- Sans enfant par choix
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« Sans enfant par choix » (en anglais : childfree) est un terme utilisé pour décrire les personnes qui choisissent de ne pas avoir d’enfants. Ce mouvement, né aux États-Unis, en a débordé les frontières pour gagner principalement les pays développés. Il suscite nombre de controverses.
Sommaire
Distinction entre « sans enfant par choix » (childfree) et « sans enfant par contrainte » (childless)
Il convient de faire la différence entre :
- les « sans enfant » par choix (childfree) ;
- et les « sans enfant » qui désirent des enfants, mais qui n’en ont pas pour diverses raisons indépendantes de leur volonté (childless).
Là où la langue anglaise distingue ces deux notions, il n’y a pas en français de termes adéquats pour les différencier. En anglais, le terme childfree décrit une personne qui n’a pas le désir d’avoir des enfants (que ce soit momentané ou permanent) ; ce mot contraste avec childless où le suffixe « -less » indique une privation, un manque, et donc un désir d’avoir des enfants sans que ce désir puisse être satisfait. Le mot childfree a été utilisé la première fois le 3 juillet 1972 dans un article de Time, en référence à la création de l’Organisation internationale des Non-Parents. Ce terme a été repris dans les années 1990 au moment de la formation par Leslie Lafayette d'un groupe destiné aux sans enfant par choix : le « réseau des sans enfant par choix » (The Childfree Network).
Histoire
L’Organisation internationale des Non-Parents (N.O.N.) a été fondée en 1972 à Palo Alto, en Californie, par Ellen Peck et Shirley Radl. N.O.N. a été créé pour défendre la notion qu’hommes et femmes peuvent décider sciemment de ne pas avoir d’enfant. Elle a par la suite changé de nom pour devenir « l’Alliance Nationale du choix d’être parent » (National Alliance for Optional Parenthood). D’après son règlement, le but de l’Alliance était de montrer au grand public que ne pas avoir d’enfant est un choix de vie valide, ainsi que de soutenir les personnes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfant, promouvoir la prise de conscience du problème de surpopulation et assister d’autres groupes qui poursuivent les mêmes objectifs de l’organisation.
Motivations
De nombreuses raisons peuvent être avancées quant au choix d'une vie sans enfant, et les personnes « sans enfant par choix » se retrouvent souvent dans plusieurs d'entre elles.
Il est à noter qu'en la matière, les motivations sont très différentes, lorsque l'on demande à des personnes « sans enfant par choix » de les énumérer, de celles indiquées par un public général interrogé sur les motivations de ces personnes.
Pour l'opinion générale
Ainsi, pour l'opinion générale, les motivations qui semblent les plus évidentes sont :
- absence de désir d'avoir un enfant
- absence d’instinct paternel ou maternel[1] ;
- absence d'intérêt pour les tâches propres à la vie de parent ;
- sentiment (avéré ou supposé) d'incapacité d’être un parent responsable ;
- refus de sacrifier son temps pour des enfants ;
- refus d'engager les dépenses liées au fait d’avoir des enfants.
L'ensemble de ces motivations tend à donner une image égoïste, "coeur sec", sans amour et individualiste des personnes « sans enfant par choix ».
Pour les "childfree"
Or, ces personnes aiment à se définir selon des motivations beaucoup plus nobles :
Respect de la femme et du fœtus
- risque qu’un état médical préexistant comme le diabète, la dépression ou une croissance extra-utérine puisse provoquer une grossesse difficile ou dangereuse, ou entraîner des difficultés pour élever l’enfant ;
- inquiétudes quant aux maladies héréditaires ou génétiques qui pourraient frapper l'enfant.
Respect de l'enfant
- volonté de ne pas concevoir un enfant qui n'est pas désiré
- volonté de n'être ni témoin, ni auteur, ni complice des problèmes liés à l'enfance : abandon, délaissement, brimades, mauvais traitements
- volonté de ne pas faire naître un enfant qui devra assumer les fautes des générations précédentes
- refus de faire porter à l'enfant le poids d'un passé familial difficile
- refus de renouveler les erreurs de ses propres parents
- refus d'imposer à quiconque une existence à priori moins heureuse dans un avenir devenu incertain (surpopulation, pollution, épuisement des ressources naturelles, dérèglement climatique, inégalités sociales...) : " La génération qui vient sera, pour la première fois de l'Histoire, en moins bonne santé que celle de ses parents "[2]
- Et puis avant tout, et simplement, refus de créer un être humain, donc une vie à part entière avec tout ce que cela représente - et non un simple "bébé", notion bien réductrice - alors que l'on ne sait pas ce que sera cet être humain, s'il sera beau ou non, ou jugé comme tel, s'il sera malade ou non, rejeté un jour ou l'autre dans sa vie pour un quelconque motif, etc...
Respect du couple
- crainte que l’intimité du couple diminue de façon significative en devenant parents
- désir de conserver une excellente relation de couple sans que les enfants ne deviennent un sujet de dispute
Respect de la société
- volonté de ne pas faire peser une charge supplémentaire pour la collectivité et les dépenses publiques
- volonté d'épargner la société contre l'éventuelle dérive comportementale de l'enfant qui peut devenir un individu préjudiciable à lui-même ou autrui
Respect de la planète
- conviction que le fait de ne pas mettre au monde d'enfant est un service à rendre à la planète
- inquiétudes concernant les facteurs environnementaux et la surpopulation de la planète.
Autres motivations
- considération qu’élever des enfants est une entrave au développement culturel et intellectuel ;
- refus de sacrifier sa vie privée ou son espace personnel pour des enfants ;
- conviction qu'on peut contribuer à l'humanité en travaillant et non en procréant ;
- principalement pour les hommes, peur de ne pouvoir élever son enfant (suite à une séparation)
- absence de moyens suffisants
- absence de logements décents
Controverse à propos de l'égoïsme
Les personnes « sans enfant par choix » sont amenées à bénéficier d'une image négative et à être qualifiées d'égoïstes.
Il convient, pour en juger, de s'intéresser aux motivations des personnes qui souhaitent avoir des enfants. Plus particulièrement, il a été demandé à des femmes d'expliquer les raisons pour lesquelles elles souhaitent avoir des enfants.
Les motivations les plus fréquemment citées sont :
- curiosité envers l'état de grossesse
- plaisir espéré dans l'état de grossesse
- envie de se sentir aimée et reliée à un nouveau-né
- désir d'aimer et de protéger un être humain
- accomplissement, épanouissement personnel
- perpétuer la tradition
- assurer la descendance
- suivre le destin de l'humanité, ou la norme de la société
- souhait de bénéficier de dispositions sociales favorables aux parents ou aux mères célibataires
On s'aperçoit alors qu'en matière d'égoïsme, certaines de ces motivations supportent bien la comparaison avec celles des personnes « sans enfant par choix ».
Bibliographie
- " Faire des enfants tue : Éloge de la dénatalité " (Michel Tarrier et Daisy Tarrier)
- " No kid. 40 raisons de ne pas avoir d'enfant " (Corinne Maier)
- " Être femme sans être mère : Le choix de ne pas avoir d'enfant " (Emilie Devienne)
- " L'amour en plus " (Elisabeth Badinter)
- " Pas d'enfant, dit-elle : Les refus de la maternité " (Edith Vallée)
- " L'enfantasme " (Katia Chatjimikes)
- " L'embarras du choix ", Isabelle Taveneau, film documentaire, 66 minutes, 2006
- " Epanouie avec ou sans enfant " (Isabelle Tilmant)
- " L’art de guillotiner les procréateurs : manifeste anti-nataliste " (Théophile de Giraud)
Liens internes
Notes
- instinct maternel est d'ailleurs remise en doute par les sciences humaines ; on citera entre autres l'anthropologue et primatologue Sarah Blaffer Hardy et la philosophe Élisabeth Badinter l'existence même de l'
- Allociné Nos enfants nous accuseront, film de 2008. Fiche sur
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