Progressive party

Progressive party

Parti progressiste (États-Unis)

Le Parti progressiste (Progressive party) est un Tiers parti politique américain créé en dissidence du Parti républicain (États-Unis) pour promouvoir une politique sociale plus avancée.
Fondé en 1912, le premier parti progressiste, surnommé Bull Moose Party (le "parti de l'élan"), fit de l'ancien président républicain Théodore Roosevelt son candidat à l'élection présidentielle de la même année. Après son échec à cette élection ainsi qu'aux scrutins de mi-mandat de 1914, le parti déclina et disparut en 1916.
Il fut relancé huit ans plus tard par le sénateur républicain Robert M. La Follette, ancien rival de Roosevelt, qui obtint un score honorable à l'élection présidentielle de 1924. Ce second parti, principalement implanté dans le Wisconsin, s'éteignit dans les années 1940.

Un troisième parti progressiste fut créé en vue de l'élection de 1948 pour soutenir la candidature d'Henry A. Wallace, ancien vice-président de Franklin Delano Roosevelt. Actif jusqu'au milieu des années 1950, ce petit parti de Gauche n'a pas de lien direct avec les deux premiers partis progressistes.
Des partis progressistes locaux existent aujourd'hui dans quelques États, notamment dans le Vermont.

Sommaire

Parti progressiste de 1912

Convention progressiste du 6 août 1912, à Chicago.
Roosevelt en campagne électorale. Carte postale colorisée de 1912.

En désaccord avec la politique menée par son successeur, le président William Howard Taft, l'ancien président Théodore Roosevelt décida de se représenter à l'élection présidentielle de 1912, entrant ainsi en dissidence du Parti républicain, ce dernier ayant ré-investi Taft le 22 juin.
Roosevelt et ses partisans rejoignirent alors le Parti progressiste, fondé la même année par l'éditeur Frank A. Munsey, inventeur du Pulp, et le financier George W. Perkins.
Ayant reçu l'investiture de ce nouveau parti à l'issue de la convention de Chicago (août 1912), Roosevelt éclipsa ainsi Robert M. La Follette, qui menait une faction progressiste au sein du Parti républicain depuis 1910 et estimait par conséquent être le candidat légitime du mouvement.

Outre sa volonté de lutter contre les trusts et les monopoles, Roosevelt proposait une politique "Néo-nationaliste" (New Nationalism). Inspirée d'un ouvrage d'Herbert Croly, cette politique prônait un gouvernement plutôt interventioniste, régulant l'industrie et les affaires, et protégeant les classes laborieuses et les classes moyennes dans une optique plutôt paternaliste. La plateforme du parti incluait notamment des lois de couverture sociale des femmes et des enfants, un renforcement des impôts sur le revenu et sur les successions, ainsi que le droit de vote des femmes. Les réformes sociales contenues dans ce programme dissuadèrent plusieurs groupes d'intérêts de financer la campagne de Roosevelt, ce qui handicapa cette dernière.
Des divisions survinrent également sur plusieurs points : le financier et industriel George Perkins, cofondateur et secrétaire exécutif du parti, s'opposa à ce qu'une proposition anti-trust soit intégrée à la plateforme progressiste, ce qui choqua de nombreux partisans de la lutte contre les comportements anticoncurrentiels des grandes entreprises, tandis que la militante féministe et pacifiste Jane Addams fut critiquée pour son soutien à un programme électoral prônant la construction de deux nouveaux navires de guerre par an.

Le parti était surnommé Bull Moose Party ("le parti de l'élan"), Roosevelt n'hésitant pas à se déclarer "aussi fort qu'un élan". Il fit notamment cette comparaison lors de son discours de campagne du 14 octobre à Milwaukee[1], quand il eut le courage de remonter à la tribune malgré la balle qu'un déséquilibré venait de lui loger dans la poitrine[2]. L'élan devint la mascotte du nouveau parti[3], au même titre que l'âne démocrate ou l'éléphant républicain.

Roosevelt termina second, avec 88 grands électeurs et plus de 27% du vote populaire (score historique pour une candidature de Tiers parti), mais il ne fut premier que dans six États : la Pennsylvanie, le Michigan, le Minnesota, le Dakota du Sud, l'État de Washington et la Californie, dont le gouverneur était Hiram Johnson, colistier de Roosevelt. La candidature de Roosevelt a par conséquent contribué à la défaite de Taft et à la victoire du démocrate Woodrow Wilson, qui appliqua certaines idées progressistes (comme, en 1920, l'extension aux femmes du suffrage universel).
N'ayant réussi qu'à envoyer dix-sept des leurs au Congrès, les progressistes échouèrent largement aux élections de mi-mandat de 1914[4] et la plupart d'entre eux (dont Alf Landon, futur candidat républicain à l'élection de 1936, ou Harold Ickes) réintégrèrent le Parti républicain deux ans plus tard, en 1916[5]. La même année, le Parti progressiste tint sa seconde convention présidentielle et proposa à Roosevelt d'être à nouveau son candidat. Ce dernier ayant refusé cette offre pour mieux soutenir la candidature du républicain Charles Evans Hughes, le parti poursuivit son déclin et fut mis en sommeil pendant huit ans.
Il fut en effet absent de la course à la Maison blanche en 1920, faute de candidat. Ancien colistier de Roosevelt (mort l'année précédente) et souvent considéré comme l'héritier politique de ce dernier, l'ex-progressiste Hiram Johnson avait préféré prendre part aux primaires du Parti républicain, qui désignèrent Warren G. Harding.

Parti progressiste de 1924

Le sénateur La Follette, candidat des progressistes, pendant sa campagne présidentielle de 1924.

En froid avec Roosevelt depuis 1912, le sénateur Robert M. La Follette a subi la perte d'influence des progressistes dans les années 1916-1924 avant d'être pressenti par le Farmer-Labor Party, un parti agrarien et socialiste, pour être son candidat à l'élection présidentielle américaine de 1924. Dénonçant l'influence des communistes au sein de ce mouvement, La Follette préféra se présenter sous les couleurs d'un Parti progressiste réactivé, bénéficiant du soutien de socialistes, d'anciens "élans" de 1912, de nombreux activistes progressistes, et de démocrates "libéraux" de Gauche satisfaits du choix d'un candidat à la vice-présidence issu de leur propre parti, Burton Kendall Wheeler (ce qui contribua à la défaite du candidat démocrate John W. Davis[6]).
Le programme de La Follette prévoyait la nationalisation des chemins de fer et de l'électricité, la mise en place de crédits à faibles taux pour les agriculteurs, l'interdiction du travail des enfants et la défense de la liberté syndicale. Outre ces propositions ancrées à Gauche, les progressistes demandaient la fin de l'impérialisme des États-Unis en Amérique latine ainsi que la mise en place d'un référendum populaire préalable à toute entrée en guerre[7].
Terminant troisième, avec 17% du vote populaire et les treize grands électeurs du Wisconsin (fief électoral de La Follette), il réalisa un score très honorable.

Après la mort de La Follette (1925), le Parti progressiste fut réactivé en 1934 par les fils du sénateur, Philip et Robert Marion Junior. Ce dernier succéda à son père au Sénat, où il fut le porte-parole d'un comité de défense des droits des travailleurs (1936-1941). Disposant de grands élus (gouverneur et membres du Congrès) dans son fief du Wisconsin jusque dans les années 1940, le Parti progressiste se dispersa à nouveau en 1946, quand la plupart de ses membres (dont La Follette Junior) retourna au Parti républicain. Cependant, l'influence du McCarthisme anihila bientôt au sein du GOP les conceptions sociales avancées apportées par les progressistes[8].

Le courant progressiste existant à l'intérieur du parti de Lincoln avait d'ailleurs subit un cinglant revers une dizaine d'années plus tôt, lors de la sévère défaite à la présidentielle de 1936 d'un ticket républicain composé de deux anciens "élans", Alf Landon et Frank Knox. Face à eux, le président démocrate sortant, Franklin D. Roosevelt, avait bénéficié du succès de sa politique économique et sociale, à laquelle s'étaient ralliés certains progressistes, comme Robert M. La Follette Junior, George William Norris, Harold Ickes ou Burton Wheeler.

Parti progressiste de 1948

Henry Wallace, candidat progressiste en 1948.

Créé après 1946 et sans lien direct avec le précédent parti, le troisième Parti progressiste devait son nom à ses idées très avancées, telles que le pacifisme (alors que débutait de la Guerre froide), la revendication d'un salaire minimum et d'une couverture médicale universelle ou encore l'abolition de la ségrégation raciale.
En vue de l'élection de 1948, le parti choisit Henry Wallace, ancien vice-président démocrate de Franklin Roosevelt. En raison de ses convictions jugées trop progressistes, Wallace avait été écarté de l'administration d'Harry Truman (dont il critiquera la doctrine) en 1946[9].
En pleine période maccarthiste, le soutien des communistes à sa candidature[10] coûta cher à Wallace, qui remporta moins de 3% du vote populaire, près de la moitié de ses voix provenant du seul État de New-York[11]. Par la suite, Wallace prit ses distances avec le parti, qu'il quitta par anticommunisme à l'époque de la Guerre de Corée.
Le Parti progressiste participa encore à l'élection de 1952, lors de laquelle il présenta la première candidate afro-américaine à la vice-présidence, Charlotta Bass. N'ayant obtenu que 0,2% des suffrages, le parti se dispersa en 1955.
George McGovern fut membre de ce petit parti indépendant de 1948 à 1952, date à laquelle il rejoignit le Parti démocrate, dont il sera le candidat à l'élection de 1972.

Partis progressistes locaux

Logo du Parti progressiste du Vermont reprenant l'élan (Bull Moose) de 1912.

Entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle, le nom de "Parti progressiste" a été repris par des organisations politiques locales.
En 1988, un Parti progressiste du Minnesota fut créé pour soutenir la candidature indépendante d'Eugene McCarthy (0,02% du vote populaire).

Le Parti progressiste du Vermont a été créé en 1999 par les partisans du social-démocrate indépendant Bernie Sanders[12]. Ce parti local, qui compte plusieurs élus et parlementaires locaux dans l'État du Vermont, qualifie le Parti républicain de « parti d'extrême-droite » et se sent un peu plus proche des démocrates, considérés toutefois comme des centristes insuffisamment combatifs quant à la défense des intérêts des classes moyennes et laborieuses[13]. En hommage au mouvement de 1912, ce parti a repris pour emblême l'élan de Roosevelt.
Le Parti progressiste de l'État de Washington, de moindre influence, a été créé en 2003 sur le modèle de la formation du Vermont.

Créé en 2001, le Parti progressiste du Missouri est quant à lui un parti écologiste affilié au Parti vert (Green party).

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. "It Takes More Than That to Kill a Bull Moose" : texte du discours du 14 octobre 1912 sur le site de la Theodore Roosevelt Association, consulté le 9 novembre 2008.
  2. Ce déséquilibré, nommé John F. Schrank, motiva son geste par sa colère envers un président qui osait briguer un troisième mandat (ce qui était contraire à l'usage institué par George Washington). La balle avait heureusement été ralentie en traversant l'étui à lunettes du président ainsi que les cinquante pages de son discours. Les médecins ne la délogèrent jamais.
  3. L'emblême de l'élan a été repris par l'actuel Parti progressiste du Vermont, un parti social-démocrate ayant une forte implantation locale.
  4. Ancien membre de l'administration Roosevelt, le candidat progressiste James Rudolph Garfield fut, dans l'Ohio, un des perdants de ces élections.
  5. D'autres progressistes, comme Walter Lippmann puis Bainbridge Colby et Herbert Hoover (qui retourna par la suite au Parti républicain), rejoignirent au contraire le président démocrate Wilson, tandis que certains fervents partisans de Roosevelt, déçus par la défaite de ce dernier, se considérèrent désormais "sans parti" (comme le juriste Felix Frankfurter).
  6. Affaibli sur sa gauche par la candidature progressiste d'un La Follette épaulé par un colistier issu du Parti démocrate, Davis était également affaibli sur sa droite en raison de sa dénonciation du Ku Klux Klan, alors au sommet de son influence au sein de l'électorat démocrate des États du Sud.
  7. Ce pacifisme a conduit un certain nombre d'anciens progressistes à rejoindre l'association non-interventionniste America First avant l'entrée en guerre de 1941, ce qui permit ensuite à leurs adversaires de les présenter comme moins patriotes.
  8. Joseph McCarthy avait d'ailleurs ravi le mandat de sénateur du Wisconsin à La Follette Junior en 1946, quarante ans après l'élection à ce poste de La Follette Senior. La Follette Jr. se suicida quelques années plus tard, en 1953, alors qu'il craignait d'être touché par la "chasse aux sorcières" maccarthiste en raison de la révélation de l'infiltration de son comité sénatorial de défense des travailleurs (1936-1941) par des agents communistes.
  9. Wallace était par ailleurs le directeur de la revue de Gauche The New Republic, fondée par Herbert Croly, l'inspirateur de l'idéologie progressiste de 1912, et par Walter Lippmann. C'est le seul lien, très indirect, entre le progressisme de 1948 et le mouvement de T. Roosevelt et La Follette.
  10. Le Parti communiste, alors mené par William Z. Foster, ne présenta pas de candidat et fit campagne en faveur de Wallace. Cependant, la presse estimait que les communistes avaient pris l'ascendant sur le candidat progressiste. Le leader socialiste Norman Thomas partageant ce point de vue, il quitta le Parti progressiste et devint le candidat du Parti socialiste pour représenter la Gauche non communiste.
  11. La campagne progressiste souffrit également de la révélation par la presse de la correspondance ésotérique échangée dans les années 1930 par Wallace, alors secrétaire à l'agriculture, et Nicholas Roerich.
  12. Avant la création officielle du parti en 1999, les progressistes du Vermont avaient déjà des élus depuis les années 1980.
  13. Voir les propos tenus par Bernie Sanders le 26 octobre 2007 et reproduits au sommet de la page d'accueil du site officiel du parti (consulté le 9 novembre 2008) : « Les partis républicain et démocrate sont différents. Les républicains appartiennent à un parti d'extrême-droite. Les démocrates appartiennent quant à eux à un parti centriste tendant quelque peu vers la Gauche, mais ils ne sont pas assez agressifs quant à la protection des intérêts des travailleurs et des classes moyennes. »



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