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Hagiographie
L'hagiographie (du grec ancien ἅγιος hagios, « saint », et γράφω graphô, « écrire ») est l'écriture de la vie et/ou de l'œuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d'« une hagiographie » (sauf dans le sens figuré), mais plutôt d'un texte hagiographique ou tout simplement d'une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l'office des moines soit en public dans le cadre de la prédication, on lui donne souvent le nom de légende (du latin legenda, « ce qui doit être lu »).
Un texte hagiographique recouvre plusieurs genres littéraires ou artistiques parmi lesquels on compte en premier lieu la vita, c'est-à-dire le récit biographique de la vie du saint. Une fresque à épisode est également une hagiographie, de même qu'une simple notice résumant la vie du bienheureux.
Par rapport à une biographie, l'hagiographie est un genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. L'écrivain, l'hagiographe n'a pas d'abord une démarche d'historien, surtout lorsque le genre hagiographique s'est déployé. Aussi les hagiographies anciennes sont parsemées de passages merveilleux à l'historicité douteuse. De plus, des typologies de saints existaient au Moyen Âge, ce qui a conduit les hagiographes à se conformer à ces modèles et à faire de nombreux emprunts à des récits antérieurs.
Sommaire
Histoire
Genre littéraire
L'hagiographie fut un important genre littéraire pendant le premier millénaire du christianisme. Les textes hagiographiques donnent des informations historiques tout en les mêlant à des légendes et des récits inspirés, souvent peuplés de merveilleux : les saints en effet sont réputés faire des miracles. C'est pour cette raison qu'ils sont aujourd'hui utilisés comme des sources historiques importantes pour l'histoire de l'Antiquité tardive et du Moyen Âge. Cependant, leur caractère apologétique oblige l'historien à les utiliser avec beaucoup de prudence.
Le genre hagiographique apparaît dès les débuts du christianisme, mais il se développe surtout à partir du IVe siècle. Dans le domaine de langue grecque, où le genre est plus ancien et plus développé à haute époque, la Vie d'Antoine par l'évêque Athanase d'Alexandrie est un des textes les plus célèbres et les plus copiés ; les Vies des Pères du désert ont aussi exercé une forte influence. Dans le monde latin, on peut citer parmi les textes les plus anciens la Vie de Perpétue et Félicité et la Vie de saint Martin par Sulpice Sévère. Très vite, des recueils de vies de saints apparaissent, réunissant de nombreux textes : on peut mentionner les livres à la Gloire des martyrs (Liber in Gloria martyrum) et à la Gloire des confesseurs (Liber in Gloria confessorum) de Grégoire de Tours au VIe siècle. Mais le plus célèbre recueil hagiographie est probablement la Légende dorée (Legenda Aurea) de Jacques de Voragine, qui date du XIIIe siècle. D'autres recueils, inspirés par la Légende dorée, ont été largement répandus sous le nom de Flos Sanctorum (la fleur des saints), particulièrement en Catalogne.
Approche critique (Bollandisme)
Contesté à partir du XVIe siècle en raison de la montée du protestantisme, qui refuse le culte des saints, le courant hagiographique s'est trouvé à la fois remis en cause, transformé et fortement ralenti, lorsqu’au XVIIe siècle, un groupe de jésuites, à la suite de Jean Bolland, commence une publication des vies de saints appelée Acta Sanctorum. Le travail des Bollandistes, qui fut édité en 68 volumes est le point de départ de la critique historique de l’hagiographie. C'est pourquoi les textes hagiographiques modernes sont, en général, plus soucieux de vérité historique et insistent plus sur la profondeur spirituelle, l'audace missionnaire ou caritative du personnage que sur le merveilleux.
Types de textes hagiographiques
En hagiographie classique, on distingue trois principaux types de textes (on utilise dans ce cas les termes latins correspondants) :
- Une vita est un texte exposant la vie d'un saint. La plus ancienne vie d'un saint est en général appelée vita prima.
- Un recueil de miracula (mot pluriel) rapporte les miracles accomplis par un saint, en particulier les guérisons censées s'être déroulées sur sa tombe.
- Une passio rapporte la manière dont un saint martyr a été exécuté ou tué, c'est-à-dire sa passion.
Exemples d'hagiographies
- Le Pré spirituel de Jean Moschus, fin du VIe siècle
- La Légende dorée de Jacques de Voragine
- Saint Calmin, un saint local, fondateur de l'abbaye de Mozac en Auvergne.
- Vie de saint Alexis, poème du VIe siècle
- Paul Guérin, Les petits Bollandistes : vies des saints, 1876.[1]
Extension de l'acception (sens figuré)
Les critiques de biographies modernes les qualifient, par extension, d’hagiographies lorsqu'ils détectent des passages trop élogieux ou peu critiques.
Bibliographie
- Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : vies des saints, 1876.[2]
- André Vauchez, La Sainteté en Occident aux derniers siècles du Moyen Âge (1198-1431), Rome, 1981 (BEFAR, 241) [trad. angl. : Sainthood in the Later Middle Ages, Cambridge, 1987 et trad. ital. : La santità nel Medioevo, Bologna, 1989].
- Aviad Kleinberg, Histoires de saints : leur rôle dans la formation de l'Occident, Paris, 2005.
- Gérard Bedel, Monseigneur Trochu - Le maître de l’hagiographie, Éditions de Paris, 2005 (ISBN 2-85162-162-9) [présentation en ligne]
Voir aussi
Liens internes
- Martyrologe
- Martyrologe romain
- Liste des saints sauroctones
- Dacien, cité dans La Légende dorée de Jacques de Voragine.
Catégorie : Genre et forme littéraire
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