Niveau d'organisation et mode de conduite en stratégie militaire

Niveau d'organisation et mode de conduite en stratégie militaire

Le niveau d'organisation et mode de conduite en stratégie militaire correspondent aux deux formes de la stratégie militaire.

Sommaire

Définition

  1. Comme mode de conduite, la stratégie est une façon d'agir dans l'incertitude en incluant l'incertitude dans la conduite de l'action. Alors, elle est proche des ruses et stratagèmes. De cette manière, la stratégie se distingue de l'exécution d'un programme, d'une recette ou de ce qui est prédéterminé. Gregory Bateson, dans La Nature et l'Esprit, Seuil, Paris, 1984, a distingué deux types de comportement en illustrant avec un tireur au fusil ou à l'arc : celui qui se fie au dispositif de visée pour tirer, et celui qui ajuste son tir par rétroaction en corrigeant son tir suivant par rapport au précédent. Le premier type a été nommé « calibrage » qui est l'exécution d'un programme et le deuxième a été nommé de « rétroaction » qui est la stratégie dans des approximations de plus en plus fines pour atteindre la cible.
  2. Comme niveau d'organisation, il y a le niveau de la politique qui choisit entre la guerre ou la paix et leur attribue des ressources nécessaires et qui orientent et délimitent les stratégies possibles de guerre ou de paix avec les ressources attribuées par le niveau politique.
- Le niveau de la stratégie est celui qui choisit, oriente et délimite les batailles militaires ou diplomatiques possibles à l'intérieur d'une guerre ou d'une négociation de paix choisie par le niveau politique.
- Le niveau opératif est celui qui relève du commandant d'un théâtre d'opération.
- Le niveau tactique est celui qui choisit, oriente et délimite les combats possibles à l'intérieur d'une bataille.

L'exemple classique de contraste entre résultats tactiques et stratégiques est la « victoire à la Pyrrhus ». Au IIIe siècle av. J.C., Pyrrhus, roi d' Épire, tente de conquérir l'Italie. Il remporte une série de victoires tactiques sur les Romains, mais en subissant des pertes énormes qui lui auraient inspiré le mot fameux : « Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus. ». Incapable d'exploiter son succès, il doit évacuer l'Italie.

L'exemple inverse est le raid de l'escadrille Doolittle contre le Japon en 1942. Tactiquement, c'est un échec cuisant : toute une escadrille perdue pour des dégâts insignifiants. Stratégiquement, le raid Doolittle restaure le moral ébranlé des Américains et incite le Japon à modifier sa stratégie navale, d'une façon qui aboutira au désastre japonais de Midway.


  • C'est de cette façon que Georges Clemenceau a pu dire : « La guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des militaires. »

En termes de mode de comportement, Gregory Bateson (Gregory Bateson, 1984, p.201, op. cit.) distingue le calibrage de la rétroaction attribué respectivement à l'exécution d’un programme ou d’une recette et à la stratégie. Le premier mode est un comportement exhibé à partir des règles de conduite adopté a priori, c'est-à-dire un réglage a priori. Le deuxième se rapporte à des ajustements successifs a posteriori. Il suffit d'observer la circulation des personnes qui ajustent mutuellement leurs pas, leurs cadences et leurs itinéraires sinueux dans la foule asiatique très dense et dépourvue de heurts et d'accrochages, en contraste à la foule occidentale où les règles de circulation en ligne droite n'évitent pas de fréquents accrochages.

La configuration et la conduite du type stratégique semblent être représentatives du tourbillon du « Chii », alors que la géométrie cristalline et le réglage a priori le sont du « programme » ou de la « recette » avec le déterminisme causal. La différence entre un « programme » et une « stratégie » est semblable à celle entre l'obus d'artillerie et le missile autoguidé. La trajectoire parabolique de l'obus d'artillerie est entièrement déterminée et prédictible par les conditions initiales de vitesse, de température, d’humidité et d'angle de tir, mais l'atteinte de la cible est incertaine par ses manœuvres d'évitement pendant l'envolée de l'obus. Le missile autoguidé, lui, est indépendant des conditions de départ et ajuste son vol aux conditions atmosphériques de vent, de température et aux changements de position de la cible qui tente de s'échapper par des ruses et stratagèmes.

La trajectoire du missile autoguidé est incertaine et l'atteinte de sa cible est certaine, tandis que la trajectoire de l'obus est certaine et connue et l'atteinte de sa cible est incertaine. Le missile autoguidé est doté de caractéristiques équifinales (Ludwig von Bertalanffy, 1968, p. 132, General System Theory. Foundations, development, applications, 3è éd. George braziller, N-Y) où l'équifinalité est un concept forgé par Ludwig von Bertalanffy qui dit que l'atteinte d'un objectif peut être obtenue à partir de différents points de départ, à travers différentes voies et avec différents moyens.

En d'autres termes, l'état final peut être atteint à partir de différents états initiaux et quels que soient les voies et moyens. Dans la perspective de l'explication cybernétique, la combinaison des principes d'équifinalité et d'organisation au hasard des circonstances favorables ("Order from Noise") fonde les processus stochastiques qui présentent un caractère aléatoire associé à un processus de sélection, de sorte que seuls certains résultats auront la possibilité d'être durables. En termes d'une explication cybernétique, la configuration et le comportement du type de stratégie présentent une grande souplesse, comme une large capacité de fournir une variété (de genres) et une diversité (de niveaux) de réponses appropriées aux contraintes de l'environnement et du contexte, ainsi qu'à celles des états et des composantes internes du système.

Dans la terminologie de Bateson (Gregory Bateson, Vers une écologie de l’esprit, tome 2, p. 256, Seuil, Paris 1980), « la souplesse est à la rigidité ce que la polyvalence est à la spécialisation, la stratégie au programme ». Elle est « une potentialité non engagée de changement ». En tant que telle, la souplesse du comportement du type de la stratégie est très proche de la redondance qui est le déploiement d’une multitude de versions différentes d’un même schéma organisateur.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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