- Arnaud Desplechin
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Arnaud Desplechin
Arnaud Desplechin lors du Festival de Cannes 2008
Données clés Naissance 31 octobre 1960
Roubaix
FranceNationalité Française Profession Réalisateur Films notables La Sentinelle,
Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle),
Esther Kahn
Rois et Reine
Un conte de NoëlArnaud Desplechin, né Arnaud Robert Jean André Marie Desplechin le 31 octobre 1960 à Roubaix (Nord, France), est un cinéaste français.
Sommaire
Biographie
Arnaud Desplechin est le fils de Robert et de Mado Desplechin, habitant Croix près de Roubaix. Il a un frère, Fabrice Desplechin, diplomate et acteur dans plusieurs de ses films, et deux sœurs : la romancière Marie Desplechin et la scénariste Raphaëlle Desplechin. Il a vécu avec la comédienne Marianne Denicourt au début des années 1990. Uni ensuite pendant une décennie à l'actrice Hélène Fillières, il fut aussi le compagnon de Florence Seyvos dont il a un fils (2006).
Décidé à faire du cinéma depuis sa jeunesse, Arnaud Desplechin suit les cours de cinéma de l'Université Paris III (dont ceux de Serge Daney et Pascal Kané) puis intègre l'IDHEC (l'ancêtre de La Fémis) à sa deuxième tentative[1], et en sort diplômé de la section Réalisation et prises de vue en 1984. Il rencontre à l'IDHEC plusieurs de ses futurs collaborateurs dont Pascale Ferran, Noémie Lvovsky et Éric Rochant. Pendant cette période où Desplechin éprouve des difficultés à achever ses films de scolarité[1], il ne termine que deux courts-métrages, inspirés de l'univers du romancier belge Jean Ray[2] : Le Polichinelle et la Machine à coder, en 1983 puis Le Couronnement du monde, en 1984. Il découvre alors le travail d'un autre passionné de Jean Ray ; le réalisateur Alain Resnais, dont Desplechin dira plus tard qu'il est « le cinéaste qui [l']a touché le plus violemment[2] » au cours de ses études.
Après son diplôme, Desplechin travaille comme directeur de la photographie sur Comme les doigts de la main (1984), French Lovers (1985) et Présence féminine (1987) d'Éric Rochant, ainsi que sur La Photo (I fotografia) de Nico Papatakis (1986). Il participe aussi au scénario d’Un Monde sans pitié d'Éric Rochant, en 1989.
En 1990, il commence à travailler sur le moyen-métrage La Vie des morts. Le film réunit plusieurs acteurs appelés à devenir des habitués des films de Desplechin, parmi lesquels Marianne Denicourt, Emmanuelle Devos, Emmanuel Salinger et Thibault de Montalembert, et marque également la première collaboration entre Desplechin et le directeur de la photographie Éric Gautier. L'intrigue tourne autour d'une réunion de famille dans une maison de province, après la tentative de suicide de l'un des cousins. La Vie des morts est présenté pour la première fois au Festival Premiers plans d'Angers en janvier 1991, où il reçoit plusieurs prix[3], avant d'être sélectionné pour la Semaine de la critique au Festival de Cannes. Le Prix Jean-Vigo du court-métrage lui est décerné la même année.
La même année, Pascal Caucheteux crée sa société Why Not Productions, et finance La Sentinelle, le premier projet de long-métrage de Desplechin. Le film est co-écrit avec Pascale Ferran, Emmanuel Salinger et Noémie Lvovsky. Le jeune cinéaste reprend une partie de l'équipe de La Vie des morts, et collabore pour la première fois avec Mathieu Amalric et László Szabó. Son frère Fabrice est également présent dans la distribution. Le film, dont le thème rappelle Muriel, ou le temps d'un retour de Resnais, traite des fantômes d'une guerre passée, ici la Guerre froide et les conflits européens. Le personnage principal, l'étudiant en médecine Mathias Barillet, joué par Emmanuel Salinger, se retrouve impliqué dans une affaire d'espionnage après avoir rencontré un ancien prisonnier de guerre dans un train, et retrouvé une tête réduite dans ses bagages. Le film est acclamé par la critique et sélectionné dans les festivals. Il est notamment en compétition à Cannes en 1992 et est nommé plusieurs fois aux Césars pour le meilleur premier film, le meilleur scénario original et le meilleur espoir masculin, que remporte Emmanuel Salinger, avant d'obtenir également le Prix Michel-Simon 1993.
Fin 1994, Desplechin démarre le tournage de son deuxième long métrage, co-écrit avec Emmanuel Bourdieu, Comment je me suis disputé... ("ma vie sexuelle"). C'est Mathieu Amalric qui interprète cette fois l'alter ego de Desplechin, un universitaire nommé Paul Dédalus, naviguant entre plusieurs conquêtes : Sylvia (Marianne Denicourt), Esther (Emmanuelle Devos), et Valérie (Jeanne Balibar). La présence du film au Festival de Cannes et aux César en 1996, ainsi que son succès critique assoient Desplechin comme un auteur important des années 1990. Certains journalistes parlent alors de « génération Desplechin » pour décrire le jeune cinéma français.
En 1997, Arnaud Desplechin est à l'initiative, avec Pascale Ferran, du Manifeste des 66 cinéastes appelant à la désobéissance civile contre les lois Debré qui qualifient pénalement l'hébergement d'étrangers en situation irrégulière.
En 2000, Desplechin co-écrit avec Emmanuel Bourdieu un scénario adapté d'une nouvelle d'Arthur Symons. Esther Kahn est tourné en anglais et s'attache au passage à l'âge adulte, à travers la découverte du théâtre et de l'amour d'une jeune fille anglaise issue d'une famille juive. Summer Phoenix interprète le rôle-titre, aux côtés de Ian Holm et de László Szabó. Fabrice Desplechin et Emmanuelle Devos sont eux aussi présents, aux côtés d'une riche distribution anglo-saxonne. Le film est reçu comme un hommage à l'œuvre de François Truffaut parce qu'il traite d'une éducation, comme L'Enfant sauvage (1969), qu'il est tourné en anglais, comme Fahrenheit 451 (1966) et Les Deux Anglaises et le Continent (1971), et aussi parce qu'il utilise des formes filmiques de la Nouvelle Vague et plus particulièrement du cinéma de Truffaut comme les fermetures à l'iris ou les nappes de musique.
Trois ans plus tard, Desplechin prépare un diptyque autour de l'adaptation de Dans la compagnie des hommes d'Edward Bond avec Nicolas Saada. Le premier film doit s'appeler Répétitions de « Dans la compagnie des hommes » et être composé à 70 % de vidéo tournée pendant les répétitions et à 30 % d'images du film lui-même, et le second film En jouant « Dans la compagnie des hommes » et être composé d'images vidéo et d'images argentiques dans les proportions inverses du premier film. Entre la réalisation de chacun des deux films, Desplechin prévoit d'en tourner un troisième, alors titré Rois sans arroi, reine sans arène[4]. Au final, le tournage du troisième film est reporté à 2004, et Desplechin termine successivement, après avoir présenté une version préliminaire de son travail à Cannes en 2003, les films Léo, en jouant « Dans la compagnie des hommes » qui est majoritairement en argentique, puis Unplugged, en jouant « Dans la compagnie des hommes » qui reprend les répétitions tournées en DV. Dans Léo, Sami Bouajila interprète le personnage de Léonard Jurieu, fils adoptif d'un industriel, fabricant d'armes, joué par Jean-Paul Roussillon, qui en décidant de s'affranchir de son père pour mener ses propres affaires va le ruiner. Desplechin mêle la trame d'Edward Bond avec celle de Hamlet, en introduisant notamment dans l'histoire le personnage d'Ophélie, interprétée par Anna Mouglalis. Léo sort dans une seule salle, au Cinéma du Panthéon à Paris, le 28 janvier 2004, après avoir été diffusé sur ARTE la veille. Unplugged ne sera pas visible avant la sortie en DVD du film.
Cette même année, Desplechin achève Rois et Reine, co-écrit avec Roger Bohbot. Le film croise les parcours, burlesque pour l'un et tragique pour l'autre de deux anciens amants, Ismaël, un musicien névrosé joué par Mathieu Amalric, et Nora, interprétée par Emmanuelle Devos, qui passe le film au chevet de son père mourant, repensant au père de son enfant, mort suicidé devant ses yeux des années plus tôt. Le film marque aussi la deuxième collaboration de Desplechin avec Jean-Paul Roussillon, Hippolyte Girardot, et la première avec Catherine Deneuve, qui joue ici une psychiatre s'occupant du cas d'Ismaël. Le film est acclamé par la critique et connaît un important succès public. Rois et Reine reçoit plusieurs nominations et de nombreux prix, dont le Louis-Delluc en 2004, et le César du meilleur acteur pour Mathieu Amalric l'année suivante. Desplechin est violemment pris à partie à la sortie du film par Marianne Denicourt qui l'accuse d'avoir utilisé des éléments de sa vie privée pour écrire Rois et Reine[5]. En 2005, elle publie Mauvais génie, avec la journaliste Judith Perrignon, où elle décrit sa rencontre avec un réalisateur sans scrupules nommé Arnold Duplancher. Elle attaque finalement Desplechin en justice en 2006, pour atteinte à la vie privée, lui réclamant 200 000 euros de dommages-intérêts. Elle est déboutée le 3 avril 2006[6].
Desplechin commence, en 2007, deux films ayant trait à la famille. Le premier, L'Aimée, voit Desplechin filmer son père, son frère Fabrice et ses neveux dans la maison familiale de Roubaix à la veille de la vente de celle-ci. Ils évoquent le souvenir de la grand-mère d'Arnaud Desplechin, morte deux ans après la naissance de son père. C'est la deuxième incursion dans le documentaire du cinéaste après l'expérience autour de Dans la compagnie des hommes. Le film est présenté à la Mostra de Venise en septembre 2007, dans la section Horizons Documentaires, où il reçoit de la province autonome de Trente le prix du meilleur documentaire, avant de sortir le 14 novembre 2007 au Cinéma du Panthéon.
Le second film, Un Conte de Noël, reprend en l'enrichissant le canevas de La Vie des morts, en montrant une réunion de famille à Roubaix, autour de la mère, Junon (Catherine Deneuve), atteinte d'un cancer, que peut seule sauver une greffe de son fils Henri (Mathieu Amalric), « banni » de la famille des années plus tôt par sa sœur Elizabeth (Anne Consigny). La distribution comprend également Melvil Poupaud et plusieurs acteurs récurrents du cinéma de Desplechin dont Jean-Paul Roussillon, Emmanuelle Devos, Hippolyte Girardot et Chiara Mastroianni. Un Conte de Noël a été présenté en compétition au 61e Festival de Cannes.
Filmographie
- Courts Métrages
- 1983 - Le Polichinelle et la Machine à coder
- 1984 - Le Couronnement du monde
- 2011 - Soixante Minutes de paroles pour le Japon
- Longs Métrages
- 1991 - La Vie des morts
- 1992 - La Sentinelle
- 1996 - Comment je me suis disputé... ("ma vie sexuelle")
- 2000 - Esther Kahn
- 2003 - Léo, en jouant « Dans la compagnie des hommes »
- 2004 - Rois et Reine
- 2007 - L'Aimée (documentaire)
- 2008 - Un conte de Noël
- 2011 - Jimmy Picard
Récompenses et distinctions
Arnaud Desplechin a vu ses films sélectionnés dans de nombreux festivals de cinéma depuis le début de sa carrière. Tous ses films entre La Vie des morts en 1991 et Léo, en jouant « dans la Compagnie des hommes… » en 2003, ainsi que Un Conte de Noël en 2008 ont été présentés en compétition ou dans des sélections parallèles du Festival de Cannes. Rois et Reine et L'Aimée ont été présentés pour la première fois à la Mostra de Venise. Voici la liste des principales récompenses décernées à l'œuvre de Desplechin :
- Prix PROCIREP pour La Vie des morts aux 3e Festival Premiers plans d'Angers, France, 1991
- Grand Prix SACD du meilleur scénario pour La Vie des morts aux 3e Festival Premiers plans d'Angers, France, 1991
- Prix du public pour le scénario de La Sentinelle lu par André Dussollier aux 3e Festival Premiers plans d'Angers, France, 1991
- Prix Jean-Vigo du court-métrage pour La Vie des morts, France, 1991
- Prix Georges-de-Beauregard pour La Vie des morts, France, 1991
- Rosa Camuna de Bronze pour La Vie des morts au 9e Bergamo Film Meeting, Italie, 1991
- Prix spécial du jury pour La Sentinelle au Festival du film français de Florence, Italie, 1992
- Prix Georges-Sadoul pour La Sentinelle, France, 1992
- Prix Tournage pour La Sentinelle aux 10e Rencontres cinématographiques franco-américaines d'Avignon, France, 1993
- Cercle Pré-colombien d'Argent pour La Sentinelle au 9e Festival du film de Bogotá, Colombie, 1993
- Grand Prix spécial des Étoiles de la presse pour Esther Kahn aux 3e Étoiles d'or du cinéma français, France, 2000
- Prix Louis-Delluc pour Rois et Reine, France, 2004
- Étoile d'Or du film pour Rois et Reine aux 6e Étoiles d'or du cinéma français, France, 2005
- Étoile d'Or du réalisateur pour Rois et Reine aux 6e Étoiles d'or du cinéma français, France, 2005
- Prix du meilleur documentaire de la Province autonome de Trente pour L'Aimée à la 64e Mostra de Venise, Italie, 2007
- Césars 2009 : nomination au César du meilleur réalisateur pour Un conte de Noël
Notes
- Positif, juin 1992. Le Travail du deuil, Entretien avec Arnaud Desplechin par Olivier de Bruyn & Olivier Kohn dans
- Les Cahiers du cinéma de juin 1992 Thierry Jousse & Frédéric Strauss, Entretien avec Arnaud Desplechin dans
- Palmarès de la 3e édition du Festival Premiers plans d'Angers (1991)[PDF]
- Jean-Michel Frodon, Et, en plus, il y avait un sous-marin, entretien avec Arnaud Desplechin, Les Cahiers du cinéma de février 2004 Emmanuel Burdeau &
- Marianne Denicourt «Faire du cinéma, c'est toujours un acte d'amour» dans L'Express du 20 juin 2005.
- « Rois et reine », d'Arnaud Desplechin, devant la justice, Le Monde du 5 avril 2006
Liens externes
- Arnaud Desplechin sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- Fiche du cinéaste sur le site de Why Not Productions
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