- Roger-Viollet
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Le nom de la famille Roger-Viollet est devenu celui de la célèbre agence parisienne de photographies anciennes de la rue de Seine fondée en 1938 par Hélène Roger-Viollet (née le 10 juillet 1901, morte le 27 janvier 1985 à Paris), sur la base initiale du fonds photographique constitué par son père Henri Roger-Viollet (né le 30 avril 1869, mort le 6 mars 1946 à Paris), ingénieur et photographe chevronné.
C'est en effet par son père qu'Hélène Roger-Viollet fut initiée à la photographie.
Sommaire
Henri Roger-Viollet
Amateur en chimie, petit-fils de Jean-Baptiste Roustain, avocat au Barreau de Paris, Henri Roger se lança dans la photographie en 1886 à l’âge de 17 ans, aidé par son frère aîné Ernest Roger, lequel deviendra co-inventeur de la télégraphie sans fil (TSF) française. En mai 1900, il se mariait avec Jeanne Viollet, la fille de l’historien Paul Viollet, catholique dreyfusard cofondateur de la Ligue des droits de l’homme, et prenait le nom de Roger-Viollet pour se distinguer des autres membres de la famille. Les frères Roger, par leurs inventions, peuvent être comparés à des couples d’inventeurs contemporains plus célèbres comme les frères Lumière ou les frères Nobel.
Au début du XXe siècle en effet, Henri Roger-Viollet avait repris une manufacture de bronzes d’éclairage au 168 de la rue Saint-Maur à Paris, alliant ses talents d’ingénieur et de chimiste. Il y fit les transmutations pétrole-gaz et gaz-électricité. Il installait entre autres les « colonnes montantes », étudiait ou exécutait des appareils spéciaux pour l’incandescence, et produisait de la cuivrerie ou de la robinetterie. Après quelques revers financiers, Henri vendit sa Manufacture de bronzes d’éclairage à Charlopeau et Compagnie. Mais il s’illustra en fait particulièrement dans deux domaines : l’astronomie (apparenté à l’astronome Émile Fron, il possédait près d'une dizaine de lunettes et fut l’un des premiers découvreurs de la supernova du 18 juin 1918), et surtout la photographie.
Dès les années 1890, Henri Roger se lança dans la photographie stéréoscopique ou les clichés en bilocation, voire en trilocation. Ses clichés les plus célèbres le représentent en train de jouer aux échecs contre lui-même tout en s'arbitrant, ou encore tenant sa tête coupée dans un plat (années 1890-1900) ; il profita aussi de la trichromie pour prendre, au début du XXe siècle, des clichés en couleurs de grande qualité. Mais, tout au long de sa vie, c'est surtout la modernité des vues de ses clichés qui firent de lui un photographe original, illustrant la vie parisienne ou française de 1880 à 1945 tout en maniant un humour que sa fille Hélène conserva volontiers par la suite.
Hélène Roger-Viollet
La journaliste Hélène Roger-Viollet s’était rendue célèbre pour avoir milité dans les années 1930 avec Louise Weiss pour le droit de vote des femmes ; elle s’illustra particulièrement en étant la première journaliste, avec son compagnon Jean Fischer, à couvrir la guerre d’Espagne. Elle fonda en 1938 l’Agence Roger-Viollet, rue de Seine, et augmenta considérablement le fonds photographique par divers rachats, notamment le fonds d’Albert Harlingue (Harlingue-Viollet aujourd’hui). Le plus grand de ses reportages fut un tour du monde épique avec Jean Fischer qu’elle venait d’épouser, empruntant pour ce faire le célèbre paquebot France en 1972.
En janvier 1985, elle fut tuée à coups de barres de fer par son mari, lequel se donna la mort en prison. Ainsi prit fin l’épopée de la famille Roger-Viollet. L’agence fut cependant reprise par la ville de Paris et rassemble aujourd’hui près de huit millions de clichés.
Voir aussi
Bibliographie
- Prestige de la Photographie, tome 8, éditions EPA, 1980.
- Les Petites Pétillantes, Lydie Remy-Roger, éditions A. Val Arno, 1983.
- Quarante ans de vie au balcon, in Match du 20 octobre 1938, p. 36-39.
- Ah qu'il est beau ce tour du monde, Roger-Viollet Fischer, Laballery et Cie, Clamecy, 1973.
Lien externe
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