- Semaine des barricades
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Semaine des barricades
Barricades dans la rue Michelet d'Alger, avec une banderole des insurgés portant la mention "VIVE MASSU".Informations générales Date 24 janvier 1960 - 1er février 1960 Lieu Plateau des Glières, Alger, Département d'Algérie Issue Belligérants France Algérie française Commandants Charles de Gaulle
Paul Delouvrier
Maurice ChallePierre Lagaillarde
Joseph OrtizForces en présence Gardes mobiles
Parachutistes de la 10e DP
Parachutistes de la 25e DP
Appelés du contingentUnités Territoriales
Milice du FNFPertes 14 gendarmes mobiles tués[1] 6 tués Guerre d'Algérie Batailles Du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962 Toussaint Rouge — Opération Eckhmül — Opération Aloès — Opération Véronique — Opération Violette — Opération Timgad — Bataille d'El Djorf — Opération Massu — Embuscade de Palestro — Bataille d'Alger — Bataille de Bouzegza — Coup du 13 mai — Opération Résurrection — Opération Couronne — Opération Brumaire — Semaine des barricades — Manifestation de Décembre 1960 — Putsch des Généraux — Combat du Fedj Zezoua — Plan Challe
Du 19 mars 1962 au 5 juillet 1962 Bataille de Bab el Oued — Fusillade de la rue d'Islymodifier La semaine des barricades désigne les journées insurrectionnelles qui se sont déroulée du 24 janvier au 1er février 1960 à Alger durant la Guerre d'Algérie (1954-1962). Son instigateur Pierre Lagaillarde (28 ans) député d'Alger (et ex-parachutiste) ainsi que ses acolytes Joseph Ortiz (47 ans), patron du bar algérois le Forum, et Robert Martel (42 ans), agriculteur de la Mitidja, organisent une manifestation au cours de laquelle une partie de la population algérienne d'origine européenne et musulmane[2]manifeste son mécontentement face à la mutation en métropole du général Massu, le 19 janvier 1960, sur décision du président Charles de Gaulle. Des barricades sont dressées rue Michelet et rue Charles Péguy.
Sommaire
Contexte
Rejet de l'autodétermination
Lors de son discours du 16 septembre 1959, le général de Gaulle évoque le « droit des Algériens à l'autodétermination » et propose trois solutions : sécession, francisation ou association. Qu'une solution autre que française soit envisagée au conflit qui dure depuis 5 ans est jugé inacceptable aussi bien par la population française d'Algérie, que par beaucoup de militaires.
Les membres les plus activistes partisans de l'Algérie française, tels Joseph Ortiz, Jean-Jacques Susini, ou le député Pierre Lagaillarde préparent l'organisation d'une nouvelle journée ayant pour but de s'emparer des bâtiments publics avec l'aide de militaires, et de créer un nouveau mouvement insurrectionnel. Ils ne pardonnent pas à de Gaulle d'avoir retourné à son profit les événements du 13 mai 1958 qui avaient conduit à la chute de la IVe République.
L'affaire Massu
Le 18 janvier 1960 lors d'une entrevue accordée à Hans Ulrich Kempski, journaliste au quotidien ouest-allemand Süddeutsche Zeitung, le général parachutiste Massu, « héros local » de la Bataille d'Alger (1957) et du Putsch d'Alger (1958), a commis une enfreinte envers le devoir de réserve lié à sa profession et un « crime de lèse-majesté » envers le chef de l'Etat; ce qui lui a valu son départ d'Algérie.
Les circonstances de cette mutation sont directement liées à un passage équivoque paru dans le journal allemand où l'officier émet son scepticisme quant à la conduite des affaires algériennes par l'Élysée : « De Gaulle était le seul homme à notre disposition. Peut-être l'armée a-t-elle fait une erreur »[3]. Bien que Massu ait toujours contesté avoir tenu de tels propos, l'article est paru dans la presse internationale et Paris a mis en doute sa loyauté ce qui a entraîné son rapatriement immédiat en métropole.
A bien des égards cette affaire politico-médiatique rappelle celle, survenue quelques années plus tôt pendant la guerre d'Indochine, dite des Généraux ou (rapport Revers) et impliquant cette fois les indiscrétions du général Revers dans le magazine L'Express.
Chronologie des journées insurrectionnelles
Dimanche 24 janvier
La manifestation débute à Alger le 24 janvier, mais il s'avère que les membres de l'armée française ne s'associeront pas à un mouvement insurrectionnel. Le Général Challe prévient les insurgés qu'il fera tirer si la Délégation générale (ex Gouvernement Général) est investie. Joseph Ortiz décide alors de se replier dans le bâtiment de la Compagnie algérienne, au balcon duquel il prononcera un discours de ralliement à la population « L'Algérie doit choisir, être française ou mourir »[4]. Il fait dresser des barricades autour, gardées par des hommes en armes, membres de son mouvement, le Front national français, ou bien des Unités Territoriales, réservistes participant par roulement au maintien de l'ordre. Pierre Lagaillarde fait de même à l'Université, quartier des facultés, où il établit son poste de commandement surnommé « Alcazar » (voir Commando Alcazar).
Vers 18 heures, les gendarmes mobiles et les CRS reçoivent l'ordre de faire évacuer les manifestants. Un coup de feu est tiré déclenchant une fusillade nourrie. Les parachutistes tardent à s'interposer. Le bilan est lourd. 14 gendarmes sont tués, ainsi que 6 manifestants. Il y a environ 150 blessés.
Lundi 25 janvier
Le lundi 25 janvier, le délégué général Paul Delouvrier et le chef des armées en Algérie, le général Challe sont en position difficile. Si l'armée ne s'est pas ralliée aux insurgés, Challe sait qu'une partie importante de ses subordonnés leur est favorable et qu'il ne peut donner l'ordre de tirer.
Michel Debré, premier ministre, et Pierre Guillaumat, ministre des Armées, se rendent à Alger et réalisent la gravité de la situation. Le colonel Antoine Argoud leur annonce que, si de Gaulle ne veut pas renoncer à l'autodétermination, « les colonels se chargeront de l'y contraindre ». La pression d'Argoud sur Delouvrier se poursuivra dans la journée du 26 janvier. Paul Delouvrier décide alors de fuir Alger. Il convainc le général Challe de se replier avec lui. Auparavant, Delouvrier enregistre un discours appelant la population à la raison. Il y propose également le pardon à Ortiz et Lagaillarde, ce qui lui sera reproché par Paris.
Jeudi 28 janvier
Delouvrier et Challe se rendent le 28 janvier à la base aérienne de Reghaïa et y installent leur nouveau quartier général.
Vendredi 29 janvier
Le président Charles de Gaulle (en uniforme de général) fait une allocution télévisée. Il appelle l'armée à ne pas se joindre aux insurgés, qu'il condamne.
Samedi 30 janvier
Le discours du président, ainsi que celui de Delouvrier portent leur fruit, aussi bien auprès des soldats que des membres des Unités Territoriales dont la plupart des membres abandonnent peu à peu les barricades. Seuls les plus déterminés poursuivent le mouvement.
Dimanche 31 janvier
Des négociations sont menées pendant toute la journée du dimanche 31 pour obtenir la reddition des insurgés. Joseph Ortiz s'enfuit dans la nuit du dimanche au lundi.
Lundi 1er février
Le 1er février, Pierre Lagaillarde et ses partisans organisés en colonne, se rendent aux parachutistes du 1er REP qui leur rendent les honneurs militaires.
Conséquences
Bilan humain
Le bilan fait état d'environ une vingtaine de morts et 150 blessés.
Dissolution des UT, création du Commando Alcazar
Article détaillé : Commando Alcazar.Cette semaine marque une escalade des partisans de l'Algérie française. Elle s'inscrit à la suite de la journée du 13 mai 1958 et préfigure la tentative de coup d'État du 22 avril 1961. La répression est sévère : Les Unités Territoriales créées en 1955[5] sont dissoutes à l'issue de cette insurrection[6] ainsi que les 5e bureaux. Les volontaires peuvent s'engager dans le Commando Alcazar du 1er REP qui est spécialement créé.
Renforcement de la division entre la métropole et l'Algérie
Article connexe : Front Algérie Française.Elle est également le symbole d'une fracture entre Français : d'un côté les Français de métropole las de cette guerre et qui soutiennent la proposition d'autodétermination du président de Gaulle, et d'autre part, les Français d'Algérie qui se sentent trahis et abandonnés.
Renforcement du trouble dans l'armée
Article connexe : Putsch des généraux.Elle montre aussi le trouble qui sévit dans l'armée, celle-ci se divisant entre allégeance au gouvernement légal de Paris et soutien à la population française d'Algérie. Le Général Challe, qui venait d'obtenir la victoire sur le terrain est limogé.
Procès des Barricades
Articles connexes : OAS et Amnistie en France.Les meneurs sont arrêtés et emprisonnés et jugés par un tribunal militaire en Métropole. Le procès dit « des Barricades » se tient à Paris au mois de novembre 1960. Les accusés Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz, mis en liberté provisoire pour la durée du procès, s'enfuient à Madrid, Espagne où ils fondent l'OAS en décembre.
Tous deux sont jugés par contumace mais bénéficient de l'amnistie présidentielle en 1968.
Discographie
- Les barricades, Jean-Pax Méfret, Vous allez me traiter de réac’, 1980[7]
Références
- Journées des barricades à Alger. Obsèques des gendarmes mobiles tués le 24 janvier 1960., Ministère de la Défense ECPAD
- La semaine des barricades (24 janvier – 1er février 1960) archives Ministère de la Défense - ECPAD]
- Time magazine, FRANCE: The Test for De Gaulle, Monday, Feb. 01, 1960
- Documentaire La Guerre d'Algérie, Yves Courrière & Philippe Monnier, Reggane Films, 1972
- Militaires et guérilla dans la guerre d'Algérie, Volume 863 de Editions Complexe, Jean-Charles Jauffret, Maurice Vaïsse, Charles Robert Ageron, Editions Complexe, 2001, p.517
- Amendement Salan
- Site officiel de J-P.Méfret
Voir aussi
Archives vidéo INA
- AMBIANCE ALGERIENNE, Journal Télévisé de la Nuit, ORTF, 24/06/1960 (rétrospective)
Liens externes
- Dossier thématique ECPAD sur la semaine des barricades à Alger (album photos, montage d'archives vidéo et notice documentaire)
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