Position stratégique

Position stratégique

Stratégie

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Voir « stratégie » sur le Wiktionnaire.

La stratégie a deux sens [1] :

  1. c'est l'art de diriger et de coordonner des actions pour atteindre un objectif. Il s'applique alors à tout type d'actions : politiques, économiques, personnelles...
  2. c'est l'art de planifier et de coordonner l'action des forces militaires d'un pays pour attaquer ou pour défendre.

Sommaire

Définitions

Sémantique

La stratégie - du grec stratos qui signifie « armée » et ageîn qui signifie « conduire » - en Italien strategia est :

«La stratégie est de la compétence du gouvernement et de celle du haut-commandement des forces armées.» Charles de Gaulle

Différence avec la tactique

Attaque soudaine, peinture de Vassili Verechtchaguine (1871), illustrant le niveau tactique.

Contrairement à la tactique dont l'enjeu est local et limité dans le temps (gagner une bataille), la stratégie a un objectif global et à plus long terme (gagner la guerre). En effet, il appartient à la politique le choix de la paix ou de la guerre et l'attribution des ressources mises en œuvre par des stratégies militaires sur le champ de bataille ou diplomatiques dans des négociations

En fait, les militaires considèrent, dans cet art de combiner ses moyens et ses ressources en fonction des contingences, trois niveaux :

  • le niveau stratégique, ou plus couramment aujourd'hui politico-militaire, au plus haut niveau de l'État, dans un dialogue itératif entre responsables politiques, diplomatiques et militaires ;
  • le niveau opérationnel, entre le haut-commandement militaire et le commandant d'un théâtre d'opération ;
  • le niveau tactique, qui est celui, local, du commandant d'unité engagé dans une action particulière.

La stratégie consiste à la définition d'actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle pour réaliser ou pour atteindre un ou des objectifs. Elle se traduit ensuite, au niveau opérationnel en plans d'actions par domaines et par périodes, y compris éventuellement des plans alternatifs utilisables en cas d'évènements changeant fortement la situation.

On entend par forces stratégiques, les forces, qui mettent en œuvre la dissuasion nucléaire, dotées d'armes nucléaires stratégiques (emploi politique), délivrées par des bombardiers stratégiques ou des missiles balistiques stratégiques.

L'établissement d'une stratégie exige : d'une part, l'estimation de probabilités de réalisation des éventualités susceptibles d'être retenues ; d'autre part, l'adoption d'une règle ou d'un indicateur de préférence permettant de classer les résultats escomptés par la mise en œuvre de différents scénarios.

Autres définitions clés en stratégie militaire

La stratégie militaire se présente sous deux formes : le niveau d'organisation et le mode de conduite.

Article détaillé : Enveloppement stratégique.

L’enveloppement stratégique consiste à attaquer au niveau supérieur des règles de conduite plutôt que d’affronter directement les forces vives.

Entre plan et stratégie

Article détaillé : Planification stratégique.

Alors que l’idée du plan est l'œuvre d'un raisonnement linéaire qui privilégie la relation objectifs - contraintes, c'est-à-dire qu'on veut atteindre les objectifs tout de suite en éliminant tous les obstacles par la contrainte ; le raisonnement stratégique est de nature complexe, il renverse les données du problème : ce sont les ressources qui seront déterminantes, et non pas les objectifs. C'est en fonction de ces ressources qu'il faut sinon déterminer, du moins ajuster les objectifs.

La réflexion sur les ressources porte sur les vertus de ce qui existe et sur les moyens d'en tirer partie. Elle consiste en la valorisation et la mobilisation des ressources humaines, la fertilisation des réussites et des innovations, l'optimisation de l'emploi des capacités financières et des moyens matériels, la saisie de toutes les occasions et de toute conjoncture favorable, avec la minimisation des coûts et l'économisation des énergies. Quant aux contraintes et aux obstacles, on essaye de les aménager, de les contourner, mieux encore, de les transformer en ressources.

Diplomatie, management, politique économique

En diplomatie, on parle de plan pour une doctrine ou une feuille de route destinée à guider les relations internationales dans un domaine donné, dans le cadre plus général d'une politique internationale.

Le développement d'une entreprise suppose diverses stratégies : stratégie marketing (le marché étant parfois comparé à un terrain de bataille), stratégie financière… On devrait dans ce cas plutôt parler de tactique, mais le terme est moins noble et est plutôt utilisé pour décrire des politiques de court terme, alors que la stratégie d'entreprise relève du long terme. Les grands cabinets de conseil en stratégie fournissent des services spécialisés en cette matière au senior management de grandes entreprises.

De même, la politique économique se réfère au concept de stratégie de développement. Si une telle stratégie veut englober toutes les dimensions de la société civile (exigences des parties prenantes, analyse du contexte de l'entreprise, prise de responsabilité, perception précoce et conscience face aux risques…), elle ne peut se limiter aux aspects strictement économiques de la stratégie, mais doit au contraire intégrer les aspects environnementaux et sociaux dans une vision globale de la gouvernance de type développement durable.

Quelques outils et méthodes pour définir sa stratégie

Dans le monde économique, ill existe de nombreux outils permettant à une équipe de définir sa stratégie.

Les études de marché se fondent essentiellement sur une description des évolutions prochaines du marché. Elles sont un compromis, une articulation, parfois même une synergie entre la perception des spécialistes internes et les anticipations de bureaux experts. Le point fort de cet outil est de permettre de se centrer sur le marché et ses évolutions. Son point faible tient dans la crédibilité des informations et la part des croyances composant l'information générée par les experts.

Le croisement des objectifs par interviews et caucus consiste à demander à un service en interne ou à un bureau de consulting externe de faire le tour d'un certain nombre de personnes clefs de l'organisation pour récolter et croiser les opinions, les priorités, les signaux faibles ou forts et les objectifs que les uns et les autres souhaiteraient voir budgétiser pour les 3 ou 5 ans à venir. Des réunions ou séminaires stratégiques servent de lieu de négociation, d'intégration, de prioritisation des pistes dégagées lors de la collecte des informations. Le point fort de cet outil est de s'appuyer sur la culture et les connaissances acquises de l'équipe. Son point faible est de croiser les subjectivité avec tous les jeux de pouvoirs et le poids de l'orgueil des uns et des autres.

Les tableaux de bord sont des outils d'aide à la décision qui intègrent de plus en plus de variables factuelles ou subjectives. Ces tableaux de bord permettent d'établir une stratégie sur base de scénarios qui font l'objet de réflexion plus ou moins précises, partagées et validées. Ces outils permettent de se comparer à soi-même, à d'autres acteurs du marché ou de cibler des écarts entre la situation actuelle. L'atout de cet outil est d'objectiver l'information utilisée et de permettre des variations de solutions assez nuancées (analyse de sensibilité). Son point faible tient dans la validation des choix de construction de l'outil qui sert de base à l'ensemble du pilotage. Elles sont parfois perçues comme des "usines à gaz" par les opérationnels.

Les diagnostic courts sont des méthodes qui jouent sur les progrès les plus récents des approches essentiellement systémiques. Elles sont particulièrement utiles dans des environnements instables ou à forte composantes humaines (groupes d'experts ou de bénévoles). On signalera parmi ces méthodes l'approche Hoschin Méthode Hoshin.

Quelques grands stratèges

Stratèges économiques

Voir également les principaux cabinet de conseil en stratégie.

Stratèges militaires

  • Sun Zi (ou Sun Tsu) : stratège chinois qui vivait à l'époque des Royaumes Combattants (475-221 av. J.-C.). Œuvre : L'Art de la guerre. Il analyse la guerre comme un acte central pour l'État, dont la paix dicte le sens. Pour Sun Tsu, l'habileté suprême est de vaincre sans combattre. To subdue without fighting (traduction anglaise du USMC Brig. General Samulel B. Griffith - référence à l'UNESCO). Les versions françaises viennent de ce texte et souffrent d'un contresens fondamental vis-à-vis de la philosophie confucéenne de la guerre chez Sun Tzu. To subdue vient de l'ancien français soduire, signifiant à la fois « séduire » et « soudoyer » (voir Webster's Collegiate Dictionary et Encyclopedia Britannica). http://classiques.uqac.ca/classiques/granet_marcel/granet_marcel.html
    Pour Sun Tzu, la guerre est l'art de la tromperie (War is the art of deception). Napoléon ne respectera jamais le précepte de Sun Tsu de « construire des ponts d'or à l'ennemi en fuite », préférant au contraire les cannonner copieusement à ce moment-là afin de les éliminer des batailles futures (source : Guerre et paix).
  • Antoine de Jomini : ce général d'origine suisse participa à de nombreuses campagnes dans la Grande Armée, puis devint général en chef dans l'Armée russe; il était un des meilleurs stratèges et penseurs militaires de son époque[réf. nécessaire]. En 1806, il avait déjà compris comment l'Empereur ferait pour abattre l'Armée autrichienne, pratiquement au détail près. Il est l'un des rares généraux de l'époque à avoir saisi l'essence même des opérations militaires, sans les rattacher à la période ou aux techniques.
    Au XXIe siècle, sa pensée inspire notamment l'armée américaine. Son obsession pour les lignes d'opération et les lignes stratégiques est cependant la cause d'un certain vieillissement de son œuvre.
  • Carl von Clausewitz : général prussien (1780- 1831). Œuvre De la guerre. Tirant les leçons des guerres de la Révolution et de l'Empire, il est le théoricien de la guerre totale, même si celle-ci, dans son œuvre, est présentée plus comme un concept (celui de « la montée aux extrêmes ») que comme une réalité effective. Un contemporain de Jomini, mais dont les conceptions stratégiques et philosophiques transcendent à beaucoup d'égards son époque. Pour Clausewitz, la guerre est avant tout la continuation de la politique par d'autres moyens. Sun Tzu et Clausewitz sont considérés au XXIe siècle par la plupart des experts comme les deux plus grands théoriciens de la stratégie.
  • Alfred Mahan : Cet officier de marine a écrit plusieurs ouvrages sur la stratégie maritime, qui ont si fortement inspiré les militaires américains qu'ils ont ensuite axé une grande part de leur stratégie sur ses écrits. Certains pensent[Qui ?] que leur opération pour prendre le canal de Panama fut déclenchée notamment grâce aux révélations de Mahan. C'est un disciple de Jomini, qui a traduit pour les questions maritimes les principes de L'Art de la guerre.
  • Liddell Hart : théoricien anglais des formations de blindés mises en œuvre par Heinz Guderian durant le Blitzkrieg. Charles de Gaulle avait également écrit un ouvrage (Vers l'armée de métier) où il recommandait le même système d'attaques de blindés accompagnés d'une couverture aérienne, et qui ne sera pas pris en considération.

Quelques théories

Théorie des jeux

En théorie des jeux, une stratégie désigne un ensemble de choix d'action décidé a priori.

Représentons un jeu par un arbre de décision : à chaque nœud, un joueur ou le hasard doit décider d'une action. Un joueur peut décider par avance de la meilleure action à entreprendre à tous les nœuds qu'il peut rencontrer. L'ensemble de ces actions compose une stratégie. Une stratégie gagnante est présentée pour le jeu de Hex dans l'article associé.

À partir d'une représentation en arbre d'un jeu fini, on peut donc dénombrer les stratégies de chaque joueur. Cela permet de représenter alors le jeu sous forme matricielle, où on associe la combinaison des stratégies directement au gain à envisager pour chaque joueur.

Dans certains jeux où la coordination est incertaine, ou si la connaissance de la stratégie retenue peut permettre à un adversaire de retenir la solution la plus coûteuse, le fait d'adopter fermement une et une seule stratégie (dite alors pure) peut être sous-optimal. Les théoriciens ont alors imaginé la possibilité de stratégie mixte, c'est-à-dire où un joueur décide arbitrairement et aléatoirement de ses probabilités d'action sous l'hypothèse que son adversaire en fait autant.

Une stratégie mixte est nécessaire pour résoudre avec pertinence de nombreux jeux comme celui de la distinction ou d'approfondir des situations au type du jeu du rendez-vous.

John von Neumann a démontré que dans des jeux à somme nulle, il n'existe qu'une seule situation d'équilibre mixte : lorsque l'un des joueurs dévie du point-selle en changeant ses probabilités, il se défavorise automatiquement, favorisant ainsi son adversaire. Bien que ces calculs aient permis d'optimiser la formation des convois navals pendant la deuxième guerre mondiale, ces "stratégies" n'ont rien à voir avec la stratégie au sens militaire du terme. Elles optimisent simplement la logistique (voir Recherche opérationnelle).

Théorie des contextes

Dans la hiérarchie des niveaux de contrainte ou de dépendance de la Théorie des contextes d’Anthony Wilden, le niveau politique est celui du choix entre la paix et la guerre et de l’attribution des ressources à la paix ou la guerre. Alors, la politique oriente, délimite et organise les stratégies militaire et diplomatique pour réaliser les buts de guerre ou paix. La stratégie, à son tour, oriente, délimite et organise les batailles dans lesquelles se trouvent des combats tactiques.

Le maréchal Rommel volait de victoires tactiques en victoires tactiques vers la défaite stratégique de la bataille d’Afrique du Nord (par manque d'effectifs : 160 chars allemands contre 600 britanniques pour la bataille de Médine).

La défaite de l’Axe en Afrique du Nord a conduit directement aux débarquements en Sicile et en Italie, annonciateurs du débarquement en Normandie du commencement de la fin pour l’Axe. Une stratégie sans politique est la perte d’une guerre, comme la Première Guerre d’Indochine d’Indépendance du Viêt Nam et la Deuxième Guerre d’Indochine de réunification du Viêt Nam ou Guerre du Viêt Nam. Ces guerres ont été conduites dans la hiérarchie de contrainte ou de dépendance, de la politique à la stratégie jusqu’aux combats tactiques à l’intérieur d’une bataille choisie et organisée par une stratégie militaire.

Notes et références

  1. Source : dictionnaire de la langue française

Voir aussi

Bibliographie

  • Gérard Challand : Anthologie mondiale de la stratégie, Collection Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1990, ISBN : 2-221-05637-X
  • B. H. Liddell Hart : Stratégie, Librairie académique Perrin, Paris, 1998, ISBN 2-262-01373X
  • Sun Zi : L'Art de la guerre, Collection Champs, Flammarion, 1992, ISBN 2-08-081-058-8
  • Carl von Clausewitz : Campagne de 1814, Éditions Ivréa, Paris, 1993, ISBN 2-85184-189-0
  • Carl von Clausewitz : Campagne de 1815 en France, Éditions Ivréa, Paris, 1993, ISBN 2-85184-190-4
  • Hervé Coutau-Bégarie : Traité de stratégie, Economica 2005, ISBN 2717850880
  • Rupert Smith : L'utilité de la force, Economica 2007, ISBN 2717853669
  • Les 36 stratagèmes, traité secret de stratégie chinoise traduit et commentés par François Kircher L'art de la guerre Éditions du Rocher

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