- Sainte-Charlotte
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Bienheureuse Charlotte
Anne Marie Madeleine Françoise Thouret, en religion Sœur Charlotte de la Résurrection (née en 1715 à Mouy, dans le diocèse de Beauvais, morte le 17 juillet 1794) est une carmélite, doyenne des Carmélites de Compiègne lorsqu'elles furent guillotinées durant la Grande Terreur.
Elle fut béatifiée le 27 mai 1906 par le pape Pie X[1].Sommaire
Biographie sommaire
Anne Marie Madeleine Thouret était une jeune femme recherchée pour sa gaieté. Orpheline de père, elle supporta mal le remariage de sa mère ainsi que l'autorité de son beau-père. Sa jeunesse développa en elle un goût immodéré pour la danse et toute occasion lui était bonne pour se soustraire à sa famille et aller danser. Sa gaieté lui permettait de trouver des alliés prêts à camoufler sa désobéissance filiale. Nonobstant, un « événement si tragique » à ses dires - dont nous ne savons rien - étant survenu au cours d'un bal, elle se jura de ne plus jamais mettre les pieds dans une salle de bal.
Elle entra au carmel de Compiègne à l'âge de vingt-et-un ans en 1736 mais les cinq années qui séparent son entrée au couvent de la prononciation de ses vœux définitifs tendent à prouver que son cheminement spirituel fut ardu.
Elle occupa les fonctions d'infirmière du couvent puis de peintre. Elle mit beaucoup de zèle dans ses fonctions au point que sa santé s'en ressentit.
Lorsque éclate la Révolution française, en 1789, âgée de 74 ans, elle est la doyenne du Carmel de Compiègne qui compte vingt-et-une religieuses. Elle marche avec une béquille.
A cause du décret du 13 février 1790 qui supprime les Ordres religieux (que sœur Charlotte reçut avec véhémence), dix-huit religieuses seront exécutées. Chaque carmélite est invitée à déclarer si son intention est de sortir de son monastère. Toutes affirment « vouloir vivre et mourir dans cette sainte maison ». Le 14 septembre 1792, en application de la loi sur les congrégations religieuses, elles sont expulsées de leur couvent. Elles vivent en ville par petits groupes, étroitement surveillées par la police locale.
Le 23 juin 1794, les religieuses sont arrêtées. Les mains liées dans le dos comme ses sœurs, ne pouvant se déplacer seule, sœur Charlotte est si violemment projetée à terre par ses bourreaux qu'on la croit morte, ce qui provoque la colère des témoins.
Transférées à Paris, jugées et condamnées à mort le 17 juillet, les sœurs (dont Sœur Charlotte et la mère supérieure) sont guillotinées le soir même, sur la place de la Nation à Paris. Leurs corps furent enterrés au cimetière de Picpus dans une fosse commune.
Du témoignage à l'œuvre
Une seule, absente de Compiègne pour raison familiale lors de l'arrestation de ses sœurs, survécut, sœur Marie de L'Incarnation. Une fois la tourmente passée, son évêque lui demanda de relater la vie de ses sœurs martyres.
C'est sur ce témoignage que s'appuya Gertrud von Le Fort, pour écrire un roman qui exprimait sa peur dans une Allemagne en voie de nazification et qui s'intitula La dernière à l'échafaud.
Après la guerre, le père Bruckberger et Philippe Agostini demandèrent à Georges Bernanos d'écrire le scénario et les dialogues du film qu'ils voulaient tirer de ce livre. Le résultat ne leur plut pas mais devint une pièce qui connut rapidement un grand succès et entra tout aussi rapidement au répertoire de la Comédie Française.
Francis Poulenc en composa un opéra en 1958 ; le film sortit en 1960, mettant en scène Madeleine Renault, Alida Valli, Jeanne Moreau, Judith Magre et Georges Wilson.
Voir aussi
- Carmélites de Compiègne
- Georges Bernanos, Dialogues des Carmélites, Paris, Seuil, 1949
- William Bush, Apaiser la Terreur, Clovis, Etampes, 2001
Note
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