Raymond Roussel

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Raymond Roussel, né à Paris, le 20 janvier 1877 et mort à Palerme, Italie, le 14 juillet 1933, était un écrivain, dramaturge et poète français.

Ses premiers livres, La Doublure, La Vue, Impressions d'Afrique, n'obtinrent aucun succès. Tous ses autres livres, comme Locus Solus ou L'Étoile au front, furent perçus comme des œuvres déroutantes. En 1932, il fit paraître ses Nouvelles Impressions d'Afrique, suivies de 59 énigmatiques dessins à la plume d'Henri-Achille Zo.

Dans Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935), Raymond Roussel explique les mécanismes de son écriture imaginaire, notamment basée sur :

• L'homophonie, exercice relevant de la Langue des oiseaux
• L'Enchâssement, mode d'écriture consistant à placer des incises dans des incises, à l'image de la règle dite des parenthèses en calcul algébrique.

Son faible succès auprès de ses contemporains l'amena à publier à compte d'auteur, d'où le jeu de mots dans le titre de son ouvrage Impressions d'Afrique, à comprendre « impressions à fric », conformément aux mécanismes de construction/déconstruction du langage et du double sens employés dans ses ouvrages.

Précurseur des surréalistes, admiré par André Breton, Jean Cocteau, Louis Aragon, Michel Leiris^[1], Paul Éluard, Marcel Duchamp ou Georges Perec, cet écrivain fut assez peu lu, compte tenu de la très grande complexité de ses ouvrages.

Raymond Roussel était un inventeur dans bien des domaines : dépôt d'un brevet sur l'utilisation du vide, formulation aux échecs d'une méthode de mat dans le cas de la finale roi, fou et cavalier contre roi seul^[2], découverte d'un théorème mathématique, etc. Il a aussi été médaille d'or de tir au pistolet. Il était, d'autre part, l'oncle de Michel Ney, descendant de Michel Ney, maréchal d'Empire, duc d'Elchingen et prince de la Moskowa : suite au mariage de sa sœur, il était lié aux Bonaparte et aux principaux noms de l'Empire napoléonien^[3].

Biographie

"On en sait plus sur Virgile que sur lui" écrit Jean Ferry. Pour résoudre certaines énigmes de sa biographie, on peut interroger Roussel lui-même en consultant Comment j'ai écrit certains de mes livres, publié deux ans après sa mort.

Raymond Roussel est le cadet d'une famille de trois enfants : un frère, Georges et une sœur, Germaine. Après des études musicales, il décide à dix-sept ans de ne plus faire que des vers, dans une versification parfaite. Il écrit nuit et jour pendant de longues périodes. Son premier livre La Doublure lui fait éprouver une sensation de « gloire universelle d'une intensité extraordinaire ». Le livre, paru le 10 juin 1897, reste cependant un échec complet. « J'eus l'impression d'être précipité jusqu'à terre du haut d'un prodigieux sommet de gloire ».

Ses insuccès provoquent chez lui de véritables crises de délire. Toutefois, il persiste et se livre à de complexes exercices avec les phrases et les mots. André Breton dira de lui : vient de naître « le plus grand magnétiseur des temps modernes ». Roussel écrit Impressions d'Afrique. Il faudra vingt-deux ans pour en épuiser la première édition. Pour écrire ce livre, il se déplace en Afrique mais ne sort jamais de sa chambre d'hôtel. Pour le reste, certaines étapes de sa vie sont repérées par les dates suivantes :

• 1893 : à 16 ans, il est admis au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, en classe de piano.
• 1894 : sa mère, sa sœur et lui même héritent de la fortune du père, ancien agent de change. Cette fortune, qui sera gérée par le père de Michel Leiris, est estimée alors à 40 millions de francs-or. Raymond Roussel commence à écrire des vers pour accompagner ses compositions musicales. À 17 ans, il écrit Mon Âme, un long poème publié 3 ans plus tard dans Le Gaulois.
• 1896 : il commence la rédaction d’un long poème intitulé La Doublure pendant laquelle il aura ce qu’il appelle une « curieuse crise » où, durant quelques mois, il éprouvera une « sensation de gloire universelle d’une intensité extraordinaire ».
• 10 juin 1897 : parution de La Doublure qui est un total insuccès. Il tombe alors en dépression. Il est soigné par le psychiatre Pierre Janet qui décrira son cas dans De l'angoisse à l'extase.

Continue de passer des auditions de piano.

Admire les académiciens, Paul Bourget et Pierre Loti ; il aime aussi le poète François Coppée.

Il fréquente les salons mondains jusqu’en 1897 ; il y rencontrera Marcel Proust.

• 1899 : rencontre avec Jules Verne.
• 1910 : parution d’Impressions d’Afrique auquel personne ne s’intéresse sauf Edmond Rostand qui prétend en faire une « pièce extraordinaire ». Roussel en fait alors jouer successivement trois versions, mais la critique s’acharne sur la pièce qui est un échec.
• 1914 : parution de Locus Solus qui n’est pas mieux accueilli que les précédents.
• Roussel charge Pierre Frondaie d’en faire une adaptation théâtrale, qui est aussi un insuccès et provoque des bagarres : Roussel accède à une célébrité de scandale.
• En 1920 et 1921, il effectue un tour du monde. Il séjourne notamment à Tahiti, sur les traces de Pierre Loti.
• 5 mai 1924 : pensant que ses pièces échouaient car elles n’étaient que des adaptations, Roussel écrit L’Étoile au front, mais c’est encore un échec accompagné de bagarres dont les partisans sont plus nombreux : on les hua. Il y eut des claques, et c’est alors que Robert Desnos lança son mot célèbre : « Nous sommes la claque et vous êtes la joue ».
• 2 février 1926 : dernière pièce, La Poussière de soleils, dont les places s’arrachèrent et qui ne donnèrent lieu à aucune bagarre, mais toujours avec une mauvaise critique.
• 1932 : parution de son dernier livre, Nouvelles Impressions d’Afrique.
• Le 14 juillet 1933, il est retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel, à Palerme, suite à un excès de barbituriques. Quelques jours auparavant, il avait déjà tenté de s'ouvrir les veines. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
• 1935 : parution de son ouvrage posthume, Comment j’ai écrit certains de mes livres.
• 1989 : une malle contenant de nombreux documents et manuscrits appartenant à Raymond Roussel est retrouvée chez un garde-meuble. On y trouve en particulier plusieurs textes inédits, notamment, « La Seine » qui fit l'objet d'une adaptation théâtrale au Festival d'Avignon, retransmise par France Culture.

Bibliographie

• Mon Âme, 1897, poème rédigé en 1894.
• La Doublure, 1897, roman en vers.
• Chiquenaude, 1900.
• La Seine, 1994, roman en vers rédigé vers 1900.
• La Vue, Le Concert et La Source, 1904.
• Les Noces, 1998, roman en vers rédigé vers 1904.
• Impressions d'Afrique,1910.
• Locus Solus, 1914.
• Pages choisies d'Impressions d'Afrique et de Locus Solus, 1918.
• L'Étoile au front, 1925, théâtre.
• La Poussière de soleils, 1927, théâtre.
• Nouvelles Impressions d'Afrique, 1932.
• Comment j'ai écrit certains de mes livres, 1935 (posthume).
• L'Allée aux lucioles, 1914, ouvrage inachevé, Dijon, Les Presses du réel, 2008, suivi d'un essai de Jacques Sivan

Liens externes

• Texte de Locus Solus
• La Doublure disponible sur Gallica
• La Vue - Le Concert - La Source disponible sur Gallica
• Impressions d'Afrique disponible sur Gallica
• Nouvelles Impressions d'Afrique disponible sur Gallica
• Version hypertexte de "Nouvelles Impressions d'Afrique"
• Deuxième document de Comment j'ai écrit certains de mes livres (le texte et une étude par J.-M. Bony).
• La rime millionnaire de Raymond Roussel par Serge Abramovici, Revista da Faculdade de Letras do Porto, II série, vol. VIII

Notes

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