Saint Louis d'Anjou

Saint Louis d'Anjou

Louis d'Anjou

Saint-Louis-d'Anjou, par le Maître de Jativa
Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

Louis d'Anjou, né à Brignoles dans le département du Var le 9 février 1274, décédé dans la même ville le 19 août 1297, est fils de Charles II, roi de Naples, et de Marie de Hongrie. Il est petit-neveu de Saint-Louis, le roi de France.

Sommaire

Biographie

Naissance et enfance

Louis d'Anjou, né à Brignoles (Var) le 9 février 1274 est le fils de Charles II d'Anjou dit "le boiteux" lui-même fils de Charles d'Anjou frère du roi de France Saint-Louis, et de Marie de Hongrie fille d'Etienne V roi de Hongrie, sœur et héritière de Ladislas le cumain. Il est le second enfant d'une nombreuse famille de 13 frères et soeurs dont

Vers l'âge de 7 ans il fut confié à un gouverneur d'origine normande Guillaume de Manerie et à un prêtre Jean de Bymaret qui devait devenir chanoine de Forcalquier. Il reçut une éducation digne de son rang de prince mais fut très jeune attiré par la vie religieuse. Dès qu'il eut une douzaine d'années, deux religieux de l'ordre de Saint-François s'occupèrent du jeune garçon : Guillaume de Millard et François Brun qui auront une influence décisive sur la vocation du jeune Louis.

Adolescence en prison

La situation internationale vient bouleverser cette vie régulière. En effet après les fameuses vêpres siciliennes ( 30 mars 1282 ) qui avaient chassé les angevins de la Sicile, le roi Charles d'Anjou voulut reprendre possession de l'île rebelle. Dés le mois de mai 1282, il fait entreprendre à Marseille la construction d'une flotte commandée par Jean de Vivaud qu'il envoie à Messine. L'année suivante l'amiral Barthélemy Bonvin rassemble plusieurs navires mais les résultats sont décevants. Tout d'abord Guillaume Cornut est battu par les aragonais le 8 juillet 1283 lors de la bataille de Malte, puis la flotte marseillaise et napolitaine est à nouveau défaite le 5 juin 1284 par l'amiral Ruggero de Laura. Au cours de cette dernière bataille le père de Louis, Charles qui est seulement prince de Salerne mais héritier de la couronne de Naples est fait prisonnier. Chales Ier d'Anjou étant mort à Foggia le 7 janvier 1285, le prince de Salerne devient roi de Naples sous le nom de Charles II mais reste en prison.

A la suite du traité d'Oloron ( Pyrénées atlantiques ) de la fin juillet 1287 et après différentes tractations, Charles II est libéré en 1288 mais à la condition que trois de ses fils Louis, Robert et Raymond Bérenger soient livrés en otage au roi d'Aragon ainsi que 60 seigneurs provençaux et 20 notables marseillais.

Louis sera donc prisonnier en Catalogne pendant 7 ans soit de l'âge de 14 à 21 ans. Il fut d'abord emprisonné au château de Moncade près de Barcelone, puis dans celui de Ciurana dans la province de Tarragone. Les conditions de détention dans ce dernier lieu étaient particulièrement dures et il y contracta probablement la tuberculose dont il mourut peu de temps après.

Il fit part de son intention de se faire prêtre à son père qui ne s'y opposa pas. Pendant sa détention le pape Célestin V le nomma en octobre 1294 évêque de Lyon, mais cette consécration ne fut pas effective.

Suite à la forte implication du pape Boniface VIII un traité de paix est signé à Agnani entre le roi d'Aragon et le roi de Naples le 12 juin 1295. Charles II s'apprêtait à se rendre en Catalogne lorsqu'il reçut la terrible nouvelle du décès de son fils ainé Charles Martel qui faisait de Louis d'Anjou l'héritier de la couronne de Naples s'il ne s'était pas désisté au profit de son frère Robert. Une rencontre eut lieu le 31 octobre 1295 à Figuières entre le roi Jacques II d'Aragon et Charles II d'Anjou au cours de laquelle les prisonniers furent libérés.

L'évêque

Saint Louis d'Anjou remettant la couronne à son frère Robert

La libération de Louis ne change pas sa décision de rentrer dans les ordres. De retour en Provence, il visite les églises et couvent, il porte secours aux pauvres et aux prisonniers. Partout il reçoit un accueil chaleureux. Arrivé à Naples il se retire au château de l'Oeuf et y rassemble une communauté de Frères Mineurs.

Le pape Boniface VIII qui n'avait pas oublié la nomination de son prédécesseur, le nomme évêque de Toulouse. La cérémonie de vêture et de prise d'habit qui eut lieu le 23 décembre 1296 fut suivie de la consécration par le pape Boniface VIII dans la Basilique Saint-Pierre le 30 (et non le 29) décembre 1296.[1]. Le 5 janvier 1297 Louis quitte la ville éternelle pour retourner à Naples où sa venue suscita un enthousiasme général. Pour se rendre dans son diocèse de Toulouse il alla à Florence et Brignoles puis fit un long détour par Paris pour rencontrer le roi de France Philippe IV le bel. Il rejoignit Toulouse au mois de mars 1297 pour administrer son diocèse. Reçu par les capitouls et les différents corps et corporations, il fait une entrée triomphale. Il transforme son palais et y introduit l'ordre et la simplicité. Il effectue plusieurs visites notamment à Barcelonne.

Persuadé que Boniface VIII l'avait consacré évêque parce qu'il était fils de roi et non parce qu'il était un simple prêtre, il envisage de démissionner. Ayant appris que son grand oncle Louis IX serait canonisé le 11 août au cours d'une cérémonie à laquelle il était invité, il décide de se rendre à Rome.

Le décès et la canonisation

Au cours de son voyage il s'arrête à Tarascon (Bouches-du-Rhône) puis à Brignoles, sa ville natale. Là il tombe gravement malade et meurt le 19 août 1297 à l'âge de 23 ans. Il fut choisi pour sépulture le couvent des frères mineurs à Marseille. Le corps de Louis fut traité suivant la coutume du temps qui allait bientôt être condamnée par l'église et qui consistait à séparer les chairs des os. Les chairs furent ensevelies sur place dans le cloître des frères mineurs tandis que les os furent transportés dans l'église des frères mineurs de Marseille qui se trouvait à l'extérieur des remparts sur des terrains compris entre les rues Tapis vert et Thubaneau.

Sa réputation de sainteté fut si grande que l'évêque de Marseille, Durand de Trésémines sollicitait du pape Clément V un procès de canonisation qui fut confié à Guy de Neufville évêque de Saintes et à Raymond évêque de Lectoure. Le 7 avril 1317, le pape Jean XXII, ancien official de Louis d'Anjou à Toulouse, publie en présence du roi Robert la bulle de canonisation.

Le 8 novembre 1319 le roi Robert, accompagné de la reine Sanche son épouse et de nombreux cardinaux, se rendit à Marseille pour assister au transfert des restes de son frère du caveau où il reposait au maître-autel du couvent des frères mineurs.

La dispute des reliques

Reliquaire en argent de Saint-Louis d'Anjou (XVe-XVIIe siècle),
musée du Moyen-Âge de Cluny

De retour d'une campagne contre Louis III d'Anjou en 1423, la flotte d'Alphonse V d'Aragon passe devant Marseille et l'attaque. La ville fut prise le 20 novembre 1423 et le pillage dura 3 jours. Les aragonais dévastèrent le couvent des frères mineurs. Les reliques de Saint Louis d'Anjou furent trouvées sur une indication obtenue par les pillards, dans une maison de la ville où elles avaient été mises à l'abri avant l'attaque. Le roi les fit transporter sur ses navires. La chaîne qui barrait l'entrée du port fut également enlevée. Ces trophées furent déposés dans la cathédrale de Valence.

Au XVIe siècle, le couvent des frères mineurs qui se trouvait à l'extérieur mais trés prés des remparts, dut être rasé pour faciliter la défense de la ville contre les attaques des troupes de Charles Quint commandées par le connétable de Bourbon. Le siège dura du 19 août au 28 septembre 1524, mais la ville résista.

Malgré diverses interventions, ces prises de guerre demeurèrent en Espagne. Cependant en 1956 l'archevêque de Valence Mgr. Olazchea Loizago et l'archevêque de Marseille Mgr. Delay trouvèrent un compromis : deux vertèbres du Saint furent ramenées à marseille le 24 juin 1956 et placées dans l'église des Augustins où se trouvait auparavant une église des Templiers. Les deux vertèbres ont été volées en 1993 (source : dépliant du diocèse fourni dans l'église).

La fête de Saint-Louis d'Anjou est le 19 août.

Hommages et représentations

Le rayonnement du culte de Saint d'Anjou ne fit que se développer. De nombreuses œuvres d'artistes, tableaux ou sculptures, représentent le saint.

En France

C'est en Provence où son souvenir est le plus marqué. Brignoles, sa ville natale dont il devint le saint patron le 25 janvier 1617, conserve dans l'église Saint Sauveur sa mitre et ses gants. Dans la basilique de saint Maximin se trouve une chapelle qui abrite une chape offerte par Charles II.

On trouve à Toulouse, dans la cathédrale Saint-Sauveur, un grand reliquaire ovale de Saint-Louis d'Anjou par Joseph Favier.[2]. Dans cette même ville, on trouve au musée des augustins une statue représentant Saint-Louis d'Anjou la tête penchée et tournée sur la droite.[3]

Le musée du Louvre conserve le reliquaire exécuté entre 1336 et 1338 sur ordre du roi Robert pour abriter un os du bras, une des reliques emportées de Marseille à Naples en 1339. De forme cylindrique en cristal de roche orné de colonnettes en argent et d'émaux translucides, il se termine par une main d'argent dorée. L'orfèvre serait Lando di Pietro, un des plus grands artistes de son temps.[4]

En Italie

Le musée du vatican possède un rétable exécuté vers 1495/96 par Le Pérugin. Il représente la vierge à l'enfant, Saint Laurent, Saint Louis (appelé en Italie Ludovic) de Toulouse, Herculanus et Constant. Cette oeuvre comprenait deux parties : la cimaise représentant le Christ est à Pérouse et ce tableau.[5]

L'église de Sainte-Croix (Santa Croce) à Florence possède une statue de Donatello représentant Saint-Louis d'Anjou.[6]

Le musée de Sansepolcro en Toscane rassemble plusieurs oueuvres de Piero della Francesca dont une représentation de Saint-Louis d'Anjou (San Ludovico di Tolosa).[7]. Cette représentation est trés intéressante car elle montre Saint-Louis portant la robe des franciscains sous son costume d'évêque.

La pinacothèque de Capodimonte à Naples présente le chef-d'oeuvre de Simone Martini de l'illustre école siennoise peint à la manière byzantine, hiératique sur fond d'or. Le tableau qui représente Saint-Louis d'Anjou remettant la couronne à son frère Robert, est reproduit ci-dessus. Il célèbre l'abdication de Saint-Louis d'Anjou en faveur de son frère Robert en 1295; le saint est figuré en majesté, portant les insignes de sa fonction aux armes d'Anjou et recevant la gloire céleste tandis que son frère agenouillé à ses pieds reçoit la couronne royale. Le prédelle de cet immense tableau bordé de fleurs de lis reprend en 5 scènes les épisodes de la vie du saint de sa profession de foi à sa mort. [8]

La façade du palais des Prieurs à Pérouse ( Ombrie ) s'ouvre sur le corso Vannucci par un portail dont le tympan est orné des statues des saints protecteurs de la ville : Louis de Toulouse, Laurent et Ercolano.

En Espagne

Dans ce pays où il avait été otage et où ses reliques demeurent en partie, son culte est honoré à Valence dans la cathédrale où une chapelle lui est consacrée avec ses reliques. [9]

Autres pays

En Grande Bretagne la nationale galerie possède un tableau de Giovanni Antonio Pordenone en provenance d'un plafond de l'école (scuola) de Saint-François et réalisé vers 1530/35. [10]

Aux États-Unis, l'Institut d'Art Sterling et Francine Clark à Williamstown, possède un magnifique retable peint par Ugolino di Nerio qui décorait l'autel d'une église. Il se compose de 7 portraits avec au centre la vierge Marie, à gauche François, André, Paul et à droite Pierre, Stéphan, Louis de Toulouse. [11]

Bibliographie et sources

  • Père Calixte, sous le pseudonyme un citoyen de Brignoles, La vie de Saint Louis, religieux de l'ordre de Saint François et évêque de Toulouse, Aubanel, Avignon, 1780, 294 pages.
  • Célestin Vielle, chanoine de la métropole de Toulouse, Saint-Louis d'Anjou, Evêque de Toulouse, sa vie son temps, son culte. Imprimerie franciscaine missionnaire, Vanves, 1930, 500 pages.
  • Paul de Laget, Saint Louis de Marseille, En vente chez l'auteur, Marseille, 1948, 240 pages.
  • Emile G.Léonard, Les angevins de Naples, Presses Universitaires de France, Paris, 1954, 576 pages.
  • M.H.Laurent, Le culte de Saint Louis d'Anjou à Marseille au XIVesiècle, les documents de Louis Antoine de Ruffi suivis d'un choix de lettres de cet érudit, Edizione di storia e letteratura, Rome, 1954, 156 pages.
  • 19 août : Saint Jean Eudes - saint Louis d'Anjou

Références et liens externes

  1. M.H.Laurent, Le culte de S.Louis d'Anjou à Marseille au XIVe siècle, Edizioni di storia e letteratura, Roma, 1954, page 36
  2. Grand reliquaire de Saint-Louis d'Anjou dans la cathédrale Saint-Sernin de Toulouse Reliquaire
  3. Groupe d'apôtres provenant de la chapelle de Rieux Statue de Saint-Louis d'Anjou
  4. Bras reliquaire de Saint-Louis d'Anjou Musée du Louvre Bras reliquaire
  5. Musée du Vatican Retable
  6. Eglise de Sainte-Croix à Florence Statue de Donatello
  7. Musée de Sansepolcro Saint-Louis d'Anjou
  8. Musée de capodimonte Saint-Louis remettant la couronne à son frère Robert
  9. Cathédrale de Valence Chapelle de Saint-Louis d'Anjou.
  10. Tableau de la National Gallery de Londres Giovanni Antonio Pordenone Saint Louis d'Anjou
  11. Institut d'art Sterling et Francine Clark, Willianstown Retable de Ugolino Di Nerio
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