Robert Tatin

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Robert Tatin (né le 9 janvier 1902 à Laval et mort le 16 décembre 1983 à Cossé-le-Vivien) est un artiste français.
Il est surtout connu pour avoir créé un « Environnement d'art » spectaculaire devenu le Musée Robert Tatin, à Cossé-le-Vivien (Mayenne).

Sommaire

Biographie

Origines

Anaïs Augustine Lemonnier (née en 1875 à Laval) et Ernest Louis Tatin (né en 1873 à Selles-sur-Cher) donnent naissance à Robert (Émile Ernest) Tatin précisément à l'Épine, dans le quartier d'Avesnière à Laval. Le jeune Robert est élevé dans un milieu populaire et dans le giron des femmes : sa mère, sa grand-mère, sa sœur, sa nourrice, ses voisines. Les femmes demeureront un élément central dans son œuvre et dans sa vie.
Son père, qui était au départ employé de commerce, a finalement rejoint le monde des forains pour les aider à monter les chapiteaux et participe même à un de leurs numéros. Ce milieu du cirque marque profondément Robert Tatin, et c'est un thème qui reviendra souvent dans ses œuvres.
À partir de 1909, Robert Tatin est élève à l'école communale, il est alors assez solitaire. Dès cette époque, il développe un goût certain pour la nature, les balades, le dessin et l'astronomie (il s'intéresse à l'infiniment grand suite au passage de la comète de Halley).
À quatorze ans, il suit un apprentissage de peintre en bâtiment.

Les voyages

Après avoir passé son enfance et son adolescence à Laval, Robert Tatin part s'installer à Paris en 1918, où il exerce de nombreux emplois et s'adonne en parallèle à diverses activités artistiques. Il y reste quatre ans avant de faire son service militaire à Chartres.
En 1924, après son service, il retourne à Laval avec sa première épouse, où il travaille avec son beau-père compagnon charpentier. Là, il est amené à travailler sur des chantiers en tant que charpentier au trait avec des compagnons, auxquels il est présenté à Tours le 18 mars 1933.
Puis, fort de ses différents apprentissages et expériences, il finit par monter, en 1930, son entreprise de bâtiment à Laval, entreprise qu'il développe en y ajoutant la décoration, la peinture en bâtiment et la tapisserie. La prospérité de son affaire lui permet de voyager, tout d'abord en Suisse, en Italie, en Espagne, en Belgique, en Angleterre, en Irlande ou en Afrique du Nord. Puis, en 1938, il découvre Amsterdam et New York.

Entre 1945 et 1950, Tatin achète un magasin de bougnat, rue de la Cerisaie à Paris, qu'il va peu à peu transformer en atelier de céramique. L'après-guerre est, pour lui, le moment où l'art prend le pas sur l'artisanat. Il se fait alors connaître en tant qu'artiste auprès de différents critiques et il côtoie les grands noms du monde des arts tels Jean Dubuffet, André Breton, Jean Paulhan, Jacques Prévert, Giacometti, Jean Cocteau, Aristide Caillaud, Benjamin Péret. C'est à leurs côtés qu'il participe activement à la reconstruction de la vie culturelle parisienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

En 1950, l'Amérique du Sud, où il voyage pendant cinq ans, lui offre une notoriété internationale. Il découvre le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay, le Chili et la Terre de Feu, s'imprégnant de la culture amérindienne.

De ses innombrables voyages, il retire une densité humaine, une philosophie et une extraordinaire qualité artistique.

Parcours artistique

Tout au long de sa vie, Robert Tatin n'a jamais cessé d'étudier, de suivre des formations, de lire, de s'informer.
Dès 1916, il suit des cours d'arts plastiques à l'école de la Perrine à Laval, où il apprend notamment la peinture, la sculpture, les émaux et la céramique. Il suit aussi des cours avec le peintre Pierre Charon. À son arrivée à Paris, il s'inscrit aux cours libres du peintre Vilvoski à la Grande Chaumière, ainsi qu'aux cours du soir à l'école des Beaux-arts de Paris et aux Arts appliqués.

Même pendant son service militaire (1922-1924), Tatin conserve une activité artistique mêlant théâtre, musique et peinture. Il est autorisé à suivre, au lycée de Chartres, des cours de géométrie descriptive, de géométrie dans l'espace et de trigonométrie.

Dans les années 1930, il est aussi bien peintre décorateur en bâtiment, que charpentier au trait, fresquiste et mosaïste.

Avec cette palette de formations et grâce à une pratique sans relâche, Robert Tatin est récompensé à plusieurs reprises par les professionnels de l'art. À l'étranger, il remporte notamment le premier prix de sculpture à la première biennale de São Paulo (Brésil), en 1951, puis la médaille d'or au premier salon pauliste d'art moderne. En France, c'est en 1961 qu'il reçoit le prix de la Critique, à Paris.

L'avis du critique Otto Hahn

Critique d'art (notamment à L'Express), Otto Hahn a écrit de nombreux articles sur Robert Tatin.
Voici ce qu'il dit dans la préface du livre de Tatin, Étrange Musée, paru en 1977 :
« Mystique ou autodidacte, qui est ce Tatin qui ne s'exprime que par calembours ou paradoxes ? Compagnon de Rabelais, frère de Alfred Jarry et du douanier Rousseau, de neuf ans le cadet d'Alain Gerbault, Robert Tatin est un philosophe sans philosophie. Non un artiste peintre, mais un peintre de métier.
Un conte Zen éclairera son attitude.
Une des plus hautes disciplines étant le jeu de l'arc, l'archer Zen s'entraîne durant de longues années pour atteindre la perfection de son art. Lorsque chacun de ses coups touche le mille, il lui reste une dernière étape à franchir. Les yeux bandés, il s'enferme dans une chambre obscure. II bande son arc et tire douze flèches dont aucune ne rate la cible.
Un sens mystérieux ou surhumain permet-il à l'archer Zen de percer les ténèbres ? Non. Le Maître a seulement compris qu'il n'y a pas de but et que le centre est partout.
Pourquoi tant d'exercices et de méditations alors que, sans viser, tout débutant peut planter son trait entre le plafond et le plancher ? Pour une simple raison : il faut une lente ascèse pour se détacher des habitudes mentales qui séparent la flèche de l'objectif. La cible, c'est la flèche autant que le tir. Nul but n'est fixé car chacun doit déterminer le sien. Sans oublier qu'il s'agit d'un jeu.
Peut-être une farce...
Dans toutes ses quêtes, Tatin retrouve la même réponse : on n'atteint jamais le paradis, à moins qu'on ne le crée. Pour les uns, ce sera de fabriquer ses propres meubles, pour d'autres de s'associer à la mise au point d'une turbine nucléaire. Tatin, lui, a choisi de construire La Frénouse. Il ne prétend pas que ses statues soient supérieures à celles de Rodin ou plus modernes que les mobiles de Calder. Dans sa chambre obscure, avec sa truelle et son compas, il montre seulement où se cache la vie. »

Musée Robert Tatin

Article détaillé : Musée Robert Tatin.

À partir de 1962, à l'âge de soixante ans, il s'installe en Mayenne, au lieu-dit La Frénouse à Cossé-le-Vivien (près de Laval), où il a ériga jusqu'à sa mort en 1983 la plus spectaculaire de ses œuvres, un environnement d'art qui deviendra Musée.

Compléments

Publications

  • « Toi ma Celtie », Bief, n° 1, édition Le Terrain Vague, novembre 1958
  • « Traces 40. Robert Tatin présente le Tatin de la Frénouse, l'oeuvrier. Suivi de : Vive la Rate !... », Michel-François Lavaur. Le Pallet. Vallet, 1972, numéro spécial préparé par Alain Barré[1]
  • « Magie » en huit exemplaires, collection du musée Tatin
  • « Etrange musée, Robert Tatin en Frénouse à Cossé-le-Vivien, Mayenne». Librairie Charpentier 1977. Préface de Otto Hahn. (Librairie Charpentier, Paris 1977)
  • « Lettre à André Breton » (La Brèche Action Surréaliste n° 4, février 1983)

Bibliographie

  • Robert Tatin. Paris, Librairie Charpentier, 1960. de Pierre Gueguen, et Henry Galy-Carles
  • Catalogue de l’exposition Robert Tatin de mai à juin 1968, à la Galerie de l’Université à Paris
  • Étrange musée, Robert Tatin en Frénouse à Cossé-le-Vivien, Mayenne. Librairie Charpentier 1977. Écriture par Robert Tatin. Preface de Otto Hahn
  • L'étrange domaine de Robert Tatin. Simoën, 1977. Richard Jeandelle et Brigitte Jeandelle
  • L'univers de Robert Tatin. Groupe Célestin Freinet. 1983

Filmographie

Cinq films ont été tournés sur Robert Tatin :

  • De l'autre côté du miroir, film réalisé pour l'émission de télévision Terre des Arts par Max-Pol Fouchet en juin 1967 sur Magritte, Paul Delvaux, Aristide Caillaud et Robert Tatin
  • Un film de Jac Remise pour l'ORTF (janvier 1972)
  • Un film-actualités pour Fox-Moviétone (août 1974)
  • Un film de Claus Hermans pour la télévision allemande (juillet 1976)
  • "Tatin-Circus" de Robert Maurice et Claude Arrucci, pour FR3 Rennes (février 1977)

Notes et références

  1. Robert Tatin tente de jeter un pont entre l'homme et l'homme, de marier le ciel et la terre. Sculpteur, peintre, céramiste, il peuple la vieille ferme de la Frênouse, à Cossé-le-Vivien, de statues polychromes qui figurent son aventure intérieure : c'est le domptage-de-la-bête ; qui illustrent les grands principes vitaux : porte-du-soleil, porte-de-la-lune ; qui dressent un ensemble monumental en l'honneur de tout le monde : c'est notre-dame-tout-le-monde. Depuis peu, la Frênouse est devenue musée. La place manque ? il prolonge son œuvre par un chemin de statues qui rejoint la route et peut-être ira jusqu'à la mer. Ce livre de dessins et poésie tend un nouveau bras. Alain Barré.

Liens externes


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