les vertus et mesure de la perfection ; mais il faisait aussi allusion au genre de vie que devait mener le pieux jeune homme. »
— Abbé Jaud
Entré au monastère, il commença un jeûne sévère de 40 jours pour Grand Carême qui le laissa exsangue et où il fut visité par l'abbé du monastère, qui lui laissa de l'eau et des pains. Un certain nombre de jours plus tard, Siméon a été découvert inconscient, avec l'eau et les pains intacts. Lorsqu'il a été ramené au monastère, on a découvert qu'il avait lié sa taille avec une ceinture de feuilles de palmiers faite de sorte que plusieurs jours de trempage furent nécessaires pour enlever les fibres de sa blessure. Les autres moines l'accusent de se relever la nuit pour manger et de les faire passer pour gloutons[8]. Aussi Siméon fut-il prié de quitter le monastère. Il renouvellera ce jeûne chaque année.
Il se retira pour un an et demi dans une cabane, où il a réussi à passer l'ensemble du carême sans manger ni boire. Lorsqu'il sortit de la cabane, ce fut comme un miracle[9]. Plus tard, il resta debout en prière, tant que ses membres le soutenaient.
Après un an et demi passé dans sa cabane, Siméon chercha un promontoire rocheux sur les pentes de ce qui est maintenant le Cheik Barakat Mountain et se contraint lui-même à rester prisonnier dans cet espace étroit, avec moins de 20 mètres de diamètre. Mais les foules de pèlerins envahirent alors cette zone, lui demandant ses prières et son intercession, et lui laissant un temps insuffisant pour ses propre dévotions. Cela le conduisit à adopter un nouveau mode de vie.
Au sommet du pilier
Afin de pouvoir voir venir de loin le nombre sans cesse croissant de personnes quêtant ses prières et conseils, et lui laissant si peu de temps pour ses austérités et dévotions privées, Siméon découvrit un pilier qui avait survécu parmi les ruines ; celui-ci avait une petite plateforme à son sommet sur laquelle il décida de passer sa vie. Comme il lui était impossible d'échapper du monde "horizontalement", il tentait de lui échapper "verticalement". Pour sa subsistance, les petits garçons du village devraient grimper en haut du pilier et lui transmettre du pain et du lait de chèvre.
Lorsque ses aînés, les moines vivant dans le désert, eurent entendu parler de Siméon, qui avait choisi cette forme nouvelle et étrange d'ascétisme, ils voulurent le rencontrer afin de déterminer si ses prouesses extrêmes étaient fondées sur l'humilité ou si elles tenaient à l'orgueil de l'exploit. Ils exigèrent de Siméon qu'il obéisse et descende de son pilier. S'il désobéissait, ils le forceraient à en descendre, mais s'il était disposé à se soumettre, ils le laisseraient vivre sur son pilier. Saint Siméon fit preuve d'une complète obéissance, montrant là son humilité, aussi les moines le laissèrent-ils vivre comme il le souhaitait.
Ce premier pilier avait un peu plus de quatre mètres de haut ; d'autres le remplacèrent ensuite, et le dernier de la série étant apparemment haut de plus de 15 mètres. Dans la partie supérieure du pilier se trouvait une plate-forme, avec une balustre, dont on pense qu'elle faisait environ un mètre carré.
Conformément à ce que dit son Hagiographe, Siméon ne permettrait à aucune femme de venir près de son pilier, pas même sa propre mère ; on prétend qu'il lui dit «Si nous en sommes dignes, nous nous verrons dans la vie à venir.» Monica se soumit à ce dictat. Restant dans son domaine, elle adopta également une vie monastique de silence et de prière. Lorsqu'elle mourut, Siméon demanda que ses restes lui soient apportés. Il dit adieu à sa mère morte, et un sourire apparut sur son visage.
Edward Gibbon dans son histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain décrit ainsi existence de Siméon :
« Dans cette noble position, cet anachorète syrien résista à la chaleur de trente étés et au froid d'autant d'hivers. Il prit l'habitude de maintenir sa position périeuse sans crainte et prit des attitudes et postures successives différentes de prière et de méditation. Il priait parfois debout, avec les bras en croix, mais sa pratique la plus familière était la flexion de son maigre squelette abaissant son front jusqu'aux pieds ; et un spectateur curieux, ayant compté douze cents quarante - quatre métanies successives, insista longuement sur ce compte à l'infini. La progression d'un ulcère dans sa cuisse put les diminuer, mais ne perturbait pas cette vie céleste ; et le patient ermite expira, sans quitter sa colonne. »
Même sur la plus élevée de ses colonnes, Siméon ne s'était pas retiré du monde. Le nouveau pilier a attiré plus de personnes, non seulement les pèlerins mais aussi les spectateurs. Siméon lui-même se tenait à la disposition de ces visiteurs tous les après-midis. Au moyen d'une échelle, les visiteurs pouvaient monter le voir. On sait qu'il a écrit des lettres, et avait des disciples, leur prêchant en particulier d'éviter les jurons et l'usure. »
[10].
Dernières années
L'empereur Théodose et son épouse Eudoxie ont grandement respecté le saint et écouté ses avocats, tandis que l'empereur Léon envoya une lettre en faveur du Concile de Chalcédoine. La vie de Siméon a coïncidé avec celle de Sainte Geneviève de Paris. On dit qu'il prenait de se nouvelles et il lui envoyait ses salutations.
Siméon devint tellement influent qu'une délégation de l'église fut envoyée pour qu'il descende de son pilier comme un signe de soumission. Lorsque, toutefois, il fut disposé à s'y conformer, la demande a été retirée. Une fois qu'il était malade, Théodose envoya trois évêques le priant de descendre et l'autorisant à être aidé par les médecins, mais Siméon préféra laisser sa guérison dans les mains de Dieu, et il retrouva la santé.
Après avoir passé 39 ans sur son pilier, Siméon est décédé le 2 septembre 459. A sa mort, il donne sa mélote (tunique de berger) à l'empereur Léon. Il a inspiré des nombreux imitateurs et adeptes et, au siècle suivant, des ascétiques vivaient sur les piliers, comme stylites, menant une vie commune, ceci tout au long de l'Empire byzantin.
Il est commémoré comme un saint par les coptes orthodoxes, où sa fête sur 29 Pashons. Il est commémoré le 1er septembre par les Orthodoxes orientaux et Catholiques byzantins et le 5 janvier dans l'Église catholique romaine.
Une dispute est survenue en 468 entre le patriarche d'Antioche et l'empereur Léon à Constantinople pour la possession des restes et reliques de Siméon. L'empereur obtient gain de cause, en échange il fait ériger le martyrium cruciforme de saint Syméon[8].
Les ruines d'un vaste édifice érigé en son honneur et connu en arabe, comme la « Qal à Simân » ("la Maison de Siméon"), peuvent encore être vues. Situé à environ 30 km au nord-ouest d'Alep ) et composé de quatre basiliques catholiques élaborées dans une Cour octogonale vers les quatre points cardinaux pour former une grande croix. Dans le centre de la Cour est la base du style ou colonne sur laquelle se serait tenu Saint Siméon.
Une statue commémorant l'ascétisme de Saint Siméon se trouve dans le centre ville de Grimsby, en Angleterre : la Communauté chrétienne florissante syrienne orthodoxe de la ville a commandé la statue, qui a un motif en jade de 39 cercles concentriques représentant chacun une des années de Saint Simeon et le sommet du pilier qui fut construit en 1971.
Dans le livre « Guiness World Of Records 2010 » son record est également enregistré, le plus long qui soit.
Hagiographie
Références culturelles
- Poésie
«
And yet I know not well,
For that the evil ones come here, and say,
'Fall down, O Simeon; thou hast suffered long
For ages and for ages!'»
— Alfred Tennyson , Poème « Saint Siméon Stylite » (1842)
- Cinéma
Un film de Luis Buñuel, « Simon del desierto », (1965) est vaguement basée sur l'histoire de Saint Siméon.
Écrits
CPG 6640-6650
Notes et références
- Notice du Louvre=7
- http://www.qantara-med.org/qantara4/admin/pics_diapo/858pelerinage.jpg
- http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5594437b.image.r=++le+stylite.f39.langFR « Les Arabes chrétiens de Mésopotamie et de Syrie », Nau, François (Abbé), 1933 [
- MS. Rawlinson G. 199 , 1141.
- Nominis : Saint Syméon l'Ancien
- Forum orthodoxe.com : saints pour le 1er septembre du calendrier ecclésiastique
- David Bertaina, « Saint Simeon the Stylite », dans Sophia, The Eparchy of Newton for the Melkite Greek Catholics, vol. 38, no 3, Summer 2008, p. 32
- Jean-Pierre Sodini, Marbres paléochrétiens et Syméon le Stylite, Canal Académie, 17 avril 2011
- The Christian Roman Empire series." Frederick Lent. The Life of St. Simeon Stylites.
- Edward Gibbon. The History of the Decline and Fall of the Roman Empire. Volume 4. Chapter XXXVII: "Conversion Of The Barbarians To Christianity."
- Poème « Saint Siméon Stylite »
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Syméon le Stylite sur orthodoxWiki
- Vie de Syméon le sylite par Saint Théodoret de Cyr
- Vidéo Basilique
- Catholic Encyclopedia: Simeon Stylites the Elder
- Saint Syméon : Quarante ans sur une colonne, Christian Marquant, Directeur du Centre international d'histoire religieuse (CIHR)
- Encyclopédie Universelle et [1]
- (nl)Site sur Siméon
- Evagre le Pontique
- The Life of Simeon Stylites. Journal of the American Oriental Society 35 (1915) pp.103-111. Introduction
Bibliographie
- Hippolyte Delehaye: Les saints stylites, Subsidia hagiographica, Bruxelles, 1923, 276pp.
- Vie de Syméon le stylite par Théodoret de Cyr, dans Histoire des Moines de Syrie, II, collection Sources chrétiennes n° 257, éditions Le Cerf.
- Le Monachisme Syrien selon Théodoret de Cyr . — Pierre Canivet, Editions Beauchesne : 1977, Collection Théologie historique , ISBN : 9782701000763 , 320 pages.
- Monachisme et église: le monachisme syrien du IVe au VIIe siècle. — Editions Beauchesne : 1999 , Philippe Escolan, Collection Théologie historique, ISBN : 9782701013879 , 410 pages.
- Paul Peeters. — Saint Syméon Stylite et ses premiers biographes , Ana- lecta Bollandiana, LXI (1943)
- Attwater, Donald and Catherine Rachel John . — The Penguin Dictionary of Saints. 3rd edition. New York: Penguin Books, 1993. ISBN 0-140-51312-4
- Frederick Lent (translator) — The Life of Saint Simeon Stylites: A Translation of the Syriac in Bedjan’s Acta Martyrum et Sanctorum, 1915. Reprinted 2009. Evolution Publishing, ISBN 978-1-889758-91-6
- Vies Georgiennes de S. Symeon Stylite L'Ancien Et de S. Ephrem. Iber. 8. , G. Garitte.
Iconographie
Catégories :- Personnalité du Ve siècle
- Saint catholique et orthodoxe
- Saint syrien
- Date de naissance inconnue (IVe siècle)
- Décès en 459
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