- Refrancisation
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Francisation
Le terme francisation désigne une transformation visant à adopter l'apparence française. Le terme est ainsi employé en linguistique (francisation de mots), en informatique (francisation de logiciels), en sociologie et éducation (francisation des non-francophones), et en droit maritime (francisation de bateaux). Il caractérise aussi une démarche administrative pouvant être effectuée pour une personne d'origine étrangère qui acquiert la nationalité française.
Sommaire
Usage en linguistique
La francisation englobe les changements d'orthographe et de grammaire d'emprunts, l'usage préférentiel de calques, voire de néologismes originaux, afin d'obtenir un lemme qui respecte les traditions et règles de la langue française, d'ordre phonétiques ou grammaticales.
Exemples
Transformation orthographique :
- à priori pour a priori
- gazole pour gas-oil, utilisé surtout en France (voir aussi diesel)
- cédérom pour CD-ROM
- bogue pour bug, erreur dans un programme informatique.
Calque :
- disque compact pour compact disc
- disque numérique polyvalent pour digital versatile disc (DVD)
Néologisme original :
- courriel pour e-mail (usage popularisé au Québec et rendu officiel en France à partir de 2003)
- pourriel pour Spam
Transformation grammaticale :
- pluriel simplifié : des scénarios pour scenarii
- adoption d'un « faux » singulier : un taliban pour taleb
Usage en sociologie et éducation
Francisation désigne le processus faisant de la langue française (et la culture associée) la langue utilisée dans la vie de tous les jours. Ce processus peut être volontaire et individuel, pour une personne suivant des cours de francisation pour s'intégrer dans un pays francophone, ou bien le résultat d'une évolution générale. Dans d'autres cas, il s'agit d'une politique autoritaire, visant à imposer l'usage de la langue française à une communauté dont ce n'est pas la langue maternelle (Pays basque français, Bretagne, par exemple).
Francisation de Bruxelles
Article détaillé : Francisation de Bruxelles.Au cours des XIXe et XXe siècles, Bruxelles s'est transformée d'une ville quasiment entièrement néerlandophone en une ville bilingue, voire multilingue, avec le français pour langue majoritaire et lingua franca[1]. Bien qu'historiquement Bruxelles fut une cité dont les habitants parlèrent des dialectes brabançons[2] — communément appelé dialecte flamand[3],[4] —, la situation linguistique bruxelloise changea radicalement au cours des deux derniers siècles. À côté d'une immigration française et wallonne, cette progression du français s'explique avant tout par la conversion linguistique de la population néerlandophone au cours des générations[5]. La raison en fut le manque de considération dont jouissait le néerlandais en tant que langue de culture au sein de la société belge[6], renforcé par l'attrait que représentait à l'époque le français comme langue de haute culture et des échanges internationaux[7],[8].
Cette transformation démarra graduellement au XVIIIe siècle[9] mais prit toute son ampleur lorsque la Belgique devint indépendante et que Bruxelles déborda au-delà de ses murs[10],[11]. La francisation réelle et massive de la population urbaine ne commença cependant que dans la seconde moitié du XIXe siècle[12]. À partir de 1880[13], on constate une véritable explosion de bilingues au détriment des néerlandophones unilingues[7],[14]. Le néerlandais ne se transmettait plus à la génération suivante[15], ce qui a eu pour effet une augmentation considérable du nombre des francophones unilingues après 1910[16]. À partir des années 1960[17], à la suite de la fixation de la frontière linguistique[18] et de l'essor socioéconomique de la Région flamande[14], la francisation des néerlandophones a stagné[19],[20]. Selon une étude publiée en 2008 par un professeur de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), 56.8% des familles bruxelloises parlèrent le français à la maison en 2006, face à 7.0% de familles néerlandophones. Il y avait également 8.6% de familles bilingues néerlandais-français[1].
Usage en informatique
La francisation d'un logiciel est simplement sa régionalisation en français.
Usage en droit maritime
La francisation est l'acte administratif, appelé acte de francisation, permettant à un bateau de battre pavillon français.
Usage en commerce québécois
Le certificat de francisation est accordé en vertu de la Charte de la langue française du Québec aux entreprises de 100 employés et plus qui démontrent que leurs opérations quotidiennes se déroulent en français.
Usage en toponymie
Lorsqu'un nouveau territoire entrait dans le giron français, l'administration, surtout par le passé, a régulièrement francisé certains noms de lieux, de fleuves, de montagnes… pour mieux intégrer cette région. Cela concerne plutôt les régions périphériques, voire uniquement celles appartenant à une sphère linguistique (Alsace, Bretagne, Flandre, Occitanie, Pays Basque, Savoie…). Cette francisation peut prendre plusieurs formes:
- adaptation : on cherche à donner une simple allure française sans trop défigurer la graphie originale, mais sans se préoccuper du sens initial ;
- traduction : on traduit mot pour mot le nom original, ce qui permet de conserver l'origine du nom ; toutefois, on remarque fréquemment des méprises, voire des erreurs, de traduction ;
- hybridation : on ne traduit qu'une partie du nom, soit le suffixe, soit le préfixe, en conservant intact le reste du nom original ; cela donne parfois lieu à de surprenantes tautologies ;
- transcription : il ne s'agit pas de francisation à proprement parler puisque la graphie initiale est conservée ; seule la prononciation est alors réellement francisée.
Voir aussi
Références
- ↑ a et b (nl) Rudi Janssens, « Taalgebruik in Brussel en de plaats van het Nederlands — Enkele recente bevindingen », 2008-01-7, Brussels Studies, n°13. Consulté le 2009-01-16
Traduction en français: L’usage des langues à Bruxelles et la place du néerlandais. Quelques constatations récentes.
Rudi Janssens est sociologue linguistique et professeur à la faculté de philosophie et lettres de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). Page d'accueil : [1]. - ↑ (fr) Sera de Vriendt, Els Witte, Ann Mares (réd.), « A propos du sens de l'expression 'parler bruxellois' », 2001, 19 keer Brussel; Brusselse Thema's (7), VUBPress (Vrije Universiteit Brussel), (ISBN 9054872926), p. 43. Consulté le 2009-01-26
L'auteur est professeur émérite en philologie germanique de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). - ↑ (fr) Claude Javeau, Le cadre socio-politique de l'usage des langues dans la Région de Bruxelles-Capitale [275-281], De Boeck & Larcier, coll. « Het statuut van Brussel / Bruxelles et son statut », Bruxelles, 1999, 817 p. (ISBN 2-8044-0525-7).
L'auteur est professeur ordinaire à l'Université Libre de Bruxelles.
Rédaction : Els Witte (Vrije Universiteit Brussel), André Alen (Katholieke Universiteit Leuven), Hugues Dumont (Facultés universitaires Saint-Louis) & Rusen Ergec (Université Libre de Bruxelles) - ↑ (fr) Daniel Droixhe, « Le français en Wallonie et à Bruxelles aux XVIIe et XVIIIe siècles », 2002-04-13, Université Libre de Bruxelles. Consulté le 2008-04-02
L'auteur est professeur à la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Page d'accueil : [2]. - ↑ (de) Johannes Kramer, « Zweisprachigkeit in den Benelux-ländern », 1984, Buske Verlag, (ISBN 3871185973). Consulté le 2009-03-04
L'auteur est docteur en science linguistique à l'Université de Trèves. Page d'accueil : [3]. - ↑ (nl) Nico Wouters, Groot-Brussel tijdens WOII (1940-1944) [57-81], De Boeck & Larcier, coll. « Les dix-neuf communes bruxelloises et le modèle bruxellois », Bruxelles, Gand, 2003, 754 p. (ISBN 2-8044-1216-4).
L'auteur est docteur en histoire contemporaine à l'Université de Gand.
Rédaction : Els Witte (Vrije Universiteit Brussel), André Alen (Katholieke Universiteit Leuven), Hugues Dumont (Facultés universitaires Saint-Louis), Pierre Vandernoot (Université Libre de Bruxelles), Roel De Groof (Vrije Universiteit Brussel) - ↑ a et b (fr) Eliane Gubin, « La situation des langues à Bruxelles au XIXe siècle à la lumière d'un examen critique des statistiques », 1978, Taal en Sociale Integratie, I, Université Libre de Bruxelles (ULB), p. 33-80. Consulté le 2009-01-16
L'auteur est professeur à la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Page d'accueil : [4]. - ↑ (nl) G. Geerts, M.C. van den Toorn, W. Pijnenburg, J.A. van Leuvensteijn et J.M. van der Horst, « Nederlands in België, Het Nederlands bedreigd en overlevend », 1997, Geschiedenis van de Nederlandse taal, Amsterdam University Press (Université d'Amsterdam), (ISBN 9053562346). Consulté le 2009-01-15
- ↑ (fr) Johanne Poirier, Choix, statut et mission d'une capitale fédérale: Bruxelles au regard du droit comparé [61-97], De Boeck & Larcier, coll. « Het statuut van Brussel / Bruxelles et son statut », Bruxelles, 1999, 817 p. (ISBN 2-8044-0525-7).
L'auteur est chercheur au Centre de droit public de l'Université Libre de Bruxelles.
Rédaction : Els Witte (Vrije Universiteit Brussel), André Alen (Katholieke Universiteit Leuven), Hugues Dumont (Facultés universitaires Saint-Louis) & Rusen Ergec (Université Libre de Bruxelles)
Page d'accueil : [5]. - ↑ (fr) Wallonie - Bruxelles, 2007-05-19, Service de la langue française. Consulté le 2009-01-18 Accessible via Internet Archive.
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L'auteur est chercheur à l’Université Laval (Cellule de géographie culturelle) et directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime. - ↑ (fr) Els Witte, Analyse du statut de Bruxelles (1989-1999) [19-33], De Boeck & Larcier, coll. « Het statuut van Brussel / Bruxelles et son statut », Bruxelles, 1999, 817 p. (ISBN 2-8044-0525-7).
L'auteur est professeur à la Vrije Universiteit Brussel et directeur du Centrum voor de Interdisciplinaire Studie van Brussel de cette même université.
Rédaction : Els Witte, André Alen (Katholieke Universiteit Leuven), Hugues Dumont (Facultés universitaires Saint-Louis) & Rusen Ergec (Université Libre de Bruxelles) - ↑ (nl) Harry van Velthoven, « Taal- en onderwijspolitiek te Brussel (1878-1914) », 1981, Taal en Sociale Integratie, IV, Vrije Universiteit Brussel (VUB), p. 261-387. Consulté le 2009-01-16
- ↑ a et b (fr) Catherine Capron, Marc Debuisson, Thierry Eggerickx, Michel Poulin; Jacques Verón (réd.), « La dualité démographique de la Belgique : mythe ou réalité? [255-278] », 2000, Régimes démographiques et territoires: les frontières en question : colloque international de La Rochelle, 22-26 septembre 1998, INED, (ISBN 2950935680). Consulté le 2009-02-26
- ↑ (en) Jeanine Treffers-Daller, « Mixing Two Languages: French-Dutch Contact in a Comparative Perspective », 1994, Walter de Gruyter, (ISBN 3110138379). Consulté le 2009-01-17
L'auteur est professeur en science linguistique à l'Université de l'Ouest de l'Angleterre. Page d'accueil : [6]. - ↑ (nl) Machteld de Metsenaere, « Thuis in gescheiden werelden — De migratoire en sociale aspecten van verfransing te Brussel in het midden van de 19e eeuw », 1990, BTNG-RBHC, XXI, 1990, n° 3-4 [383-412], Vrije Universiteit Brussel (VUB). Consulté le 2009-01-16
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- ↑ (nl) Leen Depré, Els Witte, Ann Mares (réd.), « Tien jaar persberichtgeving over de faciliteitenproblematiek in de Brusselse Rand. Een inhoudsanalystisch onderzoek », 2001, 19 keer Brussel; Brusselse Thema's (7) [281-336], VUBPress (Vrije Universiteit Brussel), (ISBN 9054872926), p. 281. Consulté le 2009-01-28
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- ↑ (fr) Daniel Blampain, « Le français en Belgique: Une communauté, une langue », 1997, De Boeck Université, (ISBN 2801111260). Consulté le 2009-01-26
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