- Robert Combas
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Robert Combas est un plasticien et peintre français contemporain, né le 25 mai 1957 à Lyon. Il vit et travaille en région parisienne depuis 1980.
Il est l'initiateur, avec Hervé Di Rosa, du mouvement de la Figuration libre, qui démarre en 1979 avec la revue Bato.
Sommaire
Biographie et œuvre
Enfance et formation
Robert Combas passe son enfance et son adolescence à Sète (Hérault), dans une famille aux convictions communistes[1].
De 1975 à 1979, il étudie à l'école des beaux-arts de Montpellier[2].
Dès son entrée aux beaux-arts, Combas apporte une esthétique novatrice. Alors que l’art conceptuel domine la production artistique française, il prend le contre-pied du courant dominant et s’attache à redéfinir l’utilisation de l’espace, de la couleur et de la figuration. Partant du principe que « tout a, de toute façon, déjà été fait », Combas s’approprie les grands poncifs de l’art, et ouvre ainsi de nouvelles possibilités dans la voie d'un retour à la figuration.
Dès 1977, Combas peint la série des « Batailles », sujet complet et toujours d’actualité, puis poursuit, entre autres, avec ses appropriations de la figure de Mickey Mouse. Il crée ensuite le « Pop Art Arabe ». Cette expression de son invention désigne des œuvres aux airs de publicités « des pays sous-développés », marquées de fausses écritures arabes. Son esthétique est à l’époque assez brute et influencée par tout ce qui occupe sa vie de jeune adulte : télévision, rock, BD, sexe...
Combas passe son diplôme des beaux-arts en 1979 à Saint-Étienne. Bernard Ceysson est membre du jury, il lui propose de participer, l'année suivante, à l'exposition « Après le classicisme » au musée d'art moderne[3].
Naissance de la Figuration libre
Robert Combas et Hervé Di Rosa sont originaires de Sète. Dans cette ville, ils créent, en 1979, en compagnie de Catherine Brindel (Ketty), la revue Bato, « œuvre d'art assemblagiste et collective ».
Parallèlement, Combas et Ketty forment, avec Buddy (le frère d'Hervé Di Rosa), un groupe de rock, Les Démodés, qui connaît un succès d'estime dans le sud de la France.
Alors que Combas est aux beaux-arts de Montpellier (où enseignent Dominique Gauthier et Daniel Dezeuze), Di Rosa s'inscrit à l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. C'est là qu'il rencontre François Boisrond. Par l'intermédiaire du père de ce dernier, ils font la connaissance du critique d'art Bernard Lamarche-Vadel qui leur propose de participer à une exposition dans l'appartement qu'il doit quitter ; c'est « Finir en beauté », en 1981. À cette occasion, Lamarche-Vadel leur présente Rémi Blanchard, qu'il avait eu comme étudiant à l'école des beaux-arts de Quimper. Cette exposition, à laquelle participent également Jean-Charles Blais, Jean-Michel Alberola, Denis Laget et Catherine Viollet, constitue le véritable point de départ de la Figuration Libre.
L'expression « figuration libre » est trouvée, au cours de l'été de 1981, par l'artiste Ben qui a invité Combas et Di Rosa à exposer dans sa galerie de Nice (« 2 Sétois à Nice »). Ce mouvement regroupe quatre artistes « légitimes », Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas, Hervé Di Rosa, et le solitaire, Ludovic Marchand.
L'exposition « 5/5, Figuration libre France/USA » organisée en 1984 par le musée d'Art moderne de la Ville de Paris consacre officiellement cette mouvance en la confrontant à la génération des « graffitistes » new-yorkais (Jean-Michel Basquiat, Crash, Keith Haring, Kenny Scharf). On peut mesurer à cette occasion ce qui réunit mais aussi ce qui distingue les peintres américains des français. Dans le catalogue de l'exposition, Otto Hahn[4] tente de définir les affinités des deux groupes :
- « Mon intérêt pour les Américains, Jean-Michel Basquiat, Crash, Keith Haring, Kenny Scharf, et pour les Français Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas, Hervé Di Rosa, auxquels s'ajoutent les photographes Louis Jammes et Tseng Kwong Chi, ici regroupés sous le sigle de Figuration libre, vient de la vitalité joyeuse qui se dégage de leurs travaux. Alors que la peinture déborde d'attitudes nobles et de sentiments tragiques, le "puérilisme" affiché des nouveaux venus donne le sentiment d'une libération. »
L'esprit de la Figuration libre
Cette nouvelle génération de peintres est animée par un enthousiasme et une désinvolture qui contrastent avec la sévérité des années 1970 (art minimal et conceptuel, Arte povera, Supports/Surfaces, etc.). Cependant, à la différence de la Transavangardia italienne et des néo-expressionnistes allemands, ces peintres ne se réfugient dans aucune nostalgie. Ils s'inscrivent sans honte ni culpabilité dans l'actualité de leur temps, avec un style coloré, graphique et simplifié inspiré de la bande dessinée, de la science-fiction, des dessins d'enfants et de la culture des banlieues.
Les artistes de Figuration libre restent cependant moins influencés par les graffitis que les Américains. Leur peinture fait davantage référence aux « arts populaires » : monstres et robots pour Di Rosa ; art brut et imagerie arabe et africaine pour Combas ; contes et légendes, cirque pour Blanchard ; publicité et objets industriels pour Boisrond.
Œuvres (sélection)
- Le Fakir, 1982, acrylique sur toile, 187 x 89 cm, musée d'art de Toulon
- La fin en boucle, 200 x 200 cm
- L'Archange, 244 x 136 cm
Commentaires
« Combas est ce que les dadaïstes ne pouvaient que faire semblant d'être. Son art, que l'on range volontiers dans le mouvement général du "retour à la peinture", pourrait bien aussi avoir reçu quelque autorisation lointaine de Dada...
Refusant toute forme modelée par l'histoire culturelle, Combas travaille obligatoirement à partir du stéréotype. Ses personnages sont les lieux communs de l'imaginaire populaire : ceux un peu ringards à force d'être éprouvés, le militaire, le malabar, la fille, héros des blagues qu'on se raconte, des gags-télé — et ceux, plus jeunes, qu'on rencontre dans la bande dessinée et le dessin animé, la superwoman aux gros seins et mitraillette au poing, tous les objets et toutes les plantes humanisés qui ont des yeux, une bouche, des jambes. Combas cite aussi ces fétiches qui encombrent les dessus-de-lit ou pendent aux rétroviseurs, vieilles peluches dont des gâteux sentimentaux n'arrivent pas à se séparer.
Un grand nombre de ces figures, dans leur caractère et dans leurs attributs, se rapprochent aussi de l'Art Brut. En exagérant le stéréotype par des effets de répétition ou de grossissement des symboles, le dessin de Combas révèle la vérité de ces stéréotypes, une de ces vérités que les artistes marginaux, qui ne sont pas contraints par les mêmes tabous que les autres, sont souvent seuls à avouer aussi crûment […]. »- Extrait de Robert Combas, L’enfance de l’art, Catherine Millet
« Prise dans le courant de la Figuration libre, la peinture de Robert Combas fut l'objet de débats passionnés au tournant des années 1980. À plus d'un titre cependant, cette œuvre protéiforme se distingue du « retour à la peinture » qui caractérise cette époque. Robert Combas s'est toujours méfié des étiquettes que l'on a posées sur son art. De la Figuration libre, il ne conserve que l'épithète "libre" ; de l'art brut, il ne conserve que "brut". De l'art brut, il revendique la pureté ; de la Figuration libre, l'impureté (…).
En 1977, Robert Combas, encore étudiant à l'école des Beaux-Arts de Montpellier, réalise une série de tableaux dédiée aux héros de Walt Disney. Alors que la plupart de ses amis (principalement les frères Hervé et Buddy Di Rosa) étaient influencés par la bande dessinée « branchée » de l'époque (dans la ligne de Bazooka), Combas choisit délibérément de rendre hommage à la bande dessinée populaire et enfantine (Vaillant, Pif le Chien, Pilote, Tintin). Quand il écrit sur une de ses peintures de 1978 : "Mickey n'est plus la propriété de Walt, il appartient à tout le monde", Combas veut dire que c'est moins la bande dessinée en tant que telle (comme genre, ou surtout comme style) qui l'intéresse, que ce qu'elle signifie dans l'imaginaire populaire. Combas s'intéresse à ces univers parallèles parce qu'ils constituent une réserve créative et imaginaire toute prête, dans laquelle il est possible de puiser facilement, sans faire appel aux alibis de l'inspiration. »- Extrait du texte de Bernard Marcadé, Encyclopedia Universalis
« Combas : un artiste d’une espèce si particulière qu’on ne sait ni comment la nommer, ni comment la définir. Un peintre, qui est aussi dessinateur, sculpteur, bricoleur d’objets, inventeur d’assemblages et designer à l’occasion — aucun de ces mots ne va de soi, à commencer par "peintre". L’un des fondateurs de la Figuration Libre, la précision est connue — si ce n’est qu’il resterait à préciser en quoi cette figuration est libre et de quel genre de figuration il pourrait s’agir. Et ensuite ? Un primitif ? Un primitiviste ? Encore faudra-t-il s’entendre sur le sens de la notion. Et sur quelques autres fréquemment employées à son propos, telles que : caricature, art brut, narration, burlesque.
C’est dire qu’il faut procéder lentement, reprendre l’analyse sans certitudes établies, faire comme si on n’avait jamais rien lu de ce qui a été écrit sur lui, repartir des œuvres, repartir de ce qui se voit […]. »- Extrait d'un texte de Philippe Dagen, éditions Snoeck, 2005
Expositions récentes (sélection)
- 2005
- « Mots d’oreille », Magazzini del Sale, Venise
- 2006
- « Savoir Faire », Seoul Museum of Art, Séoul, Corée
- « La Force de l'art », Grand Palais, Paris
- 2007
- 2008
- Gana Art Center, Corée du Sud
- « Qu’es aco ? », fondation Vincent van Gogh, Arles
- « Robert Combas. Le frimeur flamboyant », Maison européenne de la photographie, Paris
- 2009
- « Freedom, Diversity ans oppression », Danubiana Meulensteen Art Museum, Bratislava, Slovaquie
- « À la revoyure », espace Jacques Villéglé, Saint-Gratien (95)
- 2010
- Fondation Mudima, Milan, Italie
- Galerie Hélène Trintignan, Montpellier
- « Sans filet, les Goulamas sont de retour », galerie Guy Pieters, Paris
- 2012
- Rétrospective « Greatest Hits » au musée d'art contemporain de Lyon
Notes et références
- France Musique, émission Les enfants de la musique, 22 janvier 2011.
- Pascale Le Thorel, Nouveau Dictionnaire des artistes contemporains, Larousse, 2004-2005.
- Site internet de l'artiste.
- Critique d'art au magazine L'Express.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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- Peintre contemporain français
- Naissance à Lyon
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