Ressouces non renouvelables

Ressouces non renouvelables

Ressource non renouvelable

Une ressource naturelle est qualifiée de non renouvelable ou épuisable lorsque sa vitesse de destruction dépasse, largement ou non, sa vitesse de création. Ainsi le pétrole qui a mis plusieurs dizaines de millions d'années à se former sera épuisé en au maximum quelques siècles. Ainsi un sol se forme en quelques siècles à plusieurs millénaires suivant les conditions chimiques, physiques et biologiques et est actuellement détruit dans certaines régions en quelques dizaines d'années, voire quelques années. On peut aussi rapprocher l'actuelle destruction accélérée des espèces d'une utilisation de ressources non renouvelables.

On parle au contraire de ressource renouvelable lorsque leur production est possible sur un temps court (production animale, végétale, etc.) ... et ne consomme pas elle même une ressource non renouvelable, ou lorsque la ressource n'est pas détruite par l'usage (énergie marémotrice, énergie éolienne, énergie solaire).

Sommaire

Modèles économiques

La Loi de Hotelling est un modèle de gestion des ressources non renouvelables élaboré en 1931 par Harold Hotelling. Elle montre que l'exploitation efficace d'une ressource non renouvelable et non augmentable conduirait, dans des conditions économiques stables par ailleurs, à l'épuisement de la ressource. La règle établit que cela conduirait à un prix net ou "Rente d'Hotelling" de la ressource qui croîtrait annuellement à un taux égal au taux d'intérêt, reflétant la rareté croissante de la ressource.

La loi de Hartwick (Hartwick's rule (en)) fournit un résultat important sur la durabilité du bien-être dans une économie qui utilise des ressources non renouvelables.

Histoire

Il semble que le problème de renouvellement des ressources, ou plus exactement l'incapacité des classes dirigeantes à prendre la mesure du problème, ait été un élément important de la plupart des disparitions de civilisations dans le passé[1].

La civilisation occidentale s'est déjà trouvée face à ce problème dans le passé. « Les Européens vivaient au cours du haut Moyen Âge au coeur de vastes forêts. Après 1250 leur compétence en déforestation devint si grande que vers 1500 ils manquaient de bois pour le chauffage et la cuisine. Ils se trouvaient menacé d'un déclin nutritionnel à cause de l'élimination de l'importante ressource de gibier qui avait habité les forêts nouvellement disparues, et qui au long du Moyen-âge avait constitué la base de leur régime carnivore hautement protéiné. Vers 1500 l'Europe était au bord d'un désastre énergétique et nutritionnel, dont elle ne fut sauvée au cours du seizième siècle que par l'arrivée du charbon et de la pomme de terre. » (Norman Cantor)

Avant ce sauvetage inespéré, le problème avait été identifié et des efforts menés pour le résoudre. À partir du XIVe siècle, les nombreuses mises « en deffens » des espaces forestiers et les premières réglementations seigneuriales, comme l’Ordonnance de Brunoy, permettent de mieux protéger les espaces forestiers de la déforestation irréversible. De plus, les malheurs du temps vont favoriser une certaine « reconquête forestière » aux dépens des espaces cultivés (multiplication des villages abandonnés). En 1515 François 1er établit la première réglementation royale pour protéger la ressource forestière. Elle est reprise par l'ordonnance de Louis XIV sur le fait des eaux et forêts du 13 août 1669, qui constitue la base de la législation actuelle, mais n'a commencé à porter ses fruits qu'au cours du XIXe siècle, faisant actuellement de la France un des pays les plus boisés d'Europe et un des rares pays au monde dont la surface forestière est croissante.

D'autres sociétés ont su mettre en place des réponses au problème du renouvellement des ressources. Ainsi en 1666, alors que le Japon commence lui aussi à manquer de bois, le shogunat met en place un plan national pour interdire les coupes et replanter les forêts ; mais en s'appuyant désormais sur les importations de bois il exporte la déforestation. Vers 1600 également les habitants de l'île micronésienne de Tikopia viennent en concurrence avec les porcs, qui constituent la part carnée de leur alimentation, pour l'accès aux aliments végétaux, et décident de les exterminer, repoussant ainsi les limites à leur croissance.

Dès le début du XXe siècle des inquiétudes existent sur la pérennité des ressources. En 1908 le président Théodore Roosevelt déclare dans un discours « Nous nous sommes enrichis de l'utilisation prodigue de nos ressources naturelles et nous avons de justes raisons d'être fiers de nos progrès. Mais le temps est venu d'envisager sérieusement ce qui arrivera quand nos forêts ne seront plus, quand le charbon, le fer et le pétrole seront épuisés, quand le sol aura été appauvri et lessivé vers les fleuves, polluant leurs eaux, dénudant les champs et faisant obstacle à la navigation. »[2]

Après la seconde guerre mondiale et avec la reconstruction, la protection des ressources n'est pas à l'ordre du jour, mais dès 1964, dans Avant que nature meure, Jean Dorst tire de nouveau la sonnette d'alarme : « L'homme moderne dilapide d'un coeur léger les ressources non renouvelables, combustibles naturels, minéraux, ce qui risque de provoquer la ruine de la civilisation actuelle. »

Le début des années 1970 voit une prise de conscience généralisée du problème. Une des études les plus médiatisées est celle commandée par le Club de Rome au Massachusetts Institute of Technology dont les conclusions ont été publiées en France en 1972 sous le titre Halte à la croissance ?. Deux mises à jour en ont été faites (en 1993 et 2004) qui valident dans le principe les conclusions de 1972.

Situation actuelle

Aujourd'hui, l'utilisation des ressources non renouvelables préoccupe de plus en plus de personnes. La durée d'utilisation de ces ressources ne peut être allongée qu'en réduisant leur consommation. La réduction de la consommation passe notamment par une utilisation plus efficace de la ressource (améliorations techniques et économiques) et par la réutilisation, c'est-à-dire le recyclage. Des économistes affirment que le jeu du marché peut aussi réguler la demande, la raréfaction d'une ressource entraînant mécaniquement une hausse des prix qui elle-même se traduit par une baisse de la demande et dans le même temps rend compétitive d'autres solutions techniques. On peut toutefois se demander si l'ordre de grandeur relatif des cycles de production, de consommation et d'innovation ne doit pas dans certains cas tempérer cet optimisme.

Les autres solutions techniques utilisent notamment des substituts. Le pétrole peut ainsi être remplacé par du diester, carburant produit à partir de l'huile de colza (nonobstant le fait que la surface agricole nécessaire au remplacement total de la consommation actuelle de pétrole n'existe pas sur terre). Lorsque l'amélioration technique est une véritable mutation, le besoin d'un substitut peut même disparaître. Par exemple en téléphonie, les fils de cuivre (matière coûteuse) sont remplacés par de la fibre de verre, puis par rien (en fait de l'énergie électrique et les matériaux des batteries nécessaires pour la stocker) pour la téléphonie mobile, qui fonctionne par onde radio.

On évoque souvent le pétrole, le gaz et les minerais comme des ressources non renouvelables. Dans certain cas, on puise aussi de l'eau de nappes constituées à des époques géologiques antérieures et qui ne sont plus, ou peu, entretenues soit en raison d'un climat aride, soit en raison d'une couverture imperméable. Il s'agit d'eau fossile, qui est une ressource épuisable.

Références

  1. Jared Diamond Effondrement (2005)
  2. White House Conference on the Conservation of Natural Resources - 13 mai 1908

Voir aussi

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