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Risques sanitaires des télécommunications
Les risques sanitaires des télécommunications définissent les risques sanitaires qui pourraient être dus au rayonnement électromagnétique et aux ondes électromagnétiques générés directement ou indirectement par les appareils de télécommunications. La recherche fondamentale a établi que les ondes électromagnétiques pouvaient avoir un impact sur les cellules et les protéines produites. Ces champs électromagnétiques sont perçus par certains comme une « pollution électromagnétique » dangereuse pour la santé. Une majorité des études scientifiques, notamment celles soutenues par des groupes ayant des liens avec l'industrie téléphonique, considère que, étant données les différentes normes et différents seuils définis par les autorités sanitaires, les risques sont nuls ou très faibles, notamment à l'échelle individuelle.
Le domaine est sujet à controverse et les impacts sur le très long terme de l'exposition au rayonnement électromagnétique issus des appareils modernes sont encore relativement méconnus.
Sommaire
Réseaux sans fil et santé
Le développement récent de la diffusion de la téléphonie mobile a engendré des inquiétudes quant à des risques potentiels sur la santé du public concernant l'ensemble des équipements professionnels et d'usage domestique qui mettent en oeuvre les technologies de transmission sans-fil à radio fréquence.
Pour y répondre, de nombreuses études ont été réalisées, notamment en France par le Pr. Madeleine Bastide (Université Montpellier 1), en Angleterre par le Dr Alan Preece (Université de Bristol), aux États-Unis par le Dr Henry Lai (Université de Washington), le Dr George Carlo (projet WTR), en Belgique par A. Vandervorst (Université de Louvain), et l'OMS[1](Organisation Mondiale de la Santé) avec le projet EMF, et bien d'autres, sans apporter de preuve convaincante que l'exposition aux champs de radio fréquence abrège la durée de vie de l'homme.
Là où aucune n'a pu établir clairement l'innocuité de ces ondes à faibles doses (en dessous de 2 W/kg sur 10 g), d'autres ont en revanche mis en évidence des dangers à terme pour le corps humain tels que des cancers[2],[3]ou la perméabilisation des membranes cellulaires, tel que la barrière hémato-encéphalique[4].
Les organisations internationales, comme l'ICNIRP[5] (Commission internationale sur la protection contre les radiations non ionisantes), limitent le niveau de puissance des appareils sans fil. Cependant, ces recommandations sont critiquées car elles ne tiennent pas compte des effets non-thermiques (ce qui a été admis par l'ICNIRP).
Les autorités nationales, comme L'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (AFSSET)[6] , émettent des avis de prudence tout en favorisant la poursuite des recherches pour dresser un tableau plus complet des risques sanitaires potentiels, notamment des risques éventuels de cancer résultant de l'exposition à des champs de radio fréquence de faible intensité.
Dans ces conditions, certains en appellent à l'application stricte du principe de précaution, dans ce sens l'Agence européenne pour l'environnement, compte tenu des doutes subsistants, préconise de réduire les limites d'expositions actuelles[7],[8].
Technologie des réseaux sans fil
Les réseaux sans fil permettent à au moins deux terminaux (téléphone domestique de type DECT, émetteur/récepteur de type Walky-talkies, télécommande d'ouverture de porte, système de vidéosurveillance...) de communiquer à distance, même en mouvement, sans interconnexion filaire. Les informations sont véhiculées par des transmissions radio-électriques (propagation d'ondes hertziennes) dans des plages de fréquences élevées (habituellement à l'intérieur d'une bande de fréquences entre 2,4 et 5,8 GHz, selon le protocole utilisé (Wi-Fi, WiMAX, OFDM, Bluetooth, etc)) et relayées par un réseau étendu d'antennes. Le développement de ce type de réseaux a pour conséquence la généralisation de l'exposition des populations à des champs électromagnétiques de radio fréquence (RF). Le système est composé d'une station de base (appelée point d'accès ou PA) qui établit une communication point-multipoint avec un certain nombre d'unités inscrites (UI) auxquelles les terminaux clients sont connectés. Les deux appareils sont bidirectionnels et possèdent des antennes radio qui émettent avec une certaine puissance. Par définition, les UI sont situés très près du terminal de l'utilisateur et la communication est permanente ou ponctuelle (lorsqu'il y a un appel, dans le cas du téléphone cellulaire). Dans un petit environnement de travail ou à la maison, le PA est aussi souvent situé près des êtres humains. La puissance de transmission d'un point d'accès sans fil typique est d'environ 35 mW, bien que les normes autorisent un niveau de puissance jusqu'à 200 mW, voire 2 W dans le cas des téléphones cellulaires. Pour ces derniers, le niveau de puissance peut varier fortement en fonction des conditions de distance et de propagation, mais en secteur urbain les téléphones cellulaires opèrent typiquement à ces niveaux de puissance. Les puissances émises par les téléphones cellulaires sont supérieures à celles qui sont mises en jeu dans les autres types d'appareils à réseau sans fil, ainsi, pour ces derniers, la conscience publique sur les questions de santé semble plus faible.
De plus, la plupart des appareils électriques et électroniques créent des champs électromagnétiques dans leur environnement, générés par le courant alternatif. Les humains sont à chaque jour et depuis plusieurs décennies, en contact avec des ordinateurs, écrans vidéos, télévisions, fours à micro-ondes, lampes fluorescentes, moteurs électriques, appareils d'imagerie médicale,... La puissance de fond des champs électromagnétiques à domicile peut varier de 0 à 5 mW par mètre carré et il n'est pas rare qu'elle atteigne 100 mW par mètre carré près des antennes relais des téléphones cellulaires. Les effets à long terme de ces champs électromagnétiques sur la santé des humains et des animaux sont encore inconnus et la plupart des résultats d'études disponibles ne portent que sur le court terme et ne prennent pas en compte les effets non thermiques des rayonnements. Quelques personnes ont reporté une sensibilité électrique, un sentiment de malaise à des niveaux d'exposition bien en dessous des seuils des recommandations internationales.
Études en faveur d'une nocivité
Une étude Israélienne financée en partie par l'OMS a démontré que le risque de tumeur de la glande parotide était accentué chez les personnes qui utilisaient leur téléphone mobile plus de 45min par jour [9]. Cependant, comme souvent dans ce genre d'étude épidémiologique, des biais sont possibles, c'est pourquoi le directeur de l'étude, Sigal Sadetski, rappelle « Les résultats d’une seule étude épidémiologique ne constituent pas une base suffisamment solide pour admettre une causalité. Des investigations supplémentaires sur cette association, avec des temps de latence plus importants et un plus grand nombre de gros utilisateurs sont nécessaires pour confirmer nos conclusions »[10]
Perspectives
Les études en cours étendent le champ des investigations pour prendre en compte notamment les rayonnements à très basse fréquence et les effets à très long terme. Les résultats attendus devraient permettre d'établir les limitations d'usage pour contenir les risques et définir des normes internationales.
Certaines nouvelles technologies de réseau sans fil actuellement à l'étude permettront de réduire la puissance émise à des niveaux inférieurs au bruit en la rendant ainsi inoffensive pour la santé humaine.
Il est possible de limiter son exposition aux ondes électromagnétiques en:
- Évitant de téléphoner trop longtemps (privilégier les SMS);
- Utilisant une oreillette filaire (non Bluetooth par exemple);
- Évitant de téléphoner dans de mauvaises conditions (2 "briques" de réseau ou moins) ou en se déplaçant;
- Ne collant pas son oreille au début de la conversation (recherche du numéro et 2 à 3 secondes après que le correspondant ait décroché). En effet, le mobile émet à puissance maximale à cet instant avant d'adapter et réduire sa puissance d'émission.
Des études en rétro-perspective ont permis de retrouver des publications de la fin du XIXe siècle qui alertaient le public au sujet des dangers de l'exposition au rayonnement des postes téléphoniques.
Le 4 février 2009, la cour d'appel de Versailles a condamné « l'entreprise Bouygues Telecom à démonter sous quatre mois ses antennes relais installées à Tassin-la-Demi-Lune, près de Lyon » en reconnaissant « l'exposition à un risque sanitaire »[11] et en invoquant le principe de précaution[12].
Chantal Jouanno s'est déclarée le 27 février 2009 favorable à l'interdiction de l'utilisation des téléphones portables par les enfants, le risque zéro n'existant pas. Elle précise « Sans être catastrophistes, peut-être devrons-nous un jour rendre l'oreillette obligatoire pour tout le monde » [13]. Devant l'inquiétude de la population, le gouvernement organise d'ailleurs un grand débat dit Grenelle des ondes.
Opposition au téléphone portable pour les enfants
La Ville de Lyon a demandé aux parents, par le biais d'une campagne de communication, de renoncer à l’usage du téléphone portable pour les enfants de moins de 12 ans, au moyen d'une affiche qui déclare: Le portable avant 12 ans c'est non ! [14]
Annexes
Articles connexes
- Pollution électromagnétique
- Débit d'absorption spécifique
- Téléphonie mobile
- Wi-Fi
- WiMAX
- Bluetooth
- Sensibilité électromagnétique
- Base Transceiver Station
- Antenne-relais de téléphonie mobile
- Robin des Toits
Documentation
- [pdf] Avancement de l'étude Interphone coordonnée par l'IARC Centre international de recherche sur le cancer
- [pdf] Avis de l'AFSSE (Agence française de sécurité sanitaire et environnementale) sur la téléphonie mobile 2005
- [pdf] Rapport des Sénateurs français JL. Lorrain et D. Raoul
- [pdf] Rapport Zmirou
- [pdf] Recommandation du Conseil, du 12 juillet 1999, relative à la limitation de l'exposition du public aux champs électromagnétiques (de 0 Hz à 300 GHz)
Liens externes
- Dossier Téléphonie Mobile du Ministère français de la Santé
- Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP)
- (fr) Association nationale Robin des Toits : pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil
Notes et références
- ↑ (fr)[1] Projet d'évaluation des effets sur la santé et sur l'environnement de l'exposition aux champs électriques et magnétiques compris dans les fréquences de 0 à 300 GHz.
- ↑ [2] Résultats de l'étude européenne REFLEX
- ↑ Cellular Phone Use and Risk of Benign and Malignant Parotid Gland Tumors A Nationwide Case-Control Study -- Sadetzki et al., 10.1093/aje/kwm325 -- American Journal of Epidemiology
- ↑ Comobio - SP6
- ↑ (en) [3] Commission internationale sur la protection contre les rayonnements non ionisants.
- ↑ [4]Avis de l'AFSSET concernant les effets biologiques des ondes électromagnétiques
- ↑ Dépêche de l'Agence Européenne pour l'Environnement
- ↑ http://www.icnirp.org/documents/emfgdl.pdf ICNIRP guidelines
- ↑ Le téléphone mobile : à utiliser avec modération - DegroupNews.com
- ↑ Futura Science
- ↑ « Bouygues condamné à démonter des antennes mobiles », libélyon, 5 février 2009.
- ↑ « Téléphones portables : bientôt un "Grenelle des antennes" ? », Rue89, 6 février 2009.
- ↑ Portables : Le risque zéro n'existe pas.
- ↑ http://www.agirpourlenvironnement.org/pdf/AfficheLyon.pdf
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