Siège de l'Alcazar de Tolède

Siège de l'Alcazar de Tolède

Siège de l'Alcázar de Tolède

Siège de l'Alcázar de Tolède
Alcazar ruins toledo small.jpg
Vue des ruines de l'Alcázar à la fin du siège.
Informations générales
Date 19 juillet 1936 au 26  septembre 1936
Lieu autour de Alcázar de Tolède (Espagne)
Issue Victoire nationaliste décisive
Belligérants
Flag of Spain under Franco 1938 1945.svg Nationalistes Flag of the Second Spanish Republic.svg Républicains
Commandants
José Moscardó
Pedro Romero Bassart
José Enrique Varela
Candido Cabello
Forces en présence
entre 1 028 gardes civils, soldats, cadets et miliciens entre 6 000 et 8 000 miliciens
Pertes
48 morts
env. 438 blessés
22 disparus
inconnues
Guerre d'Espagne
Batailles
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Le siège de l'Alcázar de Tolède est un épisode de la guerre d'Espagne.

C'est au début de la guerre civile, le 19 juillet 1936, que le colonel Moscardo s'enferma dans l'Alcázar de Tolède avec quelques centaines de civils et de militaires qui vont être assiégés jusqu'au 26 septembre ; deux mois sous les bombardements et minage par les troupes et les milices républicaines. À la libération par les troupes franquistes il ne resta qu'un champ de ruines, détruit dans sa quasi totalité. Il fut reconstruit postérieurement et est devenu le musée et le siège des bureaux de l'Armée.

Depuis le 18 juillet 1936, on se battait dans Tolède. Dès que la nouvelle de l'insurrection de Franco y était parvenue, les forces gouvernementales et le Frente popular avaient pris les armes. De leur côté, les nationalistes entendent résister. À Guadalajara et Tolède, dans ces deux villes relativement proches de Madrid, le soulèvement était momentanément triomphant. À Tolède la supériorité numérique des troupes régulières du général Riquelme et de la milice oblige un groupe de rebelles, sous les ordres du colonel d'infanterie José Moscardó (âgé de 58 ans), gouverneur militaire et directeur de l'école centrale de gymnastique de l'armée, à se replier dans l'Alcazar (siège de l'école des cadets) dont la masse surplombante dominant la ville et le Tage parut au colonel Moscardo le lieu indiqué pour diriger la lutte et soustraire ses hommes « à la fureur des Rouges ». Devançant l'ennemi, il s'y enferma, dès le 22 juillet, emmenant avec lui ses troupes, des membres de l'élite de la ville particulièrement menacés et les familles des gardes civils. Le temps pressant, Moscardo ne put mettre à l'abri à l'Alcázar sa propre épouse, Doña Maria, réfugiée chez un ami, à la campagne et deux de ses fils, Luis, un garçon de presque 17 ans, et Carmelo, de trois ans son cadet.

Son premier soin fut la mise en état de défense de l'Alcazar. Il lui était parvenu, avant qu'on connût son adhésion au soulèvement militaire, un ordre émané du gouvernement. Il lui était enjoint d'expédier à Madrid les armes, munitions et produits pharmaceutiques en dépôt à Tolède. Moscardo s'était hâté d'effectuer le transfert, non vers la capitale, mais à l'Alcazar. Il avait emmagasiné ainsi 1 300 000 cartouches, 1 200 fusils, 38 mitrailleuses et fusils-mitrailleurs et un mortier ; du blé et des conserves fourniraient un ravitaillement provisoire. Au prix d'un sévère rationnement, la famine sera évitée. La pénurie d'eau également, celle-ci étant prélevée dans les citernes. Mais les assiégés devront se contenter, pour la boisson, la lessive et la toilette, d'un litre par personne et par jour.

Moscardo repousse les tentatives faites par le ministère de la Guerre et le gouvernement pour obtenir sa capitulation ; il se barricade à l'intérieur de l'Alcazar avec environ 1 300 hommes armés, dont :

  • 847 gardes civils
  • 185 officiers et élèves de l'école de gymnastique
  • 85 phalangistes et militants d'extrême droite.
  • 6 cadets de l'École militaire (à cette époque de l'année, celle-ci était en vacances).
  • 600 femmes et enfants, pour la plupart parents des défenseurs ou d'autres Tolédans.
  • 200 "notables", 3 sœurs de la Charité, infirmières et leur supérieure, mère Josepha.
  • 2 médecins de l'armée et 1 chirurgien major.
  • Enfin, le colonel prit aussi le gouverneur civil, Manuel Gonzalez Lopez, "avec toute sa famille et une centaine de personnes appartenant aux milieux politiques d'extrême gauche, comme otages".

En tout, quelque 2 000 personnes, encerclées au début par 8 000 assiégeants puissamment armés.

La place ne manquait pas. L'Alcazar est un véritable dédale de chambres, de hautes salles, de galeries, de souterrains derrière des murailles de 3,5 m d'épaisseur.

Les écuries contenaient encore 177 chevaux et 30 mulets. Leur nombre diminua graduellement, les animaux servant de viande de boucherie. Au jour de la délivrance, il n'en restait plus que 10. Faute de sel on saupoudrait les quartiers de viande avec du salpêtre gratté sur les murs.

Sommaire

L'histoire de Luis Moscardo

Le 23 juillet, de Madrid, le ministre de l'Éducation, celui de la Guerre, puis le général Riquelme avaient tour à tour téléphoné au colonel Moscardo, pour tenter de le convaincre de se rendre. Finalement, le 23 juillet, un avocat républicain de Tolède, Candido Cabello, chef des milices, appela par téléphone Moscardo et lui dit que, s'il ne remettait pas l'Alcazar dans les dix minutes, il ferait fusiller son fils de 17 ans, Luis Moscardo, fait prisonnier le matin même. La conversation téléphonique est ainsi relatée dans Les Cadets de l'Alcazar d'Henri Massis et Robert Brasillach, ouvrage apologétique rédigé par deux personnalités du milieu littéraire français qui avaient pris parti en faveur du camp nationaliste[1] :

« - Colonel Moscardo ? interroge une voix au bout du fil [...] Votre fils est notre prisonnier... Si vous ne vous rendez pas, nous le fusillerons.
À peine le colonel Moscardo a-t-il répondu : Je ne me rendrai jamais ! qu'il reconnaît, au téléphone, la voix de son fils, un jeune homme de dix-huit ans qui faisait ses études d'ingénieur à Madrid et dont il ignorait qu'il fût à Tolède entre les mains de l'ennemi.
- Père, entend-il soudain, les hommes qui sont là disent qu'ils vont me fusiller... Rassurez-vous, ils ne me feront rien...
- Pour sauver ta vie, mon fils, ils veulent me prendre l'honneur et celui de tous ceux qui me sont confiés... Non, je ne livrerai pas l'Alcazar... Remets donc ton âme à Dieu, mon enfant, et que sa volonté soit faite.
... D'une main tremblante, le colonel Moscardo n'a pas raccroché l'appareil qu'il entend un feu de salve déchirer l'air du soir, puis retentir jusqu'au fond du ravin qui cerne la citadelle.
Les Rouges ont tué son fils, qui est mort en criant :
- Vive l'Espagne ! Vive le Christ-Roi ! »

Les historiens partagés

La version de l'histoire de Luis Moscardo propagée par les insurgés présente une similitude étonnante avec la légende du XIIIe siècle d'Alonso Pérez de Guzman (1256-1309), dit Guzman el Bueno, qui, devant les murs de la forteresse de Tarifa assiégée par les musulmans au temps de la Reconquista, sacrifie la vie de son fils.

En fait, Luis Moscardo ne trouva pas la mort à cette occasion ; il devait être exécuté le 23 août à la puerta del Cambrón au pied de la muraille impériale, aux côtés de quatre-vingts autres prisonniers, officiellement en représailles d'un raid aérien. Cette anecdote devient une légende en Espagne franquiste.

En 1957, Herbert Matthews, historien américain a, le premier, nié cette histoire dans son livre The Yoke and the Arrows, affirmant que la ligne téléphonique était déjà coupée et que « l'histoire était trop belle pour être vraie. » Il fut suivi par nombre d'historiens depuis, tels que Hugh Thomas (1960), Vilanova (1963), Philippe Nourry (1976), Paul Preston (1994), etc.

César Vidal dans La Guerra de Franco, affirme clairement à propos de la discussion entre les Moscardos qu'une « telle affirmation est rigoureusement fausse sur le plan historique ». Il cite à l'appui de ce jugement Angelo Palomino dans Defensa del Alcazar, ainsi que Southworth, qui démontrerait dans El mito de la cruzada de Franco que la mort de Luis n'avait absolument rien à voir avec l'affaire de l'Alcazar.

Toutefois, si la plupart des historiens continuent en effet à considérer cette conversation comme un mythe, Herbert Matthews après une nouvelle enquête a reconnu avoir fait erreur et dans l'édition suivante de son ouvrage on peut lire : « Il n'y a pas de doute que la conversation eut lieu. » De même, Hugh Thomas et Philippe Nourry reconnaissent désormais la véracité des faits.

Deux historiens espagnols, Bullón de Mendoza et Togores ont rassemblé des éléments en faveur de l'historicité de cette conversation dans leur livre El Alcázar de Toledo. Final de una Polémica (Madrid, 1997). D'après leurs recherches, la conversation a eu plusieurs témoins, des officiers du côté de Moscardó et des miliciens du côté de Cabello, les uns et les autres témoignant dans l'après-guerre. Quant à la ligne téléphonique, elle n'était pas coupée comme on a pu le lire, mais les miliciens occupaient le central téléphonique de Tolède et en avaient le contrôle.

L'historique de l'Alcazar assiégé

Du 24 juillet au mois d'août, bien que la nourriture fût rare, il y avait de l'eau et des munitions. Les provisions furent bientôt augmentées grâce à une razzia dans un grenier voisin, d'où furent rapportés deux mille sacs de blé. Du pain et de la viande de cheval composeront l'ordinaire de la garnison. Au fil des jours, Moscardo fut peu à peu supplanté au commandement du siège par le colonel de la Garde Civile locale, Pedro Romero Bassart. Néanmoins, Moscardo restait le symbole de la résistance.

L'effectif des attaquants républicains fluctuait entre 2 000 et 5 000 ; parmi eux, il y avait beaucoup de « touristes » de la guerre, qui sortaient de Madrid en compagnie, qui de sa femme, qui de sa petite amie, pour passer l'après-midi à la chasse à la bécassine. Les otages républicains de l'Alcázar ne sont pas mentionnés : il est probable qu'ils furent exécutés par les forces nationalistes.

Tandis que l'Alcazar continuait de résister, la caserne de Loyola, à Saint-Sébastien, se rendit aux Basques le 27 juillet. À Albacete, les gardes civils avaient été écrasés le 25. Le 31 juillet, la caserne des officiers de Valence fut prise d'assaut par les sous-officiers et simples soldats en rébellion contre leurs supérieurs ; ceux qui, parmi les derniers, ne furent pas tués au moment de l'attaque passèrent rapidement en jugement, et beaucoup furent exécutés. Les seuls nids de résistance qui restaient donc aux rebelles nationalistes à l'intérieur du territoire républicain étaient Oviedo, la caserne de Simancas à Gijon, l'Alcazar de Tolède et un ou deux îlots en Andalousie.

Dans cette citadelle à demi démolie où un pan de mur, un plancher risquaient, à tout instant, de s'effondrer, des dactylographes composaient quotidiennement le journal des assiégés : El Alcazar. On a conservé quelques exemplaires de cette collection. Simples feuillets frappés à la machine, ils contenaient tout ce qui pouvait intéresser ou distraire les lecteurs : reproductions des communiqués transmis par la radio, liste de morts et de blessés, nouvelles de l'activité intérieure, jusqu'au côté plaisant de l'existence journalière. Le 14 août, El Alcazar affichait le programme du lendemain, fête nationale de l'Assomption. Et le 15, après la prière, dans l'abri souterrain, les enfants purent battre des mains devant les splendeurs du Cirque Alcazar.

Le 18 août, Les nouvelles du front devenaient plus alarmantes, la radio nationaliste annonce une victoire à Majorque, le 20 les progrès de l'armée du Nord vers Irun, le 21 un défaite de l'armée républicaine à Calzada de Oropesa permettant à la colonne du colonel Yague, remplacée ensuite par celle du général Varela, de marcher sur Tolède. Le 27, elle se trouvait à moins de 30 kilomètres, à Talavera. En effet, le retentissement international de la résistance de l'Alcazar avait incité Franco à reporter l'offensive contre Madrid pour délivrer les assiégés au risque de lui coûter Madrid. Franco en convient, mais il soutint qu'en secourant Moscardo, il y avait plus à gagner d'un point de vue spirituel (autrement dit pour la propagande).

Cette décision aura peut-être sauvé la capitale et favorisé la longueur de la guerre.

La jonction des troupes nationalistes contre Madrid

Au mois de septembre, l'état-major général nationaliste prévoyait que, plus ses armées se rapprocheraient de Madrid, plus la résistance républicaine serait âpre. Une pause fut mise à profit pour réorganiser la principale colonne en marche, et par la même occasion, Talavera devient une base d'appui pour les opérations lancées contre Madrid; un détachement fraîchement équipé et placé sous les ordres du colonel Delgado Serrano, progressait rapidement vers le nord afin d'établir une toute première jonction avec les troupes de l'armée du Nord de général Mola qui se trouvaient le plus au sud, la cavalerie du colonel Monasterio, partie d'Avila. Cette jonction fut réalisée le 8 septembre à Arenas de San Pedro, dans les monts Gredos, et elle eut pour effet d'isoler par l'ouest une grande partie du territoire républicain. Il devait s'ensuivre une pacification de la région, par les méthodes impitoyables habituelles.

Propositions d'un cessez-le-feu

Le 9 septembre, le lendemain de la jonction, les défenseurs de l'Alcazar de Tolède s'entendirent annoncer par un porte-voix depuis un poste de la milice campé dans une maison située de l'autre côté de la rue, que le commandant Vicente Rojo, un ancien adjoint de Moscardo à l'école de gymnastique, avait à leur transmettre une proposition du gouvernement. Rojo étant connu d'autres officiers dans les rangs des défenseurs. Le 10 septembre, il se présentait à l'entrée de l'esplanade. Un phalangiste lui banda les yeux et le conduisit devant Moscardo. Là, son bandeau ôté, il s'assit et l'entretien commence. Émouvante rencontre de deux hommes, tous deux braves soldats, liés jadis par une commune amitié, dont les divergences politiques avaient fait des ennemis, mais sans détruire en eux une sympathie réciproque.

Il propose d'accorder en contrepartie de la reddition de l'Alcazar, la liberté à toutes les femmes et aux enfants qui se trouvent à l'intérieur. Quant aux défenseurs eux-mêmes, ils seraient jugés en conseil de guerre.

Pourtant, dès le début, Moscardo se montre irréductible :

- Vous me parlez d'humanité, dit-il. Ma douleur de père pourrait déjà douter de vos sentiments.
- Vous m'assurez que ces femmes et ces enfants seraient traités par vous avec ménagement et auraient la vie sauve.
Alors pourquoi vos orateurs, vos journaux expriment-ils leur volonté de vengeance jusque sur des innocents ! Je suis responsable de ces enfants, de ces femmes et du destin de l'Alcazar. Rentrez à Tolède et portez à vos amis ma réponse : jamais l'Alcazar ne se rendra !.
Un seul désir, répond le colonel : nous voulons un prêtre ![réf. nécessaire]

La messe du père Vázquez

Le 11 septembre, un prêtre, le père Enrique Vazquez Camarrasa, que son libéralisme avait sauvé de la mort entre les mains de la milice madrilène se présentait, comme l'avait fait Vicente Rojo, à l'entrée de l'esplanade. Par déférence on ne lui bande pas les yeux et Moscardo s'incline respectueusement à son approche. Le délai de présence du père Enrique à l'Alcazar ne devait pas dépasser trois heures. Aussitôt la messe commença. Le temps accordé au curé ne lui permettait pas d'entendre les fidèles en confession privée avant de leur donner la communion. La confession publique en tint lieu. De la chapelle, le père Enrique se rendit à l'infirmerie au chevet des blessés, leur donna l'absolution et leur administra les derniers sacrements. Avant de partir, s'acquittant de sa mission, il renouvelle à Moscardo les propositions du commandant Rojo.

- Mon père, dit alors Moscardo, je commande ici mes soldats, non des femmes et des mères. C'est donc à elles seules qu'appartient la décision.

La réponse de ces mères fut unanime :

- Nous n'abandonnerons jamais nos maris. Nous garderons nos enfants près de leurs pères. Nous lutterons et mourrons avec eux, s'il le faut. Nous n'abandonnerons l'Alcazar qu'après la victoire !.

Le père Vazquez Camarrasa parti, les hostilités reprirent.

L'ultime assaut

Chronologie de la destruction de l'Alcazar (1936)

Du 16 au 26 septembre, les républicains entreprirent de mettre un point final à la résistance, en creusant, par l'extérieur sous les murs d'enceinte et en posant des mines sous chacune des deux tours jouxtant la cité. On fit évacuer les civils en vue de l'assaut qui serait lancé sitôt après la déflagration, et l'on invita des correspondants de guerre à venir à Tolède pour assister à la chute de l'Alcazar. Largo Caballero rejeta la proposition que lui firent les chefs communistes José Díaz et Enrique Líster, de dépêcher à Tolède le Cinquième Régiment; selon toute vraisemblance, il escomptait bien remporter cette victoire sans l'aide des communistes.

Enfin, le 18 septembre, à l'aube, 86 obus de 15,5 tombent sur l'Alcazar. Près de 2 500 hommes, plus 1 500 miliciens en réserve parfaitement équipés avec deux chars blindés, un grand char d'assaut, un canon de 75, 16 mitrailleuses et neuf mortiers sont prêts à passer à l'attaque.

À 7 heures du matin la grande tour sud-ouest de la ville fut soufflée par l'explosion d'une mine et s'écroula; la dynamite avait pulvérisé la façade ouest et anéanti les dépendances, mais n'avait causé que peu de pertes chez les combattants et épargné la vie des civils. Une deuxième mine placée sous la tour nord-est fit long feu. En même temps les assaillants avaient donné l'assaut.

Des sapeurs du génie pointaient le jet d'un énorme lance-flammes vers les ruines fumantes pour achever la destruction par l'incendie, mais ils furent repoussés par une contre-attaque des assiégés.

Maintenant, l'armée franquiste tenait Tolède sous le feu. Craignant d'être encerclés, les républicains commencèrent à abandonner la ville pour assurer, plus au nord, la défense de Madrid. Dès lors, l'Alcazar, connut une certaine accalmie. Il y eut encore quelques bombes, quelques tirs isolés, puis, à partir du 26 septembre, règne un silence simplement troublé par la fusillade aux bords du Tage. Elle diminua graduellement dans l'après-midi du 27 et cessa à la tombée du jour. Le soir, à 7 heures, des silhouettes apparurent sur la place du Zocodover, les éclaireurs des "regulares" de la colonne du général Varela.

La rencontre avec les forces nationalistes

Archives fédérales allemandes)

Le lendemain, à l'aube, le général Varela, ganté de blanc, était salué sur l'esplanade par les combattants rangés en carré. Varela s'avança, les bras ouverts, pour donner l'accolade à Moscardo. Celui-ci s'approche à son tour, puis s'arrête à trois pas de son chef, et, les talons joints au garde-à-vous, dans la pose réglementaire de l'officier faisant son rapport, il annonce, reprenant le mot de passe des insurgés aux premiers jours de l'insurrection :

- "Sin novedad en el Alcazar, mi general" - Rien de nouveau à l'Alcazar, mon général.

Le 28 septembre, les défenseurs de l'Alcazar libéré, sortiront des souterrains, en très mauvais état physique.

Le 29 septembre, Franco déjà désigné in pectore chef suprême des nationalistes et généralissime des armées vint, à son tour, exprimer à Moscardo et à ses compagnons la reconnaissance des nationalistes:

- Héros de l'Alcazar, votre exemple demeurera vivant à travers les générations. La patrie vous doit une gratitude éternelle et l'histoire ne saura jamais assez vanter la grandeur de vos exploits.

Un clairon sonna l'appel aux morts. À l'annonce de chaque nom, un camarade du défunt répondait: "Mort à l'Alcazar!".

Monuments aux assiégés, devant l'Alcazar de Tolède aujourd'hui restauré

Il y a eu en tout, d'après le journal intime de Moscardo, 86 soldats morts tous grades confondus, 455 blessés au cours d'un siège effectif de 68 jours, plus deux morts naturelles, trois suicides et quelques disparitions (probablement des désertions). Par contre, l'Alcazar avait enregistré deux naissances.

Pendant que les vainqueurs se congratulent, les regulares « nettoient » les postes républicains. Ils s'emparent des miliciens, les dépouillent et les passent par les armes. Tout mâle est suspect. On arrache sa chemise pour vérifier si son épaule est rougie par le recul du fusil. Si oui, il est fusillé sur-le-champ.

Les « Maures », c'est-à-dire les troupes marocaines au service des nationalistes, pillent la ville, provoquant la fuite d'une partie de la population tolédane.

La victoire de l'Alcazar, pour l'appeler ainsi, n'a été qu'un épisode de la guerre d'Espagne, mais il a marqué plus que tout autre la mémoire des hommes. Moscardo devait survivre vingt ans à son exploit. Général de l'armée d'Aragon, puis, la paix revenue, attaché militaire de Franco et capitaine général de l'Andalousie en 1946, nommé comte de l'Alcazar en 1948, il s'éteignait en 1956. Sa dépouille repose dans la citadelle restaurée dans la même tombe que son fils Luís.

Notes

  1. Robert Brasillach et Henri Massis, Les Cadets de l'Alcazar, Plon, 1936, pp. 1-3

Bibliographie

Sources

  • (fr)Henri Massis et Robert Brasillach, Les Cadets de l'Alcazar, Plon, 1936
  • (fr)André Malraux, L'Espoir.
  • (fr)Lettres (en espagnol) du colonel Moscardo à sa famille. (disponibles ici).

Ouvrages généraux

  • (fr)Hugh Thomas, La guerre d'Espagne. éditions Robert Laffont, édition 2003, ISBN 2-221-08559-0
  • (fr)La guerre d'Espagne. Historia-Revue. Hors Série 1971.
  • (es)La guerra civil española. Unidad Editorial S.A., 2005 ISBN 84-96507-64-5
  • (fr)La guerre d'Espagne Coédition : BDIC-Berg International. 2003, Berg International Editeurs. ISBN 2-911289-54-4
  • (es)Manuel Rubio Cabeza, Diccionario de la guerra civil española. 1987. Editorial Planeta, Barcelona. ISBN 84-320-5860-2
  • (fr)Jean Descola,Ô Espagne. Editions Albin Michel, 1976. ISBN 2-226-00314-2
  • (fr)Joseph Pérez, Histoire d'Espagne. Fayard, 1996. ISBN 2-213-03156-8
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