Sensibilité électromagnétique

Sensibilité électromagnétique

La sensibilité électromagnétique (ou électro-sensibilité, ou électro-hypersensibilité ou HSEM ou EHS ou Syndrome EHS ou Syndrome d'intolérance aux champs électro-magnétique ou SICEM) est une maladie dans laquelle une personne déclare souffrir de symptômes qui selon elle sont causés et aggravés par des champs ou des ondes électromagnétiques. Les proportions de personnes se disant électrosensibles varient de quelques personnes par million à 8 % des personnes interrogées.

Les symptômes décrits sont reconnus comme réels (par l'OMS notamment ; la sensibilité électromagnétique est officiellement considérée comme un handicap (et non une maladie) en Suède[1]), mais la recherche scientifique [2] est encore divisé sur ce sujet[3]. Pourtant, la résolution de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe du 11 mai 2011, qui s'appuie sur un rapport complet de la Commission de l’environnement, de l’agriculture et des questions territoriales, stipule à l'alinéa 8_1_4 qu'il est nécessaire "de porter une attention particulière aux personnes «électrosensibles» atteintes du syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques et de prendre des mesures spéciales pour les protéger, en créant par exemple des «zones blanches» non couvertes par les réseaux sans fil." [4] Prendre au sérieux ces symptôme implique donc d'en rechercher toutes les causes possibles. Inversement, certains considèrent que ces études concluant négativement sont biaisées, et que l'importance pratique[5] et financière[6] des techniques utilisant les ondes contribuent à ce biais.

Dans les cas les plus sévères, les personnes sont tellement affectées qu'elles s'isolent et cessent le travail et changent leur mode de vie, alors que d'autres personnes rapportent des symptômes moins sévères qui entraînent un évitement de certaines sources de champs électromagnétiques [7].

Sommaire

Description et prévalence de la sensibilité électromagnétique

Définition de l'OMS

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) écrit en 2005 :

« Depuis quelque temps, un certain nombre d'individus signalent divers problèmes de santé qu'ils attribuent à leur exposition aux [champs électro-magnétiques]. Si certains rapportent des symptômes bénins et réagissent en évitant autant qu'ils le peuvent ces champs, d'autres sont si gravement affectés qu'ils cessent de travailler et modifient totalement leur mode de vie. Cette sensibilité présumée aux [champs électro-magnétiques] est généralement appelée « hypersensibilité électromagnétique » ou HSEM)[7]. »

ou SICEM [8]

Symptômes

Les symptômes rapportés sont divers, sans profil symptomatique spécifique, ce qui signifie qu'ils peuvent s'apparenter à d'autres troubles ou maladies. Ce sont aussi des symptômes fréquemment rencontrés dans la « population générale ».

Selon l’OMS, l’hypersensibilité électromagnétique « est caractérisée par divers symptômes que les individus touchés attribuent à l'exposition aux champs électro-magnétiques (CEM). Parmi les symptômes les plus fréquemment présentés, on peut mentionner des symptômes dermatologiques (rougeurs, picotements et sensations de brûlure), des symptômes neurasthéniques et végétatifs (fatigue, lassitude, difficultés de concentration, étourdissements, nausées, palpitations cardiaques et troubles digestifs). Cet ensemble de symptômes ne fait partie d'aucun syndrome reconnu par l'OMS mais caractérise un tableau clinique sur lequel de plus en plus de médecins s'accordent [7]. »

Plusieurs auteurs ont analysé les symptômes décrits par des électrosensibles. Dans l’étude de Hillert et al. (2002)[9], le symptôme le plus fréquemment cité est la fatigue, suivie de problèmes dermatologiques au visage, de sensations de lourdeur dans la tête, d'irritation des yeux, de nez bouché ou encombré, de maux de tête, de difficultés de concentration, etc. Röösli et al. (2004)[10], quant à eux, décrivent en ordre décroissant des troubles du sommeil, des maux de tête, de la nervosité/angoisse, de la fatigue, des difficultés de concentration, des acouphènes, des vertiges, des douleurs dans les membres... Ces auteurs n'observent pas de différences entre les symptômes cités par les hommes et les femmes. Les résultats de Schüz et al. (2006) rejoignent les résultats précédents : le symptôme cité le plus fréquemment est la fatigue, suivie de difficultés de concentration, de troubles du sommeil, de lassitude, de mauvaise humeur, d'inconscience, de maux de tête, de sensations de faiblesse...

Selon des personnes se jugeant électrosensibles, les symptômes passagers évoluent vers la chronicité, avec des conséquences diverses :

  • Souffrances physiques (sensation de décharges électriques dans le corps, picotements, oreilles qui chauffent, maux de tête, palpitations cardiaques, sensation de brûlure, ...) et psychologiques (préoccupation, anxiété, état dépressif, stress, spasmophilie)
  • Comportements d'évitement de l'exposition
  • Organisation de la vie du patient autour de ce problème
  • Absentéisme, incapacité de travail
  • Isolement social, divorce
  • Difficultés financières dues aux déménagements et aménagements électriques de la maison…

L'incompréhension de l'entourage professionnel ou familial, et la non reconnaissance du monde médical peuvent parfois aggraver l'isolement. Plusieurs auteurs parlent d'un cercle vicieux où symptômes, associations de ces derniers à une (des) source(s) électromagnétique(s) et comportements d'évitement se succèdent, s'amplifient et s’auto-entretiennent.

Prévalence de l’électro-sensibilité

Les estimations de prévalence de l’électro-sensibilité dans la population varient ; de quelques individus par million, à des taux bien plus élevés. Pour l'OMS, environ 10 % des cas signalés d’électro-sensibilité ont été considérés comme graves[7].

Une étude européenne (Bergqvist et al., 1997[11]) décrivait davantage de cas en Suède, au Danemark et en Allemagne et moins de cas en France, en Autriche et au Royaume-Uni (gradient Nord-Sud). Dans cette même étude, les sources d'exposition étaient intérieures (par ex. : écrans d'ordinateur) dans les pays scandinaves et extérieures (par ex.: lignes à haute tension et antenne GSM) dans d'autres régions.

Sur simples sondages, les proportions de personnes électrosensibles varient de quelques personnes par million à 8 % des personnes interrogées :

  • 3,2 % de personnes électrosensibles parmi les personnes interrogées par Levallois et al. (2002)[12] en Californie.
  • 1,5 % des répondants se disent électrosensibles dans l'étude de Hillert et al. (2002)[9] en Suède.
  • 6 % de la population allemande se dit électrosensible dans l'étude de Schroeder (2002)[13].
  • 4,2 % des femmes et 1,7 % des hommes dans la population étudiée est "electromagnetic sensible" dans l'étude de Leitgeb & Schröttner (2003)[14]. Cette sensibilité est définie à partir d'un seuil de perception du courant.
  • 3,5 % des répondants se disent électrosensibles dans l'étude de Schrottner & Leitgeb (2008)[15] en Autriche.
  • 2,7 % de la population étudiée (en Suisse) par Schreier et al. (2006) rapportent des effets négatifs sur la santé attribués aux champs électriques et magnétiques. 2,2 % rapportent avoir subi de tels effets dans le passé.
  • Dans l'enquête de la Commission Européenne (Bergqvist et al, 1997[11]), les questionnaires ont été envoyés dans 138 centres de médecine du travail et 15 groupes d'entraide (taux de réponse de respectivement 49 et 67 %). La fréquence varie de quelques personnes par million (en Angleterre, Italie et France, selon les médecins du travail) à quelques dixièmes de pourcentage (au Danemark, en Irlande et Suède, selon les groupes d'entraide).

Étiologie, diagnostic et preuves scientifiques

En raison des déclarations de personnes déclarant être électrosensibles, des études étiologiques ont été menées pour rechercher les causes de cette maladie. En particulier, des études en double aveugle ont été réalisées et ont montré que les champs électromagnétiques n'étaient pas à l’origine des symptômes constatés. Certains ont contesté ces études parce qu'elles ne prenaient pas bien en compte le délai qui peut exister entre l'exposition du sujet à la source et l'apparition des symptômes.

Des fausses expositions à un champ électromagnétique ont été suffisantes pour déclencher des symptômes graves chez ces participants[16]

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont la directrice de 1998 à 2003, le Dr Gro Harlem Brundtland, se déclarait elle-même hypersensible aux champs électromagnétiques [17], considère pourtant que les éléments scientifiques actuels qui permettraient d'appuyer l’affirmation que la sensibilité électromagnétique soit réellement causée par les champs électromagnétiques n'existent pas pour l'instant [7].

Des causes d'ordre psychologique sont parfois invoquées[7]. Inversement, certains considèrent que ces études concluant négativement sont biaisées[18], et que les enjeux financiers importants ainsi que notre évolution liée à cette technologie contribuent à ce biais[19]

En Juillet 2011 une étude Américaine montre que l'intolérance aux champs électromagnétique peut se produire dans un authentique environnement de champs électromagnétiques et induire un syndrome neurologique et non psychologique[20].

En 2007, l'ARTAC affirme dans un document que «contrairement à ce que certains médecins ou scientifiques, en étroite relation avec les opérateurs téléphoniques affirment sans preuve, il ne s’agit pas de simulateurs ou de malades psychiatriques». L'ARTAC à en effet trouvé des anomalies dans des analyses sanguines et les scanners cérébraux effectuées sur les personnes intolérantes aux ondes[21].

Résultats des études scientifiques

En 2005, une étude "exhaustive" de la littérature scientifique menée par l'équipe d'un chercheur en psychiatrie anglais a analysé les résultats de trente-et-une expériences qui testaient si les champs électromagnétiques causaient l’électrosensibilité. Chaque expérience exposait en laboratoire des personnes qui se déclaraient atteintes d’électrosensibilité à des champs électriques ou magnétiques, fictifs ou réels, à de multiples fréquences, dans des études en double aveugle (le sujet et l’agent expérimentateur à ses côtés ne savent pas si le champ est fictif ou réel ; le sujet doit déterminer s'il a été exposé (détection du champ) et rapporter d'éventuels symptômes, il est parfois soumis également à différents tests de mémoire et d'attention.)[2]. Sur les trente-et-une études, vingt-quatre ne trouvaient aucune association entre exposition et symptômes ; sept en trouvaient mais, sur ces sept études positives, deux n'ont pas pu être reproduites même par leur auteurs initiaux, trois ont des biais méthodologiques importants, et les deux derniers présentaient des résultats contradictoires.

La conclusion des auteurs étaient que :

« Les symptômes décrits par les personnes souffrant de « électro-hypersensibilité » peuvent être sévères et parfois handicapants. Cependant, il s’est avéré difficile de montrer dans des études en aveugle que l’exposition à des champs magnétiques pouvaient déclencher ces symptômes. Ceci suggère que l’électro-hypersensibilité serait sans rapport avec la présence de champs électromagnétiques, bien que des recherches supplémentaires sur ce phénomène soient nécessaires [22]. »

D'autres études montrant que les personnes qui se déclarent atteintes de sensibilité électromagnétique sont incapables de détecter la présence de champs électromagnétiques et la probabilité qu’elles ressentent des symptômes de maladie est la même en présence d’une exposition fictive ou d’une exposition réelle,[23],[24],[25].

Plusieurs personnes ont critiqué cette étude, mais des réponses publiées sans contrôle de comités de lecture scientifique ont été apportées aux objections, affirmant que les champs électromagnétiques « ne causent pas les symptômes ressentis[26],[27] ».

Depuis, d'autres expériences en double aveugle ont été publiées. L'étude récente du Professeur Magda Havas, du l'Université de Trent, au Canada, publiée dans le Journal Européen d'Oncologie, montre que les téléphones sans fil DECT qui transmettent un signal pulsé provoquent un changement spectaculaire du rythme cardiaque[28].

Un rapport de 2005 de l’Agence de protection sanitaire du Royaume-Uni concluait que l’électrosensibilité devait être prise en considération par d’autres voies que son étiologie : les souffrances sont réelles, même si les causes de ces souffrances ne sont pas définies[29]. Selon le groupe d'experts de la Commission européenne (Bergqvist et al, 1997[11]) et le groupe de travail de l’OMS[7], le terme « électrosensibilité » n'implique pas une relation entre les champs électromagnétiques et des symptômes sanitaires.

Rapport Bioinitiative

Un rapport de 600 pages, le rapport Bioinitiative[30] publié en 2007 passe en revue plus de 1 500 publications internationales qui prétendent apporter des preuves scientifiques concernant les effets sanitaires (Stress cellulaire, génotoxicité, risques de tumeurs au cerveau ou de leucémies) des champs électromagnétiques ; il estime que les normes sont inadaptées et définit des valeurs-seuil qui protégeraient mieux la santé.

Toutefois, l’analyse faite par diverses institutions sur ce rapport (réseau EMF-Net, dont fait notamment partie la "Federation of French Electrical Electronic & Communication Industries"[31] , programme européen de recherche et de développement technologique, le Danish National Board of Health, l’Office Fédéral Allemand de Radioprotection, le Conseil de Santé des Pays-Pays) en réfute la qualité. Le rapport d’octobre 2009 de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset)[32] en analyse ainsi le contenu : « les différents chapitres du rapport sont de rédaction et de qualité inégales. Certains articles ne présentent pas les données scientifiques disponibles de manière équilibrée, n’analysent pas la qualité des articles cités ou reflètent les opinions ou convictions personnelles de leurs auteurs (…), il revêt des conflits d’intérêts dans plusieurs chapitres, ne correspond pas à une expertise collective et est écrit sur un registre militant. » Ce rapport Bioinitiative très médiatisé et est à l’origine de quelques décisions judiciaires récentes, contre lesquelles l’Académie de médecine française s'est insurgée en mars 2009[33]. Il est à noter que le Dr Aurengo, très investi dans les prises de position de l'Académie de médecine française a par ailleurs été membre (non rémunéré) du conseil scientifique de Bouygues Telecom.

La Bioelectromagnetics Society n’approuve pas non plus cette étude. Pourtant, les membres organisateurs et trois des signataires de ce rapport en sont membres[34]. Selon elle, « des recherches par des spécialistes de physique théorique suggèrent que l’exposition [à des champs de radiofréquence non-thermiques] ne provoquera rien d’autre sur les être vivants, que, s’ils sont suffisamment puissants, une élévation locale de la température. Mais les physiciens ne savent pas tout, aussi on se tourne vers les biologistes et on s'aperçoit que les bases de données ne contiennent aucune démonstration scientifiquement reproductible d’un effet néfaste sur la santé après 50 ou 60 ans de recherche scientifique[35]. » Jean-Paul Krivine, rédacteur-en-chef de la revue Science et pseudo-sciences (revue éditée par l'Association française pour l'information scientifique dénonce aussi l'apparence de sérieux scientifique et le conflit d'intérêt d'une des co-auteurs, Cindy Sage, propriétaire d'un cabinet homonyme proposant « des solutions pour « caractériser ou atténuer » les impacts des champs électromagnétiques[36]. »

Attention, le mot anglais « radiofrequencies » désigne la partie du spectre électromagnétique, comprise entre 9 kHz et 3 000 GHz et contenant entre autres les « micro-ondes » et les « hyperfréquences » ; Il devrait être traduit en français par « radioélectriques ».

L'Agence européenne pour l'environnement a contribué au rapport Bioinitiative[37] avec un chapitre tiré de l'étude de l'agence : « Signaux précoces et leçons tardives : le principe de précaution 1896–2000][38] » publié en 2002.

Diagnostic

Il est difficile d'établir un diagnostic d'électrosensibilité car il n'existerait pas de signes cliniques spécifiques objectivés ou de marqueurs pathophysiologiques spécifiques ou sensibles permettant de caractériser cette maladie. Cependant, le Pr d'oncologie Dominique Belpomme, qui a reçu en consultation plus de 500 patients qui se disent électrohypersensibles s'inscrit en faux, affirmant qu'il a pu mettre en évidence une hypoperfusion vasculaire cérébrale, une augmentation de différents biomarqueurs de stress ou de souffrance cérébrale dans le sang et un certain nombre de perturbations biologiques. Il affirme que ces différentes perturbations permettent sans aucun doute possible de reconnaître objectivement l’affection."[39]

Localités reconnaissant la maladie

  • État-Unis d'Amérique, Connecticut[40]
  • État-Unis d'Amérique, Floride[41]
  • État-Unis d'Amérique, Colorado[42]
  • Angleterre[43]

Sources incriminées

Mats et antennes GSM.

Les sources incriminées sont nombreuses dans les sociétés modernes. Le rapport Bioinitiative[30] cite les moniteurs d'ordinateur, les antennes-relais de la téléphonie mobile et téléphones mobiles eux-mêmes, le WiMAX , les lignes à haute tension, les transformateurs électriques, la technologie CPL, les néons, ou encore les téléphones DECT.

Une étude par questionnaire de Röösli et al. (2004)[44] ont analysé les causes suspectées par les personnes touchées par les symptômes.

Dans l'étude de Röösli et al. (2004), les causes suspectées citées par les 167 électrosensibles interrogés étaient, par ordre décroissant ; les antennes de téléphonie mobile, suivies des GSM, des téléphones sans fil (type DECT), des lignes à haute tension, des transmetteurs de radiodiffusion, des écrans d'ordinateur, des lignes de train/tram, des transformateurs, des écrans de TV, des appareils électriques et de l'éclairage.

Il n'existe pas de réelle spécificité des symptômes en fonction de la source. Schreier et coll. (2006)[45] notent que des inquiétudes sont plus souvent exprimées à l'égard des antennes de téléphonie mobile et des lignes à haute tension par rapport au GSM, appareils électriques et téléphone sans fil. Des résultats similaires ont été obtenus dans une autre étude (Siegrist et coll., 2005[46]) et en Autriche (Hutter et coll., 2004).

Traitement

La première étape consiste par un diagnostic différentiel à vérifier l'absence d'autre pathologie médicale connue pouvant expliquer les symptômes. À partir de l'identification des conditions médicales, psychosociales et environnementales de la personne électrosensible, une prise en charge individualisée, multidisciplinaire et globale est recommandée.

Le choix d'une thérapie doit se baser sur la présentation clinique, ainsi que sur la réponse au traitement. De nombreuses techniques thérapeutiques ont fait l'objet de publications et parmi celles-ci, les thérapies cognitivo-comportementales s'avèrent relativement efficaces (Rubin et al., 2006[47]; Irvine, 2005[48]; Hillert et al., 2002[9]).

Hillert et al. (2002)[9] indiquent que le pronostic est meilleur lorsque la prise en charge est réalisée précocement et lorsque les symptômes sont associés au travail sur écran de visualisation. Soulignons encore qu'une rémission spontanée est observée dans un certain nombre de cas.

Röösli et al. (2004) ont analysé les moyens mis en œuvre pour éviter les symptômes. Réduire l'exposition est souvent considérée comme un moyen momentanément ou partiellement efficace dans l'amélioration de la symptomatologie par les personnes qui s'en plaignent. Mais la réduction de l'exposition semble entraîner la personne électrosensible dans une spirale d'évitements et d'aménagements qui ont des conséquences parfois importantes en termes de coûts, d'isolement social et professionnel et de qualité de vie.

Étant donné que les plaintes rapportées le sont généralement pour des niveaux d'exposition habituellement rencontrés dans notre vie quotidienne, cette solution devrait, au préalable, être mûrement réfléchie à la lumière des évaluations de l'exposition et des données scientifiques dans le domaine.

Le Professeur d'oncologie Dominique Belpomme, qui suit en France plusieurs centaines de personnes dont l'électrohypsersensibilité a été démontrée par des marqueurs spécifiques, a mis en place un traitement qui consiste à administrer des antagonistes pour le récepteur H1 (afin de fermer la barrière hématoencéphalique), des tonifiants du système nerveux (régénération des astrocytes) et un restaurateur vasculaire. Carine Houssay mène au sein de l'Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse une étude prospective utilisant un complexe stimulant les systèmes antioxydant et immunitaire en collaboration avec le Pr. Luc Montagnier[49].

Perspectives de recherche

Des recherches sont encore nécessaires, pour mieux comprendre les causes et d'autres aspects de la symptomatologie, et pour tester l'efficacité des méthodes thérapeutiques destinées à aider les personnes se plaignant d'électrosensibilité.

L'hypothèse selon laquelle les électrosensibles auraient une plus grande réactivité du système nerveux central (Wang et coll., 1994[50]; Sandström, 1997; Lyskov et coll., 2001[51]) est également à suivre. Il s'agirait d'une prédisposition physiologique qui entraînerait une sensibilité plus grande aux facteurs environnementaux de stress.

L'Association de Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse, dirigée par le Professeur Dominique Belpomme, travaille par ailleurs sur le sujet.

Notes et références

  1. Laurent Carpentier, « Les révoltés des ondes » sur Le Monde.fr, 2 Mai 2008
  2. a et b (en) James Rubin, J. Das Munshi et Simon Wessely, « Electromagnetic hypersensitivity : a systematic review of provocation studies », dans Psychosom Med, vol. 67, no 2, mars et avril 2005, p. 224-32 [texte intégral] 
  3. Nouvelle étude montrant que ce n'est pas psychologique : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21793784 - également une étude française, qui avec des scanners du cerveau (encéphaloscan) et analyses sanguines montre des résultats anormaux chez les personnes se disant intolérant aux ondes : http://www.artac.info/images/telechargement/SICEM/electrosensibiliterecherche.pdf
  4. http://assembly.coe.int/Documents/WorkingDocs/Doc11/FDOC12608.pdf
  5. "Les gens qui aiment cette technologie ne peuvent pas imaginer leur vie sans elle" Talal Jabari, réalisateur du documentaire Full Signal
  6. 1,16 milliard de téléphones mobiles ont été vendus dans le monde en 2009 http://www.journaldunet.com/cc/05_mobile/mobile_marche_mde.shtml
  7. a, b, c, d, e, f et g (fr) Champs électromagnétiques et santé publique, OMS, décembre 2005
  8. http://www.artac.info/index.php?option=com_content&view=article&id=289&Itemid=128
  9. a, b, c et d Hillert, L., Berglind, N., Arnetz, BB., Bellander, T. (2002). Prevalence of self-reported hypersensitivity to electric or magnetic fields in a population-based questionnaire survey. Scand J Work Environ Health, 28(1):33-41.
  10. Röösli, M., Moser, M., Baldinini, Y., Meier, M., & Braun-Fahrländer, C. (2004). Symptoms of ill health ascribed to electromagnetic field exposure - a questionnaire survey. Int. J. Hyg. Environ. Health, 207:141-150.
  11. a, b et c Bergqvist, U., Vogel, E., Aringer, L., Cunningham, J., Gobba, F., Leitgeb, N., Miro, L., Neubauer, G., Ruppe, I., Vecchia, P. & Wadman, C. (1997). Possible health implications of subjective symptoms and electromagnetic fields. A report prepared by a European group of experts for the European Commission, DG V. (voir le rapport)
  12. Levallois, P., Neutra, R., Lee, G., & Hristova, L. (2002). Study of self-reported hypersensitivity to electromagnetic fields in California. Environ Health Perspect, 110 Suppl 4:619-23.
  13. Schroeder, E. (2002). Stakeholder-Perspektiven zur Novellierung der 26.BlmSchV. Ergebnisse der bundesweiten Telefonumfrage im Auftrag des Bundesamtes für Strahlenschutz (BfS).
  14. Leitgeb, N. & Schrottner, J. (2003). Electrosensibility and electromagnetic hypersensitivity. Bioelectromagnetics, 24(6):387-94.
  15. Schrottner, J. & Leitgeb, N. (2008). Sensitivity to electricity - Temporal changes in Austria. BMC Public Health, 8:310.
  16. (en) Are some people sensitive to mobile phone signals? Within participants double blind randomised provocation study, Rubin G.J. et al., mars 2006, [lire en ligne]
  17. RCR wireless news, le 2 juillet 2002
  18. « Les chercheurs présumaient que les réactions sont instantanées alors que souvent il y a un délai entre l’exposition et la réponse. Les gens ne sont pas des interrupteurs qu’on peut allumer et éteindre. Ces études insinuent de manière erronée que si l’on ne peut pas sentir quelque chose, cela ne peut nous nuire. Or, on sait très bien que l’on ne peut pas détecter le goût de l’arsenic, du plomb, du DDT ni de l’amiante, mais ils sont tous toxiques. » http://www.21esiecle.qc.ca/files/SICEM.pdf
  19. «Les gens qui aiment cette technologie ne peuvent pas imaginer leur vie sans elle» http://www.next-up.org/France/LTE.php
  20. Conclusion: EMF hypersensitivity can occur as a bona fide environmentally-inducible neurological syndrome. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21793784
  21. chez ces malades, on a pu mettre en évidence l’existence d’une ouverture de la barrière hémato-encéphalique, en pratiquant des échodoplers cérébraux pulsés (ou encéphaloscans – voir encadré ci-après) qui montrent l’existence d’une hypoperfusion vasculaire cérébrale, une augmentation de différents biomarqueurs de stress ou de souffrance cérébrale dans le sang, (protéines de choc thermiques HSP70 et HSP27, protéine O-myéline, S100B) et un certain nombre de perturbations biologiques, telles une augmentation de l’histamine circulante et une baisse de la mélatonine urinaire, ces différentes perturbations nous permettant sans conteste de reconnaître objectivement l’affection. (cf Tableau 1) http://www.artac.info/images/telechargement/SICEM/electrosensibiliterecherche.pdf
  22. Traduction libre de « The symptoms described by 'electromagnetic hypersensitivity' sufferers can be severe and are sometimes disabling. However, it has proved difficult to show under blind conditions that exposure to electromagnetic fields can trigger these symptoms. This suggests that 'electromagnetic hypersensitivity' is unrelated to the presence of electromagnetic fields, although more research into this phenomenon is required. »
  23. (en) Sabine Regel, Sonja Negovetic, Martin Roosli, Veronica Berdinas, Jurgen Schuderer, Anke Huss, Urs Lott, Niels Kuster et Peter Achermann, « UMTS base station-like exposure, well-being, and cognitive performance », dans Environ Health Perspect, vol. 114, no 8, août 2006, p. 1270–5 [texte intégral] .
  24. (en) James Rubin, G. Hahn, B.S. Everitt, A.J. Clear et Simon Wessely, « Within-participants, double-blind, randomised provocation study », dans British Medical Journal, vol. 332, 2006, p. 886–889 [texte intégral] .
  25. (en) J. Wilen, A. Johansson, N. Kalezic, E. Lyskov et M. Sandstrom, « Psychophysiological tests and provocation of subjects with mobile phone related symptoms », dans Bioelectromagnetics, vol. 27, no 3, avril 2006, p. 204–14 [texte intégral] 
  26. (en) « Correspondence », dans Environmental Health Perspectives, vol. 116, no 2, 1er février 2008, p. A62 [texte intégral [PDF]] 
  27. (en) Electrosmog in the clear with scientists, The Guardian, 18 janvier 2007. Consulté le 2008-05-29
  28. 2010 M.Havas, et al: Microwave Radiation Affects Autonomic Nervous System, Eu J Oncology Library Vol.5
  29. (en) N. Irvine, A. Johansson, N. Kalezic, E. Lyskov et M. Sandstrom, « Definition, epidemiology and management of electrical sensitivity », dans Report for the Radiation Protection Division of the UK Health Protection Agency, HPA-RPD-010, avril 2005 [texte intégral] .
  30. a et b (en) Rapport Bioinitiative, sur bioinitiative.org, publié le 31 août 2007 par le Bio-initiative Working Group, dont un résumé en Français, de 25 pages, fait par le CRIIREM
  31. http://web.jrc.ec.europa.eu/emf-net/participants.cfm#france
  32. Rapport de l'Afsset d'octobre 2009, page 322 à 326
  33. Position de l'Académie de médecine du 3 février 2009
  34. http://www.bioinitiative.org/
  35. (en) Bioelectromagnetics newsletter, mars/avril 2008, page 7, traduction libre de « analysis by good theoretical physicists suggests that nothing is going to happen but the deposition of additional energy that, if sufficient, can elevate tissue temperature. But physicists don’t know everything so we turn to the biologists and find that an analysis of the biological database reveals no consistently reproducible (independent) LLNT effect after about 50 or 60 years of research. »
  36. Le rapport Bioinitiative ou l’apparence de sérieux scientifique - AFIS
  37. (en) Radiation risk from everyday devices assessed sur www.eea.europa.eu, Agence européenne pour l'environnement, 17 septembre 2007
  38. Signaux précoces et leçons tardives: le principe de précaution 1896–2000 sur www.eea.europa.eu, Agence européenne pour l'environnement, 9 janvier 2002
  39. http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=4&ved=0CDQQFjAD&url=http%3A%2F%2F90plan.ovh.net%2F~artac%2Fimages%2Ftelechargement%2FSICEM%2Felectrosensibiliterecherche.pdf&rct=j&q=artac%20%C3%A9lectrohypersensibilit%C3%A9%20marqueurs&ei=_0HSTcLuDoe0hAeW4cn4CQ&usg=AFQjCNGUBsuRW7AJqKNerRtTIiXwlisL9g&cad=rja
  40. http://www.next-up.org/pdf/Ems_Jodi_Rell_Governor_Connecticut_May_2009.pdf
  41. http://www.next-up.org/pdf/Ems_Charlie_Crist_Governor_Florida_May_2009.pdf
  42. http://www.robindestoits.org/attachment/149833/
  43. http://www.robindestoits.org/L-electrosensibilite-reconnue-par-l-agence-sanitaire-d-Angleterre-Agoravox-16-11-2005_a150.html
  44. Röösli, M., Moser, M., Baldinini, Y., Meier, M., & Braun-Fahrländer, C., Symptoms of ill health ascribed to electromagnetic field exposure - a questionnaire survey, 2004, Int. J. Hyg. Environ. Health, 207:141-150.
  45. Schreier, N., Huss, A., & Röösli, M. The prevalence of symptoms attributed to electromagnetic field exposure: a cross-sectional representative survey in Switzerland, 2006, Soz Praventiv Med, 51:202-209.
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Autres références

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