- Roi, fou et cavalier contre roi seul
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- Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.
La finale Roi, fou et cavalier contre roi seul est une technique de mat du jeu d'échecs permettant à un joueur disposant d'un fou, d'un cavalier ainsi que son roi de mater son adversaire ne disposant que d'un roi seul. La technique dite du W a été formulée pour la première fois par Philidor dans son traité L'Analyse du jeu des échecs de 1749[1].
Sommaire
Principe de la technique dite du W
Cette fin de partie est relativement difficile, mais pas insurmontable. L'attaquant doit cependant avoir une bonne compréhension de l'interaction des pièces. Le mat peut être forcé en au plus trente-trois coups quelle que soit la position de départ (à condition que le défenseur ne puisse capturer immédiatement l'une des pièces). La limite des cinquante coups est donc respectée.
- Le matériel étant fortement réduit, toutes les pièces doivent collaborer.
- Le mat ne peut être forcé que dans un coin de la même couleur du fou. Dans l'exemple ci-après, il s'agira donc de la case a1 ou h8.
- Un adversaire averti tentera donc de rester au mieux au centre de l'échiquier, au pire dans un coin de la mauvaise couleur : a8 ou h1.
- Le cavalier effectue un trajet en « w » en oscillant autour du roi : g3, e4, g5 et e6.
La technique se décompose en quatre étapes.
- S'approprier le centre
- Chasser le roi à la bande
- L'emprisonner dans le bon coin
- Restreindre l'espace et mater
Démonstration de la technique dite du W
L'analyse a été effectuée avec l'aide des tables de Nalimov.
S'approprier le centre
- Il faut commencer par chasser le roi nu du centre.
- 1. Rc3 Ici, le roi est utilisé afin de priver son homologue du plus d'espace possible. 1. ... Re4 Les noirs tentent de rester au centre, le mat y est impossible. 2. Rc4 Re3 3. Rd5
Chasser le roi à la bande
- Le roi noir essaie de se réfugier en h1 (un mauvais coin).
- 3. ... Rf3 (3... Rd3? 4. Fc5 rapprocherait le roi noir de l'angle « peu sûr ») 4. Cd4+ Rf2! (4... Re3 5. Fg3 Rd3 6. Ff2) 5. Re4 Rg2 6. Re3 Rg1 7. Rf3
- Le couloir ainsi créé rappelle le mat élémentaire avec une tour.
L'emprisonner dans le bon coin
- Le zigzag du cavalier (g3, e4, g5 et e6), aide à garder le confinement. Pour progresser, il faut cependant très brièvement lâcher la bride (13. ... Rg6) et créer une cage.
- 7. ... Rh1 8. Cf5 Rg1 9. Cg3 Rh2 10. Fc5 Rh3 11. Fg1 Rh4 12. Ce4! Rh5 (12... Rh3 13. Cg5+ Rh4 14. Rf4) 13. Rf4 Rg6 14. Cg5 Rg7 15. Fc5
Restreindre l'espace et mater
- 15. ... Rf6 16. Fb4 Perd volontairement un temps. 16. ... Rg6 17. Fc3 Rh5 18. Rf5 Rh4 19. Fe1+ Rh5 20. Ce6 Rh6 21. Fb4 Rh5 22. Fe7 Rh6 23. Fg5+ Rh7 24. Rf6 Rg8 25. Rg6 Rh8 26. Rf7! Rh7 27. Cf8+ Rh8 28. Ff6#
Technique dite des Triangles de Deletang
Cette méthode porte le nom de Daniel Deletang, un Français qui vivait en Argentine dans les années 1920, et publia son analyse en 1923. Le Roi seul n'est pas repoussé dans le bon coin colonne par colonne ou traverse par traverse, mais de diagonale en diagonale. Pour un coin de mat en h1, cette dernière case est le sommet commun de trois Triangles imbriqués les uns dans les autres. L'emplacement du Roi blanc n'est essentiel que pour le grand Triangle: soit en g7, si dans le grand Triangle de départ (voir 1er diagramme) le Cavalier est en c4, soit en b2, si dans le grand Triangle de départ (voir 2nd diagramme) le Cavalier est en e6. Dans ces deux cas, le Roi nu est empêché d'aller au centre par l'action combinée du Roi blanc, du Cavalier et du Fou, qui garde la diagonale b1-h7. Ce Fou passera dès que possible de la diagonale b1-h7 à la diagonale d1-h5 (formant ainsi le triangle médian) puis enfin à la diagonale f1-h3 (formant ainsi le petit triangle). Le Fou défendant les cases blanches, ce sont le Roi blanc et le Cavalier qui bloqueront complémentairement les cases noires. Logiquement, le Roi noir, cherchant à retarder au maximum le mat, tentera de rester le plus lontemps possible près du centre de l'échiquier.
A partir de la position du second diagramme (Cavalier blanc en e6), la méthode de Deletang se réalise de la manière suivante: 1. Rc1 Re2 2. Fg6 Re3 3. Rd1 Rf2 4. Rd2 Rf3 5. Rd3 Rg4 6. Re3 Rh4 7. Rf4 Rh3 8. Fh5 Rg2 (8...Rh4 9. Fe2 Rh3 10. Cg5+ Rg2 11. Ce4 Rh3 12. Rg5 Rg2 13. Rg4 transpose dans la variante qui suit) 9. Re3 Rg3 10. Fe2 (voir diagramme du Triangle médian).
10...Rh4 11. Rf4 Rh3 12. Cg5+ Rg2 13. Ce4 Rh3 14. Rg5 Rg2 15. Rg4 Rh2 (15...Rg1 16. Rg3 Rh1 17. Cf2+ Rg1 18. Ch3+ Rh1 19. Ff3 mat) 15...Rh2 16. Ff1 (voir diagramme du petit Triangle)16...Rg1 17. Fh3 Rh2 18. Cc3 Rg1 19. Rg3 Rh1 20. Fg2+ Rg1 21. Ce2 mat.
Bibliographie
- (fr) article très détaillé (6 pages) de Laszlo Obran aussi bien sur la méthode du W que sur les Triangles de Delétang dans le Cahier Central de la revue Europe Echecs de mai 1988 (n° 353).
- (fr) Francis Meinsohn, Jeunes joueurs d'échecs: Je m'améliore, éd. Hatier, 1977, ISBN 2-218-03939-7: présente la méthode des Triangles de Delétang.
- (en) Bruce Pandolfini, Pandolfini's Endgame Course, ed. Fireside, 1988, ISBN 978-0-671-65688-1: présente pas à pas de manière très pédagogique la Méthode du W.
Notes
- Analyse du jeu des échecs p. 117
Catégorie :- Finale d'échecs
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