Quéménès

Quéménès
Quéménès
Kemenez (br)
L'île de Quéménès vue depuis le sud, à marée basse et avant la restauration de sa ferme
L'île de Quéménès vue depuis le sud, à marée basse et avant la restauration de sa ferme
Géographie
Pays Drapeau de France France
Archipel Archipel de Molène
Localisation Mer Celtique (océan Atlantique)
Coordonnées 48° 22′ 25″ N 4° 53′ 58″ W / 48.37358, -4.8995648° 22′ 25″ N 4° 53′ 58″ W / 48.37358, -4.89956
Superficie 0,30 km2
Côtes 3,42 km
Point culminant 13m
Géologie Île continentale
Administration
Drapeau de France France
Région Région Bretagne
Département Finistère
Commune Le Conquet
Démographie
Population 3 hab. (2009)
Densité 10 hab./km2
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+1
Site officiel http://www.iledequemenes.fr

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Quéménès
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Quéménès
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Îles de France

L’île de Quéménès (Kemenez, en breton) est une petite île bretonne située au large du Finistère. Elle fait partie de l’archipel de Molène, en mer d’Iroise.

Sommaire

Géographie

Elle se trouve à 2 milles marins de l’île de Molène et mesure 1,6 km de long et 400 m de large. Une île plus petite, le Lédénes de Quéménès, lui est souvent associée, les deux îles étant reliées par une cordon de galets émergé à marée basse.

Histoire

Néolithique

Comme les îles voisines, Quéménès a probablement été occupée dès le Néolithique, comme en témoignent des menhirs et des chambres mégalithiques[1]. Une tombe a été découverte par la tempête du 10 mars 2008 sur le Lédénes de Quéménès et a été datée entre 4300 et 4500 ans av. J.-C. lors d’une fouille par l’INRAP en septembre 2010, ce qui en fait le monument le plus ancien recensé dans l’archipel de Molène[2].

Moyen-Âge

Des fouilles archéologiques ont également permis de mettre au jour des pièces de monnaie datant du Moyen Âge. À la fin de cette période, l'île appartient à l'abbaye de Saint-Mathieu[1].

Ancien Régime

Sous l'Ancien Régime, elle est — comme le reste de la région — soumise à des attaques britanniques récurrentes, comme celle de 1758, durant laquelle le bétail de l'île fut saisi[1]. Ces attaques pourraient expliquer la découverte de quatre squelettes au sud-est de l’île, qu’une tempête a exhumé de la dune le 10 mars 2008: l’enquête ayant déterminé que leur mort est antérieure à 1640[3], et que les munitions trouvées à proximité des squelettes étaient utilisées entre 1617 et 1848 pour des « armes à feu à chargement par la bouche[4] ».

XIXe siècle

Cependant, à la fin du XIXe siècle, l'exploitation agricole de l'île semble connaitre de beaux jours malgré les conditions difficiles auxquelles elle est soumise, selon ce témoignage:

« On aperçoit de loin la ferme de Quéménès — un des amers de ce dédale. En débarquant sur ce plateau à peine émergé de haute mer, on est surpris de trouver de l'herbe touffue, une ferme plantureuse, de beaux chevaux, des champs de blé, des vaches grasses comme celles qui permirent au pudique Joseph de prédire au Pharaon sept années d'abondance. Il serait curieux d'étudier les mœurs de cette famille de Robinson, isolée du monde par les récifs, les courants de foudre, toutes les difficultés, tous les dangers possibles des communications maritimes.[5] »

— Paul Branda, La Voix des Pierres - Chapelle Tour de Fer- Kermorvan, 1892

XXe siècle

Madame Floc'h, qui passa 50 ans sur l'île dont 17 ans veuve, mena l'exploitation agricole et la récolte du goémon à la belle saison, en ayant jusqu'à une trentaine d'ouvriers sous ses ordres[1].

Le 5 juillet 1923, une partie de l'île est achetée par Mme Levasseur. Le 20 juin 1958, une partie de l'île est cédée par l'abbaye de Saint-Mathieu à François Kerlec'h[1].

Entre temps, la famille Tassin loua l'île à partir de 1953 puis l'acheta en 1960 à Mme Bellanger, pour l'occuper en permanence jusqu'à 1973[6].

L'exploitation agricole y fut la plus prospère de tout l'archipel molénais, sur 24 hectares de terre labourable, comptant jusque 10 chevaux, 12 vaches et porcs, des moutons et des volailles. Ce fut aussi un lieu privilégié pour la récolte du goémon, à tel point qu'on y monta une petite (et éphémère) usine d'iode[1].

Marie-Thérèse Darcque-Tassin, fille d'Henri Tassin, relate ainsi cette période:

« Tant que mon père était locataire de l'île, il exploitait le goémon comme ses prédécesseurs. Il développa les cultures et l'élevage lorsque les ouvriers goémoniers partirent un à un. Il acheta l'île en 1960 avec l'idée de produire pour exporter sur le continent et plus seulement pour nourrir sa famille. D'ailleurs nous n'étions pas nombreux. J'eus une sœur aînée et deux frères plus jeunes. Je n'oublie pas la « bonne », Soize. Nous étions donc, avec mes parents, une petite colonie de sept personnes à laquelle venaient s'ajouter de temps à autres trois quatre copains de mon père venus l'aider. Dans le temps la ferme produisait suffisamment pour une trentaine d'hommes s'échinant toujours dehors. Et encore, ses terres n'étaient pas travaillées comme elles auraient dû l'être. Le pari de mon père était donc parfaitement réalisable...[7]. »

— Marie-Thérèse Darcque-Tassin, Un bout de vie sur l'île de Quémènès, 2005

De 1996 à 2003, Marie-Thérèse Darcque-Tassin et son mari José Darcque entretiennent régulièrement l'île, d'abord pour leur famille, puis pour le compte du Conservatoire du littoral après le rachat de l'île en 2003, participant ainsi au lancement d'une nouvelle vie permanente sur l'île, jusqu'au décès tragique de José Darcque. Marie-Thérèse Darcque-Tassin et son fils ont aujourd'hui encore la jouissance d'une petite maison sur l'île [8].

Valorisation de l'île

Après son acquisition en 2003 par le Conservatoire du littoral, un projet associant exploitation maraîchère (pommes de terre) et d'élevage (moutons et volailles) et accueil du public (chambres d'hôtes et actions d'éducation à l'environnement marin) a vu le jour, dans le cadre du programme INTERREG ISLA ***. Le Conservatoire du littoral a choisi un couple pour y vivre et gérer cette exploitation, Soizic et David Cuisnier. Toutefois, l'île n’est pas habitée de façon permanente, ses habitants font quelques semaines de relâche sur le continent en hiver[9].

Après la rénovation de quelques uns des 11 bâtiments que compte l'île et son équipement en matériel fournissant de l'énergie renouvelable (panneaux solaires, éolienne) et permettant l’utilisation de l’eau (puisée ou récupérée par la pluie) et la phyto-épuration, mais aussi par le prolongement de la cale existante, l'activité a démarré à l'été 2008.

L'île a alors reçu la visite le 18 juillet 2008 de la secrétaire d'État à l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet et de la ministre de la Justice Rachida Dati lors d'un déplacement dans le Finistère pour parler des écosystèmes marins et de la répression des pollutions marines[10]

La ferme insulaire compte deux tracteurs, un véhicule électrique et une petite vedette en aluminium pour rejoindre Molène ou le Conquet. La production de pommes de terres (environ 10 tonnes en 2010), est diffusée dans les commerces du continent, ou expédiée par la Poste de Molène, en vente par correspondance[11]

Couverture médiatique

« Affaire des squelettes »

Le 10 mars 2008, le passage d'une tempête a révélé la présence de quatre squelettes (trois hommes et une femme) non identifiés sous la plage, qui ont donné lieu à de nombreux articles dans la presse régionale et, à moindre mesure nationale, au gré de plusieurs rebondissements.

Selon une première analyse de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, ils auraient été enterrés là entre 1966 et 1976[12]. Cependant, une datation au carbone 14 réalisée par le centre de datation par radiocarbone de l'Université de Lyon I, plus fiable, fait remonter la mort de ces individus avant 1640. L'hypothèse d'un lien avec un centre de redressement fermé au début des années 1960 sur l'île voisine de Trielen, qui a défrayé la chronique[6] (tout en étant incohérente avec la première datation des squelettes[13]), est définitivement écartée[3].

Le 8 octobre 2008, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) de Rosny-sous-Bois rend ses conclusions au sujet d'une petite sphère de plomb trouvée près des squelettes au mois de juillet précédent. Il s'agirait d'un projectile utilisé dans des « armes à feu à chargement par la bouche », selon les dires du procureur de la République de Brest, Xavier Tarabeux, qui conclut : « Maintenant, c’est à l’Histoire de prendre le relais[14] ». L'IRCGN précise que les munitions de ce type étaient utilisées entre 1617 et 1848, ce qui corrobore les analyses du centre de datation de Villeurbanne[4].

Ferme insulaire: les « robinsons de la mer d’Iroise »

L’histoire de l’installation et des premières années d’exploitation de la ferme insulaire a également donné lieu à de nombreux articles dans la presse régionale, mais aussi à plusieurs reportages.

Le magazine télévisé Thalassa, sur France 3, a diffusé le 30 mai 2008 un reportage portant sur l'année de préparation de l'exploitation et des chambres d'hôtes[15] et le 28 novembre 2008 une enquête sur les squelettes découverts en mars.

Le 29 avril 2011, Thalassa a diffusé un second reportage sur la vie des trois habitants à l'année de Quéménès : le couple (chargé de l'exploitation agricole de l'île et des chambres d'hôtes) et leur petite fille[16].

Notes et références

  1. a, b, c, d, e et f Vital Rougerie, L'archipel molénais, Rennes, édité pour le compte de la SNSM de Molène, 1989, 114 p., p. 89-92 
  2. « Une tombe du Néolithique découverte à Quéménès, près de Molène », dans Ouest France, 16 septembre 2010 [texte intégral] 
  3. a et b « Les squelettes de l’île Quéménès datés entre le xve et le xviie siècle », dans Ouest France, 6 octobre 2008 [texte intégral] 
  4. a et b « Une balle de plomb précise la datation des squelettes de Quéménès », dans Libé Rennes, 8 octobre 2008 [texte intégral] 
  5. Paul Branda, La Voix des Pierres - Chapelle Tour de Fer- Kermorvan, éd. Fischbacher (Paris), 1892, p. 80-81, consultable sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54777207/f95
  6. a et b Gaël Cogné, « L’énigme des quatre cadavres de Molène », dans Libération, 21 juillet 2008 [texte intégral] 
  7. Marie-Thérèse Darcque-Tassin, |Un bout de vie sur l'île de Quémènès, éd. La Découvrance, 2005
  8. Non signé, « Un second livre de Marie-Thérèse Darque-Tassin », dans Le Télégramme, 14 juillet 2009 [texte intégral] .
  9. Sébastien Panou, « Ils montent une ferme-auberge à Quéménes », dans Ouest France, 25 juillet 2007 [texte intégral] .
  10. Communiqué de presse du Ministère de la Justice sur Ministère de la Justice, 18 juillet 2008. Consulté le 2 mai 2011
  11. Soizic et David Cuisnier, « La récolte continue » sur Journal de bord de l'île de Quéménès, 1er août 2010. Consulté le 2 mai 2011
  12. Marc Mahuzier, « Le mystère des ossements de Quéménès », dans Ouest France, 23 juillet 2008 [texte intégral] 
  13. Muriel Meignan, « Les cadavres de Quéménès alimentent les fantasmes », dans La Nouvelle République du Centre-Ouest, juillet 2008 [texte intégral] 
  14. « Squelettes de Quéménès, fin du mystère », dans Le Télégramme, 7 octobre 2008 [texte intégral] 
  15. Les robinsons de la mer d'Iroise, sur le site de Thalassa.
  16. Les robinsons de la mer d'Iroise, la suite. Un reportage d’Herlé Jouon, sur le site de Thalassa.

Bibliographie

  • Marie-Thérèse Darcque-Tassin, Un bout de vie sur l’ile de Quéménès, éditions « La Découvrance » , 2005.
  • Marie-Thérèse Darcque-Tassin, L'ile de Quéménès mon paradis désenchanté, 2009

Lien externe

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Quéménès de Wikipédia en français (auteurs)

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