Politique de la creuse

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Politique de la Creuse

Sommaire

Histoire politique de la Creuse depuis 1848

La deuxième République : du parti de l'ordre à la République avancée

1848 : le réflexe conservateur

1849 : Le poids des émigrés

L'élection du Prince Président

Résultats de l'élection présidentielle du 10 décembre 1848 dans la Creuse

Candidat Voix  %
Louis-Napoléon Bonaparte 50.222 94,77%
Eugène Cavaignac 1.941 3,66%
Alexandre Ledru-Rollin 720 1,36%
Alphonse de Lamartine 55 0,10%
François-Vincent Raspail 52 0,10%
Pierre Leroux 1

Source : "Le National de la Creuse" du 17 décembre 1848

Le Second Empire : Le retour à "l'ordre"

La troisième République ou l'enracinement républicain

1871-1876 : Le dernier sursaut monarchiste

1876 : Le triomphe républicain

1876-1898 : Les républicains opportunistes : rupture et continuité

1898-1932 : Le règne des radicaux ou la victoire de la méritocratie

1932-1939 : Le temps des socialistes

De l'abandon au renouveau

1939-1940 : L'année des remises en causes

1940-1944 : Les années de combat et le renouveau

La quatrième République : Entre ruptures et continuité

A la Libération, pour plusieurs raisons, la vie politique creusoise est profondément bouleversée. Le corps électoral est révolutionné. Pour la première fois, le suffrage universel s'étend aux femmes. Le nombre des inscrits sur les listes électorales passe de 67.301 en 1936 à 137.906 en 1945, ce qui n'est pas sans conséquences.

Le personnel politique d'avant guerre, largement discrédité, ne joue plus de rôle de premier plan. La relève est assurée par des hommes neufs issus de la Résistance.

Enfin, les rapports de forces partisans en sont également radicalement modifiés. Le centre de gravité de l'électorat se déplace nettement vers la gauche.

La relève des hommes

Dès la reprise de la vie démocratique, on peut observer un double phénomène concernant le personnel politique creusois. Pour les élections plus politiques (Législatives, Conseil de la République), les élus comme les candidats sont tous issu de la Résistance. Très peu avaient une activité de premier plan en 1939. Par contre, on assiste à une certaine permanence des hommes au niveau local et à leur confirmation par le corps électoral.

L'émergence d'un nouveau personnel politique

Pour l'essentiel, les hommes qui avaient dominé la vie politique creusoise avant guerre disparaissent de l'avant scène. Pour ne prendre que le cas des parlementaires, tous se retirent ou se limitent à une activité locale. Seul Camille Ferrand (ancien Député et Sénateur Radical-Socialiste) fera plusieurs tentatives sans succès. Pour la population, ils sont marqués par les évènements des dix dernières années (Voir plus haut).

Dès 1945, les députés de la Creuse sont d'authentiques résistants. Auguste Tourtaud (communiste) instituteur, militant syndical avant guerre, a été Chef d'Etat major des FTP (Commandant "André"). Roger Cerclier (socialiste) également militant syndical du monde enseignant en 1939, a été un pionnier des mouvements de Résistance en Creuse (alias "Jean-Pierre) avant de présider le Comité départemental de Libération (CDL). Enfin, Pierre Bourdan (UDSR) est un ancien speaker de la BBC. Il sera remplacé par Jacques Baumel en 1946 Compagnon de la Libération. A noter que les radicaux, qui ont négligé de renouveler leurs cadres, devront attendre 1951 et l'arrivée d'Olivier de Pierrebourg, Compagnon de la Libération, pour retrouver une représentation parlementaire.

Parallèlement, les partis politiques, principalement communiste et socialiste ont profondément renouvelé leurs cadres dirigeants, et mènent d'intenses actions de recrutement et de propagande.

Le paradoxe de la recherche de notables

Malgré les bouleversements dans les personnalités, on constate une certaine permanence des comportements politiques.

Certaines personnalités de la troisième République gardent une influence certaine et même certains mandats. L'exemple de Camille Benassy, premier parlementaire SFIO creusois en 1924, est sur ce point remarquable. Il retrouve sa mairie de Royère et son siège au Conseil général en 1945. Auguste Chambonnet, ancien parlementaire radical-socialiste, tout en présidant une association d'anciens déportés, redevient conseiller municipal d'Aubusson en 1945, puis maire en 1953. D'autres comme Camille Riffaterre sans être élus, exercent une influence à travers des organismes tel le syndicat d'électrification.

La concentration des pouvoirs par le cumul et la durée des mandats, tendance récurrente dans les zones rurales, redevient rapidement au goût du jour. Le cas typique est celui de Paul Pauly. Socialiste, fonctionnaire du Trésor, ancien résistant, il siège au CLL d'Aubusson à la Libération. Il devient ensuite, conseiller municipal et conseiller général d'Aubusson en 1945 et 1946. Il est élu Président de l'Assemblée départementale en 1946 et le restera jusqu'en 1973. Elu au Conseil de la République en 1946, puis au Sénat, il demeure à la haute Assemblée également jusqu'en 1973. On peut également citer le cas d'Olivier de Pierrebourg élu député radical en 1951 qui le demeure jusqu'en 1973. Il devient entre temps Conseiller général (1959-1970) et maire de Guéret (1971-1973). Dans une moindre mesure, Auguste Tourtaud est député communiste de 1945 à 1958. Il sera candidat à toutes les législatives jusqu'en 1968. Elu conseiller municipal de Guéret en 1945 il le reste jusqu'en 1971. Enfin, il est conseiller général de 1965 à 1971.

Dernier élément de permanence du pouvoir, il se produit à partir de 1945 le même phénomène qu'à la fin du XIXe siècle : le pouvoir local glisse vers une nouvelle famille politique. Cette période avait vu le pouvoir des républicains opportunistes basculer vers les radicaux. A la Libération, le pouvoir local passe dans les mains des socialistes SFIO. Ce n'est pas le moindre des paradoxes, alors que l'influence électorale socialiste aux scrutins législatifs se tassent (c.f. ci-dessous), le poids des élus locaux devient prépondérant. Les chiffres sont significatifs : en 1946, la SFIO détient 18,3% des sièges de conseillers municipaux, 26,8% des sièges de maires, 44,0% des sièges de conseillers généraux (dont la présidence). A l'occasion de l'élection des membres du Conseil de la République (Chambre haute), 37,9% des grands électeurs se réclament de la SFIO, 24% socialistes indépendants. Ceci entraine l'élection de deux socialistes (Pauly et Chazette) avec 57% des voix, score qu'avaient atteint en moyenne les trois élus radicaux-socialistes en 1938.

L'éventail partisan en chantier

Les meilleurs indicateurs pour apprécier les évolutions de l'électorat creusois sont les résultats aux élections législatives. Comme le montrent les graphiques ci-dessous, de profondes modifications interviennent en 1945. Le centre de gravité de cet électorat, se déplace fortement vers la gauche. Le poids du vote communiste est multiplié par plus de deux par rapport à 1936. Mais il convient d'observer les changements pour chaque famille politique, car elles sont toutes impactées.

Les communistes : de la gloire à l'isolement

Comme au niveau national, le Parti communiste français (PCF) sort renforcé des épreuves de la guerre. Son score départemental dépasse même largement le score national (33,14% contre 26,2% des suffrages exprimés). Cette situation perdurera jusqu'à la fin de la quatrième République avec un résultat remarquable en 1956 (46,87% contre 25,9%). Son poids moyen sous la quatrième République est presque quatre fois plus important que sous le précédent régime (26,94% des inscrits contre 7,43%). Le PCF devance nettement les autres formations politiques et notamment sa grande rivale depuis 1920 la SFIO. Les relations qui demeurent relativement amicales, comme l'attestent des désistements réciproques aux élections locales, s'enveniment progressivement pour devenir extrêmement tendues sur fond de guerre froide et de décolonisation.

Ses très bon résultats électoraux permettent au PCF d'envoyer au moins un représentant creusois (Auguste Tourtaud) à l'Assemblée durant toute la période. Ils sont même deux en deux occasions. En novembre 1946, Jean Dumet agriculteur, maire de Saint-Hilaire-le-Château est élu. Il en va de même pour Pierre Ferrand en 1956. Médecin, neveu de Camille Ferrand parlementaire radical des années trente, il est élu sur la liste "Union des gauches" menée par Tourtaud et siège avec l'Union progressiste. Cette année là, le PCF manque le "grand chelem" de peu et l'élection d'Emile Parrain maire socialiste indépendant de La Souterraine.

Ces succès sont rendus possibles pour plusieurs raisons. D'abord, le PCF jouit d'un immense prestige à la fin de la guerre. Le "Parti des 100.000 fusillés" a également participé très activement à la Résistance en Creuse. Le principal responsable du parti sur toute la période, nous l'avons vu, occupait de hautes responsabilités dans l'état-major départemental FTP. Le commandant Martin Chef d'État-major FFI départemental est également communiste. L'écrasante majorité des cadres départementaux du parti sont issus de la Résistance.

Ensuite, le PCF adopte dès 1945 une politique de Front populaire en tentant d'élargir au maximum sa base à toutes les sensibilités de la gauche. Il réussit en grande partie dans cette stratégie, puisqu'en 1956, la "Liste d'union des gauches de défense républicaine, sociale et laïque" constituée de Tourtaud (Réélu), Ferrand (Radical de gauche-Elu) et Parrain (Socialiste) remporte un éclatant succès avec 46,87% des suffrages exprimés.

Le Parti mène également une intense activité de recrutement et de propagande. Les effectifs militants départementaux atteignent rapidement plusieurs milliers. Ces militants sont très actifs dans des organisations satellites (Union des Femmes Françaises, Union des jeunesses républicaines de France,...), et la plupart des syndicats CGT sont dirigés par des membres du PCF. Le secrétaire général de l'union départementale est Albert Coucaud, ouvrier maçon communiste, ancien résistant, adjoint au maire de Guéret.

Enfin, Le PCF bénéficie d'une manne certaine générée par l'attitude de la SFIO durant les guerres coloniales. Le Parti s'oppose par exemple fortement à la guerre d'Algérie, de grandes manifestations mobilisant des milliers de personnes sont d'ailleurs organisées dans le département. Le contexte manichéen de guerre froide contribue également à grossir les rangs du PCF en obligeant au choix "défense républicaine" ou réaction.

Mais cette stratégie de "forteresse assiégée" ou de "seul contre tous", atteint ses limites. Isolé sur ses positions et n'offrant pas de débouché politique, le PCF qui a certainement par ailleurs sous estimé l'aspect "patriotique" de certains votes en sa faveur est mal préparés aux évènements qui se préparent dans les années 1957-1958. Malgré son audience électorale, le parti a également des difficultés à s'enraciner dans la République des notables, ce qui fragilise ses positions.

Les socialistes : du relais à l'impasse
Les radicaux : de la survie à la conversion
Les droites : de l'absence au miracle

La cinquième République : le temps de la bipolarisation

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1958-1973 : Stabilité électorale et représentative

1973-1980 : Vers le leadership socialiste

1980-1993 : Les socialistes "aux pouvoirs" du département

1993-1997 : L'éclipse : la droite aux commandes

Depuis 1997 : Le retour de la gauche

La politique en Creuse actuellement

Composition du Conseil Général après les élections du 28 mars 2004

  • PS : 14 sièges
  • UMP : 8 sièges
  • UDF : 1 siège
  • Divers gauche : 2 sièges
  • PCF : 1 siège
  • PRG : 1 siège

Le président du Conseil général

Le président du Conseil général de la Creuse est Jean-Jacques Lozach ( PS) depuis 1998.

Les anciens présidents du Conseil général

Président Profession Parti Mandature Canton d'élection Autres mandats
Gérard Gaudin Vétérinaire Divers droite 1995-1998 Canton de Châtelus-Malvaleix Maire de Châtelus-Malvaleix
Bernard de Froment Haut fonctionnaire RPR 1993-1995 Canton de Guéret-Nord Maire de Saint-Fiel - Député de la Creuse
Thierry Chandernagor Chef d'entreprise PS 1989-1993 Canton de Saint-Sulpice-les-Champs Maire de Mortroux
Michel Moreigne Médecin PS 1983-1989 Canton de Bellegarde-en-Marche Maire de Lupersat - Sénateur de la Creuse
André Chandernagor Haut fonctionnaire PS 1973-1983 Canton de Bourganeuf Maire de Mortroux - Pdt du Conseil régional du Limousin - Député de la Creuse
Paul Pauly Fonctionnaire du Trésor SFIO 1946-1973 Canton d'Aubusson Maire d'Aubusson - Sénateur de la Creuse
Charles Filloux  ? Radical-Socialiste 1928-1940 Canton de Saint-Vaury Maire de Saint-Vaury
Léon Chagnaud Entrepreneur Radical-Socialiste 1926-1928 Canton de Bonnat Sénateur de la Creuse

Les parlementaires actuels

Les députés (Législature 2002-2007)

Législature 2002-2007

Voir aussi Liste des députés de la Creuse

Les sénateurs (Mandat 1998-2007)

Voir aussi Liste des sénateurs de la Creuse

Conclusion

Le conseil général est majoritairement à gauche, les 2 sénateurs sont socialistes et 1 député sur les deux est de gauche.

La Creuse bien qu'essentiellement rurale est un département qui historiquement a toujours été un bastion de gauche.

Bibliographie

  • Archives départementales de la Creuse. Documents électoraux, Presse
  • Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse
  • Jean Jolly Dictionnaire des parlementaires

Lien vers le dictionnaire en ligne (Période 1789-1889)

Lien vers le dictionnaire en ligne (Période 1889-1940)

  • Jean Maintron Dictionnaire biographique du monde ouvrier français CD-ROM Editions de l'atelier 1997
  • Jean-Claude Pasty Evolution de l'opinion publique dans le département de la Creuse, thèse dactyl.IEP Paris 1958
  • Georges Dauger Aux origines de Front Populaire dans la Creuse Etudes Creusoises 1986
  • Guy Avizou/Daniel Dayen Dictionnaire des parlementaires du Limousin sous le troisième République Tome 1 Creuse. PULIM 2001
  • Guy Avizou Vie politique et élections dans la Creuse (1789-1939) Service éducatif AD de la Creuse 1986
  • André Chandernagor La Liberté en héritage Pygmalion 2004
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