- Psychologie du développement
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La psychologie du développement est l'étude scientifique des changements dans le fonctionnement psychologique (fonctions cognitives, langagières, affectives et sociales) de l'individu humain au cours de sa vie. Même si l'accent est souvent mis sur l'étude du développement de l'enfant (par exemple sur l'acquisition du langage), le champ s'intéresse aussi à l'évolution psychologique du nouveau-né, du nourrisson, de l'adolescent et dans une certaine mesure de l'adulte, notamment lors du vieillissement. La psychologie traite donc de questions portant sur l'existence et l'étendue des facultés mentales présentes aux différents âges, sur les processus d'apprentissage ou l'influence du milieu social et éducatif sur le développement, particulièrement en lien avec les caractéristiques propres de chaque individu.
La psychologie du développement est liée à de nombreux autres champs de la psychologie, à la fois pour les concepts qu'elle emprunte (psychologie cognitive, psychodynamique...) mais aussi par les méthodes qu'elle utilise (psychologie expérimentale, éthologie...). Par ailleurs, elle offre des applications dans des domaines multiples qui vont de la psychologie de l'éducation à la pédopsychiatrie.
L'expression psychologie génétique est parfois utilisée dans un sens analogue, mais cette terminologie tombe en désuétude. Outre certaines différences conceptuelles (cf. infra), les termes de psychologie génétique ont été abandonnés, afin d'éviter l'équivoque du terme génétique, qui, dans ce domaine, était lié au concept de genèse, c'est-à-dire au processus de croissance de l'individu, et non pas aux gènes, supports admis de l'hérédité biologique[1].
Sommaire
Le développement psychologique
Le développement est l'ensemble des transformations qui affectent les organismes vivants au cours du temps. Le développement renvoie à deux types d'entités théoriques :
- Les stades du développement : les étapes successives que subit un organisme au cours du temps, depuis un état initial vers un état final, par exemple depuis le nouveau-né jusqu'à l'adulte ;
- Les mécanismes qui assurent le passage d'une étape à une autre.
La psychologie du développement met l'accent sur les transformations psychologiques se produisant depuis la naissance jusqu'à la mort, étudiant par exemple l'acquisition du langage ou la manière dont l'enfant apprend à compter. Néanmoins, d'un point de vue médical, on a identifié de nombreux facteurs liés à l'environnement prénatal de l'embryon qui peuvent influencer la psychologie de l'individu en devenir. Par exemple, la consommation d'alcool par la mère durant la grossesse est susceptible d'induire un syndrome d'alcoolisation fœtale, qui se traduit par diverses malformations et des déficits cognitifs chez l'enfant à naître.
L'intérêt scientifique pour la psychologie du nouveau-né est assez récent et a fait beaucoup de progrès grâce au développement de nouvelles méthodologies expérimentales comme la mesure du temps de regard ou du taux de succion.
La psychologie du développement est aujourd'hui renouvelée par l'approche neuropsychologie et la neurologie en général, qui a mis par exemple en évidence la plasticité neuronale qui, pour certains, continuerait à être à l'oeuvre durant toute la vie[2]
Méthodes expérimentales en psychologie du développement
Tout comme dans l'étude du comportement animal, l'une des particularité de l'étude psychologique de l'enfant est qu'il n'est pas toujours possible de lui donner des consignes verbales ou de lui demander de rapporter verbalement ses expériences, en particulier dans le cas où l'enfant est trop jeune pour maîtriser le langage. C'est pour cela que la psychologie du développement utilise beaucoup l'observation du comportement spontané et des mesures indirectes, y compris dans des situations expérimentales contrôlées. Parmi celles-ci on compte :
- Le taux de succion qui consiste à mesurer la force avec laquelle le nourrisson tète sur une tétine électronique afin d'estimer le degré d'intérêt du nourrisson pour un stimulus ;
- Le temps de regard qui compare le temps que passe l'enfant à regarder un stimulus plutôt qu'un autre
Trois courants théoriques historiques
Théories ontogénétiques
Sigmund Freud
Le concept de développement mental freudien le plus connu est la sexualité infantile. L'affectif tient une place dominante dans sa conception. L'originalité chez Freud est que le développement psychologique repose sur le corps, qui est le support du fonctionnement mental. Le développement peut être réversible du fait du conflit social.
Freud distingue 5 stades de développement affectif :
- le stade oral ;
- le stade anal ;
- le stade de latence ;
- le stade phallique ;
- le stade génital.
Jean Piaget
Contrairement à Freud, Piaget considère l'affectivité comme un sous-produit du cognitif, qui est, pour lui, le concept central. Il s'intéresse à l'adaptation, qui fait appel à deux mécanismes : l'assimilation et l'accommodation. Ces deux mécanismes sont complémentaires et indissociables.
Il détermine des repères dans le développement de l'enfant. Ces repères sont :
- la représentation ;
- la réversibilité ;
- l'abstraction.
Il constate que ces repères délimitent des périodes-clés du développement, ou paliers d'acquisition :
- période sensori-motrice ;
- période pré-opératoire ;
- période des opérations concrètes ;
- période des opérations abstraites.
Ce modèle linéaire et cumulatif est remis en question par l'imagerie cérébrale, qui montre, d'une part, qu'il existe déjà chez les bébés des capacités cognitives complexes (« bébés astronomes », selon le psychologue Roger Lécuyer ; « bébés mathématiciens », selon les études de Karen Wynn), et, d'autre part, que le développement vers l'abstraction est jalonné d'erreurs et de biais perceptifs, non prédits par la théorie piagétienne (théorie dynamique non linéaire de Robert Siegler, de l'université Carnegie-Mellon)[3].
Théorie épigénétique
Henri Wallon
Wallon prend l'enfant comme un être global. Ainsi, même s'il souligne le côté affectif du développement et l'influence de l'environnement, il accorde une importance égale à l'affectif, au social et au cognitif, qui sont pour Wallon indissociables de la personne : d'après lui, « l'enfant nait social »[réf. nécessaire]. Le rôle tuteur de l'adulte est pour lui primordial, c'est l'adulte (parent, professeur,éducateur) qui permet à l'enfant d'accéder à des connaissances nouvelles, par stimulation et étayage.
Les grands noms de la psychologie du développement
- Alfred Binet – médecin et juriste français
- James Baldwin – philosophe et théologien américain
- Jerome Bruner – psychologue Américain
- Erik Erikson – psychanalyste allemand, émigré aux USA (1902-1994)
- Sigmund Freud – psychanalyste autrichien
- Stanley Hall – psychologue américain
- Jean Piaget – psychologue suisse
- Lev Vygotski – psychologue russe
- Donald Winnicott – pédiatre et psychanalyste anglais
- Henri Wallon – psychologue, philosophe, neuropsychiatre et homme politique français
- Carl Rogers - psychologue humaniste américain
Voir aussi
Articles connexes
- Construction du nombre chez l'enfant
- Développement prénatal
- École maternelle, crèche, socialisation, acquisition du langage
- Enfants sauvages
- Théorie du détour
- Plasticité neuronale
- Psychanalyse de l'enfance
- Communication non-verbale
Psychologie humaniste | Assertivité | Estime de soi | Timidité | Empathie | Perception
Bibliographie
- Bernicot, J., Veneziano, E., Musiol, M. & Bert-Erboul, A. (Eds.) (2010). Interactions verbales et acquisition du langage. Paris: l’Harmattan.
- Bernicot, J.& Bert-Erboul, A. (2009). L’acquisition du langage par l’enfant. Paris: Editions In Press.
- Sr Pascale-Dominique Nau Maturité psychologique et maturité spirituelle(Rome: Lulu.com, 2009)
Liens externes
- Film pédagogique ancien en ligne ; « L'Éveil du tout-petit – des collectivités en mouvement » de Danielle Rapoport / Janine Levy, SFRS/CERIMES 1987, 23 min
Notes et références
- XXe siècle a vu l'émergence de la génétique du comportement, qui étudie comment le comportement (et la psychologie) est influencé par la génétique. La fin du
- Nat. Rev. Neurosci. 3, 65-71 January 2002 Neurogenesis in adult primate neocortex: an evaluation of the evidence"
- O. Houdé, La Psychologie de l'enfant, 2e éd., Puf, « Que sais-je ? », 2005.
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